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Le classique le plus populaire de la littérature arabe dans une nouvelle traduction

KALILA ET DIMNA par Ibn al-Muqaffa, traduit de l’arabe par Ayoub Barzani, aux éditions Emina Soleil.

Tous les enfants arabes ont lu Kalila et Dimna, comme tous les enfants français connaissent les Fables de la Fontaine… dont plusieurs sont inspirées de Kalila et Dimna !

“Quand la répression s’installe dans une société, la faute en incombe aux savants, aux intellectuels et aux sages qui, en gardant le silence, deviennent complices de ce système. Il est de mon devoir de me confronter au monarque même au péril de ma vie”

Le rôle du sage est comparable à celui du médecin. Le médecin doit préserver la santé d’une personne ou la faire recouvrer à un malade. De même, le rôle du sage consiste à corriger les attitudes et les décisions des rois par la parole de la sagesse” :

Ainsi parlait le philosophe indien Baydaba, auteur du recueil de contes philosophiques Kalila et Dimna, rédigé en sanskrit en 300 av. JC, à la demande du roi Debchelim, qui lui a demandé d’écrire “un livre sur l’éducation des peuples et des rois”.

Véritable traité de science politique sur l’art de bien gouverner, de faire régner la justice et la démocratie, et d’éviter les tentations du despotisme et de la corruption, Kalila et Dimna revêt une actualité particulière aujourd’hui, à l’heure où tant de gouvernements arabes sont tentés par une dérive totalitaire.

Kalila et Dimna a très vite attiré l’attention des monarques et des rois : c’est le calife Al-Mansour, qui, régnant à Bagdad vers 750, demande au savant Ibn al-Muqqafah de traduire en arabe ce texte – auparavant traduit en persan à la demande du roi sassanide Chosroès 1er. En 1252 Alfonse X le Sage le fait traduire en castillan. En 1313 il paraît en français, à la demande de Philippe le Bel. Suivront les traductions allemande (1483), italienne (1550), anglaise (1570),…. Vers 1640, paraît la première version française, intitulée Le livre des lumières, que découvrira Jean de la Fontaine. Une traduction en latin circule en Italie quelques années avant que Machiavel ne publie Le Prince….

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Intellectuel brillant, observateur méticuleux de la société, Ibn al-Muqqafah est lucide sur les méfaits d’un pouvoir absolu aux mains de califes corrompus, et sur l’arbitraire d’un appareil d’Etat répressif : il multiplie les écrits visant à réformer le système sans recourir à la violence. Pour populariser ses idées, Ibn al-Muqqafah use de procédés, tels le conte animalier. Douze siècles après Baydaba, il utilise le Livre de Kalila et Dimna pour dénoncer la tyrannie et la corruption, et inciter à une réflexion sur la démocratie et l’exercice juste du pouvoir.

Ibn al-Muqqafah payera de sa vie cette critique des pouvoirs totalitaires : condamné à mort, il sera brûlé vif à Bagdad en 759.

Kalila et Dimna – du nom de deux chacals conseillers du roi, héros du récit, est une suite de contes animaliers, véritables contes philosophiques, à la manière des Fables de la Fontaine. Ce dernier s’est directement inspiré de plusieurs d’entre eux, pour “Le chêne et le roseau” , “Le lion et le rat”, ou “Perrette et le pot au lait”…

Le Livre de Kalila et Dimna est traduit dans une vingtaine de langues. La traduction remarquable de l’écrivain irakien Ayoub Barzani restitue toute la fraîcheur et l’actualité d’un texte immortel, qui fait rire les enfants… et grincer les dents de bien des dictateurs !

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