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Le chef d’œuvre des Mille et une nuits au cœur de la tourmente en Egypte

Cela n’a rien du conte à dormir debout, ce serait même plutôt le récit d’une tourmente ordinaire qui, depuis plus d’une dizaine d’années, met en émoi l’élite égyptienne, laissant éclater d’âpres luttes de pouvoir entre le gouvernement et les conservateurs religieux.

Chef d’œuvre incontesté de la littérature arabe, le conte des Mille et une nuits, qui revêt la caractéristique de ne pas avoir de version à jamais gravée dans le marbre, est devenu, au fil de ses rééditions, l’enjeu éminemment politique de frictions qui grignotent chaque fois un peu plus la liberté d’expression inhérente à toute œuvre créatrice.

Au carrefour de nombreuses traditions, la nouvelle édition de ces fabuleux contes s’est attirée les foudres d’islamistes radicaux, fédérés sous la bannière des « Avocats sans restrictions », lesquels, résolus à ne transiger avec aucune audace littéraire, exigent son interdiction pure et simple.

Face à ces ultras qui ne décolèrent pas contre l’organisme gouvernemental à l’origine de cette édition pré-étiquetée licencieuse, des syndicats d’écrivains médusés et exaspérés passent aujourd’hui à la contre-attaque, déterminés à ne plus s’en laisser conter…

Sans grande surprise, l’objet du délit reste toujours le même : des références au sexe de nature à « encourager au vice et au péché », selon le prisme inflexible de la vertu du mouvement intégriste. Les « Avocats sans restrictions » demandent la confiscation de l’ouvrage et la poursuite de ses éditeurs, au nom de la violation d’ un article du code pénal égyptien punissant de deux ans de prison les “offenses à la décence publique”.

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Peut-on tout dire aujourd’hui dans la société égyptienne, quelles sont les limites à la liberté narratrice de l’écrivain ? Telles sont les thématiques prises en otage par des fondamentalistes qui n’hésitent pas à traîner en justice nombre d’écrivains, et qui ne sont pas sans avoir une résonance particulière dans notre société française.

Parmi les auteurs blacklistés, victimes de ces procès en hérésie, des voix s’élèvent avec force pour souhaiter qu’un vrai débat ait lieu sur ces points de droit essentiels et sur les valeurs prônées par la société égyptienne du 21ème siècle.

Samia Mehrez, professeure à l’université américaine du Caire, citée par le site Al-Masry Al-Youm, résume parfaitement une situation hautement dommageable à terme pour la richesse patrimoniale du pays : “Dans ce jeu, la culture n’est qu’un pion”, déplore-t-elle.

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