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Le calvaire de Khaled El-Masri, victime des dérives de la lutte contre le terrorisme

La réalité dépasse souvent la fiction, mais la descente aux enfers vécue, par erreur, par Khaled El-Masri était inimaginable même dans ses plus noirs cauchemars.

Citoyen allemand d'origine libanaise, Khaled El-Masri, victime expiatrice de la lutte aveugle contre le terrorisme, de ses dramatiques méprises et dérives insoutenables, a été accusé à tort de complot terroriste par les autorités macédoniennes en 2003, et livré les fers aux pieds et sans le moindre jugement aux Etats-Unis.

Interpellé malencontreusement par une police macédonienne convaincue d’avoir pris dans ses filets un terroriste d’Al-Qaida, le malheureux homme, au mauvais endroit au mauvais moment,  a vu sa vie basculer brutalement dans l’horreur de la détention arbitraire, et de la torture psychologique et physique au-delà de l’humainement tolérable.

Impossible d’enrayer la machine infernale de la CIA qui s’était mise en branle, et alors que son monde s’écroulait autour de lui, Khaled El-Masri était soumis à l’isolement total, avant de subir le « choc de capture », un raffinement de cruauté que les bourreaux de l’espionnage américain infligent à ceux qui sont suspectés de terrorisme.

Comme le relate un article paru dans Le Point consacré à cette effroyable affaire, le  fameux « choc de capture » est un véritable électrochoc de sévices, à rendre fou de douleur le plus équilibré et robuste des individus. Après l’avoir subi de plein fouet, Khaled El-Masri fut expédié, dans le plus grand secret, en Afghanistan, où il croupira dans des geôles obscures pendant plusieurs mois, son calvaire atteignant là son paroxysme.

Arme des sans voix et de la désespérance, ses grèves de la faim n’ont ému personne, et au bout de cinq mois, le 28 mai 2004, ce dernier sortit enfin de l’ombre pour revoir la lumière en Allemagne, où il fut renvoyé aussi soudainement que le fut sa plongée dans les ténèbres de la politique anti-terroriste made in US.

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L’homme très affaibli et traumatisé parvint toutefois à surmonter sa souffrance, n’ayant plus qu’une seule idée en tête : saisir la justice pour faire éclater au grand jour le terrible piège qui s’est refermé sur lui, et que soient jugés ses tortionnaires.

Engagé dans le combat de sa vie, celui du pot de fer contre le pot de terre, Khaled El-Masri n’a jamais baissé les bras devant l’inégalité de la bataille judiciaire qu’il menait à la fois contre les Etats-Unis et la Macédoine, chaque Etat se repliant dans sa tour d’ivoire imprenable.

De nombreux mois s’écouleront avant que le Conseil de l'Europe se penche sur le dossier, au sujet duquel le rapporteur suisse Dick Marty écrira, toujours selon Le Point : "Khaled El-Masri est bien un "exemple documenté" de remise extraordinaire, soutient le rapporteur. Ces "remises ou redditions extraordinaires" qui consistent à transférer un homme d'un pays à un autre sans qu'aucune procédure judiciaire ait lieu. Cette méthode est devenue courante après les attentats du 11 Septembre".

Le 13 décembre 2012, la Cour européenne des droits de l'homme a rendu son verdict  sans appel pour "l'ex-République yougoslave de Macédoine", reconnue coupable de multiples violations des droits de l'homme et condamnée à verser  60 000 euros à Khaled El-Masri au titre du préjudice moral. Ce jugement fébrilement attendu par le principal intéressé a surtout mis en lumière les graves manquements de la Macédoine, alors que les vrais responsables se trouvent de l’autre côté de l’Atlantique, drapés dans l’impunité de ceux ( les agents de la CIA) qui ne sont pas soumis à la Cour pénale internationale. 

Cela étant, Nicolas Hervieu, juriste en droit européen des droits de l'homme, cité par Le Point, reste confiant car, selon lui, les Etats-Unis "Grands absents du prétoire européen, ont ainsi été condamnés par procuration et contumace".

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