in

Le Bahreïn, le « Wall-Street » de la finance islamique

La finance islamique s’impose de plus en plus dans l’économie mondiale et devient l’un des secteurs les plus dynamiques. L’originalité du système financier repose sur des investissements éthiques, mais aussi sur un partage plus juste des coûts et des risques. Un modèle qui s’impose de plus en plus comme une évidence pour le monde musulman. Depuis plusieurs décennies, le Bahreïn s’est imposé comme le leader de cette finance si particulière.

Estimé à 4 000 milliards de dollars, le marché mondial de la finance islamique continue de susciter la convoitise. D’où la croissance exponentielle du secteur (il ne représentait « que » 1 800 milliards de dollars en 2013) et la multiplication de projets. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Le terme finance islamique fait référence à l’ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la charia, qui supposent l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude, de la spéculation, l’interdiction d’investir dans des secteurs illicites (alcool, tabac, paris sur les jeux…), ainsi que le respect du principe de partage des pertes et des profits. Fondée sur des principes religieux et moraux qui ne considèrent pas le profit comme le seul but, la finance islamique s’oppose à la finance dérégulée et sans morale.

Le petit royaume du Bahreïn est devenu au fil des années un « hub » de la finance islamique, en rassemblant sur son sol les grands établissements bancaires du secteur. Le premier consortium de banques islamiques, Algo, a été créé en décembre dernier à l’initiative de trois grandes banques (Kuwait Finance House-Bahrain, Al Baraka Banking Group et Bahrain Development Bank). L’économie numérique  est l’un des domaines d’investissements prioritaires pour cette nouvelle holding, désormais poids lourd de la finance internationale.

Cadre réglementaire solide

Car il faut savoir que le petit pays insulaire de moins de 2 millions d’habitants est devenu une place financière incontournable dans la région. Pionnier de la réglementation financière islamique et siège de quelques-unes des plus importantes institutions normatives dans le domaine de la charia, Bahreïn est à l’avant-garde de l’industrie internationale des services financiers islamiques.
L’émergence de Bahreïn en tant que centre financier, à la fin des années 1970, a coïncidé avec un regain d’intérêt pour le potentiel des banques conformes à la charia. Créée en 1979, la Banque islamique de Bahreïn est devenue le premier bailleur de fonds islamique du royaume. D’autres institutions l’ayant rejointe au cours de la décennie suivante, Bahreïn a assis sa réputation en tant que centre financier du CCG, une sorte de « Luxembourg » du monde arabe.

Un succès qui s’explique notamment par la volonté de la Banque centrale de Bahreïn (CBB) d’établir un cadre réglementaire solide pour développer efficacement ce secteur. En 2001, Bahreïn est devenu le premier pays au monde à mettre en œuvre des réglementations spécifiques à la banque islamique. Depuis, le « CBB Rulebook » est considéré comme la référence en matière de gouvernance conforme à la charia. Un environnement normatif et législatif clair et complet qui permet à la finance islamique de se développer dans le royaume.

En juillet 2015, 24 banques islamiques étaient autorisées à opérer à Bahreïn. Parmi elles, 22 étaient constituées localement. La croissance du segment des banques islamiques au sein du secteur bancaire au sens large a été rapide. La part de marché des banques islamiques est en effet passée de 1,8 % du total des actifs du secteur bancaire en 2000 à 13,5 % en 2015. Le segment constitue aujourd’hui l’un des marchés les plus dynamiques du monde.

Publicité
Publicité
Publicité

L’expansion des prêts conformes à la charia a quant à elle favorisé l’expansion rapide de l’industrie du « takaful », alternative éthique au système d’assurance classique. Selon la CBB, la valeur totale de ce marché a été multipliée par 14 entre 2003 et 2014.

Connectée à l’économie réelle

Décidé à être un pionnier de l’investissement islamique, le royaume est désormais un émetteur fréquent de sukuk (certificat d’investissement conforme à la charia). Important centre d’activité de fonds, Bahreïn est également en train de devenir un marché dynamique pour les fonds islamiques : plus de 88 ont été constitués et enregistrés dans le royaume, dont l’actif total s’élevait à 1,4 milliard de dollars en 2014.

Depuis 2014, le gouvernement du Bahreïn s’est donné les moyens de faire profiter les autres secteurs de la croissance de la finance islamique. Le but ? Éviter de devenir une sorte de paradis fiscal, qui ne pourrait vivre que sur le secteur bancaire. Ainsi, plusieurs mesures ont été prises pour que les PME bahreïnies dans le secteur des services mais aussi de l’industrie profitent de cette croissance. Une croissance d’autant plus solide qu’elle repose, comme l’admet le FMI, sur « une répartition juste et équitable de revenus et de la richesse ».

Publicité
Publicité
Publicité

Un commentaire

Laissez un commentaire
  1. Je comprend le postulat du ni pour ni contre une finance islamique dans la mesure où il fallait bien élaborer ue grille d’action pour faire face à l’économie d’aujourd’hui. Mais tel qu’elle est élaboré aujourd’hui, jusque dans ses termes les plus reculé et les plus contradictoire en opposition à l’éthique islamique et aux valeurs humaines, il y a chichement de quoi prendre position et faire totale opposition…
    Moi aussi je suis d’avis que seul l’or et l’argent devrait faire foi dans l’économie, encore du grand imran hosein sur le sujet, mais on ne peut pas camper sur cette position sinon rien pendant que le monde continue de tourner avec l’argent papier et bientôt électronique. C’est ne pas se mouiller beaucoup pour vider l’eau du bateau qui coule…

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Québec: Foutre la paix aux Musulmans

En Turquie, le quotidien studieux des futures « gardiennes du Coran »