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L’Autriche veut adopter un projet de loi pour imposer une traduction unifiée du Coran en allemand

Il y a comme un parfum de suspicion dans l’air en Autriche, notamment autour du projet de loi sorti du chapeau par le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration, pour la plus grande satisfaction de l’extrême droite revigorée (et pas seulement par la pureté des verts alpages…), qui apprécie les effluves nauséabondes qui s’en dégagent :  la loi de 1912 régissant le statut des musulmans autrichiens est susceptible d’être revue et corrigée, en plus liberticide pour le demi-million de fidèles vivant sur le sol de ce petit pays neutre, dont la traduction unifiée en langue allemande du Coran et de toute la littérature liée à l’islam, à son dogme, à son exégèse serait le point d’orgue.

Il n’y a guère que les ultras du nationalisme et les fervents artisans de la division nationale pour se réjouir de cette ingérence dans le culte musulman qui est de nature à alimenter les pires craintes et fantasmes, à un moment crucial où il serait infiniment plus responsable de les exorciser. Les deux organisations islamiques, reconnues officiellement en Autriche, ne s’y sont d’ailleurs pas trompées, et loin d’être rassurées quant aux motivations réelles qui sous-tendent cette nouvelle législation, c’est l’inquiétude qui gagne actuellement leurs rangs.

"Le message clair doit être qu'il n'y a pas de contradiction entre être un fidèle musulman et fier d'être autrichien", a martelé Sebastian Kurz, le très conservateur ministre de l’Intégration, en précisant que dorénavant les enseignants musulmans employés par des États étrangers ne pourront plus officier sur le territoire national, de même que seront interdits les financements extérieurs tombant dans l’escarcelle des organisations islamiques. "La charia n’a pas sa place ici", a-t-il cru bon d'ajouter, emporté dans un élan qui a trahi de bien nauséeuses arrière-pensées. Difficile après de tels propos de se défendre de tout préjugé islamophobe et de prétendre légiférer dans le seul intérêt général !

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Pour Carla Amina Baghajati, porte-parole de la communauté musulmane en Autriche, ce projet de loi n’a rien d’un cadeau offert pour l’Aïd, mais ressemble à s’y méprendre à un vrai cadeau empoisonné…  "Dans son contenu, cette loi reflète l’esprit de défiance et de suspicion généralisée qui règne envers les musulmans, en Autriche, et ailleurs en Europe. Si une version du Coran en allemand se présente comme codifiée, et comme une ultime version, alors ce sera en contradiction avec l'auto-conception de l'islam", a-t-elle insisté, tout en espérant qu’un revirement législatif salutaire fasse de ce projet une loi mort-née.

Mais le ministre Sebastian Kurz, la véritable cheville ouvrière de ce projet de loi, ne l’entend pas ainsi, à tel point qu’il reste sourd à la protestation des représentants de la communauté musulmane, convaincu que sa loi d’exception passera comme une lettre à la poste.

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