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L’autre crise de nerfs de l’ambassadeur Boris Boillon

Serial gaffeur. Le nouvel ambassadeur de France en Tunisie est coutumier des erreurs de communication comme en témoigne son emportement, passé inaperçu, avec une journaliste française et une militante tunisienne. Flashback.

C’était jeudi dernier. Au soir de sa fameuse rencontre avec la presse tunisienne, le nouvel ambassadeur de France, Boris Boillon, était en duplex avec France 24. Sans doute échaudé par l’accueil des journalistes locaux –qu’il osera qualifier deux jours plus tard de « bizutage », l’homme, confronté aux questions impertinentes de la présentatrice et d’une cyber-activiste, a de nouveau perdu son sang-froid. Morceaux choisis.

Avant cette prestation calamiteuse, l’homme avait pourtant réussi à demeurer courtois lors d’une interview plus conventionnelle, diffusée le même jour, avec un autre journaliste de la chaîne. Celui qui s’est rendu célèbre pour ses propos insultants envers certains interlocuteurs de la presse tunisienne enchaîne en réalité les faux pas : qu’il s’agisse de son indulgence passée pour les « erreurs » de Kadhafi ou de son soutien tacite à l’intervention américaine en Irak, ce sarkoziste de choc s’était également fait remarquer par les diplomates américains. Les documents révélés récemment par Wikileaks relatent de nombreuses discussions entre celui qui était en 2007/2008 le conseiller spécial de l’Elysée en charge du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord. Ainsi, on apprend que Boris Boillon -qualifié d’homme « enthousiaste et à la loyauté palpable » envers Nicolas Sarkozy, estimait dans ses échanges confidentiels que les Syriens et les Iraniens étaient des « autistes »  : avec ceux-là, « on doit être direct et pas toujours diplomate ».

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Lorsqu’il était en poste à l’ambassade de Bagdad, ce VRP assumé des entreprises françaises avait également reconnu dans un entretien avec le magazine Challenges « s’éclater en Irak », un pays qu’il qualifie de « marché du siècle ». Enfin, à la question saugrenue d’un journaliste d’Europe 1 qui s’étonnait en 2009 que les mots « Allah Akbar » soient encore visibles sur le drapeau irakien, Boris Boillon s’est curieusement contenté de lui répondre qu’ « une fois qu’on a mis ces inscriptions coraniques sur un drapeau, il [était] très difficile de les enlever ».

Au-delà de ses maladresses de communication, l’homme reflète surtout l’orientation idéologique du président de la République, à savoir le courant néo-conservateur qui était au pouvoir sous le premier mandat de George Bush. Comme l’avait souligné, dès l’été dernier, le chercheur Pascal Boniface, ce mouvement a paradoxalement subsisté et pris de l’ampleur au Quai d’Orsay et dans les médias hexagonaux depuis 2007. Reste à savoir comment le monde arabe, première cible et victime du néo-conservatisme, continuera d’accepter en son sein ses représentants les plus arrogants.

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