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L’application pour mobile INakba lancée lors de la 66ème commémoration de la “Catastrophe”

Alors que le nécessaire devoir de mémoire est aussi imprescriptible que les crimes contre l’humanité, au regard d’une grande Histoire qui a une fâcheuse propension à hiérarchiser ou à faire tomber dans l’oubli certains épisodes historiques moins consensuels que d’autres, la 66ème commémoration de la Nakba (la Catastrophe ou Désastre) a été placée sous le signe du tout-numérique, grâce à l’application innovante “iNakba”.
Comme chaque année, à la date symbole du 15 mai, la célébration de l’un des chapitres les plus sombres de la Palestine a permis à tout un peuple de se remémorer avec gravité l’exode de 1948 et des 700 000 Palestiniens chassés de leurs terres détruites ou spoliées, donnant lieu à des défilés de milliers de personnes, toutes pleurant la perte de leur patrie ensevelie sous les décombres d’une guerre qui a débouché sur la création de l’Etat d’Israël, sous la banderole « Votre indépendance est notre Nakba », et munies des drapeaux des deux factions politiques du Fatah et du Hamas.
C’est à cette occasion propice que l’organisation israélienne pro-palestinienne “Zochrot” (Mémoires), à but non lucratif, a lancé son application pour mobile « iNakba », visant à faire revivre en hébreu, en arabe et en anglais, le douloureux souvenir de plus de 500 villages palestiniens qui furent envahis, dévastés, vidés et laissés à l’abandon par les forces israéliennes.
“Ce n’est pas une idée nouvelle. A l’ère des smartphones, des GPS et autres applications, se doter d’un tel outil pour revivifier la mémoire de cette période dramatique de l’histoire nous a semblé indispensable”, a expliqué Raneen Jeries, l’un des coordinateurs du projet, au Washington Post, lequel s’est félicité des 12 000 téléchargements enregistrés en moins d’une semaine, avant de confier lucide : “Nous nous attendons à des réactions hostiles.”
Le coup de semonce israélien n’aura pas tardé à déchirer le silence, par la voix du stentor Avigdor Liebermann, le ministre des Affaires étrangères, l’un des fossoyeurs les plus acrimonieux du processus de paix, qui a éructé contre les Palestiniens en pleine commémoration, les qualifiant de “cinquième colonne”, ajoutant sur son habituel ton menaçant : “Pour les Arabes qui ont pris part aujourd’hui à la procession de la « Journée de la Nakba » et ont brandi des drapeaux palestiniens, je suggère que la prochaine fois ils marchent directement à Ramallah et qu’ils y restent”.
Le lendemain de cette intervention tonitruante, Jamal Zahalka, un député israélo-arabe de la Knesset, loin de se démonter, a répondu coup pour coup en lançant au fulminant chef de la diplomatie israélienne : “Votre Jour de l’Indépendance devrait s’appeler le Jour de l’Occupation”. Au petit jeu de la guerre de la communication et des mémoires, Israël qui fait figure d’expert pour refaire l’histoire pourra difficilement lutter contre le souvenir numérisé et ineffaçable de la Nakba, même si la tentation est grande de le diluer dans le temps et les médias-mensonges…

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