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L’Algérie, à l’heure des contrôles de la virginité des femmes

Ce genre de pratique "représente un choc pour une jeune fille, je ne vois pas pourquoi on lui ferait subir ça". "C’est une atteinte et une blessure du corps et de l’esprit, une humiliation, c’est comme si on l’avait violée". C’est une psychologue de renom, Madame Zermili, oeuvrant au sein de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), qui, dans les colonnes d'El Watan, a mis des mots réprobateurs sur une pratique ahurissante et illégale, dont l’inquiétante banalisation n’augure rien de bon pour la cause féminine, et n’honore pas ceux qui l’appliquent avec un zèle redoublé frisant l’excès de zèle : les agents de police algériens.

Médecins, avocats, et a fortiori victimes, tous sont atterrés et profondément heurtés par la recrudescence de contrôles routiers, qui sortent des clous fixés par la loi, pour interpeller des jeunes femmes au détour d’une rue et les conduire, sous bonne escorte, à l’hôpital le plus proche afin de leur faire subir des tests de virginité.

Ce dévoilement, sous la contrainte, de l’intimité féminine, généralement de jeunes filles en fleur, mais aussi parfois de femmes plus âgées, est un supplice d’autant plus cruel qu’il est illégitime et illicite, plongeant l’Algérie dans les heures sombres d’un obscurantisme culturel dont l’islam s’est toujours démarqué, en l’éclairant à la lueur de la sacralisation de l’intimité de tout un chacun.

Alors que la corruption gangrène l’autre rive de la méditerranée, et que les voleurs et auteurs des pires forfaitures courent toujours, la police algérienne se défoule sur des proies innocentes, autrement plus faciles à prendre dans les mailles de ses filets, et peu importe si la loi doit être contournée et, elle aussi, violée pour remplir son quota d’examens de virginité.

Une mission, placée sous le signe d’un abus de pouvoir caractérisé et d'un patriarcat revigoré, dont les forces de l’ordre se sont auto-investies, puisque dans la plupart des cas, les familles des jeunes filles ainsi arrêtées, soit à leur retour d’une fête d’anniversaire, soit d’un pique-nique, ne sont pas informées de leur interpellation, et n’apprennent qu’après coup le test traumatisant qui leur a été infligé.

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Gravée dans le marbre, force à la loi, serait-on tenté de s’exclamer face à ces dérives policières alarmantes, dont les sorties de route sont éminemment répréhensibles ! Mais la levée de boucliers des hommes et femmes de loi a beau dénoncer ces graves atteintes à la liberté individuelle et à l’intégrité de la femme, ces arrestations honteuses, suivies d’un test infâmant, semblent être devenues le lot quotidien de la gent féminine en Algérie.

Pourtant, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a récemment désavoué ces méthodes sans la moindre ambiguïté : "Cette mesure est tout à fait illégale, inconvenante et inacceptable", avait-il répondu à un journaliste qui l’interrogeait à ce sujet. Alors, que fait la police et sous les ordres de qui ?!

 

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