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L’affaire du voile à la Société Générale : ce qui s’est réellement passé

Le 22 décembre 2003, une femme voilée (un foulard léger cachant seulement les cheveux et les oreilles) s’est vue interdire l’accès à une agence de la Société Générale située dans le 19ème arrondissement à Paris. A l’appui de sa décision, le gardien a invoqué le refus de la cliente de retirer son foulard à l’entrée.

Titulaire d’un compte courant dans cette banque, cette femme souhaitait effectuer un retrait d’espèces au distributeur situé à l’intérieur de l’agence. Elle affirme avoir pour habitude de rentrer dans cette agence avec le même foulard et n’avoir jamais rencontré le moindre problème.

Face à ses protestations, le gardien lui a montré une affiche récemment collée sur le SAS” de l’entrée sur laquelle figure l’avis suivant : « Pour votre sécurité, l’accès à cette agence est contrôlé. Nous vous prions de bien vouloir ôter foulard, casquette, casque, ainsi que tout autre couvre-chef ou lunettes de soleil. Merci de votre compréhension ».

 

Cet avis était censé justifier le refus de laisser entrer une femme portant un léger foulard dans la banque. Nous avons donc demandé le lendemain à rencontrer le directeur de l’agence. Arrivés à l’agence, nous avons fait part de notre étonnement au sujet de l’existence d’une « loi » interdisant le port du foulard dans les banques, en demandant de nous remettre une copie de ce fameux « texte de loi » invoqué par les salariés bancaires. Nous avons dû affronter tout d’abord la réaction des clients présents à l’agence qui, sans être invités à donner leurs avis, ont affirmé qu’ils étaient tous favorables à l’interdiction du “foulard” dans les banques et partout ailleurs.

Pour certains clients, nous étions tout simplement “gonflés”, “culottés” en osant demander une telle copie. « C’est pas possible d’en arriver jusqu’à là, maintenant il faut vraiment interdire le voile partout, comme ça chacun fermera sa gueule… » ont cru bon de préciser d’autres clients. « Si la banque empêche la femme au foulard d’entrer, c’est par mesure de sécurité. Que diriez- vous si des voyous entraient à l’instant même vêtus de foulards et nous prenaient tous en otage… ? » ont rajouté ces mêmes usagers de la Société Générale.

Nous sommes finalement parvenus à rencontrer le directeur. Ce dernier a fourni une explication en totale contradiction avec les deux personnes chargées de l’accueil qui ont en effet justifié l’interdiction d’entrée aux femmes voilées « par mesure de sécurité et conformément à la loi » selon leurs propos. Pourtant, le directeur nie radicalement que de telles directives aient pu être émises en prétendant qu’il s’agissait d’une erreur du gardien ou de l’agence de gardiennage. Il a même ajouté avant de nous présenter ses excuses : « ma banque se situe dans un quartier où réside une forte population de confession musulmane. Si j’en interdis l’accès aux femmes portant le voile, cela voudrait tout simplement dire qu’il faudrait mettre la clé sous la porte ».

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Cette affaire est en fait révélatrice du climat malsain que n’a pas manqué de provoquer le débat hystérique autour du voile.

Dans un établissement bancaire privé, on interdit subitement l’accès à une jeune femme dont le port du foulard n’ avait jamais dérangé personne jusqu’à présent. Cette interdiction est d’autant plus insensée, qu’elle prive une cliente du solde disponible sur son compte bancaire.

Avant même le vote d’une loi interdisant le port du voile à l’école, voilà que des entreprises exigent des citoyennes françaises de confession musulmanes d’ôter leurs foulards en arguant de « mesures de sécurité ». Après les établissements bancaires, nous craignons que d’autres entreprises ne soient tentées d’imposer les mêmes conditions d’accès à leurs locaux aux filles vêtues d’un « foulard ». La note en question affichée par l’agence met le foulard (signe religieux) sur un même niveau qu’une casquette, un casque ou même des lunettes de soleil, ce qui risque de soumettre les femmes voilées à l’humeur des gardiens ou agents d’accueil.

Notons enfin, que seul le foulard est cité (et en première position) sur cette note affichée par l’agence, alors que tous les autres « signes religieux » ont été épargnés…

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