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Lâche attaque américaine contre l’Irak

Editorial

Les premières frappes américaines ont donc été déclenchées cette nuit contre l’Irak. Rompant avec la doctrine Monroe qui recommandait la non-intervention des Etats-Unis sur des continents extra-américains, le président Wilson avait réorienté la politique étrangère de son pays en inaugurant une doctrine qu’il surnomma la « nouvelle diplomatie » permettant l’entrée en guerre de l’Amérique en avril 1917 dans le premier conflit mondial Cette « nouvelle diplomatie » s’est notamment concrétisée par la création de la SDN en 1919 ( Société des Nations) ancêtre de l’Organisation des Nations-Unis.

En attaquant l’Irak au mépris du droit international, l’administration Bush inaugure quant à elle, sa « nouvelle diplomatie » dont la conception unilatérale et belliqueuse du monde est érigée en mode de gestion des conflits internationaux.

Devant une communauté internationale totalement impuissante, le peuple irakien meurtri depuis des années par un embargo criminel se retrouve confronté seul, à l’hyperpuissance américaine.

Parmi les vingt deux pays qui composent la ligue arabe, plus de quinze ont signé des accords militaires avec les Etats-Unis. C’est dire l’état de vassalisation de régimes inexistants, qui n’aspirent qu’à éviter les contre-coups éventuels de cette lâche attaque contre l’ Irak, prélude à l’instauration d’une nouvelle forme de protectorat. Dans le cadre du projet politique global que Bush nourrit pour le Proche-Orient, un sous « remake » à terme des accords de Sykes-Picot de 1917 qui avait abouti aux accords du traité de San Rémo (qui s’est traduit par une recomposition politique du Proche-Orient) n’est pas également à écarter.

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Nul pour l’instant ne peut prévoir le déroulement exact des opérations militaires, et des conséquences qu’elles entraîneront dans la région ; pas même le néo-messie Bush dont Tom Delay, chef du groupe républicain à la chambre des représentants avait déclaré que « Dieu l’ avait placé à la maison blanche ».

Dans sa vison messianique du Proche-Orient, Georges W. Bush décline sa profession de foi démocratique en promettant d’imposer après le déluge de bombes les valeurs « occidentales » de liberté et de droits de l’Homme. Cependant, un modèle démocratique ne s’exporte pas aussi facilement qu’un hamburger.

Le politologue Bertrand Badie l’a parfaitement souligné en dressant un constat implacable de cette occidentalisation forcée dans son ouvrage « l’Etat importé » : « L’occidentalisation forcée est en même temps génératrice d’ordre et d’entropie : elle impose des règles universelles sans pouvoir imposer leur effectivité ; elle énonce une unification des mondes sans pouvoir réaliser une unification des sens. (…) Hormis peut-être au Japon, cette occidentalisation imposée échoue parce que la greffe est impossible. Cet échec rend largement compte de l’évolution du monde contemporain depuis 1945. Il éclaire l’histoire de l’inde comme celle du monde arabe et de l’Afrique noire, ou encore de l’Amérique latine et de la Chine, voire les incertitudes propres au Japon d’aujourd’hui. En dépit des espoirs que les élites ont mis en elle, l’occidentalisation , manquée, est cause de multiples traumatismes sociaux et facteur de désordre dans les relations internationales. La cacophonie d’un monde qui ne parvient ni à unifier ses règles du jeu ni à faire leur place aux différences constitue sans nul doute la plus lourde des menaces qui pèsent sur l’humanité. »

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