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La vie de Malek Bennabi (25)

La parution en septembre 1954 de « Vocation de l’islam » a été reçue dans les milieux universitaires français comme une importante contribution à la connaissance du monde musulman. Des revues et des signatures prestigieuses lui consacrent des présentations et des analyses. L’essai impressionne par la rigueur des vues, la puissance du verbe, la nouveauté de l’approche et surtout le ton serein. 

Dans la « Revue de Science Politique », l’historien français Roger Letourneau note : « Vocation de l’islam », écrit en 1950 et publié en 1954, montre son caractère intemporel… Le trait qui domine est l’effort loyal et courageux vers une vue objective de la situation. Bennabi a l’immense mérite de considérer les choses telles qu’elles sont et non pas telles qu’il voudrait qu’elles soient, et de répudier la psychologie émotive »

Jean-Marie Domenach trouve Bennabi « admirable en ce qu’il s’élève constamment au-dessus des cris et des lamentations sur les souffrances immédiates ».  Un professeur d’économie français, Jacques Austruy, publie dans la « Revue de l’Institut de sciences économiques appliquées » une étude sous le titre de « Vocation économique de l’islam » dans laquelle il reprend les thèses développées par Bennabi et cite abondamment son ouvrage. Cette étude deviendra plus tard un livre (1).

Dans un numéro de la revue « Communauté algérienne », un article élogieux est publié où on peut lire : « Ainsi se marque un véritable tournant, peut-être dans l’histoire de la pensée musulmane. L’œuvre de Bennabi n’est pas en effet le fruit d’une méditation repliée sur elle-même ; elle témoigne d’une noble disposition de l’esprit qui le pousse à étudier de l’intérieur et avec lucidité aussi bien la société musulmane que la société occidentale, et à chercher à établir entre elles des rapports nouveaux mais serrés. Je crois qu’une ouverture d’une pareille ampleur ne se retrouve guère que chez Iqbal et Bennabi. Cette attitude commune aux deux musulmans, le philosophe indien et le penseur algérien, est due à leur profonde religiosité ainsi qu’à leur double culture ». 

Plus tard, Louis Gardet, abondant dans le même sens, écrira : « Sa célèbre « Vocation de l’islam » le rattachait d’abord au réformisme contemporain, et surtout peut-être au réformisme musulman indo-pakistanais » (2). Quand l’historien français Jacques Benoist-Méchin lira en 1960 le livre, il se procure l’adresse de Bennabi au Caire auprès des Editions du Seuil et lui écrit une lettre où lui dit : « Je ne puis vous dire combien je trouve votre ouvrage remarquable et combien il a élargi ma connaissance du monde islamique. Je l’ai trouvé à la fois clair, émouvant et convaincant. Il m’a donné une très grande envie de lire vos autres ouvrages, notamment « Le phénomène coranique » et « Les conditions de la renaissance »… Je vous serais très obligé de me dire si on peut encore se procurer ces ouvrages et, dans ce cas, où il faut s’adresser …» 

Une dizaine d’années plus tard, Benoist-Méchin, qui aura entre-temps connu Bennabi, lui écrira en date du 28 août 1969 pour lui avouer « le plaisir et l’enrichissement que (j’ai) tirés de (vos) ouvrages et de nos entretiens. Je considère votre œuvre comme une étape de tout premier ordre dans la rénovation de la pensée islamique… Il m’arrive souvent de relire et de consulter vos livres ; j’y trouve chaque fois des profondeurs et des résonances insoupçonnées. C’est pour moi un honneur de pouvoir compter sur l’estime d’un esprit comme le vôtre.» 

Dans son roman « La soif », Assia Djebbar fait dire à un de ses personnages : « Le pire, c’est la léthargie, le sommeil ! On ne parle toujours que des colons, du colonialisme. Le mal, voyez-vous, c’est notre mentalité de colonisés, de colonisables. C’est cela qu’il faut secouer, c’est ce qu’il faut leur dire dans notre langue ».  A la sortie du livre, rapporte Bennabi dans « La lutte idéologique dans les pays colonisés », l’Association des Oulamas cesse de lui servir la modeste bourse qu’elle lui versait depuis quelques mois pour l’aider à poursuivre son œuvre (3).  

Son président, Bachir al-Ibrahimi, s’étant installé au Caire depuis 1952, c’est Larbi Tébessi qui le remplace et essuie la colère de Bennabi qui lui écrit une lettre où on peut lire ces incroyables lignes : « Votre silence à ma lettre du 1er décembre 1954 me trouble infiniment. Bien que je n’y puis voir un acquiescement implicite de votre part à un certain calcul colonialiste, je ne puis cependant ne pas constater combien il coïncide avec un tel calcul. » 

Où est Bennabi en novembre 1954, alors que s’ouvrent une des plus importantes phases de l’histoire de l’Algérie et une des luttes de libération les plus marquantes du XX° siècle ? On sait qu’en juin 1954 il est en possession d’un billet de bateau et qu’il se prépare à partir pour l’Egypte où il arrive effectivement fin juin. 

« Vocation de l’islam » comporte une note en bas de page où l’auteur évoque un « tout récent voyage en Orient ». Dans « L’Afro-Asiatisme », il rapporte qu’il a assisté au défilé militaire du 02 juillet 1954 au Caire.  Enfin, il existe une photo datant du même mois le montrant aux côtés de Néguib, Nasser et Sadate. Ce sont les seules indications émanant directement de lui, les Carnets sur lesquels il a noté ses faits et gestes pour la période juin 1954 -décembre 1957 ayant disparu de son vivant même (4).

Grâce à des recoupements, il m’a été possible de reconstituer la trame de sa vie durant cet intervalle. C’est ainsi que j’ai retrouvé dans ses archives des lettres échangées avec Salah Ben Saï, Larbi Tébessi, Abderrahmane Chibane et Cheikh Kheireddine, établissant qu’en novembre 1954 Bennabi est au Luat-Clairet. Dans la version française inédite de « La lutte idéologique dans les pays colonisés », on apprend qu’avant de partir pour l’Egypte il avait pris contact avec l’ambassade de l’Inde à Paris pour demander le droit d’asile dans ce pays afin d’y poursuivre son travail intellectuel. 

Le 11 février 1955 est publié dans « La République algérienne » son dernier article de l’ère coloniale, « Lettre ouverte à Borgeaud », une semaine après la chute du gouvernement Mendès-France. Bennabi y fustige ce pilier du colonialisme en Algérie opposé à la politique d’ouverture de Mendès-France dont il fomenta la chute. Entre 1954 et 1955, il a également collaboré à l’hebdomadaire tunisien « L’Action ». L’exploitation des archives nous révèle que Bennabi a envoyé fin 1956, juste après la parution de « L’Afro-Asiatisme », une lettre à Nasser dans laquelle il fait état de sa présence au Caire en avril 1955 « pour préparer les matériaux de ce livre ». Ce qui indique un deuxième voyage en Egypte, début 1955. 

Rentré à Paris, il est invité par l’Université de Londres à collaborer à un ouvrage encyclopédique sur le monde musulman, proposition qu’il décline, y ayant vu un alibi pour le détourner de son travail sur l’« afro-asiatisme ». Un haut fonctionnaire de la Ligue arabe (dont il donne le nom) lui propose de réaliser un livre sur la civilisation arabe, offre qu’il rejette pour les mêmes raisons (5). Il reste que les informations relatives à l’établissement de Bennabi en Egypte sont entourées d’un certain flou. En février 1956, Khaldi et Bennabi rencontrent Claude Bourdet au siège du magazine « France Observateur » qui leur laisse entendre que le chef du gouvernement français veut négocier, mais pas avec les « rebelles ». 

Dans ses Mémoires inédits, Bennabi a évoqué, ainsi qu’on l’a vu, la possibilité d’une nomination à un poste élevé au Gouvernement général qu’on lui faisait miroiter déjà à la fin des années quarante pour l’amener à composition. Veut-on maintenant l’attirer dans le piège de la « troisième force » ?   En tout cas, il n’existe dans les archives de Bennabi aucune référence à cette proposition. Par contre, il dénoncera sans ambiguïté la politique des « interlocuteurs valables », comme il critiquera avec fermeté les négociations précoces entre des représentants du FLN et les autorités françaises.

La lecture de la « Note sur la vie de Malek Bennabi » de Salah Ben Sai nous apprend que Bennabi entretenait une correspondance avec le Pandit Nehru qui l’aurait invité en 1955 à venir présenter en Inde « L’Afro-Asiatisme ». Salah Ben Saï écrit : « En avril 1956, Bennabi décide de se rendre à l’invitation de l’Inde et me demande de l’accompagner. Nous partons pour Le Caire, première étape de notre voyage… A la suite d’un concours de circonstances, le voyage en Inde est annulé et Bennabi décide de s’installer provisoirement au Caire ». 

Un autre écrit de Bennabi nous révèle qu’il envisageait initialement de se rendre au maquis dans la région de Tébessa : « Mais comme si le colonialisme avait pressenti mes intentions et comme s’il avait voulu m’en détourner, j’ai reçu à l’époque une lettre anonyme de la commune mixte de Meskiana…. J’étais donc obligé de choisir un autre itinéraire. C’était une des raisons pour lesquelles je suis venu au Caire. (6) » 

Quoiqu’il en soit, les deux amis arrivent dans la capitale égyptienne début mai 1956, quelques semaines après Ferhat Abbas, Ahmed Francis et Tewfik al-Madani. Bachir al-Ibrahimi était déjà installé au Caire où les Oulamas possédaient une représentation. Leur organisation avait proclamé en janvier 1956 son soutien à la Révolution, et le Cheikh Larbi Tebessi qui la dirigeait depuis le départ d’al-Ibrahimi en Orient en mars 1952 avait appelé les militants de l’Association et les élèves des medersas à rejoindre la lutte armée.

Au siège de la Délégation extérieure du FLN au Caire Ben Bella et Khider font bon accueil à Bennabi, tandis que le Dr. Lamine Debaghine le boude. Les deux premiers se trouvent au Caire depuis 1952 où ils forment avec Aït Ahmed et Chadli Mekky la Délégation extérieure du PPA-MTLD, alors que Debaghine vient d’être désigné par Abane Ramdane à la tête de cette structure. 

On lui offre de travailler dans la rédaction de la « Voix des Arabes », ce qu’il accepte, mais la collaboration ne durera que quelques semaines. Ses relations avec les membres de la « Délégation » vont évoluer en dents de scie. Elles seront bonnes avec les uns et mauvaises avec ceux qui entendent qu’il agisse sous leur contrôle, tandis que lui se conçoit comme parfaitement libre de s’exprimer en qualité d’intellectuel qui n’a rien à prouver.

Il ne tardera pas, dans une lettre à SBS, de se plaindre de « la volonté sourde et tenace qui (m)’a systématiquement écarté de tout ce qui touche à la Révolution, comme si cette volonté omniprésente avait voulu mettre une séparation étanche entre les idées pour lesquelles (j)’ai lutté et la conscience algérienne ». L’examen des archives nous apprend qu’en juin 1956 il accomplit une étrange démarche : il se rend à l’ambassade de l’URSS au Caire pour demander l’asile. N’ayant pas reçu de réponse, il saisira en date du 08 octobre 1957 le Secrétaire général du Parti communiste soviétique, Nikita Khrouchtchev, en justifiant sa demande par son souhait de « mettre ses idées en sécurité ». On y lit cette terrible phrase : « C’est un homme à bout de forces qui fait appel à la justice communiste pour obtenir droit d’asile, même dans une prison en URSS. » 

Il renouvellera sa demande à plusieurs reprises et écrira de multiples fois au dirigeant soviétique sans jamais obtenir de réponse ou un visa d’entrée, même pour raison médicale comme il en exprimera le souhait en mai 1962.  Au cours du même mois de juin 1956, le magazine « Rose el-youssef » publie un article sur l’œuvre de Bennabi qui va lui ramener les premiers disciples en la personne du marocain al-Harras, du libanais Meskawi et d’autres. Il est content que la nouvelle génération d’intellectuels musulmans s’intéresse à ses idées et les comprenne.       

Le 4 juillet 1956, Bennabi rencontre en tête-à-tête Ben Bella et lui réitère son désir de servir concrètement la Révolution. Ne recevant aucun écho à sa demande, il adresse le 14 août à « Messieurs de la délégation du FLN » un courrier où il déclare : « J’ai été appelé au Caire il y a plus de trois mois par une double mission. La première concernait un livre dont le titre, « L’Afro-asiatisme », vous dira la nature du sujet traité et ses incidences sur le problème algérien dans ses rapports avec les relations internationales. Cette première mission, je l’ai accomplie dans la mesure où elle dépendait de moi. Pour le reste, la publication du livre dépend de circonstances indépendantes de ma volonté. Quant à ma seconde mission, c’est celle dont je voulais vous entretenir ici : elle concerne l’intellectuel qui a marqué sa position depuis longtemps dans la lutte anticolonialiste et qui croit devoir aujourd’hui s’engager plus expressément dans la lutte armée du peuple algérien… ». 

Il indique qu’il souhaite servir comme infirmier dans la zone des Nememchas (Est algérien) et en précise les raisons : « Ma présence au maquis me permettra de m’imprégner de l’atmosphère particulière d’une zone de combat où je puisse m’inspirer en vue d’entreprendre une « Histoire de la Révolution algérienne.» Mais, chose qui ne pouvait être que mal reçue par la direction du FLN, il croit nécessaire de faire part de son désir d’adresser à Guy Mollet, chef du gouvernement français, une lettre ouverte « pour donner à (ma) prise de position sa signification politique indiquant les raisons morales et humaines qui la justifient »(7). 

C’est en raison de cette liberté de ton et de cette manière d’envisager son intégration à la Révolution que les « zaïms » (leaders, avec une connotation péjorative chez Bennabi) auxquels il va bientôt se heurter vont l’isoler et le neutraliser. Le 20 juillet 1956, il adresse au Secrétaire général du Congrès islamique qui se trouve être le colonel Anouar Sadate une lettre où on peut lire : « Je me permets de vous soumettre respectueusement deux documents qui ont trait aux problèmes du monde musulman. Le premier est un chapitre que je détache d’un ouvrage intitulé « L’Afro-Asiatisme » que j’ai consacré aux problèmes soulevés à Bandoeng, considérés sous leur aspect sociologique. Dans ce chapitre, et pour les besoins de la thèse, j’ai cru devoir mettre en relief un certain aspect pathologique dans l’évolution actuelle du monde musulman, en mettant l’accent sur la nécessité méthodologique de séparer dans toute étude de ce genre le « spirituel » du « social », afin de considérer plus librement cet aspect des maladies sociales dont souffre actuellement le monde musulman ; le deuxième document représente le schéma d’une étude du monde musulman en vue de son organisation sous forme de Commonwealth (8).

Voyant que les responsables du FLN au Caire cherchent à se passer de ses services et qu’il se désintéressent du sort de son livre, il rédige le 10 septembre 1956 une adresse « Au peuple algérien » qui commence ainsi : « Je ne sais pas où je serai quand cet écrit parviendra à la connaissance du pays…  Je viens d’achever un travail sous le titre « L’Afro-Asiatisme » qui est susceptible d’avoir une influence effective sur l’orientation de cette Révolution hors de l’orbite occidentale où des forces mystérieuses dont je commence à mesurer la puissance veulent la maintenir ou la ramener… »

Il confie en parallèle à ses Carnets : « Dès que l’existence de « L’Afro-Asiatisme » fut connue, je me suis senti environné de danger. Comme je le notais à la date du 22 juin 1956 dans mon carnet-journal, je me suis senti comme un grain de poussière engagé entre des forces formidables… »  En plusieurs endroits de ses écrits publics et inédits Bennabi, dont l’idée la plus sûre qu’il a de lui-même est qu’il est sur la terre pour jouer le rôle du « Témoin », utilise l’image du grain de poussière ou de l’atome pour faire ressortir l’énormité du déséquilibre des forces entre lui et les évènements dans lesquels il est engagé, comme dans cet article où il écrit : « Le témoin… un atome peut-être, mais un atome nécessaire pour que la roue de l’histoire humaine poursuive son mouvement. Toute existence, tout évènement sont des parcelles, des atomes du destin du monde (9).

Dans les milieux estudiantins et universitaires arabes, le nom de Bennabi est maintenant largeent connu. La publication en leur temps du « Phénomène coranique », des « Conditions de la renaissance » et de « Vocation de l’islam » avait suscité des débats en Algérie et en France dont les échos étaient parvenus au Liban, en Egypte, en Syrie, au Maroc, etc. Le 22 octobre, Ben Bella, Aït Ahmed, Boudiaf et Khider quittent par avion Rabat où ils viennent d’être reçus par le roi Mohamed V, en direction de Tunis où ils doivent consulter Bourguiba sur la prochaine rencontre maghrébine ainsi que sur les négociations qui se sont ébauchées secrètement avec des émissaires français. L’avion est détourné sur Alger par les autorités françaises et eux arrêtés. Ils ne seront libérés qu’en mars 1962. 

Bennabi travaille à la traduction en arabe de ses livres avec Meskawi alors jeune étudiant à al-Azhar et à l’Université du Caire, et les Egyptiens Abdessabour Chahine et Mahmoud Chaker : « Les conditions de la renaissance » sort en 1957 avec une nouvelle introduction et un chapitre supplémentaire ; « Le phénomène coranique » sera édité en septembre 1958 avec une introduction de Bennabi et une autre de Mahmoud Chaker ; « Vocation de l’islam » paraîtra, lui, en 1959. Durant la période égyptienne, Bennabi va publier en tout une brochure et six nouveaux livres. Socialement, il vit très modestement, partageant pendant près de deux ans un appartement avec des étudiants. Ses ressources proviennent d’un maigre pécule qu’il reçoit du FLN en qualité de réfugié politique. Il se tient à l’écart des tiraillements de la direction de la Révolution entre l’intérieur et l’extérieur, les « politiques » et les « militaires ». Les figures et les courants politiques qu’il a connus et critiqués en Algérie se sont transposés au Caire et, avec eux, les préjugés à son égard. De son côté, il ne les épargne pas, les traitant de « zaïmaillons » et de « sinistre bande ».

Depuis son arrivée au Caire Bennabi s’est vite senti suivi, surveillé, cerné. Il note dans ses Carnets : « C’est ce qui m’a suggéré d’ailleurs de dédier mon livre (« L’Afro-Asiatisme ») à Nasser pour le placer sous sa haute protection morale avec la personne de son auteur. Mais son honorable destinataire ne m’a pas répondu. » Il se sent de nouveau pris au piège entre le « colonialisme scientifique » et la « colonisabilité inculte ».

En plus de ses épreuves morales dues à l’incompréhension qui l’entoure, à la difficulté de publier et à sa non-implication dans la direction de la Révolution algérienne, il culpabilise vis-à-vis de son père resté à Tébessa et de ses sœurs réfugiées en Tunisie qui vivent dans un dénuement complet, comme il se fait un sang d’encre pour sa femme malade et seule au Luat-Clairet. Il leur envoie de l’argent chaque fois qu’il le peut, lui-même étant fort démuni. Tous réclament son aide, mais lui est impuissant à secourir autant de peines à la fois. Il en veut au gouvernement égyptien d’avoir empêché le rayonnement de « l’Afro-Asiatisme » et aux responsables algériens au Caire de l’ignorer systématiquement.

 En janvier 1957 il demande à Lamine Debaghine de l’aider à amener sa femme au Caire. Celui-ci se dérobe. En mars, il écrit au même pour lui exprimer son souhait d’entreprendre une tournée dans les pays afro-asiatiques pour expliquer le contenu de son livre. Refus. Devant tant d’obstruction, il laisse libre cours à sa colère dans une lettre qu’il lui adresse le 13 mars 1957 où il parle de lui et de ses collègues de la Délégation comme de « messieurs qui préféraient servir la Révolution bien douillettement, naguère à l’Assemblée algérienne ou au Parlement français, et aujourd’hui dans de confortables hôtels.» 

Debaghine, Benkhedda et Tewfik al-Madani sont les plus farouches partisans de sa mise à l’écart des affaires de la Révolution. Il confie à ses Carnets : « Depuis deux ans, je suis comme un avoir paralysé dans un compte gelé dans une banque. ». Même Khaldi et Salah Ben Saï ne lui ont pas écrit depuis un an. Le premier, qui avait pris part aux côtés d’Albert Camus et de Ferhat Abbas au meeting pour la « trêve civile » au « Cercle du progrès », a quitté clandestinement l’Algérie et s’est réfugié au Maroc où il est médecin-chef dans un hôpital du FLN, et le second dirige une industrie dans le même pays où il met ses moyens à la disposition de la Révolution. Quant à Hamouda Ben Saï, il vivote à Batna. 

L’ONU a fixé la date du 30 janvier 1957 pour débattre de la question algérienne. La Conférence de Bandoeng a été la première enceinte internationale où a été reconnu en avril 1955 le droit à l’autodétermination du peuple algérien. Le deuxième acte sur la voie de l’internationalisation du problème algérien a été le vote de la X° session de l’Assemblée générale de l’ONU le 30 septembre 1955 par lequel le problème était sorti pour la première fois du strict cadre français. 

En Algérie, le FLN décide d’apporter au monde la démonstration de l’engagement du peuple algérien derrière lui. Le CCE (Comité de Coordination et d’Exécution, instance dirigeante du FLN mise en place par le Congrès de la Soummam) appelle à une grève de huit jours. La répression s’abat sur l’Algérie mais l’objectif est atteint Le leader qui en a eu l’idée, Larbi Ben M’hidi, est arrêté puis assassiné. Le 08 avril 1957 Larbi Tebessi est enlevé à Alger par une organisation terroriste, la « Main rouge », émanation des services spéciaux français qui l’assassine et fait disparaître son corps. Dans la presse coloniale, le crime est aussitôt imputé au FLN qui l’aurait exécuté pour « trahison ».

 Bennabi réagit dans une mise au point datée du 10 avril à cette version et la dément, tout en s’étonnant de l’absence de réaction de la part de la direction officielle de la Révolution. Il évoque ce crime dans  « SOS Algérie » qui sort deux mois plus tard, ainsi que dans l’avant-propos de « La lutte idéologique dans les pays colonisés » qui paraîtra en 1960. En 1968, il dédiera « Islam et Démocratie » au vénérable cheikh avec ces mots : « A la mémoire de Cheikh Larbi Tebessi qui fut durant toute sa vie et son action islahiste en Algérie animé par la double exigence qui marque l’homme en quête de vérité et de justice sociale. Puisse ce modeste hommage rappeler à la jeune génération algérienne cet homme dont la postérité ne trouvera même pas le nom sur une pierre tombale, parce que les forces du mal voulaient effacer également sa mémoire ». 

Larbi Tébessi était violemment opposé au pouvoir colonial. Pendant la deuxième guerre mondiale il a échappé de peu, comme on l’a vu, à la peine capitale. En février 1954 il déclare dans une conférence à Oran : « Le jour viendra où la France sera obligée de partir… Tous les musulmans doivent s’unir pour atteindre ce but. » En octobre 1955, il demande à Bendjelloul de cesser toute collaboration avec la France. Lors d’une conférence de presse tenue en février 1956, il dit : « La France doit admettre le principe d’une Algérie indépendante et négocier directement avec les chefs du FLN.  (10).

A la veille de quitter l’Algérie, rapporte Ferhat Abbas dans ses Mémoires, Tébessi était venu lui faire ses adieux en ces termes : « Je ne sais si nous nous verrons un jour. Alors, je te recommande de ne jamais oublier que l’Algérie est musulmane. C’est au nom de l’islam que les Algériens se battent et acceptent de mourir. Ne reviens sur cette terre que si elle est libérée. Et quand l’heure de la reconstruction du pays sonnera à l’horloge de Dieu, mettez l’islam au centre de l’édifice et Dieu vous aidera» (11 ).

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Le 24 avril 1957, Bennabi adresse une lettre « A l’armée de libération » dans laquelle il réitère son souhait d’être l’historien de la Révolution. Il se plaint de ce que la « Délégation extérieure du FLN » n’utilise pas ses services et rappelle son passé militant et les déboires qui en ont découlé pour lui et sa famille. La guerre fait rage en Algérie. A Alger, une lutte implacable est engagée depuis plusieurs mois entre les réseaux urbains de Yacef Saâdi et les corps d’élite de l’armée française. C’est la fameuse « Bataille d’Alger ». Comme tout Algérien, Bennabi est remué au plus profond de lui-même. En juin, il publie en arabe et en français « SOS Algérie », brochure dans laquelle il dénonce la pratique de la torture et le massacre des Algériens, évoquant le chiffre d’un demi-million de morts. Il interpelle l’ONU sur ses responsabilités face au drame algérien et demande l’envoi d’une commission d’enquête internationale pour mettre fin à la politique de génocide menée par l’armée française. Il appelle aussi à des manifestations à travers le monde. 

On peut y lire : « Je crois en la civilisation comme à une protection de l’homme parce qu’elle met une barrière entre lui et la barbarie. Mais on ne voit pas bien aujourd’hui dans la politique française la barrière qui sépare l’homme de la brute… Devant cette tragédie morale et humaine, le monde civilisé ne doit pas se taire et la voix de Bandoeng ne doit pas demeurer muette. Il faut une explosion d’horreur dans les consciences, une marche symbolique de l’indignation humaine, une marche d’enfants, de femmes, d’hommes de bonne volonté pour obliger les détenteurs du pouvoir en ce monde à faire leur devoir. L’humanité doit, par une décision historique, se désigner elle-même la gardienne des lois qui garantissent le respect de la personne humaine. Elle doit, par cette décision, mettre sa signature, en quelque sorte, au bas de la charte des Nations pour lui donner son sens véritable. Et si elle sauvait de cette manière le peuple algérien, elle aura en fait sauvé deux peuples : l’un du massacre et l’autre d’un crime que ses dirigeants veulent lui faire endosser devant l’histoire. Elle les aura, en même temps, réconciliés.» 

La « Délégation extérieure du FLN » interdit la diffusion de cette brochure par ses services au motif que ce n’est pas un document « officiel ». Excédé, Bennabi termine une lettre à Debaghine datée de juillet 1957 sur ces mots : « Ce sont les mêmes influences qui ont éliminé Ben Boulaïd, Zighoud et cheikh Larbi Tebessi qui ont agi à mon égard pour me tenir à l’écart de la Révolution : n’ayant pu me supprimer, on a réussi à me neutraliser. »

En juin 1957, juste après la parution de « SOS Algérie », il entreprend la rédaction d’un livre sur la « lutte idéologique » qu’il achève en septembre mais qui ne sera publié qu’en juillet 1960. Un moment, Bennabi a pensé à l’intituler « Mémoires d’un combattant du front idéologique » où il récapitule son expérience personnelle dans un domaine sur lequel il est le premier à écrire, la lutte idéologique », expression dont il est très vraisemblablement l’auteur) (12). C’est une stratégie de domination par d’autres moyens que les armes.  Elle a pour but de désarmer et d’affaiblir l’adversaire en agissant sur ses idées et ses motivations par la réduction de leur efficacité et, quand il s’agit d’un individu qui produit des idées, de chercher à l’isoler de son milieu social. Bennabi donne comme exemples de la réalité de cette lutte plusieurs faits survenus dans sa propre vie : 

1) A son arrivée au Caire en 1956, il se présente au ministère de l’Orientaion pour lui proposer la publication de « L’Afro-Asiatisme ». Le préposé qui le reçoit lui apprend que le représentant du journal « Le Monde » au Caire était passé quelques jours plus tôt avec la même proposition, c’est-à-dire faire état de « la disponibilité d’un philosophe français à publier un livre sur les conclusions de Bandoeng » où serait défendue la thèse d’une civilisation afro-asiatique incluant un apport occidental. 

2°) La même année, « Vocation de l’islam » est traduit en arabe et édité au Liban sous le nom d’un professeur d’université de Saida, Chaâban Barakat (13).

3) Dans l’introduction d’un livre paru au Liban en 1957 où ont été regroupés les articles du « Lien indissoluble » (la revue éditée à Paris par Al-Afghani et Abdou en 1883), le nom de Bennabi est cité comme celui d’un « écrivain français converti à l’islam », entre ceux de Léopold Weiss (14) et de Georges Rivoire (15).

C’est un célèbre homme de lettres égyptien, Taha Abdelbaki Sourour, qui signe l’introduction où il écrit, l’âme en paix : « L’auteur français Malek Bennabi, qui a vécu en Afrique du Nord et s’y est adapté au genre de vie des gens qu’il a aimés, s’est converti à l’islam auquel il s’est consacré, subissant de grands ennuis de ce fait. » Pour Bennabi, ces faits ne relèvent pas du hasard, mais d’une volonté délibérée de brouiller son image et de banaliser ses idées au moment où son œuvre se répand dans le monde arabe.

On peut voir d’une certaine façon dans cet ouvrage la suite de son autobiographie avec, en moins, les noms, les dates et les détails. C’est la théorisation de sa propre expérience dont il veut tirer les lois d’une discipline nouvelle, la « lutte idéologique, cette lutte âpre, sourde, souterraine qui ne se passe jamais au grand jour ». 

Dans ses Mémoires, il avait présenté cette guerre sournoise à partir de sa position de victime. Dans le nouveau livre, il se place dans le rôle du « psychological- service » pour montrer les méthodes que ce dernier applique pour parvenir à ses fins : comment empêcher une idée de parvenir à la société, comment dresser contre elle des réflexes pavloviens, comment isoler l’idée de l’action politique « de sorte que l’une demeure stérile et l’autre aveugle »… 

Ce livre peut être considéré comme la reprise « au propre » du manuscrit de « Pourritures » et une réponse aux complots ourdis contre lui et aux persécutions qu’il a subies. Il revient sur les pressions de la police française, sur l’attitude à son égard des partis politiques algériens et des Oulamas durant la période coloniale, sur le tir de barrage subi par « Les conditions de la renaissance » à sa parution en 1949… Tout cela, dit-il, pour « garder l’indépendance de ma pensée et de ma plume ».  

Mais Bennabi ne puise pas ses exemples dans sa seule expérience, il les prend aussi dans l’actualité internationale et les affrontements géostratégiques qui marquent son époque. Il en est ainsi de la création du Pakistan dans laquelle il continue de voir « un barrage pour freiner l’expansion de l’islam en Inde » (16).

Philosophiquement, il a surmonté la hantise de la 3° guerre mondiale. Il pense que la bataille va se déplacer sur un autre terrain, celui des idées : « La troisième guerre mondiale qu’on attendait depuis dix ans devient infiniment improbable. Il ne s’agit donc plus de gagner la guerre mais de gagner la paix. »  C’est le géopoliticien qui parle des nouveaux enjeux et du rôle de la lutte idéologique dans la nouvelle situation : « Il existe un contrôle international de la circulation des armes et munitions, mais on ignore généralement qu’il existe aussi un contrôle sur la circulation des idées. On ne sait pas qu’il existe de par le monde des observatoires spécialisés qui suivent attentivement le mouvement des idées, notant leur apparition, leur trajectoire, leur réflexion, leur réfraction dans des milieux divers. Exactement comme il existe des observatoires astronomiques qui étudient le mouvement des astres (17).                                   

A suivre…

NOTES :

1) Jacques Austruy : « L’Islam face au développement économique », Ed. Ouvrières, Paris 1961.

2) Louis Gardet : « Les Hommes de l’islam », Ed. Hachette, Paris 1977.

3) Bennabi écrit dans ce livre : « Il était clair qu’une telle réaction procédait du désir du colonialisme de dissocier, cette fois-ci encore, l’œuvre de la cause défendue par l’auteur et de transformer la bataille entre lui et le colonialisme en une bataille l’opposant aux siens ». 

Il rapporte cette péripétie non pour régler des comptes mais pour décrypter les méthodes employées dans la lutte idéologique, poursuivant : « L’élément essentiel du problème devant un cas d’espèce est-il vraiment la corruption d’une seule personne parmi celles qui président aux destinées de l’Association des Oulamas, lorsqu’elle a assuré la transmission de cette insinuation du colonialisme en la communiquant de bouche à oreille à ses dirigeants ? Ou bien s’agit-il d’une terrible carence intellectuelle dont ces mêmes dirigeants ont fait preuve et qui, soit dit en passant, ont fait montre aussi d’une incompétence à toute épreuve. Je citerai parmi eux plus particulièrement le regretté vénérable cheikh Larbi Tébessi dont je connais la rectitude et l’intégrité morale. En revanche, côté intellectuel, il a fait preuve d’une grande médiocrité. Non seulement, il s’est montré convaincu de la malveillante insinuation, mais il l’a aussi fidèlement défendue, sans qu’il sache que son attitude elle-même est évaluée dans le plan du colonialisme comme un facteur décisif susceptible d’éloigner l’auteur de la cause qu’il défend. Le regretté cheikh avait endossé cette attitude parce qu’il ignorait que la lutte idéologique est avant tout une lutte qui affûte ses armes au fond des âmes et des esprits. »   

4) En quittant l’Egypte en 1963, Bennabi confie ses Carnets et des manuscrits à Omar Meskawi qui les lui rendra le 27 juin 1969. En les réceptionnant, Bennabi note en date du 24 juin 1969 : « Je constate qu’il manque 3 ou 4 carnets de notes. Je ne reçois en effet que trois seulement sur les 6 ou sept que je lui avais confiés. Mes Mémoires sont donc amputés d’une partie. Et j’ai l’impression que la main qui les a amputés a fait un choix judicieux. Je suis sûr cependant que cette amputation n’a pas eu lieu chez Meskawi ».

5) Des coupures de presse trouvées dans les archives de Bennabi indiquent que ce haut fonctionnaire a été arrêté quelque temps plus tard par les services égyptiens pour « intelligence avec l’ennemi ». 

6) Cf. « Lettre à Messieurs de la Délégation du FLN », datée du 14 août 1956.  

7) L’intitulé de la lettre remise par Bennabi au Dr. Lamine Debaghine le 5 novembre 1956 au siège de l’Association des Oulamas au Caire en vue d’être lue à la radio est « Lettre ouverte d’un intellectuel algérien à M. Guy Mollet. ».  

8) Cette dernière information doit retenir l’attention. Elle est d’importance pour le spécialiste de la pensée bennabienne qui peut y trouver la réponse à une question embarrassante : pourquoi Bennabi, après avoir publié en 1956 « L’Afro-Asiatisme » où il prône le mondialisme a-t-il, deux années après, écrit « Idée d’un Commonwealth islamique » où il préconise un regroupement régional sur la base d’un critère culturel ? La réponse est dans ce document : le schéma du Commonwealth était prêt avant l’édition de « L’Afro-Asiatisme ». A quoi il faut ajouter les déceptions de Bennabi devant le sort connu par son livre. 

   9) Cf. « A la veille d’une civilisation humaine ? 4 », la RA du 29 juin 1951. Cette pensée de Bennabi est à rapprocher de celle de Napoléon qui, à la veille de la bataille de Russie, a tenu ces propos : « Je me sens dirigé vers un but que j’ignore. Dès que je l’aurai atteint, dès que je ne serai plus nécessaire, il suffira d’un atome pour me briser. Mais jusqu’à ce moment-là, toutes les forces des hommes ne pourront rien contre moi. » La détermination est la même chez les deux hommes. Mais l’un est à la tête de la meilleure armée de l’époque, tandis que l’autre se démène tout seul sur le front de la guerre idéologique où il fait face au colonialisme et à la colonisabilité unis contre lui. 

10) Cf. A.Hellal, op.cité. 

11) Cité in « Ferhat Abbas, une autre Algérie », op.cité. 

12) Lors de la conférence qu’il a donnée en mai 1973 à Batna (dont la transcription existe) Bennabi a déclaré : « Je crois avoir été le premier à utiliser la notion de « lutte idéologique » il y a quinze ans ».

13) Bennabi commente cet acte de piratage en ces termes : « Ils ne veulent pas laisser les idées sous un même nom, il faut les disperser. C’est là une méthode de dépréciation. Ce Chaâban Barakat a organisé le méfait avec l’aide des Editions du Seuil… Et c’est cette édition qui circule en Algérie, et ce jusqu’à présent » (mai 1973).

14) Devenu Mohamed Asad, auteur de « Le chemin de la Mecque » et de « L’islam à la croisée des chemins ». C’est lui qui aurait écrit que « Bennabi est un auteur français qui s’est converti à l’islam et a passionnément défendu l’islam. »  

15) Haïdar Bammate est l’auteur de « Visages de l’islam » paru en 1946 et réédité en Algérie en 1991 (Ed. ENA) avec une préface de Ahmed Taleb Ibrahimi. Bennabi dit à son sujet dans l’une de ses dernières interventions publiques (conférence à l’ENAC de Batna le 14 mai 1973) : « J’ai eu l’occasion de le connaître à l’Institut islamique de Paris. Il m’a envoyé son livre et a eu la maladresse de mettre sur la couverture et entre parenthèses son ancien nom : Georges Rivoire… » Bennabi pense qu’il était au « service des Anglais ».

16) Dans un texte de 1929 sur « La situation de l’Islam », Louis Massignon note à propos des musulmans d’Inde : « Ce groupe est en progrès net depuis la crise de 1857 ; se discipline grâce à ses congrès annuels ; à tous points de vue, il a l’avantage, vis-à-vis de la majorité, d’une langue unique, l’urdu, qui tend à devenir la langue nationale de l’Inde et, pour l’écriture, d’un seul alphabet, l’alphabet arabe. Depuis 1919, les chefs musulmans de l’Inde ont su organiser avec la majorité hindouiste un programme commun de revendications formant un bloc « compact » vis-à-vis des autorités britanniques, qui n’ont pas encore réussi à le briser.» Cette appréciation conforte largement les vues de Bennabi sur la question. 

17) La loi américaine dite « Patriot Act » a institué le droit pour les services de sécurité de recueillir auprès des bibliothèques toute information sur les lectures de n’importe quelle personne.   

 

                                           

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