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La véritable signification du mois sacré du Ramadan (1/2)

Le Ramadan est le neuvième mois de l’année lunaire musulmane et le seul mentionné nommément dans le Coran. Il est intrinsèquement lié à l’observance du quatrième des cinq piliers de l’islam, à savoir la pratique du jeûne obligatoire (sawm, parfois siyyâm).

Avant que le prophète Mohammed (que la paix soit sur lui) et ses compagnons ne soient contraints de fuir La Mecque et de s’installer à Médine, les musulmans ne pratiquaient que des jeûnes non obligatoires. Ce n’est qu’en l’an 2 de l’hégire (623 de l’ère chrétienne) qu’une série de versets de la sourate 2 (versets 183 à 187) oblige les musulmans à jeûner pendant tout le mois de Ramadan – un mois lunaire complet – et fixe les règles de base de ce rite.

A ce propos Eslah Attar écris dans le National Geographic : i

« Le Ramadan est l’un des mois du calendrier islamique. Il faisait également partie des anciens calendriers arabes. Le nom de Ramadan provient de la racine arabe « ar-ramad », qui signifie « chaleur accablante ». En l’an 610, l’ange Gabriel serait apparu au prophète Mahomet et lui aurait révélé le Coran, le livre sacré islamique. Cette révélation, Laylat Al Qadar – ou la « Nuit du Destin » – aurait eu lieu pendant le Ramadan. Les musulmans jeûnent ainsi au cours de ce mois pour commémorer la révélation du Coran.’»

Une signification profonde

En Égypte, le jour du jeûne commence tôt, lorsque le mesaharati passe dans les rues pour annoncer qu’il faut se dépêcher de manger avant l’apparition du soleil. Les personnes qui ont l’intention de jeûner peuvent alors se recoucher et se lever un peu plus tard que d’habitude. Entre 14 et 16 heures, il faut rentrer chez soi le plus tôt possible. Quelques minutes avant la fin du jeûne, il y a un grand remue-ménage dans les rues. Puis le signal tant attendu retentit dans les mosquées.

Au Caire, un canon est tiré depuis la citadelle pour annoncer le début de l’iftâr (petit-déjeuner). Partout, de grandes tables sont dressées dans la rue. Pendant l’iftâr, tout s’arrête : les rues sont désertes, avant que l’animation ne reprenne. Le soir, les gens sortent, se promènent, s’attardent aux terrasses de café, et ce jusqu’à suhûr, le dîner.

Ramadan signifie à l’origine “grande chaleur”, une image tirée du calendrier solaire préislamique. Ce mois était sacré dans la tradition arabe préislamique et était un mois de trêve. Certes, le mois de Ramadan est le mois de l’abstinence, celui où l’on se prive de nourriture, entre autres. Mais au-delà du jeûne lui-même, ce mois est une bonne occasion de s’interroger sur “la base et les fondements” de la pratique spirituelle islamique. C’est avant tout un moment de solidarité et de partage. L’islam n’est pas une religion dogmatique. C’est avant tout une démarche intérieure, une “vision du cœur” qui permet à l’homme de revenir au centre de lui-même.

Le Coran indique que le jeûne a été prescrit aux croyants afin qu’ils puissent être conscients de Dieu. En s’abstenant de choses que les gens ont tendance à considérer comme allant de soi (comme l’eau), on pense que l’on peut être amené à réfléchir sur le but de la vie et à se rapprocher du créateur et du soutien de toute existence. Ainsi, le fait de commettre des actes répréhensibles compromet le jeûne. De nombreux musulmans affirment également que le jeûne leur permet d’éprouver un sentiment de pauvreté, ce qui peut favoriser les sentiments d’empathie.

Pour Moncef Younes, Ramadan est synonyme de : ii

«…le Ramadan offre des avantages d’ordre moral, ce qui est l’essentiel. Pendant ce mois, le musulman apprend à se maîtriser, à résister à ses tentations et à ses désirs physiques. Mais le Ramadan doit être avant tout le mois de la bonne conduite : le rite perd sa valeur si celui qui jeûne se met en colère, insulte son prochain ou lui porte préjudice. Tous ses efforts de continence sont alors vains.»

Le jeûne du mois de Ramadan s’inscrit parfaitement dans cette démarche, qui conduit l’homme à faire un effort constant pour lutter contre ses faiblesses et ses passions, à s’améliorer sans cesse, à s’humaniser totalement. Le principe du jeûne est lié à celui de la maîtrise de soi. Il est l’affirmation de la volonté et de la liberté de l’homme par rapport à lui-même et à son désir immédiat de satisfaire ses besoins fondamentaux. C’est aussi le lien de solidarité avec les affamés, qu’il faut aider à sortir de leur situation de dénuement et de misère [cf. l’aumône zakât, iii un des piliers de l’Islam].

Le ramadan est une période de jeûne et de croissance spirituelle, et constitue l’un des cinq “piliers de l’islam”. Les autres étant la déclaration de foi, la prière quotidienne, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque. Les musulmans valides doivent s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles de l’aube au coucher du soleil chaque jour du mois.

De nombreux musulmans pratiquants effectuent également des prières supplémentaires, notamment la nuit qiyâm, et tentent de réciter l’intégralité du Coran. La croyance dominante parmi les musulmans est que c’est au cours des dix dernières nuits du Ramadan que le Coran a été révélé pour la première fois au Prophète Mohammed (psl).

Lorsque le mois de Ramadan commence, les portes du ciel s’ouvrent et les portes de l’enfer se ferment comme l’a dit Prophète Mohammed (psl) dans un de ses hadiths en ces termes :

Lorsque le mois de Ramadan commence, les portes du paradis s’ouvrent et les portes de l’enfer se ferment et les démons sont enchaînés. iv

Quand quelqu’un jeûne pendant le mois de Ramadan avec une foi sincère, il sera pardonné par Allah Tout-Puissant comme le Saint Prophète (psl) a dit dans le hadith :

Quiconque jeûne pendant le Ramadan par foi sincère et dans l’espoir d’obtenir les récompenses d’Allah, et alors tous ses péchés passés seront pardonnés“. v

C’est le mois de la convivialité et du partage. Aller vers l’autre qui n’est pas du même milieu social, de la même origine, de la même religion que soi. Rompre le jeûne à la tombée de la nuit, non pas pour avaler tout ce qu’on peut, mais pour rompre le silence et le pain, pour partager un moment de convivialité en famille, entre amis ou dans des associations, mosquées, restaurants, cafés.

Réflexion et raison

Toutes les civilisations anciennes, toutes les religions ont imposé à leurs adeptes quelques jours de jeûne par an. Pourquoi ? S’agissait-il d’une simple superstition, ou cette pratique avait-elle une utilité personnelle ou publique ?

Nous vivons à une époque où chaque citoyen, riche ou pauvre, peut avoir accès à l’éducation. De plus, nos gouvernements ne sont pas obligés de nous imposer la pratique de nos devoirs spirituels. L’étude préalable et objective de ce sujet incombe d’autant plus aux musulmans que non seulement la raison, mais aussi le Coran, fondement même de l’islam, leur enjoint de le faire.

En effet, il n’est pas un seul des devoirs spirituels imposés par le Coran qui ne soit accompagné d’un appel à la réflexion, à la méditation, afin que l’homme découvre qu’il est dans son intérêt de l’accomplir. Le Coran nous exhorte à plusieurs reprises à ne pas suivre aveuglément les coutumes de nos ancêtres, mais à penser par nous-mêmes, afin que l’homme soit justement et personnellement responsable de ses actes. L’être humain ne doit pas agir uniquement par instinct comme les animaux, mais par décision personnelle, comme il sied à un être à qui Allah a donné la raison, à l’exclusion des autres créatures.

L’homme étant à la fois corps et esprit, la recherche exclusive de bénéfices pour une seule de ces composantes se fera au détriment de l’autre, et détruira l’équilibre de l’individu. Le véritable intérêt de l’homme exige l’harmonie entre le corps et l’âme, ainsi que leur heureuse coordination. Si nous travaillons uniquement pour le bénéfice de l’esprit, nous deviendrons des anges et même au-delà, mais Allah a déjà créé les anges et n’a pas besoin d’augmenter leur nombre.

De même, si nous dépensons toute notre énergie pour le bien-être matériel et l’intérêt égoïste, nous deviendrons des bêtes, des diables, et même pire. Or, Allah a déjà créé de tels êtres également, et en devenant des bêtes ou des diables, nous allons à l’encontre de l’intention divine qui a présidé à la création d’êtres dotés du pouvoir d’accomplir des œuvres, tant spirituelles que matérielles, et dotés de la raison pour distinguer le bien du mal.

Pour Khalid Mossayad le vrai sens du Ramadan est : vi

« Il est l’heure de la résistance, de la persévérance, de l’effort, de la lutte, pour être plus homme, pour être plus femme. Cette résistance te met face à tes limites, celles de ton humanité, celles de ton corps ; cette résistance te montre ta force, celle de ton cœur et de ton esprit. A chacun de savoir la saisir et l’utiliser. Les prières continuent et plus elles s’enchaînent, plus on se sent proche de quelque chose, de soi sans doute… On se connaît mieux et on intensifie ce sentiment pour être mieux, c’est tout. Voilà le vrai sens du Ramadan : devenir meilleur durant ce mois et le rester, parce qu’on en sort toujours avec une force en plus.»

La pratique du jeûne

La pratique du jeûne pendant le Ramadan revêt une grande importance dans la vie religieuse des musulmans, tant pour la rigueur qu’elle implique que pour la perception spirituelle d’une telle ascèse. Plus encore que la prière, le jeûne du Ramadan met en jeu un double aspect de la religiosité : la participation collective de la société, dimension pleinement horizontale du fait religieux, et l’engagement individuel de la personne qui jeûne, dimension pleinement verticale de l’acte de foi. Il est à noter que cette double composante se retrouve dans le cinquième pilier : le pèlerinage.

Ainsi, en ” jeûnant le Ramadan “, le musulman est en phase avec sa communauté, un état de communion interpersonnelle, une simple réalité qui ne doit pas lui faire perdre de vue que le jeûne est aussi une démarche purement spirituelle, un état de communion mystique. Tout comme nous l’avons fait pour la prière, entre le poids de l’obligation et la sincérité de l’élan de foi, nous sommes donc amenés à nous interroger sur le point de vue coranique concernant le caractère obligatoire ou non du jeûne du Ramadan. Enfin, nous rappelons que le jeûne du Ramadan a la particularité d’être consacré à la célébration du Coran, qui est sans doute la clé intrinsèque de l’ouverture spirituelle.

En tant que pilier/rukn, le jeûne du Ramadan est pour l’Islam une obligation/farḍ divine incombant aux musulmans. De ce caractère obligatoire, l’Islam a fait de nombreux accommodements face à la difficulté physique de jeûner pendant un mois. Ainsi, les enfants, et les personnes âgées sont traditionnellement exemptés du jeûne, tout comme les malades, les femmes enceintes, et les voyageurs à titre temporaire.

En outre, le droit islamique a produit une vaste littérature qui explique les nombreux détails que la casuistique musulmane a générés concernant la pratique de ce jeûne, nous renvoyons donc le lecteur à ce vaste corpus.

Ce qui retient notre attention est d’un autre ordre puisque, plus encore que pour la prière, se pose la question de l’équilibre entre l’obéissance à ce qui est considéré comme une obligation et le profond élan spirituel qu’implique la pratique du jeûne, comprise comme un creuset potentiel d’expérience mystique. Cependant, comme nous avons pu démontrer que l’obligation de prier est en fait une prescription de l’islam et non du Coran, on s’attend à ce qu’il en soit de même pour le Ramadan. Entre collectif et électif, rituel et spirituel, comment le Coran articule-t-il cette question ?

Dans le Coran, toutes les informations concernant la pratique du jeûne du Ramadan sont contenues dans un seul chapitre : S2-V183-187. Ce traitement thématique de l’un des linéaments coraniques du proto-islam est rare dans le Coran, et l’on peut supposer qu’il témoigne ainsi de l’institution de l’introduction d’une pratique totalement nouvelle pour les musulmans. Il en découle directement que les informations nécessaires à la mise en œuvre de ce jeûne sont exposées dans ce chapitre et sont suffisantes. Cependant, la réponse à la question précédente nous oblige à analyser uniquement les versets 183-184.

“Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit, comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés, puissiez-vous craindre pieusement ! “ – S2-V183

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى الَّذِينَ مِنْ قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ

تَتَّقُونَ

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La sourate s’adresse ici aux croyants musulmans, hommes et femmes, sans distinction, puisque la formulation utilisée est indifférente au genre. Par conséquent, toutes les remarques et règles qui vont être édictées concernent aussi bien les uns que les autres. C’est à partir du segment “Le jeûne vous est prescrit/kutiba, comme il a été prescrit/kutiba à ceux qui vous ont précédés.” Que l’Islam a décrété que le jeûne du Ramadan est une obligation religieuse instituée par Allah.

Si l’on devait comprendre ici que le verbe kataba signifie “prescrire” dans le sens d’un impératif divin, il aurait dû également s’agir d’un ordre de même nature pour “ceux qui te précèdent” puisqu’il est bien dit “comme il a été prescrit/kutiba à ceux qui te précèdent.” Le jeûne a été prescrit par Allah à toutes les nations du monde auxquelles il a envoyé des prophètes avant l’avènement de l’Islam. Mais, tous ont interprété cette prescription divine, à leur manière, en s’éloignant de la recommandation du Créateur et du contenu du message de ses messagers Moïse et Jésus. Ceci est, cependant, vrai non seulement en ce qui concerne le jeûne mais toutes les autres directives, créant, ainsi, des religions en totale contradiction avec le message d’Allah.

Ainsi, le peuple de Jésus a totalement ignoré la directive sur le jeûne en la remplaçant par une pâle copie appelée Carême et quant au peuple de Moïse, il a adopté, à la place, le jeûne de Yom Kippour, le jeûne de vingt-cinq heures, qu’il considère comme “une loi perpétuelle” et c’est le seul jeûne obligatoire ; d’autres jours de jeûne existent mais sont facultatifs. En revanche, aucun verset du Nouveau Testament, qui est sans doute une aberration de la parole d’Allah, ne mentionne un jeûne obligatoire, alors que de nombreux autres versets incitent au jeûne comme une pratique purificatrice et spirituelle, de sorte que pour les chrétiens, le jeûne est un acte surérogatoire et non une obligation.

Cette simple observation interreligieuse nous permet donc d’affirmer que selon le sens que l’Islam donne à ce verset, il a toujours été une prescription divine obligatoire mais que les juifs et les chrétiens l’ont ignoré, comme ils ont ignoré de nombreux autres aspects du message de leurs prophètes respectifs, contrefaisant ainsi le message divin d’Allah. Il est cependant faux de croire que cette prescription divine était destinée aux seuls musulmans, elle était destinée à tous les peuples avant eux auxquels Allah a envoyé un messager en temps voulu :

est prescrit/kutiba comme il a été prescrit/kutiba à ceux qui sont venus avant vous“.

Au contraire, les juifs et les chrétiens ont pris une autre voie et ils ont expliqué kataba comme un verbe qui ne signifie pas prescrire dans le sens où l’Islam l’entend : c’est-à-dire une obligation, mais qui conserve son sens originel : recommander, inviter.

Notons néanmoins que si le christianisme avait, ainsi, défait le formalisme juridique juif, l’islam a réintroduit pour son propre compte, une procédure et une ligne de conduite que l’on retrouve régulièrement dans la construction de l’islam. Ceci n’est pas de la spéculation et le verset qui va suivre confirmera le caractère obligatoire du jeûne du Ramadan pour tous, à l’exception du malade, du voyageur, etc. comme le stipulent les paroles divines suivantes :

S2-V184 :

             “Les jours sont comptés, mais celui d’entre vous qui est malade ou en voyage, détermine alors d’autres jours. Et, quant à ceux qui pourraient avoir, une rédemption leur incombe : la nourriture d’un pauvre. Et, qui fait volontairement le bien, c’est bon pour lui, mais le jeûne est meilleur pour vous, si vous le saviez ! “

S2-V184 :

أَيَّامًا مَعْدُودَاتٍ فَمَنْ كَانَ مِنْكُمْ مَرِيضًا أَوْ عَلَى سَفَرٍ فَعِدَّةٌ مِنْ أَيَّامٍ أُخَرَ وَعَلَى الَّذِينَ يُطِيقُونَهُ فِدْيَةٌ طَعَامُ مِسْكِينٍ فَمَنْ تَطَوَّعَ خَيْرًا فَهُوَ خَيْرٌ لَهُ وَأَنْ تَصُومُوا خَيْرٌ لَكُمْ إِنْ كُنْتُمْ تَعْلَمُونَ

Le vrai sens du Ramadan

Une place toute particulière est accordée à l’intention du croyant : ainsi, pour que le jeûne soit ” accepté ” ou ” validé ” par Dieu, il est indispensable qu’il soit pratiqué avec sérieux et dévotion, et non de manière mécanique ou détachée. Le sens spirituel du jeûne, qui vise à se purifier, à se tourner entièrement vers Dieu, à se détacher des biens matériels pour se rappeler l’essentiel par une discipline stricte, est fondamental.

C’est aussi l’occasion de se tourner vers les autres, de faire preuve d’amour, d’altruisme et de générosité envers nos proches. Enfin, le Ramadan est le moment où les musulmans du monde entier sont en communion, se rassemblent dans les mosquées, et tournent tout leur être vers Allah, “le Miséricordieux, le Compatissant”.

Chez les chrétiens, le carême (du latin quadragesimus) est une période de 40 jours avant Pâques. Il commémore la retraite de Jésus pendant 40 jours dans le désert, une allusion aux 40 années que le peuple juif a passées sur le Sinaï pendant l’Exode d’Égypte. Les obligations du carême ont beaucoup changé au cours de l’histoire. Au Moyen Âge, elles comprenaient des exigences strictes en matière de jeûne et d’abstinence sexuelle. Aujourd’hui, seuls le mercredi des Cendres et le vendredi saint en France comportent une proposition de jeûne pour les adultes. Comme le Ramadan, le carême est un moment de prière et de partage. Mais son origine religieuse est distincte.

Deux fêtes fondamentales sont célébrées pendant le mois de Ramadan : Laylat al-Qadr (” la nuit du destin “) et cid al-Fitr, la fête de la fin du carême. La nuit du destin – qui se situe généralement vers la fin du mois de jeûne – est considérée comme l’une des nuits les plus saintes de l’année, et correspond à la première nuit de la révélation du Coran par l’archange Gabriel au prophète Mohammed (psl). À cette occasion, de nombreux musulmans prient une partie ou la totalité de la nuit et se rassemblent dans les mosquées.

Le Coran a été révélé au prophète Mohammed le jour de Laylat al-Qadr. La sourate 2, versets 185 déclare :

             “Le Coran a été révélé pendant le mois de Ramadan. Il est une direction pour les hommes ; une manifestation claire de la Direction et de la Loi. Celui d’entre vous qui verra la nouvelle lune, jeûnera pendant tout le mois. Celui qui sera malade ou celui qui voyagera alors, jeûnera pendant le même nombre de jours. Dieu veut pour vous la facilité, il ne veut pas, pour vous, la contrainte. Terminez cette période de jeûne ; exaltez la grandeur de Dieu qui vous a conduit…. “

شَهْرُ رَمَضَانَ الَّذِي أُنزِلَ فِيهِ الْقُرْآنُ هُدًى لِّلنَّاسِ وَبَيِّنَاتٍ مِّنَ الْهُدَى وَالْفُرْقَانِ فَمَن شَهِدَ مِنكُمُ الشَّهْرَ فَلْيَصُمْهُ وَمَن كَانَ مَرِيضًا أَوْ عَلَى سَفَرٍ فَعِدَّةٌ مِّنْ أَيَّامٍ أُخَرَ يُرِيدُ اللَّهُ بِكُمُ الْيُسْرَ وَلَا يُرِيدُ بِكُمُ الْعُسْرَ وَلِتُكْمِلُوا الْعِدَّةَ وَلِتُكَبِّرُوا اللَّهَ عَلَى مَا هَدَاكُمْ وَلَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ

L’cid al-Fitr est la fête de la fin du Ramadan, le premier jour du mois lunaire suivant, et est l’une des plus grandes fêtes de tout le monde musulman. Des visites sont rendues aux parents et aux amis, de grands repas sont organisés, des cadeaux sont offerts aux enfants et les gens s’habillent de beaux vêtements. Le dernier jour du Ramadan est également l’occasion d’offrir une aumône spéciale (zakât al-fitr) aux personnes dans le besoin et démunies.

Au-delà des aspects techniques et purement physiques du jeûne, le mois de Ramadan est aussi un mois de profonde piété et de dévotion. De nombreux croyants, parfois moins fervents le reste de l’année, en profitent pour se rendre dans les mosquées et prier. Il est conseillé aux musulmans de réciter le Coran dans son intégralité, à raison de 1/30e par soir.

L’essence du Ramadan

Le jeûne est lié à la nature humaine telle qu’elle est enseignée dans le Coran. L’être humain dans le Coran est composé d’une entité d’essence matérielle et d’une entité d’essence spirituelle. Comme une statue, faite de matière et de formes, l’être humain est la conjonction des cellules de son corps et des valeurs de son âme.

Comme les animaux, le projet de l’entité génétique est de satisfaire ses besoins pour continuer à fonctionner. Dans ses reflexes, elle se tourne inexorablement vers les conditions qui assurent sa survie, son bien-être et son confort. Constitué de cellules matérielles, le corps se nourrit d’autres cellules matérielles. Il est situé dans l’espace et le temps, où il se déplace et vieillit.

Il en est autrement pour l’âme et la quête de la conscience est un projet essentiel de l’âme. Par nature, elle est porteuse de valeurs et se nourrit d’éthique. Dans son “association” avec l’entité corporelle, l’âme humaine est comparable à un cavalier sur un cheval. Le cavalier n’est pas le cheval. Mais qu’est-ce qu’un cavalier sans cheval ? Le fait est que nos cinq sens sont continuellement sollicités par les besoins naturels de l’entité génétique. Cette demande est pressante et continue. Elle est capable de remplir une existence humaine au risque d’endormir l’âme, de la détourner de son projet.

Le système islamique établit cinq moments de répit quotidiens appelés la salât, la prière musulmane. Il s’agit d’un exercice spirituel au rituel codifié, dont le but est de rappeler à l’âme son projet spirituel. Le jeûne du mois de Ramadan est un exercice dans ce sens.

Vous pouvez suivre le Professeur Mohamed Chtatou sur Twitter : @Ayurinu

 

 

Notes de fin de texte :

i Attar, Eslah. ‘’Ramadan : comprendre son histoire et la tradition’’, National Geographic, mai 2019. https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2019/05/ramadan-comprendre-son-histoire-et-la-tradition

ii Younes, Moncef. ‘’Le vrai sens du Ramadan’’, Le Monde, 23 août 1976. https://www.lemonde.fr/archives/article/1976/08/23/le-vrai-sens-du-ramadan_2963165_1819218.html

iii La charité est une des œuvres les plus nobles et les plus méritoires. Allah, exalté soit-Il, incite à cette pratique dans son Noble Livre en disant (sens du verset) :
• « Les hommes et les femmes qui font don d’aumônes, et qui ont consenti à Allah un prêt de bonne volonté, seront remboursés au centuple, et ils auront rémunération généreuse. » (Coran 57/18)
• « Quiconque accorde à Allah un prêt de bonne volonté, se verra remboursé au centuple, et il aura rémunération généreuse . » (Coran 57/11)

iv Rapporté par al-Boukhari.

v Rapporté par al-Bukhari.

vi Mossayad, Khalid. ‘’Le vrai sens du Ramadan’’, Oumma, 10 mai 2019. https://oumma.com/le-vrai-sens-du-ramadan/

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