in

La Terre est une mosquée

Jeudi dernier, à l’occasion du 40e anniversaire du Jour de la Terre, je me remémorais ma première randonnée à Bear Mountain, dans l’Etat de New York. J’avais alors six ans, et, comme j’avais grandi à Brooklyn, j’étais persuadé que le monde entier était un océan d’immeubles en béton. Mais cette excursion a changé l’idée que je me faisais de la réalité. Et je garde le souvenir de la mousse recouvrant les rochers, des ruisseaux, de la fraicheur de l’air…

A l’heure de la prière, mon père, qui s’était converti à l’islam, me gratifia d’une parole du prophète Muhammad (SAWS) : « La terre est une mosquée ».

Jamais, depuis cette excursion, je n’ai cessé de penser à la nature sacrée de la Terre. La planète est faite, d’un bout à l’autre, pour qu’on y rende hommage à son Créateur. L’herbe, le sable, une montagne, un champ de maïs – autant de lieux où l’on peut s’agenouiller pour prier. Notre planète, parce qu’elle est un lien entre Dieu et nous, mérite d’être protégée.

La foi qui m’habite, je crois, est intimement reliée à l’environnement, et des gens de toutes confessions peuvent être les meilleurs avocats de la Terre. En arabe din est aussi bien une religion qu’un corps de principes, une confession ou une croyance, un chemin ou une voie. Le christianisme est un din, le judaïsme est un din, le bouddhisme est un din L’islam est un din.

En écrivant ces lignes, j’aimerais avancer l’idée d’un Din Vert, c’est-à-dire le choix de pratiquer une religion en même temps que l’affirmation de l’existence de synergies entre foi et environnement.

C’est l’islam qui fait de moi un “gardien de la Terre’. Mais ce rôle ne concerne pas que moi. En islam, et pour l’islam, tous les humains sont des “gardiens de la Terre”, et le Coran établit des principes clairs concernant cette responsabilité, notamment le soin qu’on prend de soi-même, des autres et de la Terre. Ces principes sont à la portée de tous ceux qui s’emploient à vivre un Din Vert.

De nos jours, plus que jamais, les gens de foi ont besoin de se joindre à la conversation planétaire sur le changement climatique. Trop souvent on s’enlise dans les détails du débat. Certains ne croient tout simplement pas au changement climatique. Pour d’autres, ce n’est que de la politique, pour d’autres enfin ce sont des faits.

Et moi je dis : peu importe.

Publicité
Publicité
Publicité

Peu m’importe si le changement climatique est un fait ou un simple prétexte. Peu m’importe que la science ait prouvé, ou non, que la couche d’ozone se dégrade. Et peu m’importe, assurément, à qui la faute en fin de compte.

Ce qui compte, c’est que selon la manière dont nous traitons notre planète, nous pourrons ou non y vivre ensemble. Nos modèles de surconsommation – acheter puis jeter – produisent un gaspillage massif qui devient un fardeau pour nos décharges et un gouffre pour nos ressources.

Les Etats-Unis sont le producteur numéro un de déchets. Avec moins de 5 % de la population mondiale, nous sommes responsables du quart des déchets de la planète.

Musulman vivant aux Etats-Unis, cela me concerne, car c’est l’islam qui condamne le gaspillage : “Ô vous, les enfants d’Adam ! En tous lieux et temps de prière, vous pouvez porter vos beaux habits ! Mangez, buvez ; mais point d’excès, ne gaspillez pas, car Allah n’aime pas ceux qui gaspillent !” (7:31).

L’islam respecte le cycle de la vie, et pousse l’humanité à en faire de même. Le prophète Muhammad (SAWS) a dit : “Les musulmans mériteront toujours la récompense de la charité chaque fois qu’ils planteront un arbre, qu’ils sèmeront, et que les oiseaux, les hommes et les animaux en mangeront”.

Mon désir est d’établir un lien entre musulmans et fidèles d’autres confessions, non pour débattre des subtilités de la théologie, mais pour reconnaître que, partant d’une spiritualité commune, nous pouvons tous ensemble œuvrer pour protéger la planète.

En partenariat avec le CGNews

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

La polémique provoquée par le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb : des livres pour comprendre

Les jeunes footballeuses iraniennes échangent leur voile contre un chapeau