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La tentation néo-impériale des Etats-Unis d’Amérique (2/2)

Les conséquences du tournant néo-impérial des Etats-Unis

Rendues possibles par la disparition de tout rival stratégique (et idéologique) d’envergure comparable, les offensives géostratégiques décrites dans la première partie n’en suscitent pas moins de profondes résistances qui, cumulées, risquent de considérablement les fragiliser. Ces résistances sont de trois ordres au moins : intérieures (A), géopolitiques (B) et militaires (C).

La montée de résistances intérieures

Les processus décrits dans la première partie ne sont pas le fruit du hasard ou d’une « évolution naturelle » de la société politique américaine, mais le produit de luttes au sommet, c’est-à-dire au sein même des élites de ce pays. Ils ne peuvent se comprendre sans faire référence à la prise d’importance des « néoconservateurs » dans l’appareil d’Etat et en particulier dans l’appareil sécuritaire au cours des années 1970 et 1980 : Département d’Etat (ministère des affaires étrangères) et Pentagone (ministère de la Défense).

Ceux qui sont habituellement désignés comme les néoconservateurs sont issus de différents groupes, marqués par des références idéologiques propres à la droite américaine et à certaines fractions de la gauche : messianisme d’inspiration biblique et protestante à dimension nationaliste (les USA comme « nouvelle Rome » ou « nouvelle terre promise ») ; anticommunisme viscéral (l’URSS fut désigné dans les années 1980 comme « l’empire du mal ») ; soutien indéfectible aux politiques expansionnistes israéliennes ; opposition virulente à l’Islam[1]. Au cours des années 1980, sous les présidences de Ronald Reagan et Georges Bush Senior, les « néo-onservateurs » se sont progressivement structurés en un puissant réseau d’influence, autour de personnages tels Paul Wolfowitz, Donald Rumsfled ou encore Dick Cheney (actuel vice-président).

Au nom de la défense des intérêts du pays et de la supériorité du modèle américain, ils prônent un interventionnisme croissant des Etats-Unis dans le monde, à dimension unilatérale. Volontaristes, ils s’opposent en ce sens aux « réalistes », dominant traditionnellement la scène stratégique américaine et incarnés par des personnages comme Henry Kissinger. Ces derniers considèrent que le leadership américain repose sur l’entretien d’équilibres interétatiques subtils, tandis que les « néoconservateurs » considèrent que le renforcement de ce leadership passent par un certain nombre d’interventions militaires volontaristes susceptibles d’imposer une transformation importante de ces équilibres au bénéfice de la puissance américaine.

Les réalistes sont attachés à la stabilité et à la continuité des Etats existants tandis que les néoconservateurs prônent au contraire le remodelage de certaines régions du monde[2]. Les notions de « paix par la force » ou d’« instabilité constructive » sont des thèmes chers à ce courant, mis en œuvre de fait depuis 2001.

Puissant et influent, ce groupe n’est cependant pas parvenu à s’imposer complètement au sein de l’appareil sécuritaire avant 2001, ni sous George W. Bush, ni, a fortiori, sous Bill Clinton. S’ils imprègnent la politique extérieure américaine, ils ne parviennent pas à imposer l’essentiel de leurs options. C’est en fait le choc du 11 septembre qui va permettre le basculement des choix stratégiques en leur faveur, la marginalisation de Colin Powell (proche des « réalistes ») et le retournement de Condoleezza Rice.

Les choix stratégiques américains sont donc le produit d’équilibres très fragiles à la tête de l’Etat américain dont rien ne dit qu’ils seront durables, surtout dans un contexte de mise en échec des armées coalisées en Irak ou en Afghanistan. De fait, les oppositions internes à l’appareil d’Etat sont réelles, virulentes et visibles[3]. Elles émanent aussi bien d’une partie de l’opposition parlementaire, des intellectuels, chercheurs et universitaires, que de l’appareil sécuritaire (en particulier de la CIA) et d’une partie de l’armée désormais confrontée à un échec dont elle refusera probablement d’assumer la responsabilité.

Les raisons de leur opposition commune aux « néoconservateurs » sont multiples et différentes de l’un à l’autre : poids persistant des perspectives réalistes, inquiétudes face aux conséquences géopolitiques et stratégiques des bouleversements occasionnés, inquiétudes face aux dépenses exponentielles que ces entreprises ont nécessité (le déficit budgétaire de l’Etat fédéral étant désormais colossal), inquiétudes encore face aux risques que ces mêmes entreprises font peser sur la démocratie américaine et l’Etat de droit[4].

La réactivation de coalitions concurrentes

Les « réalistes » craignent par-dessus tout que ces bouleversements ne se soldent par des déséquilibres en fait préjudiciables à la position des USA dans la région et à sa capacité à la contrôler. La perception du risque d’un « désastre stratégique » n’est en effet pas sans fondement[5]. La poussée de l’interventionnisme et de l’unilatéralisme américain après la chute du Mur de Berlin et plus encore après 2001 a contribué à réactiver des coalitions concurrentes et hétéroclites que les acteurs réalistes s’évertuaient précisément à empêcher.

Le double encerclement de l’Iran et de la Syrie, la pression géopolitique à laquelle est soumise la Russie poussent quasi-mécaniquement ces pays à collaborer entre eux pour faire échec à l’activisme états-unien ou, au le moins, le contenir[6]. Celui-ci est tel qu’il contribue à faire passer les divergences d’intérêts de ces puissances au second plan. Elle les pousse aussi à soutenir les groupes localement opposés aux entreprises américaines ou israéliennes. Il ne fait pas de doute par exemple, que la résistance du Hezbollah à une agression israélienne, manifestement menée en collaboration étroite avec les Etats-Unis, doit à un armement et un soutien à la fois syrien, iranien mais aussi russe.

Certes, les agissements et la position de la Chine – qui se présente de plus en plus comme un rival stratégique potentiel des Etats-Unis – sont incertains. La résurgence d’une opposition russe à l’hégémonie américaine au Moyen-Orient et en Europe centrale est en revanche certaine, comme en témoigne le durcissement récent des relations bilatérales entre les deux pays.

De ce point de vue, les Etats-Unis risquent de se retrouver confrontés à une succession d’opposition et à une escalade des moyens militaires qui vont rendre leur position difficilement tenable, coûteuse en soutien, en hommes et en argent. Les conflits récents montrent en effet que les guerres asymétriques dans lesquelles s’engagent désormais les différentes formes de résistances locales peuvent s’avérer éminemment problématiques pour les armées modernes, surtout lorsque ces mouvements à fortes assises sociales bénéficient du soutien actif, même discret, d’autres puissances régionales ou mondiales[7].

L’amplification d’oppositions diffuses, entre résistances nationales et « terrorisme » globalisé

L’actualité a parfaitement montré, ces dernières années, que les résistances locales aux entreprises néo-impériales demeurent vivaces et diffuses. Sur le terrain Moyen-oriental, elles se manifestent essentiellement à travers le référent islamique, après la phase nationaliste et panarabe de l’après guerre. Si ce référentiel islamique est aujourd’hui dominant, il se manifeste cependant, et concrètement, à travers des mouvements très différents dans leurs pratiques, leur nature et leur volonté de s’engager dans des processus de négociations internationales susceptibles d’accompagner des sorties de crises. Dans ce cadre, on peut distinguer deux pôles opposés.

Le premier pôle renvoie à des mouvements structurés sur des bases nationales et territoriales, engagés dans des contestations politiques ou militaires limitées et bénéficiant de solides soutiens sociaux. Issus de la mouvance des frères musulmans (comme le Hamas palestinien) ou de la révolution iranienne de 1979 (comme le Hezbollah libanais), ces mouvements prolongent, d’une certaine façon, les mouvements anticolonialistes, souvent laïques, à l’origine des indépendances dans le monde arabe et musulman. Le Hezbollah en constitue l’un des exemples les plus caractéristiques.

Frédéric Dumont et Walid Charara montrent bien, à son propos, comment ce mouvement remobilise, à travers une phraséologie islamique, des perspectives nationalistes, anti-impérialistes et tiers-mondistes en fait assez classiques. Par-delà des alliances stratégiques avec l’Iran et la Syrie, ils montrent aussi que les stratégies de ce mouvement restent fortement territorialisées et nationalisées, inscrites dans les limites de l’espace géographique, social et politique du pays dont il est issu, en l’occurrence le Liban[8].

L’organisation limite ses actions militaires contre la puissance occupante en territoire libanais, s’engage dans des alliances avec d’autres organisations et d’autres groupes confessionnels (chrétiens notamment), participe au jeu électoral local (adoptant ainsi une posture plutôt légaliste) et s’engage périodiquement dans des processus de négociations multilatérales[9]. Les auteurs le définissent en ce sens comme un mouvement « islamo-nationaliste »[10].

Le pôle opposé renvoie à des mouvements répondant à des logiques très différentes, à la fois profondément radicalisés et déterritorialisés, c’est-à-dire inscrits en dehors des cadres étatiques et nationaux traditionnels. Il s’agit de groupes internationaux répondant à des logiques messianiques (très éloignés par conséquent des perspectives plutôt « réalistes » des mouvements précédents), fonctionnant en réseaux décentrés et en unités autonomes, recourant à des formes de violences extrêmes (comme en témoignent les attentats du 11 septembre, ceux qui surviennent quotidiennement en Irak ou la récente guerre du camp palestinien de Nahr-el-Bared au Liban).

Répondant à une logique sectaire et favorisant les conflits interconfessionnels, ils ne bénéficient par ailleurs que de très faibles soutiens sociaux, sont peu accessibles à la logique de la négociation et du compromis. François Burgat considère ces mouvements comme répondant aux mouvements islamistes de « troisième génération », dont l’exemple type est Alqaida[11]. L’émergence de ce courant remonte aux milieux des années 1990, alors que l’interventionnisme américain dans la région, après la première guerre d’Irak, se fait pressant. A cette occasion, les troupes américaines stationnent en masse en Arabie Saoudite et dans plusieurs autres Etats du Golfe. Ces mouvements répondent, selon François Burgat, à quatre dimensions complémentaires : l’expression d’une opposition particulièrement violente et radicale à l’interventionnisme américain au Moyen-orient ; le rejet des régimes politiques des pays arabes, qu’ils soient « laïques » (comme l’Egypte) ou « islamiques » (comme l’Arabie Saoudite), accusés de collusion avec les puissances étrangères et de corruption ; la rupture avec la logique légaliste des mouvements précédents, issus des frères musulmans mais eux-mêmes confrontés à l’intransigeance des régimes en place et des puissances occidentales ; la capitalisation de la lutte réussie contre l’URSS en Afghanistan entre 1979 et 1988, grâce à l’aide occidentale. En eux-mêmes, ces mouvements dits « terroristes » sont donc le produit même de l’interventionnisme américain, et plus largement occidental, au Moyen-Orient. Or, tout indique que la « guerre contre le terrorisme » déclenchée en septembre 2001, loin de les affaiblir, semble au contraire les avoir renforcé.

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« L’empire » se retrouve donc confronté à des mouvements de guérillas diffus, qui compliquent considérablement la situation et rendent sa position localement difficile à tenir, comme le montre très bien le cas de l’Irak. Si les mouvements du type Hezbollah (ou Hamas) restent des adversaires maîtrisables par le biais classique des négociations politiques auxquelles ils sont disposés à participer et des structures étatiques qu’ils sont prêts à intégrer, les seconds s’engagent dans des luttes de nature apocalyptique, usent de moyens particulièrement violents et disproportionnés, paraissent très difficiles à contrôler et peu susceptibles de s’insérer dans des processus de négociations multilatérales. Le danger reste alors, par l’intransigeance entretenue envers les premiers dans l’espoir de défaire les résistances réelles qu’ils entretiennent, de nourrir les seconds. De ce point de vue, tant l’isolement du Hamas palestinien que les tentatives d’isolement du Hezbollah libanais apparaissent très problématiques.

Différents aspects alimentent donc la thèse d’une dérive impériale des Etats-Unis, en particulier au Moyen-Orient : aspects économiques (prise de contrôle de régions considérées comme essentielles aux intérêts économique), aspects politiques et militaires (réorganisation par la force de la carte politique d’une partie de la planète), aspects symboliques et discursifs (la justification de ces actions se déclinant à travers le registre universaliste de la promotion de la « démocratie » et de la « liberté »).

Ce glissement résulte d’un double facteur, exogène et endogène. Le facteur exogène correspond à la disparition de la puissance soviétique qui avait pour effet de contenir un interventionnisme lui-même motivé par une certaine perception des intérêts nationaux et de la dépendance de ce pays à l’égard du Moyen-Orient. Le facteur endogène correspond à la prise d’importance, peut-être momentanée, des « néoconservateurs » au sein de l’appareil d’Etat et en particulier de l’appareil sécuritaire. Mais ce glissement n’est pas sans susciter un ensemble de résistances qui, conjuguées, font courir aux Etats-Unis et à leurs alliés un risque de retournement stratégique.

La situation au Moyen-Orient parait aujourd’hui très instable, rendant toute anticipation de l’avenir très incertaine. Aux vues des luttes existantes au sein même de l’appareil sécuritaire d’Etat américain, il est très difficile d’anticiper les comportements futurs de la superpuissance à l’égard de l’Iran et de la Syrie ou même de la Palestine et du Liban. Ce qui est certain en revanche, c’est que les équilibres locaux ont été profondément transformés.

Or, il n’est pas sûr – et c’est ce qui fondait la crainte des réalistes – que cette réorganisation des rapports de force se fasse dans l’intérêt de ceux qui l’on provoqué. Tout indique ainsi qu’il apparait bien peu conforme aux intérêts à long terme de la puissance moyenne que constitue l’Union européenne de s’aligner ainsi sur les perspectives géopolitiques américaines et d’abandonner ce faisant la construction de sa propre perspective stratégique et diplomatique, laquelle devrait, à l’inverse de la perspective néoconservatrice, réaffirmer la primauté du droit international issu de la seconde guerre mondiale et du processus de décolonisation.



[1] Voir les développements présentés par B. Tertrais, La Guerre sans fin : l’Amérique dans l’engrenage, Paris, Seuil, 2002, pp. 9-30. A propos de l’Islam, cf. le texte de Juan Goytisolo, « Une vision orientaliste », Manière de voir, n°64, juillet-août 2002, pp. 18-21.

[2] Le cas de l’Irak constitue un exemple très parlant de la différence de perspectives qui existe entre le réalisme classique des acteurs de la scène stratégique américaine et le volontarisme des néoconservateurs. En 1991, les dirigeants américains (et notamment Colin Powell, alors chef d’Etat-major) avaient agi de telle sorte à préserver le régime de Saddam Hussein et à lui permettre de réprimer la révolte des chiites du sud du pays, de peur d’un renversement du régime et de l’accroissement de l’influence iranienne. Par ailleurs, ils avaient attaqué l’Irak en s’assurant d’une large coalition internationale et arabe et d’une autorisation expresse de l’ONU. En 2003 au contraire, les néoconservateurs liquident le régime de Saddam Hussein sans plan précis pour une reconstruction politique de l’Etat irakien, entraînant un bouleversement majeur. Ils attaquent unilatéralement et sur la base d’une coalition réduite à quelques Etats occidentaux. Sur la première guerre d’Irak, voir par exemple P.-J. Luizard, La question irakienne, Paris, Fayard, 2002

[3] Plusieurs rapports, comme le rapport Backer-Hamilton dénoncent régulièrement la stratégie américaine au Moyen-Orient, particulièrement en Irak.
http://www.usip.org/isg/iraq_study_group_report/report/1206/iraq_study_group_report.pdf
De même, plusieurs personnalités éminentes de la scène stratégique américaine des années 1970 et 1980 critiquent régulièrement les choix de l’administration Bush, telles James Backer, James Carter, Henry Kissinger, etc.

[4] De nombreuses associations, acteurs publics et juges se sont par exemple élevés contre les dispositions du Patriot Act. Cette loi, votée par un congrès à majorité démocrate dans la foulée du 11 septembre, confère à l’exécutif des pouvoirs exceptionnels qui mettent à mal la protection des droits individuels.

[5] Hicham Ben Abdallah Ben Alaoui, « Tous les ingrédients d’un désastre stratégique américain », Le Monde Diplomatique, février 2007.

[6] Il faudrait aussi faire référence aux actions de la diplomatie vénézuélienne qui, sous la présidence d’Hugo Chavez, mène une politique très active et à dimension mondiale de containment de la puissance américaine, se rapprochant aussi bien des pays d’Amérique latine que de la Russie ou de l’Iran. C’est par exemple l’un des rares Etats qui, en dehors de la Syrie ou de l’Iran, a quasi-officiellement soutenu le Hezbollah contre Israël lors de la guerre de l’été 2006.

[7] C’est en quelque sorte la thèse défendue par Emmanuel Todd. Pour cet auteur, l’activisme unilatéral des USA serait, paradoxalement, la principale faiblesse de cette puissance. E. Todd, La fin de l’Empire, Folio, 2004.

[8] Le mouvement se caractérise aussi par une approche « réaliste » des relations interétatiques locales, comme en témoigne ses actions ou encore les discours de son leader. Les stratégies du mouvement sont axées sur le souci d’instaurer un certain équilibre de la puissance, lui-même susceptible d’assurer une neutralisation réciproque des Etats rivaux.

[9] Ce fut le cas à plusieurs reprises entre 1993 et 2004 et tout récemment en 2008. Au cours de cette période, plusieurs négociations ont été menées avec l’Etat israélien, par le biais de médiations européennes. L’organisation a aussi été associée, indirectement, à la négociation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui a mis un terme aux opérations militaires entre le Hezbollah et l’armée israélienne le 14 août 2006.

[10] F. Dumont, W. Charara, Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste, Paris, Fayard, 2007. Le Hamas palestinien se rapproche de ce pôle « nationaliste », même s’il a usé, au cours des années 1990, des formes de violences qu’Alain Joxe range dans la catégorie « terroriste », c’est-à-dire visant des civils de manière indiscriminée. Sur le Hezbollah, voir aussi J. P. Harik, Le hezbollah : le nouveau visage du terrorisme, Viamédias, 2006. C’est avec ce pôle que Nassar Ibrahim (directeur du centre d’information alternative à Beit Sahour) invite les organisations de la gauche arabe à coopérer dans « Les américains paient le prix d’une stratégie stupide », entretien avec Nassar Ibrahim, http://www.france-palestine.org/article9316.html

[11] Voir F. Burgat, L’islamisme à l’heure d’Alqaida, Paris, La découverte, 2005.

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