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La symbolique du combat de la République contre le foulard.

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Le sens courant donne au symbole une volonté de concrétiser une réalité abstraite (vertu, pouvoir, attribut, croyance…) sous un signe plus simple métaphorique, visuel, sonore, formelle, rituelle ou autre. Souvent on confond l’analogie emblématique avec le symbole. La croix latine serait le symbole du christianisme, le sceptre et la couronne seraient les symboles de la royauté ou du pouvoir. Mais l’absence de distanciation sémiologique, culturelle et anthropologique donne à la définition du symbole une restriction sémantique qui nuit à son interprétation dans le temps et l’espace. Ainsi la colombe est le symbole ” laïc ” de la paix alors que dans la culture religieuse monothéiste la colombe est l’annonce de la fin du déluge grâce au rameau d’olivier qu’elle portait dans son bec et la trace de boue dans les pattes. Pour les amoureux elle est le symbole de l’amour car elle et le roucoulement qui traduit le murmure de l’amour et le don du coeur qu’on donne à l’aimé ou à l’aimant. Dans cet esprit le voile, le foulard ou le hijab est il un symbole de foi, d’amour ou d’appartenance communautaire ? Nous n’avons pas eu droit à un débat sur la question Comme le symbole de la colombe, la femme voilée va-t-elle dans le sens du travestissement de la réalité pour l’exprimer plus poétiquement, plus pudiquement ou plus abstraitement. La femme non voilée dans ce qu’elle montre ou cache symbolise quel autre sens de travestissement. Les travestis hommes ou femmes expriment quels fantasmes, quels symboles dans l’imaginaire collectif français si nous sortons des tubes cathodiques pour communiquer avec les paysans de la vielle et authentique France ? Je laisse à nos intellectunnels bavards qui passent à la télévision le soin de nous expliquer la différence entre un emblème tel que le drapeau tricolore et un symbole telle que l’étoile de David ou l’étoile jaune du temps de l’occupation et le comportement de la femme musulmane ou de la sœur chrétienne qui s’habille sobrement et décemment. Je leur laisse aussi le soin de nous expliquer quel est l’emblème de la liberté, quel est le symbole de la liberté et quelle est la symbolique de la devise de la République mise en danger de mort par de jeunes lycéennes qui n’ont pas encore atteint l’age de la puberté et qui font peur : Egalité, Liberté, Fraternité.

Ce que j’ai retenu le plus de l’histoire de France c’est que le drapeau tricolore est une histoire et un projet avant d’être un emblème, un symbole ou une symbolique selon le point de vue historique, social, politique, philosophique et nationalo-culturel. Ce drapeau porte des couleurs. Quel est le symbole des couleurs. Quelle est la couleur qui symbolise tel ou tel aspect d’une histoire des hommes ?

Selon l’affect et le percept des individus les couleurs vont vibrer différemment et exprimer des réalités différentes d’un individu à l’autre et chez le même individu d’une circonstance à l’autre. Et pourtant l’histoire de la perception de la couleur des individus donc de la symbolique chromatique relève de sociaux codes et de géocodes qui relèvent souvent d’une dictature sociale, culturelle et politique. Ainsi les anthropologues ont montré que les sociétés primitives ou civilisées ritualisaient leur communication sociale par des signes ostentatoires de richesses, de couleur et de comportement comme le guerrier qui se tatoue pour se distinguer de la nature et des autres tribus et le bourgeois qui n’habite pas les banlieues et qui ne fréquente que les épiceries fines et les belles frivoles nues comme un ver de terre. Face au signe ostentatoire le pouvoir fétiche crée le signe et la couleur comme symboles « oblitérants » pour accentuer la discrimination sociale, raciale et maintenir en bas ceux qui veulent sortir de la misère sociale. Le signe oblitérant est une marque au fer rouge qui dépossède, exclue alors que le signe ostentatoire est une marque de distinction. La femme qu’on présente comme portant un symbole ostentatoire est elle un signe de distinction vers le haut ? La femme qu’on a dévêtu et qu’on a livré à la curiosité malsaine, à la cupidité de la chair et au harcèlement l’a-t-on marqué d’un signe oblitérant malgré sa beauté naturelle l’aliénant dans une course à l’argent plus elle se dégrade et plus elle gagne en valeur, en prestige mais plus elle perd de son humanité, de sa féminité. On lui parle de la libération de la femme qu’on a oblitéré, effacé, marqué de peu de valeur. A partir de quel moment l’ostentation ou l’oblitération devient un coefficient réducteur ou négateur de la valeur d’une personne et à partir de quel moment c’est l’inverse ? Une couleur et un signe deviennent ostentatoire pour exprimer la force ou exiger la reconnaissance comme ils peuvent devenir oblitérants soit pour exprimer la repli, la pudeur, l’anonymat soit au contraire une tare qu’on fait porter à autrui incitant le porteur à être rejeté, méprisé ou banni. Il n’ y a rien de nouveau sous le soleil des hommes, le nouveau est dans le regard des hommes et dans sa langue qui nomme et qualifie selon l’éducation de son regard.

Le monde occidental sous sa forme gréco romaine, judéo chrétienne ou laïco – moderniste a eu des rapports changeants avec les symboles et les couleurs selon le goût des tenants du Pouvoir qui tenaient à mettre des frontières pour se distinguer et créer des privilèges et des interdits toujours par la domination, la loi et le pouvoir jamais par le dialogue. Ce n’est pas pour rien que la parole la plus subversive contre l’ordre établi par l’homo occidentalus est celle de Jésus qui a dit qu’il fermait la porte de la loi pour ouvrir celle de l’amour. Il ne s’agit plus de bannir les hommes mais de bannir les privilèges, les frontières, les interdits pour promouvoir les idées nobles et généreuses, la charité, le pardon, le partage, la communication et l’amour.

Les anthropologues, les historiens et sémiologues ont montré par exemple que le rouge a été une couleur ostentatoire car c’était celle que les juifs attribuaient à Adam la créature crée de terre rouge et faite de chair et de sang. On attribue aux césars le monopole des rouges et des pourpres comme aux attributs à l’ensemble du monde gréco romain et judéo chrétien des couleurs « ostentatoires » telles que le jaune, l’orange et le blanc, pour délimiter les espaces et les lieux de privilèges ou d’interdits, ou d’intangibilité sacerdotale. D’autres couleurs, comme le noir et le violet, étaient considérés comme oblitérantes car elles désignent l’appartenance à un groupe d’exclus ou un rituel mortuaire ou maléfique. Les hommes et les groupes humains étaient condamnés à vivre dans la discrimination sociale, religieuse ou politique à travers la discrimination de leurs signes et de leurs couleurs selon la qualité d’ostentatoire ou d’oblitérant qui n’est pas dans les couleurs mais dans l’oeil des Césars, des Pharisiens et autres tyrans ou bigots. L’harmonie sociale était impossible et pendant longtemps le rouge et le bleu étaient des ennemis alors que le blanc et le noir représentaient l’opposition lumière et ténèbres et signifiaient donc le chaos, la fin, l’apocalypse. Des pourpres des Césars aux pourpres byzantins il y avait des symboles de pouvoir mais aussi des monopoles commerciaux et industriels qui alimentaient la symbolique et détruisaient l’écologie ontologique et environnementale. Le bleu opposé du rouge était la couleur des barbares tant chez les grecs que chez les romains et les byzantins. Les artistes n’ont pas compris l’absence du bleu chez les grecs mais les spécialistes de l’herméneutique, de l’ethnologie et de la sémiologie ont compris le procès d’instrumentalisation des symboles dans la division de la société en classes et du monde en autochtones civilisés et étrangers barbares. Le symbole quand il dérive peut devenir fabulation et mythologie, ainsi les légionnaires romains pour qui la grandeur de Rome, symbolique abstraite pour traduire l’abstrait, était au dessus des Dieux et des hommes se teignaient de bleu sombre pour paraître plus barbare que les barbares pour terroriser les peuples vaincus qui passaient sous le joug de la pax romana. La république de Rome avait aussi ses signes, ses couleurs et ses symboles tant ostentatoires que oblitérants pour servir plusieurs causes qui n’avaient rien à voir avec l’esthétisme affiché ou avec la démocratie d’Athènes, la grandeur de Rome et la magnificence de Byzance. Le bleu couleur oblitérante était instrumentalisé par les généraux romains pour devenir épouvantail ostentatoire contre l’autre pour le manipuler, le terroriser, le diaboliser. Si jamais un malheur frappe les puissants ou un danger les guette tous les signes ostentatoires ou oblitérants sont conjugués pour devenir chez Pharaon, César et autres totalitaires des instruments de mise en scène pour désigner le bouc émissaire ostentatoire et le livrer en victime oblitérante et sacrificielle à la plèbe qui ignore la genèse des mythes, des symboles et les privilèges de castes qui sont en jeu. L’ignorant n’a pas de compétence pour lire, interpréter et manipuler du symbole.

Nous sommes ignorants mais éclairés par la foi :

Ils dirent : “Nous voyons en vous un mauvais présage. Si vous ne cessez pas, nous vous lapiderons et un douloureux châtiment de notre part vous touchera”. Ils dirent [en réponse] : “Votre mauvais présage est en vous-mêmes. Est-ce que (c’est ainsi que vous agissez) quand on vous (le) rappelle ? Mais vous êtes des gens outranciers !” ya sine 18

A quel moment ou plutôt par quelle volonté un signe, une couleur, un symbole devient ils ostentatoire, oblitérant ou répulsion ?

Le voile, le foulard, le tchador, le hijab sont ils ostentatoires, oblitérants ou répulsion ? Qui a décidé qu’ils sont ainsi ostentatoires et pas autrement ? Si c’est par celles qui le portent cela signifie qu’elles sont un symbole de puissance, de privilèges alors ne dites pas qu’elles sont soumises. Si c’est par ceux qui ne le portent pas et ne veulent pas le voir porter il y a une contradiction sémantique et sociale puisque la réalité témoigne que depuis longtemps les femmes musulmanes ne sont pas libérées et émancipées. Comment le pourraient elles dans une France qui au nom de l’égalité produit de l’exclusion sociale, culturelle et n’arrive pas à ce jour à faire un constat d’échec sur sa politique d’intégration comme sur son école laïque en perdition qui ne peut répondre aux utopies égalitaristes qu’en produisant de l’échec scolaire et de l’exclusion sociale. Une école à deux vitesse n’est pas un symbole ni ostentatoire ni oblitérant mais un symptôme, celui d’une pathologie sociale et politique : la cécité et l’agonie d’une république qui n’a plus de projet citoyen et qui se cache derrière la loi, le pouvoir au lieu de dialoguer et se fédérer de nouveau sur un nouveau socle fondateur celui des valeurs post modernes. La modernité est un passé ostentatoire dans son apologie mais oblitérant pour l’homme colonisé ou mal intégré.

Le débat sur le foulard est tronqué au départ.

Aucun homme intelligent n’accepterait aujourd’hui le diktat d’une couleur sur une autre sur le plan chromatique, psychologique raciale, linguistique, culturelle, idéologique ou sociale. La loi de l’harmonie est simple dans son énoncé : ” l’unité dans la diversité et la diversité dans l’unité” . Son application demande du talent, de l’expérience, de la subtilité, de l’émotion et de la technique pour construire du rythme et non de la dissonance, de la beauté et non de la laideur, de l’attraction et non de la répulsion, de l’art et non de la violence chaotique ou de l’entropie : la composition. Il s’agit de composer et non de légiférer ou de dompter par la force pour obtenir la soumission. Toute soumission porte en elle les germes de sa décomposition car la loi de la vie est dynamique et refuse l’injustice. Aucun citoyen n’accepterait que le foulard soit interprété comme un signe ostentatoire, oblitérant ou manipulé pour devenir répulsif ou écran pour le blanchiment d’idées sales et malsaines.

La République française n’est pas Rome qui offre le seul et unique pacte aux faibles et aux minorités, ce pacte inique qui épargne ceux qui se soumettent et domptent les superbes.

Soumis à Dieu nous ne pouvons avoir deux Maîtres. La république est née sur une idée noble : homme tu n’es ni asservi ni tyran. Nous partageons ce principe et nous voulons le revivre dans les faits et non dans les vieux livres d’histoire. Il n’est dit nulle part d’adorer la République à la place de Dieu mais de proclamer l’égalité, la fraternité et la liberté. La république est une longue histoire, une vieille idée chère à l’humanité, un projet qui a transcendé les clivages de couleur distinctives, de vêtements distinctifs, de signes ostentatoires, oblitérants ou rédhibitoire pour promouvoir la dignité de l’homme, la consécration du mérite sans discrimination positive ou négative et l’abolition des rentes et privilèges.

L’Amérique impériale de Bush ne peut ni ne doit faire entrer la République française dans le principe des Césars : Panem et circences (du pain et des jeux) pour la plèbe et jouissance esthétique, politique, mercantile et hédoniste pour les privilégiés quand César, sa cour impériale, ses scribes ainsi que les commerçants et les usuriers se masturbent à l’évocation érotique de la grandeur de Rome dont la décadence s’annonçait dans le rouge du sang des gladiateurs qui se faisaient offrande pour la gloire de l’empereur ou des peuples martyrisés par la race qui se prétendait supérieure par la force du glaive. La grandeur de la France est d’offrir à tous ses enfants, sans discrimination, du sens et une place. Elle doit interdire à des gens stupides de venir exacerber les tensions sociales, nous insulter et pousser nos enfants à la haine en proclament doctement : ” La république est en danger”.

Le danger encouru par la république est il dans l’absence de perspectives sociales et culturelles, dans le vide spirituel des âmes en dislocation, le libertinage, l’exploitation de l’homme par l’homme, le harcèlement moral et le harcèlement sexuel ? Qui fout en l’air la société française :la femme objet sexuel qui montre son cul dans l’espace publique pour séduire des hommes qui ne connaissent plus l’amour tué par le désir insatiable ou pour vendre une marchandise à bon marché ou pour monter l’audimat d’une émission au rabais ou bien la femme pudique qui réserve son intimité dans l’espace privé familiale. La république est elle en Danger par ceux qui expriment leur humanité et leur attachement à la chasteté de Marie ou à ceux qui continuent d’offenser Dieu, d’avilir la femme et de crucifier de nouveau Jésus fils de Marie la Vierge au nom d’une morale aussi libertine que liberticide. La république est en danger par la faute de ceux qui la confisquent pour servir des desseins mesquins aujourd’hui dévoilés. Nous revendiquons au nom de la Respublica, la chose publique, la mienne et la tienne. La femme n’est pas une chose publique ni l’homme d’ailleurs.

Si la femme « émancipée » qui s’est approprié le corps et la vie que Dieu lui a donné pour en faire un sens dans lequel la pudeur, la virginité, la chasteté n’ont pas de sens et veut vivre son corps ou de son corps dans l’instant présent comme un instant volé à l’éternité c’est son droit accordé par la République qui ne lui accorde cependant pas le droit de faire de celui-ci un déni de droit à celles qui inscrivent leur vie dans un continuum de pudeur d’Eve ad eternum pour vivre en public pudiquement. La république n’a jamais été comprise comme dictature des uns sur les autres mais liberté des uns et des autres. Le problème qui se pose à la République et qu’elle aborde du mauvais côté et de mauvais alibis qui ne vont pas tenir ni socialement ni historiquement n’est ni le foulard à l’école ou ailleurs, ni l’islam dans son rapport avec les femmes, ni la situation du monde musulman il est dans la dynamique totalitaire d’exclusion qui annonce la nième République dont personne ne sait quel est le projet politique, social, culturel dans une Europe guidée par la loi invisible d’Adam Smith ou conduite par l’esprit citoyen qui réunit, partage, concerte, fraternise et mobilise les européens et les le monde dans un pacte universel de paix pour trouver des voies pour la défense des droits de l’homme, de l’école publique et de la santé publique, pour l’annulation de la dette du tiers-monde, pour le règlement des conflits internationaux dans le cadre de l’ONU modernisée et démocratisée, contre la fermeture d’une classe d’école, d’un centre de santé, d’une bibliothèque et contre l’abandon d’un enfant, contre la maltraitance des femmes, contre l’exclusion des personnes âgées et des êtres fragiles qui meurent par manque d’affection et de soin.

Nous ne revendiquons pas le foulard, il est un devoir religieux imprescriptible non négociable. Nous revendiquons le droit de comprendre le sens donné au terme ostentatoire ou ostensible. Qui va décider de ce qui est ostentatoire ou non, sur quel critère, par rapport à quel référent, dans quelle lecture et avec quelle culture ? Qui va arbitrer et concilier entre le sacré et le profane et par rapport à quelle loi, celle de la République restaurée ou bafouée, la République de la liberté de conscience ou celle qui va régenter les consciences. Si le religieux n’est pas autorisé à porter un jugement sur un comportement qui choque sa foi pourquoi va-t-il supporter que l’ignorant de sa religion, de sa foi et de ses valeurs (pour ne pas dire son ennemi) lui dicte les canons de sa foi et lui interprète sa symbolique hors de son contexte, hors de sa cohérence, hors de sa globalité harmonieuse sans prisme déformant ou oblitérant dans une quête ostentatoire pour ne pas dire conspiratoire pour le transformer en répulsoir, en bouc émissaire, en alibi, en tactique politicienne. Comme citoyens et non allogènes ( migrant) intégré ou en intégration selon le bon vouloir de l’indigène. Nous revendiquons l’appropriation de tous les espaces publiques par tous les citoyens français qui redonne, entre autres, à la musulmane son statut de citoyenne lui redonne sa liberté, elle en fait ce qu’elle en veut : porter le foulard ou le jeter. C’est son problème et celui du droit d’user de sa liberté. Revendiquer juste pour faire enlever ou faire porter à la femme musulmane son bout de foulard sur la tête ce n’est pas lui garantir sa liberté par la République mais lui faire porter un signe ostentatoire ou oblitérant ou répulsif ou rédhibitoire selon l’angle de vue et la taille de la poutre qui est dans l’œil du voyeur. Ce n’est pas aussi le meilleur moyen de poser le problème de la femme et ce n’est le quota ( la discrimination positive) dans les fonctions officielles qui va occulter la souffrance de la femme occidentale qui est plus grande que celle de la femme orientale car elle est plus muette et vernis avec des signes ostentatoires d’émancipation pour cacher les signes oblitérants de sa misère humaine.

L’esprit de la République prime sur les lois de prétendus républicains car ces derniers ont failli à leur mission : Donner à l’homme en fin de modernité le statut de citoyen qui s’approprie la chose publique et en fasse bon usage pour lui et ses semblables. L’espace sacré de la République est l’école. Tout sacré religieux ou non religieux est indiscutable. L’école est profanée par ceux qui veulent la mettre en débat à travers le symbole du foulard pour y inscrire l’exclusion. L’école de la liberté va devenir le temple du totalitarisme. La France de tradition chrétienne au lieu d’honorer celles qui se rapprochent le plus de leur idéal féminin les pousse à la haine, à l’échec et à l’invocation de la malédiction de Dieu contre ceux et celles qui les poussent à la marginalité.

(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : “O Marie, certes Allah t’a élue et purifiée ; et Il t’a élue au-dessus des femmes des mondes. “O Marie, obéis à Ton Seigneur, prosterne-toi, et incline-toi avec ceux qui s’inclinent”. al imrane 42

Peut on reprocher dans la république à une femme d’être vertueuse, chaste et pudique ?

Et Loût, quand il dit à son peuple : “Vous livrez vous à cette turpitude que nul, parmi les mondes, n’a commise avant vous ? Certes, vous assouvissez vos désirs charnels avec les hommes au lieu des femmes ! Vous êtes bien un peuple outrancier.” Et pour toute réponse, son peuple ne fit que dire : “Expulsez-les de votre cité. Ce sont des gens qui veulent se garder purs !” Or, Nous l’avons sauvé, lui et sa famille

Ceux qui portent le débat sur ce terrain ce sont les intégristes de tout bord et les islamophobes qui vont rabaisser la République au jeu du cirque romain pour passer de la symbolique du foulard à celle du vêtement, puis de la barbe, puis de la couleur. Musulmans nous avons une préférence pour le blanc symbole de la pureté et du vert symbole du paradis nous sommes toujours sur le plan de la pureté et de la vertu comme sur celui de la métaphysique vous allez donc nous imposer l’opposé du vert en l’occurrence les rouges, les carmins et les pourpres, ceux de César, des gladiateurs en sang ou de Lucrèce de Borgia. Où bien la République joue son rôle et nous nous élevons tous à la sérénité du débat et aux problèmes de la société française, pour cela elle doit manifester non pas sa symbolique de puissance publique mais celle d’état éclairé issue des Lumières pour la reconnaissance mutuelle et la promotion des idées ou bien elle va continuer dans sa démission et assumer sa gestion du chaos qui s’annonce.

Nous souffrons car nous aimons notre pays et personne ne peut nous chasser de chez nous ni nous enlever notre identité culturelle et spirituelle et nous souffrons davantage quand on voit la République assister à sa propre faillite alors l’histoire de la République témoigne que la grandeur de la France comme son prestige mondial y compris dans les pays musulmans non francophones ne s’est pas faite contre les individus et leurs convictions religieuses mais contre la tyrannie et les privilèges de la féodalité et de l’aristocratie. Certains pensent à tort que la République ne s’est pas construite pour libérer l’homme et lui donner le statut civilisateur de citoyen responsable par ses devoirs et luttant pour ses droits s’ils sont confisqués ou occultés, ils se limitent à leur système de représentation du monde actuel et s’imaginent en fuyant la vérité historique et la nature humaine que la République est le combat des hommes contre Dieu, contre les croyants, l’Eglise, la Mosquée ou la Synagogue. Les démons du sexe, de l’argent et du panem et circences on travestit la modernité par leur destruction de la femme être humain et la promotion de la femme objet qui se magnifie par ostentation par le rouge a lèvres, le noir récil, les seins dévoilés pour gagner sa vie et élever ses enfants non pas le meilleur des cas dans la protection des bras d’un mari fidèle ou dans le pire des cas à la sueur de son front mais hélas dans la pire des misérables conditions humaines et à la sueur de son cul pour faire jouir de riches oisifs et faire la prospérité des banquiers, des usuriers et des marchands de rêve. Les autres moins belles et plus pudiques sont ternies par les signes oblitérants imprimés sur leur corps, leurs visages et leurs personnalité du travail pénible ou précaire, du chômage, de l’exclusion sociale et affective, de l’infidélité conjugale, de l’illettrisme, de la violence conjugale, du viol, du divorce, de l’alcoolisme et de l’abrutissement par les programmes débiles de la télévision.

La femme musulmane doit porter un signe répulsif car elle a le courage de défendre sa pudeur et sa vertu contre les fantasmes des malades du sexe et du coeur dans une république qui a abdiqué et qui ne veut pas lutter pour la dignité de la femme car la femme est un objet, une marchandise, un désir, un kit de plaisir, un signe ostentatoire ou ostensible de publicité et de vente, une consommatrice oblitérante qui s’efface quand les médias ont choisi ce qu’elle doit consommer et comment elle doit s’habiller . La rhétorique et l’industrie des pourpres de César quand ils sont passé à l’église vidée des chrétiens sont devenus de la casuistique, dans le monde politique et intellectuel la doxa et dans le domaine des média et du monothéisme du marché : l’audimat, la force de vente, le marketing, la sublimation et la contamination de l’image pour construire une star et véhiculer des symboles libidinaux ou assassiner en direct un honnête homme qui veut rester probe et intègre.

La femme musulmane est à dévoiler comme un symbole à contaminer car elle se voile à l’école faisant fi de l’effort noble et sans voile qu’elle fait en redécouvrant l’école, le monde des idées, les valeurs universelles, le combat pour les causes justes et nobles ; elle redevient le symbole d’une autre féminité, celle qui enfante l’humanité, celle qui porte des Abraham, des Moise, des Jésus et des Mohamed. La république n’est pas en danger par le foulard mais par les alliances contre nature qu’elle a noué et qui ont mal de voir la femme musulmane debout, en marche alors que l’autre est de plus en plus immobile et souvent couchée avec l’unique projet de casser l’islam ou de perdre le temps dans une partie de plaisir amère.

Le choc des civilisations et la fin de l’histoire sont une production américaine qui a ses adeptes en France qui n’ont pas le courage d’afficher leur totalitarisme, leur islamophobie et leur haine du genre humain. Leur cause prime sur toutes les causes, quitte à provoquer la fin de l’homme, celle déjà annoncé par Malraux dans une vision prophétique qu’on ne pensait pas voir se réaliser en France. Pour son salut et celui des citoyens français avec qui nous partageons des valeurs universelles la république ne doit pas oublier l’histoire : À la fin de l’époque romaine, les Césars ont perdu le monopole des couleurs et le rouge à perdu de son pouvoir totalisant ; les factions, les futurs partis politiques pouvaient exprimer leur différence par les couleurs de leurs emblèmes : ce sont les colores circenses. Les enseignes, Les drapeaux blancs et rouges apparaissent dans les cirques. La plèbe se restructure dans les jeux en groupes d’adhésion par l’intermédiaire des couleurs affichées sur des bouts de tissu. La devise du cirque n’a pas changé : « César ceux qui vont mourir [pour la grandeur de Rome] te saluent ». Il n’est jamais question de la grandeur des hommes et des femmes. La loi du cirque n’a pas changé pour ceux qu’on conduit à l’arène, ceux qui tombent ou se trouvent désarmés, ceux qu’on veut éradiquer : « malheur aux vaincus ». Les concessions données à la plèbe de manier quelques couleurs sur des drapeaux n’ont ni appris au peuple à manier le symbole ni réduit le pouvoir redoutable de César qui exprimait sa puissance ostentatoire par pouce. La vie du vaincu tenait au sens ascendant et descendant du pouce de la main droite de César levée au ciel comme un couperet d’une guillotine. La foule acclame toujours la décision de César, elle a du pain et des jeux. Autre temps autres mœurs, nos petits enfants se frottent les pouces en signe de paix. Le sens du symbole du pouce change selon le cœur qui habite la cité et les élites qui vivent au dessus de la cité selon qu’ils offre du pain et la violence du cirque aux assistés ou du travail et le sens des droits, du devoir et de la paix aux citoyens. Ce dernier symbole aimé par les français et tous les hommes et femmes épris de justice et de liberté se retrouve non pas dans le chant des gladiateurs et des cris de la plèbe au cirque mais dans la Marseillaise autre symbole fort de la république française qui chante un hymne patriotique et guerrier à l’opposé de l’esprit de Rome et pus proche de l’esprit du musulman avide de liberté et compatissant pour les faibles et les opprimés :

Français, en guerriers magnanimes,

Portez ou retenez vos coups !

Epargnez ces tristes victimes,

A regret s’armant contre nous.

Mais ces despotes sanguinaires,

Mais ces complices de Bouillé,

Tous ces tigres qui, sans pitié,

Déchirent le sein de leur mère !

Tous les césars n’ont jamais eu un cœur d’enfant mais un cœur de tyran. Tous les prophètes ont lutté contre les tyrans et ont vécu près des opprimés, des faibles et des indigents. Dieu leur a donné un cœur plus pur que celui des enfants. La femme voilée n’enfante ni les tyrans ni les césars mais les hommes libres qui vont défendre des valeurs et aimer l’humain dans la grandeur que Dieu lui a donné par l’honorificat de son être qui porte en lui le divin et par le vicariat de sa mission civilisatrice qui consiste à témoigner de l’unicité de Dieu Souverain de l’univers, à faire le bien et à pratiquer la vertu symbolisée par le vert, cette couleur que le monde occidental a mis des milliers d’années à découvrir à cause de sa vision manichéenne du monde et son ethnocentrisme. Le vert n’exclue pas le rouge mais se marie bien avec le rouge si la composition est admirablement harmonisée sans fausses notes, sans improvisation et sans discrimination. Seul les poètes peuvent vivre sans stigmatiser autre chose que le mauvais goût, ils peuvent faire vibrer toutes les couleurs de leur palette comme Picasso qui se permettait de dire si tu n’as pas de rouge utilise du bleu mais ce langage hautement symbolique demande de l’imagination et l’art de composer. Les bureaucrates ne sont pas des poètes ils ne savent conjuguer que le verbe interdire mais ne savent pas lire le pacte magique des couleur de l’arc en ciel. Ne savant pas lire ils ne savent pas que la loi contre le voile pour ne pas dire contre l’islam est anticonstitutionnelle et va à l’encontre des pactes signés par la France et qu’il va se poser en France un problème de hiérarchie des textes. Le texte le plus haut pour le moment est le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1996 :

« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou en commun tant en public qu’en privé par le culte de l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement. »

Revenons à l’histoire et au phénomène de démocratisation de la couleur et des emblèmes se généralise dans l’ensemble du monde gréco romain et judéo chrétien. Ainsi Byzance ajoute dans ses emblèmes le vert et le bleu. Les super puissants de Rome ou de Byzance autorisent enfin les couleurs et les factions qu’elles représentaient symboliquement. Ces partis de cirque avaient de nombreux partisans, et l’empereur pouvait favoriser l’un d’entre eux. Favoriser n’est pas exclure mais accorder un privilège, c’est une demi injustice. La démocratie des couleurs annonçait la démocratie des moeurs politiques, sociales, juridiques et culturelles. Favoriser c’est s’exposer à des explosions sociales du fait de la frustration mais exclure est une régression, une injustice impardonnable.

Quand certains représentants de la communauté juive vous disent nous sommes prêts à bannir la Kippa pour sauvegarder la république. La question qui se pose réellement est il question de sauvegarder la foi, la république ou des privilèges mis à mal ou en risque d’être mis à mal au vu de la conjoncture internationale qui n’est pas en défaveur, à contrario des apparences, des populations musulmanes opprimées et spoliées. La Kippa est elle un signe ostentatoire ou oblitérant ? Le juif n’est il pas soumis à la loi de Dieu qui lui dit qu’il ne doit pas se présenter devant le Seigneur la tête nue ? La loi des hommes contre la loi de Dieu. Comment la république va t’elle accepter ce marchandage qui ne tient pas la route ni sur le plan historique, ni symbolique ni spirituel quand on sait que c’est la musulmane française qui est visée car c’est elle qui fréquente l’école laïque de la république qui garantit l’éducation et l’instruction à tout humain visant sur le sol français. Le général De Gaule refondateur de la République n’a pas marchandé sa pudeur d’homme libre qui ne peut vivre gouverné par l’occupant comment une musulmane pourrait elle vivre sans pudeur et désobéissant à Dieu. Le Juif, le Chrétien, le Musulman, le Bouddhiste ou le primitif de la Papouasie ont chacun une pudeur qui s’exprime comme un comportement à la fois individuel en privé et collectif en public. Ce comportement est d’ordre vestimentaire, gestuelle, verbal et autre. Il est dicté par la personnalité de base, la socialité et la religiosité de chacun. Gommer un aspect c’est nier autrui. La musulmane vit sa pudeur différemment des autres c’est sa liberté, sa conviction, son choix, sa vérité qui ne nuit pas et ne peut pas nuire aux autres. S’il y a nuisance c’est dans l’agression que les hommes de foi ressentent devant l’obscénité, le vulgaire, la souillure et la perversion mais la patience comme le pardon font partie de la foi. Les romains et les byzantins n’ont pu vivre dans l’immobilisme et le monopole de la couleur pourpre ni imposer au monde leurs préférence car la loi qui gouverne l’univers est celle de l’harmonie : le pourpre, le jaune et l’orange ne peuvent demeurer des couleurs ostentatoires partout et tout le temps et le bleu une couleur oblitérante. Le mélange donne une vaste gamme de noirs, de violets, de verts et de gris. Leur juxtaposition permet au génie de Van Gogh, de Rembrandt, de Delacroix, de Monet, Manet et Seurat de s’exprimer. Seurat ne voyait que d’un seul oeil puisqu’il était amblyope mais son oeil voyait la vibration de toutes les couleurs et savait arrangeait les touches de couleurs comme s’il avait mille et un oeil. La République semble être représentée par des aveugles elle semble désertée par les poètes, les peintres, les humanistes…

Nous avons abordé la question du voile islamique, le vêtement de la pudeur, avec un langage teinté de symbolique pour dire que le débat sur les symboles islamiques est un débat tronqué et malhonnête. Il est malhonnête et malsain car par exemple et entre autres quand un représentant de la communauté juive accepte de faire don de la Kippa pour sauver la République mise en danger de mort par les musulmans on ne peut se taire car on y voit une exploitation impudique mais symbolique non pas du foulard islamique mais de la souffrance du peuple juif dont les représentants qualifiés aime médiatiser le syndrome victimaire, la pathologie de l’éternelle persécution. Nous compatissons bien entendu mais nous ne sommes ni responsable historiquement ni moralement ni religieusement pour que le problème vécu par le musulman ou la question posée par le musulman soit déplacé de son contexte pour entrer dans celui des juifs du monde entier comme si le musulman a la charge de régler ce contentieux ou comme s’il ne souffre pas lui suffisamment mais avec silence comme le dit Musser les grandes douleurs sont muettes. Si la douleur devient bavarde et incessante elle devient en terme de communication du bruit, des parasites. L’humanité à trop souffert pour que la souffrance soit un monopole, une justification, un alibi, un chantage, sinon demandons aux vingt millions d’indiens exterminés, au vingt millions de soviétiques, au million et demi d’algériens, aux centaines de millions de noirs et d’amérindiens chassés, fouettés et bannis ce qu’il réclament en dédommagement pour leurs morts, leurs déportés et leur calvaire. Demandons aux Chrétiens de se plaindre à l’Onu pour les persécutions qu’ils ont enduré par les romains païens. Que vont exiger les chrétiens et les musulmans pour les torts causés à Jésus et les souffrances qu’il a endurées alors qu’il est le verbe de Dieu, la paix de Dieu sur Terre et dans les Cieux, l’amour de Dieu dans l’humanité le même amour porté par Adam, Eve et la Sainte Marie que la paix de Dieu soit sur eux. D’origine arabe je suis sémite musulman j’aime et j’admire Moise, Joseph, David, Jacob, Salomon alors ne me traitez pas d’anti sémitiques ou d’anti juifs car je me permets de prendre la parole pour vous porter la contradiction. Marx était juif et j’aime ses analyses sur le capitalisme et la dialectique. Chomsky est juif et j’aime ses analyses sur la dérive américaine. De Marx je retiens ceci : « il ne faut pas avoir peur du scandale pour ne pas devenir sa proie ». Responsable devant Dieu et devant les hommes j’affiche tout haut mes sympathies pour Marx qui est juif athée et qui a pris position pour les opprimés du monde mais je n’affiche aucune sympathie pour des musulmans ayant rang de mufti qui travaillent pour les intérêts des grands de ce monde contre leur foi, l’honneur et les pauvres gens. Je suis presque sur que vous par contre vous avez de la sympathie pour ces muftis. Toujours dans les débats concernant les musulmans, certains juifs, c’est leur droit, se sentent concernés d’entrer dans le débat en super français donneurs de leçons aux musulmans non intégrés et non intégrables selon votre présentation et lecture du monde. La France vous appartient comme elle m’appartient et si on doit faire valoir l’ancienneté nationale l’algérien musulman est français depuis plus de sept générations par le fait historique qu’il l’ai voulu ou non, ce n’est pas le cas de beaucoup de donneurs de leçons dont le rêve est de nous voir désintégrés ou mis dans des charters à bouniouls qu’on expulse au bled de préférence les pieds devants. Nous savons tous pertinemment où se situent les problèmes et les enjeux. Nous allons continuer à les occulter pour ne pas déranger votre confort intellectuel et parler symboliquement sur la symbolique du foulard. Alors une question à un baril de pétrole irakien : Marianne qui est le symbole le plus intense sur le plan de l’esthétique formelle comme sur le plan des valeurs véhiculés est elle une femme en foulard. Si c’est non, enlever la Kippa est une soumission « acceptable » aux symboles de la République mais si c’est oui vous êtes pris en flagrant délit de mensonge sur l’histoire de France et ses Symboles. Nous pouvons visiter tous les musées de France, voir tous les timbres postes, admirer toutes les sculptures, lire tous les livres d’histoire jamais Marianne n’a été présenté tête nue. Qui est plus proche symboliquement de Marianne la française en foulard, en bonnet, en bandeau, en coiffe ou celle qui marche la tête nue. Visitons le site de l’Elysée le symbole de la présidence de l’état français qui nous parle des symboles de la République française et qui nous dit en résumé ceci :

Marianne incarne la République Française.

Les premières représentations d’une femme à bonnet phrygien, allégorie de la Liberté et de la République, apparaissent sous la Révolution française. L’origine de l’appellation de Marianne n’est pas connue avec certitude. Prénom très répandu au XVIIIème siècle, Marie-Anne représentait le peuple. Mais les contre-révolutionnaires ont également appelé ainsi, par dérision, la République… Symbole de liberté, le bonnet phrygien était porté par les esclaves affranchis en Grèce et à Rome. Un bonnet de ce type coiffait aussi les marins et les galériens de la Méditerranée et aurait été repris par les révolutionnaires venus du Midi… La République française préfère toujours le symbole de la Marianne à celui du coq gaulois qui est surtout perçu comme emblème sportif à l’étranger.

La République française a aussi d’autres symboles forts comme la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 qui est la première victoire du peuple français contre la monarchie par l’initiative historique du peuple de Paris qui prend des armes aux Invalides puis se dirige la une vieille forteresse royale, la Bastille, pour libérer des prisonniers et détruire le symbole de la monarchie. Dire que le port du foulard est un symbole qui met en danger la République c’est comme si les musulmanes de France au lieu de restaurer leur vertu, leur pudeur et leur vie spirituelle allaient restaurer la Bastille symbole de l’Ancien Régime et y déclarer une nouvelle constitution pour faire régner le mollah Omar futur roi des Francs et des Gaulois. Soyons sérieux l’histoire n’avance pas à coup de fabulation. Le français moyen ne retient aujourd’hui que l’ivresse du soir, l’aspect festif et la demoiselle avec qui finir dans un lit une fête qui ne l’a pas guéri de son spleen et de l’absence de perspective. La symbolique de ce moment historique dont l’incidence a dépassé les frontières nationales pour inspirer tous les révolutionnaires du monde, les poètes comme les religieux lui échappe hélas, ce serait un excellent exercice de citoyenneté et d’intégration pour les musulmans qui ont compris que l’islam est une religion de libération et de liberté qui peut vivre non seulement en harmonie avec les symboles de la République mais les adopter car ils rejoignent la symbolique de sa foi qui est une militance pour la grandeur de l’homme et de la femme nés pour être libres et jamais asservis. Une idée aussi noble soit elle qui asservit les autres est aliénation.

Pour liquider le contentieux et aller aux choses sérieuses nous devons vous interroger vous qui parlez de symboles, de signes et de symboles au lieu de parler d’une pratique religieuse qui remonte à Eve. Porter le voile pour nous musulman n’est ni la foi ni l’expression de la foi, ni une pratique cultuelle ni un rite mais un pathos religieux, un comportement dicté par le Coran et la tradition prophétique, c’est aussi un éthos qui exprime l’émotion de la femme musulmane devant son corps sacré car il appartient à Dieu et elle ne peut le dévoiler comme une chair incitatrice au désir ni une viande exposée à l’étalage d’un maquignon ou d’une grande surface. Son corps lui appartient comme un don de Dieu elle ne peut le détruire ni l’avilir ni l’offrir au regard du premier venu. Elle en fera don uniquement à son mari. C’est simple à comprendre, il n’ y a pas de symbolisme politique ni de prosélytisme religieux qui met en danger la république on peut y voir un côté poétique, une mystique de la pudeur, un féminisme pudique différent du féminisme sexiste. Cela relève de la liberté individuelle de la femme et non de la loi. Aucune loi ne peut obliger une femme à marcher nue comme elle ne peut l’obliger à se voiler. Celle qui marche nue ne commet pas d’attentat à la pudeur et celle qui est pudique et chaste devient un symbole terroriste. Alors quelle est l’utilité des symboles si nous n’arrivons pas à nous entendre sur le sacré et le profane, le religieux et le laïc, le droit et la contrainte, la liberté et le totalitarisme, le devoir d’ingérence contre les talibans oppresseurs des afghanes et l’état français oppresseurs des françaises musulmanes ? Les talibans ont l’excuse d’être intégristes, ignorants, belliqueux et issues de conditions sociales et historiques violentes, quelle est l’excuse de la France républicaine qui détruit la paix sociale, la citoyenneté et la liberté et dont les représentants osent sans métaphore pudique nous traiter d’intégriste car nous manifestons conformément aux lois de la République notre mécontentement devant la discrimination. S’il y a un symbole à déchiffrer ce n’est pas celui du vêtement de la pudeur ou de la marche des « intégristes » qui défilent dignement pour exprimer leur point de vue mais c’est bien celui de la dérive de la France qui jette ses symboles en échange de quels symboles cachés ou ignorés. La république est en Danger non pas à cause du foulard mais car a cause de sa dérive suicidaire. Monsieur le Président Chirac nous a habitué a des dissolutions qui ressemblaient à des suicides politiques mais là le suicide est national. Si nous n’aimions pas notre patrie nous aurons applaudi car la France va s’isoler du monde musulman et perdre toute crédibilité dans l’espace des citoyens du monde qui ne verraient plus la France à travers ses symboles de liberté, égalité et fraternité mais interdiction, discrimination et haine. Qui veut détruire l’imaginaire des arabes séduits par la France. Les arabes intégristes laïcs desservent la république en prenant ostensiblement part au débat vicié car ils vont contribuer à détruire l’admiration des élites francophones dans les pays autrefois colonisés et ainsi perdre toute crédibilité pour que la francophonie soit une passerelle entre les peuples au lieu et place des bombardiers américains. La France de demain ne leur pardonnera pas d’avoir contribué à détruire l’admiration du monde musulman pour la France et les Français. Si on se place dans une perspective historique l’initiative historique au sens marxiste du terme est prise par les intégristes laïcistes mais la dialectique nous apprend que chaque chose engendre son contraire et en réaction à l’islamophobie alimentée par les relais sionistes en France les musulmans à l’étranger réagiront en se radicalisant contre ceux qui seront en admiration devant la République laissant la France de demain sans passerelle pour défendre ses intérêts stratégiques culturels, commerciaux et autres dans le monde arabo musulman. Je ne suis pas Prophète ou devin pour prédire l’avenir mais j’ai honte et j’ai peur. Ceux qui ont des comptes à régler avec les Prophètes, l’histoire ou la géographie des peuples et ceux qui ont un problème de conscience car un moment historique ostensible eux ou leurs parents se sont mis du coté oblitérant de l’histoire comme ceux qui ont épuisé leur stock d’ostentation victimaire et veulent oblitérer un peuple derrière des murs ostentatoires vont pousser la France au suicide. J’ai honte et j’ai peur car aujourd’hui l’islam en France (et non l’islam de France) tend la main à tous pour un pacte républicain qui s’ouvre aux croyants sur le lien de la foi

Elevez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions que Dieu ’Allah, sans rien Lui associer

Comme il s’ouvre aux laïcs sur une proposition libertaire :

et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs.

Si les uns ou les autres se détournent l’islam restent une force de proposition et de paix mais jamais un renoncement de soi et de sa foi :

Puis, s’ils tournent le dos, dites : “Soyez témoins que nous, nous sommes soumis”.

Personne ne veut voir la main tendue ni la parole de paix comme personne n’a voulu écouter l’imploration généreuse de l’Emir Abdelkader lors de la colonisation de l’Algérie :

« Grand roi des Français ! Dieu nous a désignés l’un et l’autre… Il nous a imposé l’obligation de rendre nos sujets heureux.. On me dit : signe ou ne signe pas, mais ton refus sera la guerre. Eh bien ! Moi, je ne signe pas et je veux la paix rien que la paix… Si la guerre éclate à nouveau, plus de commerce… plus de sécurité pour tes colons. Je n’ai pas l’orgueil de croire que je pourrai tenir tête ouvertement à tes troupes, mais je les harcèlerai sans cesse. . . J’aurai pour moi la connaissance du pays, la frugalité et le dur tempérament des Arabes… Si au contraire tu veux la paix, nos deux pays n’en feront plus qu’un, le moindre de tes sujets jouira de la sécurité la plus absolue, le commerce deviendra réellement libre, nos deux peuples se mêleront chaque jour davantage… Qu’on apprenne enfin à connaître ma religion !  »

La mémoire collective et la religion d’un peuple ne s’effacent pas à coup de mensonges, de missiles ou de lois. Soit on les respecte soit on s’attend à la revanche de l’histoire si on ose les mépriser… Les musulmans de France français « intégrés » ou français « gaulois » qui veulent tous vivre en harmonie avec le peuple français dont ils font maintenant comme une partie une et indivisible demande aux autorités et aux élites françaises coupées de la réalité du peuple de France de revenir à la raison et de méditer notre appel : « Qu’on apprenne enfin à connaître notre religion ». Il est de notre obligation religieuse de tendre la main de paix et de coopération à l’humanité plurielle car le musulman lutte contre la colonisation et le colonisateur des terres, des esprits et des symboles mais ne lutte pas contre les hommes qui ne partagent pas sa foi et ses valeurs :

Que les fossoyeurs de la République se taisent pour l’intérêt bien compris de tous ou bien qu’ils s’élèvent à assumer la compétence symbolique que porte chaque humain qui consiste à écrire le monde, à le lire, à l’interpréter symboliquement pour le changer pour que l’humain vive davantage de liberté, de dignité, d’égalité et du droit à la différence de lecture du monde et d’expression de soi dans la reconnaissance de l’autre et jamais dans sa négation, son exclusion ou son éradication. La compétence symbolique autorise chacun selon sa référence (idéologique, culturelle, politique, esthétique et religieuse) a donner du sens au monde, à donner un signifié à un signifiant désigné par un signe. La compétence symbolique est une compétence de pratique de la liberté et de changement. La République est en danger si elle ne se donne pas les moyens de changer son école, son système politique, son pacte social vieillis à l’heure de la post modernité qui prône de nouvelles valeurs qui sont l’échange, le partage, l’identité, le regroupement de communautés nomades, l’éclatement des sociaux codes et des géocodes, la proximité sociale, le mouvement plus rapide dans tous les domaines de la vie, l’absence de centre totalisant et totalitaire, la création de noeuds d’intérêts autonomes et la connexion des réseaux en rhizome avec un peu plus de Pascal, de Montaigne, de Victor Hugo, de Rousseau et de Malraux dans un monde qui ne veut plus être gouverné par l’esprit de géométrie ( le bornage par les formules et les lois sans amour, sans poésie, sans humanité) mais par l’esprit de finesse. Si la France ne se donne pas les moyens de finesse pour une relecture de ses symboles dans un sens plus fin et plus global la bataille symbolique du foulard est le début de l’ère de l’isolat de la France. La liberté ne consiste pas à obéir à l’ordre établi mais à vivre en liberté c’est à dire à penser, à faire dans un espace qui garantit à chacun sa liberté, ses droits et ses devoirs citoyens. La citoyenneté est un état mais aussi un acte qui ne peut se limiter au risque de devenir ridicule à une question vestimentaire et se focaliser sur le port du foulard ou l’enlèvement du foulard par la contrainte de l’état. L’état jacobin est du passé, l’état citoyen est la post modernité. La France est elle vraiment la vielle Europe ? L’égalité ne consiste pas à appliquer à la lettre une utopie égalitaire aussi noble qu’inefficace au regard des résidus, des exclus, des discriminations sociales, politiques et religieuses ouvertement affichées et pratiquées contre l’esprit des droits de l’homme. L’égalité réaliste consiste à donner à tous la même égalité de chance, les mêmes garanties d’écoute et de protection judiciaire et sociale, la même envie de s’intégrer, les mêmes résultats pour le même effort méritoire. On ne peut parler d’égalité sans dire dans le droit à la différence sinon elle serait une utopie dangereuse et de plus elle serait en contradiction avec la liberté qui ne peut accepter l’ingérence omniprésente de l’état qui veut niveler une société multiculturelle et multi raciale dans sa façon de penser, de s’habiller, de manger, de prier, d’aimer. La fraternité traditionnelle en France et une fraternité judéo chrétienne ou judéo-chrétienne qui s’est transformée dans une sorte d’humanisme laïc et respectable : la fraternité universelle de tous les hommes qui naissent égaux non plus devant Dieu mais devant les hommes. L’état républicain se doit de veiller à créer les conditions matérielles, morales, institutionnelles et culturelles pour que la fraternité se conjugue au nous au quotidien dans un temps et un espace plus large que celui des Lumières. La France a hérité de ses anciennes colonies non pas la haine mais l’amour des descendances des populations musulmanes émigrées par contrainte historique et économique. Les musulmans ont donné à la France cette grandeur qu’elle veut occulter celle de rassembler l’univers dans sa diversité. L’universel ne se conjugue pas au totalitaire mais au libertaire. La France responsable historiquement de son passé et consciente des enjeux de l’avenir dans le cadre de la confiscation de ses ambitions par l’hégémonie américaine ne peut se permettre de casser l’universel qu’elle a enfanté en sectarisme car le sectarisme, l’intégrisme, le terrorisme sont l’expression d’un ghetto né de l’exclusion et non l’expression de l’universel. Elle a la chance historique de se conjuguer dans l’universel qui s’offre à elle en élargissant l’humanisme laïc d’ailleurs en essoufflement à l’humanisme spirituel qui prône aussi l’universel non pas dans le carcan d’un état nation mais dans le dialogue des civilisations, des religions. L’islam a fécondé l’Europe et la France personne ne vous demande de vous recueillir à la mémoire de ceux qui vous ont apporté la civilisation en vous apportant les sciences, les arts et la liberté de conscience, personne ne vous demande de vous recueillir sur les indigènes musulmans morts pour défendre les symboles de la république, personne ne vous demande de dédommager les indigènes musulmans victimes de la violence et de l’injustice colonialiste qui a confisqué la liberté, la vie, les biens, les valeurs de millions de personnes qui ont enduré votre présence ostentatoire des siècles contre leur volonté oblitérante . Les humains vivant en France et aspirant à l’universel ne cherchent pas à ouvrir les contentieux historiques mais à avoir le droit d’aimer la République dans son sens étymologique de chose publique, ouverte et accessible pour tous.

Ces jeunes et leurs enfants de demain ne comprendront jamais la symbolique de Marianne une mère révolutionnaire offrant son sein aux moissons de la révolte, de l’exil, du nouveau départ. La patrie est elle la mère de tous ou est ce une louve qui dévore ses petits ? Qu’avez-vous pour intégrer cette catégorie de néant sans racine que vous appelez avec un doux euphémisme les beurs et les beurrettes signe oblitérant d’exclusion dans la République par des menteurs ostentatoires qui n’ont jamais bien expliqué la symbolique du personnage de Marie Anne dans l’imaginaire de l’enfant qui n’a jamais quitté sa cité pour une bibliothèque municipale annexe symbolique du symbole de la République : l’école Laïque. Marie Anne est une femme qui aurait aimée être dévoilée dans les cités et non voilé dans les musées que ne fréquentent pas les habitants des cités. Etre républicain c’est s’approprier Marie Anne au quotidien et non supporter des discours républicains qui se dévoilent comme hostiles en réalité à la République qu’on veut déshabiller de ses parures symboliques. Allez l’expliquer à nos enfants. Ils savent ce que nos lectures romantiques de la France ont voilé à notre conscience pourtant rebelle à l’injustice, au racisme, aux privilèges. Pour aimer et comprendre Marianne il faut être un adulte au cœur d’enfant comme les poètes et les peintres. Regarder Marie Anne magnifiée par les peintres et les sculpteurs est un plaisir esthétique et intellectuel qui ne peut nous empêcher de la revivre avec émotion et dans le coeur on ne peut l’imaginer que chaste et rebelle et voir son sein offert comme la mamelle nourricière et ça vous ne savez toujours pas l’expliquer à nos enfants qui ne voient comme symbole de la république que le cyclamen des CRS et le faste ostentatoire des officiels de l’Etat. Ils voient hélas comme symbole de la République l’enseignant qui failli à sa mission pédagogique mais qui s’arroge le droit pour s’immiscer dans le domaine de la conscience et de la foi qui n’est ni de sa compétence ni de ses prérogatives. Le ministre de l’éducation qui a donné cette prérogative anti pédagogique ne s’est jamais penché sur l’échec scolaire, l’exclusion, la violence, la drogue, les moyens archaïques de l’école laïque battue en brèche par le pouvoir de l’argent qui reconstruit le nouveau modèle réservé aux élites et à leurs progéniture. La République a abdiqué quand elle a autorisé un ministre qui ne peut rassembler une majorité de français autour du programme de son parti politique à réglementer par l’exclusion et à autoriser la confusion des missions. Que ce soit au nom de l’église ou au nom de la laïcité ceux qui parlent et agissent ne représentent ni l’une ni l’autre ni la France tout entière car l’esprit de finesse comme l’amour de Jésus ou l’humanisme des Lumières a déserté les coeur et la conscience. Les musulmans exclus ne seront pas orphelins, la république est obligée de les porter et de leur donner le sein car au contraire de Marie Anne elle sait transformer un homme libre en assisté social, elle est comme le comme le chameau qui porte mal sa bosse, la rose qui porte mal ses épines ou la terre qui porte mal son humanité. Marianne ou Marie-Anne version laïque de Marie la vierge porte le même nom que Meriem, Marie la copte, la chrétienne d’Egypte qui a épousé le Prophète de l’islam et qui lui a donné un fil Abraham scellant le destin des croyants partageant la même foi monothéiste. Nous l’appelons la mère des croyants et elle portait le voile et la foi islamique. Toute cette symbolique de noms prédestinés nous la ressentons avec notre foi et nous ne sommes ni des orphelins victimaires de l’histoire ni des assistés de la république ni responsables de la situation du monde musulman dont la régression est imputable au colonialisme et aux tyrans qui ont confisqué l’indépendance. Nous saurons nous organiser par instinct républicain, par amour pour notre patrie de naissance ou d’accueil, la France, pour construire notre personnalité morale et exprimer notre vocation en France. Le temps est notre allié, il est plus fort que les institutions et les lois scandaleuses. Plurielle est la symbolique de la république nous refusons donc la pensée unique. Nous avons fait notre choix de vivre français dans la République et aucun de nous n’a dans son imaginaire un projet de quitter la France ou de la transformer en monarchie. Les absolutistes se trouvent dans le camp de ceux qui veulent nier notre identité spirituelle et culturelle.

Je suis français(e) musulman(e) ou musulman(e) français(e) mais je ne suis pas pratiquant(e) d’un islam français inexistant sur le plan du dogme, de la sémantique ou de la symbolique, l’islam est un, indivisible, infalsifiable. Comment la République qui a aussi un autre symbole en l’occurrence le sceau (royal) pour sceller la constitution et les amendements constitutionnels va-t-elle me donner l’ordre de me diviser en entité schizophrène alors que ce sceau marque distinctive et signe d’autorité, depuis le Moyen Age porte comme inscription “République française démocratique une et indivisible” sur la face et au dos deux formules “Au nom du peuple français” et “Egalité, fraternité, liberté”. Ce sceau parle sur le plan historique la France n’a jamais été unie ou indivisible. Elle l’est depuis peu et reste fragile car la liberté, la fraternité, l’égalité s’expriment toujours par des rapports de conflits et non d’amour, de force et non de dialogue. Les ouvriers et les paysans français sont de plus en plus exclus du monde des producteurs. La République appartient aux technocrates et Enarques au service du nouvel ordre mondial qui gomme les différences, les pluralités, les libertés au nom de la loi du marché et du profit. Le sceau royal devenu symbole de la République n’arrive pas à sceller ce qui doit être scellé : le cœur des hommes dans l’humanité universelle. Ce sceau pourtant parle en mon nom sur le plan symbolique ; les chantres de la défense de la démocratie et de la république ne peuvent me confisquer ce qui est scellée par l’histoire de France comme unie et indivisible : la citoyenneté. Celui qui représente l’Etat républicain au plus haut niveau et dont le symbole prône l’unité et l’indivision doit veiller à ce qu’aucun déchirement moral, spirituel, social ne perturbe la vie d’un citoyen et son existence humaine quelque soit sa foi, ses convictions politiques et sa doctrine philosophique ou idéologique comme il ne peut s’emparer du moindre prétexte pour monter les français les uns contre les autres au nom de la religion ou de la laïcité ou des intérêts suprême de la nation. L’islam prône l’union de la communauté, la paix sociale, la cohésion sociale et maudit celui qui sème le trouble pour diviser et séparer les membres d’une même famille même s’ils ne partagent pas les mêmes convictions. Nous pouvons trouver une plate forme pour vivre ensemble unis et indivisibles comme le sceau républicain si tous respecte la liberté et les convictions religieuses ou non des autres et si on donne à tous les moyens de réussir l’intégration sur la base des symboles républicains mais partagés et respectés par tous. Le sceau de la République aurait été plus rayonnant sur le monde si ceux qui le manient le rapprochent de l’islam Sceau du Prophétat et de la Prophétie.

La république, symbolique sur symbolique, a inventé l’école laïque pour sceller le pacte républicain entre tous les citoyens français. Les chantres de la défense de la démocratie et de la république ne peuvent interdire aux femmes musulmanes ce qui est scellée par l’histoire de France comme unie et indivisible : l’école. Cette école tant chantée qui raconte l’histoire d’une grande dame de France Jeanne d’Arc. Le culte de Jeanne d’Arc est un symbole polysémique extraordinaire, tout à tour “fille du peuple” révolutionnaire, restauratrice de la monarchie et de l’ordre divin, patriote trahie par les élites et l’Eglise. Elle est le personnage symbolique de la lutte contre l’occupation étrangère, contre les hérétiques de l’Eglise iconoclaste, elle est la fille du brave peuple français qui se soulève. Elle est celle qui divise la France mais aussi celle qui la réunit de la gauche jusqu’à l’extrême droite. Chacun veut se l’approprier en l’appelant par exemple ” sainte Jeanne la laïque” ou “Jeanne d’Arc la Pucelle”. Nous retenons ici son combat libérateur et son statut de femme dans un monde qui n’ a jamais su honoré la femme comme il se doit. Les seuls à l’honorer comme il se doit sont les musulmans. Voici le plus grand mystique de tous les temps Djallal eddine Roumi qui décrit la femme comme ” Rayon divin”. Voici une de mes élèves, musulmane, qui me lit un poème sur la femme : ” Dieu a crée d’abord un brouillon nommé Adam avant de créer un chef d’oeuvre nommé Eve”. J’ai trouvé ces vers émouvants malgré le caractère blasphémant. Restons dans le paysage historique français et lisons l’un des plus beaux hommages fait à une femme : ” Souvenons-nous toujours, Français que la patrie chez nous est née du coeur d’une femme, de sa tendresse et des larmes de sang qu’elle a donné pour nous” . Ces paroles sublimes sont celle de l’illustre historien, philosophe, érudit et militant Jules Michelet qui a enseigné à l’Ecole Normale et au collège de France. En plus des livres encyclopédiques sur l’histoire de France il a écrit l’histoire des femmes de France. Vous y trouverez l’histoire tragique de Jeanne d’Arc. La France doit se réconcilier avec elle même au lieu de vivre son histoire de procès en procès, de violence en violence, de gauche à droite dans une lutte d’appropriation ou de négation des symboles historiques et religieux pour selon les circonstances et les intérêts politiciens donner un caractère ostentatoire ou oblitérant aux événements, aux hommes et femmes, aux valeurs. La bataille pour l’école laïque s’est trompée de combat car au lieu de voir l’école comme la chance privilégiée pour tous de s’accaparer le savoir, partager la croissance, partager les joies et peines, partager les responsabilités, faire respecter le principe de l’égalité des chances, promouvoir le mérite et la reconnaissance de l’autre dans l’esprit républicain et dans l’esprit de la déclaration universelle des droits de l’homme ou de la déclaration européenne pour une France plurielle mais unie au lieu d’en faire l’arène pour dévoiler avec ostentation une musulmane pour rendre l’islam un symbole oblitérant et non une religion universelle. Dans cette sédimentation historico symbolique nous vous faisons témoigner contre vous que les beaux mythes ont la vie dure et que l’islam n’est pas venu conquérant ou triomphateur en France mais en touchant à la femme musulmane de ses pleurs, de ses privations, de ses frustrations naîtront les moissons de demain car elle va porter l’hommage de Michelet plus haut que vous ne pouviez l’imaginer mais cette fois ci non pas sous les traits d’une pucelle en guerre au nom de l’église et de la France mais d’une chaste voilée au nom de l’Islam, de la paix et de la France.

Ce débat que vous ne voulez pas faire car votre intention est de coffrer les symboles comme de vulgaires voyous ou comme une dalle de béton pour construire vos pavés d’analyses sociologiques sur les banlieues qui sont un pur produit français qui témoigne de l’échec de sa politique d’intégration et non celle de l’islam qui n’administre ni ne gère la société ou les centres de décision. La situation lamentable du monde musulman est le reflet de votre politique d’intégration à grande échelle qui interdit aux peuples musulmans le droit de s’émanciper car les officiels de la République et l’esprit du comptoir commercial colonial régentent la vie économique et politique en maintenant en réanimation des régimes moribonds et corrompus qui ne servent les intérêts ni du peuple français ni des hommes mais quelques intérêts occultes et les normes de l’esprit de géométrie qui habite les marchands et les banquiers. L’adhésion à l’esprit de finesse ou à l’esprit de géométrie n’est pas un problème de poésie ou de mathématique mais une problèmatique majeure de choix de société, de projet humaniste, de représentation de la république et en cela renvoie toujours à une bataille d’imaginaire, de symbolique, de non dits, de transferts, de voile de la pensée et de dévoilement de l’acte totalitaire par le fait accompli hérité de l’esprit pragmatique, celui de la fin de la modernité qui ne produit plus des couleurs mais uniquement de la grisaille dans une compétition de domination et non de cohabitation, de soumission et non de partenariat, de rapports de force et non de rapport d’harmonie et d’intelligence. Les musulmans vont apprendre à être moins spontanés, plus calculateurs et découvrir une règle simple mais efficace : dans une démocratie bureaucratique, le bulletin de vote se monnaye : un voile c’est une voix qui dévoile la voie ou freine l’envol des ambitions cantonales, régionales et nationales. Nous préférons l’esprit de finesse à l’esprit de géométrie mais nécessité fait loi. Ceci est aussi un principe religieux. L’islam est un et indivisible comme la République avec une différence d’importance le premier l’est par la Volonté eternelle d’un Dieu immuable et Suprême tandis que la seconde l’est par la volonté changeante des hommes éphémères dont les lois ne sont ni irréversibles ni divines.

Nous pensions vivre dans un pays qui ferme la porte à l’Eglise pour des raisons historiques liés au compromis de l’église avec la monarchie dans l’oppression du peuple mais qui est en paix avec l’esprit de Jésus. Nous ne pouvons comprendre que ceux qui se réclament de la civilisation de Jésus puisse accepter en silence la déchéance de la femme, la décadence de l’homme au nom du retour à l’esprit des lois, des interdits, des textes trop nombreux et contradictoires qui briment au lieu de libérer, qui compliquent au lieu de faciliter et qui amène la discorde au lieu de la concorde.

Derrière toute bataille sur les symboles il y a une symbolique selon la nature du symbole. Le voile est il un symbole iconique (conventionnel), un symbole onirique ( fantasmes freudiens), un symbole cosmique ( les archétypes humains selon Yung et l’imaginaire de l’homme selon Bachelard dans sa grandeur humaine reflet de la grandeur divine éternelle ou juste de la grandeur de sa civilisation d’appartenance qui reste éphémère et changeante). Saint augustin a du déchanter lui qui cherchait à réaliser la paix du cœur dans la paix de la cité et celle de la cité dans la paix de Dieu. La France n’est pas un pays de paix mais un pays de rapport de force. Se placer sur le terrain du rapport de force, du rapport d’intelligence et de coexistence pacifique ou du rapport de spiritualité et d’harmonie avec le monde demandes des intelligences et des sensibilités sur le monde qui ne peuvent s’accommoder de la pensée unique ni du refus de la polysémie symbolique qui traduit en réalité le refus d’autrui, la non reconnaissance, le mépris, le complexe d’infériorité ou de supériorité. Dans le rapport entre complexé il y a toujours un rapport d’humiliation et de vexation qui ferme la porte au partage, à la reconnaissance, à l’identité, à la différence pour partager et échanger. Dans ces conditions le discours symbolique est diabolique.

Nous n’allons pas entrer dans le détail des types de symboles pour montrer une fois de plus que le voile n’est pas un symbole religieux mais le symbole de la pudeur de la femme musulmane et en ce sens il est cosmique sur le plan biblique et coranique. Lisez la Genèse et tout se dévoile sur le voile d’Eve, de Marie et de toutes les croyantes. Je peux être vulgaire, bête et méchant ou très symbolique en posant la question qui veut tuer le voile pour tuer une fois de plus Jésus en portant la haine plus loin car il aurait fallu crucifier la Mère de Jésus Marie la Vierge pour qu’elle n’enfante pas Jésus qui a aimé toutes les femmes comme si elles étaient sa sainte mère, la grande dame de l’histoire de l’humanité et la préférée des femmes au Paradis. Marie est la procréatrice de l’amour , sa symbolique coranique est le silence devant la bêtise humaine ; Jésus est le libérateur de la femme et de l’homme et quiconque avilit l’humanité dans sa dignité, dans sa pudeur, dans sa beauté assassine de nouveau Jésus le verbe de Dieu. Qui directement ou indirectement au nom de la religion, de la laïcité, de la politique, de l’économie ou de ses intérêts mesquins touche à l’amour de Jésus et à son refus d’obéir aux lois iniques et falsifiées et à son refus d’obéir aux templiers touche à la symbolique partagée par tous les prophètes y compris Moise, Bouddha et Mohamed : la vertu dont la pudeur n’est pas qu’une facette.

Mohamed (saws) a dit : « la pudeur est la moitié de la foi »

Le voile exprime la pudeur, l’amour de Dieu c’est un signe matériel qui exprime des valeurs métaphysiques plus que sociales, des comportements psycho affectifs plus que politiques, une conception de l’univers féminin plus qu’un défi au monde sociologique ou sexiste. L’intérieur prime sur l’extérieur, la beauté de l’âme est plus importante que celle du corps, l’amour est supérieur au désir. Le foulard islamique ou la coiffe chrétienne sont une forme ou des objets pour le spectateur mais un sens et une éthique pour la femme qui le porte en sa qualité d’être spirituel qui aime Dieu et se soumet à sa volonté, en sa qualité d’être ontologique qui exprime son vouloir, son croire, son savoir, son devoir, son pouvoir, son faire dans un registre particulier et privé de sa vie qui n’a de sens que dans un espace public car dans l’intimité elle est sans le voile ou le foulard. Le drapeau tricolore est aussi sur le plan matériel un bout d’étoffe qui n’a aucun sens à être porté en privé par le Président de la République, il est destiné à être montré au dessus des frontons des édifices publics. Sa symbolique n’est pas dans son désir de s’afficher en public d’une manière ostentatoire mais dans l’interprétation citoyenne qui le regarde comme un symbole exprimé par l’agencement des couleurs. Il montre bien à contrario du foulard que le symbole pour qu’il soit il lui faut exprimer une ou plusieurs fonctions : Une fonction d’inclusion et d’exclusion, une fonction de représentation ou de désignation. Ainsi il va symboliser la continuité de la nation française depuis la royauté (le blanc), sous l’égide centralisatrice de sa capitale Paris (bleu et rouge) et à travers sa révolution républicaine (rouge) ; c’est une contiguïté dans le temps ; d’autre part, il exclue en symbolisant évidemment ce qui relève de la nation française et ce qui n’en relève pas en flottant aux hampes des postes frontière les et des ambassades qui délimitent l’espace de souveraineté nationale et excluent de la nationalité française donc du droit français et de la protection française ceux qui sont de l’autre côtés des bornes. Il s’agira symboliquement d’une contiguïté spatiale et temporelle sachant que les frontières sont des bornes et des lieux historiques. Le français musulman est il une contiguïté spatiale et temporelle de la France si c’est oui fermons le débat et travaillons ensemble pour l’intérêt de la France si c’est non ouvrons le débat sur un problème de fond celui de l’intégration mais cela suppose la fermeture du débat sur le foulard pou travailler ensemble dans la sérénité sur l’élargissement de la contiguïté entre la France laïc et l’islam. De même, les trois flèches de l’emblème de la social-démocratie symbolisaient la lutte contre les ennemis qui étaient la bourgeoisie, la réaction et le fascisme. Le symbolisme de la faucille et du marteau du drapeau communiste est un slogan politique, un mot d’ordre idéologique, un programme social : l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie contre l’aristocratie pour la conquête du pouvoir et l’établissement de la société socialiste libertaire et égalitaire.

L’histoire a changé la symbolique des drapeaux reste mais une lecture sereine de l’histoire, de la sociologie exige de recontextualiser les signes et leurs références. La femme voilée désigne t’elle un ennemi à exclure, un allié à inclure ou tout simplement une façon de se vêtir pour exprimer sa pudeur et répondre aux injonctions divines.

La liberté et la république ne peuvent par respect du principe universel sacro saint de la liberté de conscience mettre la musulmane dans le terrible choix entre Dieu et l’Etat, entre pudeur et impudeur, entre l’école et le voile. Il n’y a aucune raison de plonger la musulmane dans une tragédie de Corneille alors qu’elle aspire à vivre dans la sérénité et dans la République, états psycho sociaux qui ne sont pas antinomiques. Le faire serait un crime car soit la république se suicide en se pendant le cou dans un foulard ou bien les musulmans se sentiront banni et exclus dans une république qu’ils assimileront davantage à une boutique de chiffonnier ou de tenancières de bordel qui ne méritent ni respect ni considération ni dialogue. Dieu soit témoin du drame qui se prépare dans le coeur de nos enfants et dans le coeur de nos cités qui vont se réveiller agréssés. Nous aimons ce pays et nous voulons qu’il reste fidèle à ses valeurs républicaines authentiques. Que les intellectuels haineux répondent à ma question quelle est la signification de la symbolique de tous ces drapeaux dans un monde qui a perdu ses repères géographiques, historiques et sociologiques et qui doit sur le plan herméneutique ou sémiologique inventer une nouvelle symbolique c’est à dire de nouveaux repères pour continuer à exprimer quelque chose qui ne soit pas archaïque ou insensé. Le changement, l’adaptation sont la réponse. Le foulard peut changer et il change de forme, de style, de couleur mais la pudeur ne change pas tant que la femme a décidé de rester pudique car on peut changer de monde, de frontières, de symboles mais on ne peut changer ni les valeurs ni la foi d’un homme ou d’une femme. Nietszche a raison de dire que si l’histoire devait à chaque fois s’accomplir à coup de tonnerre (faire les changements par la force) n’y aurait plus d’homme pour vivre l’histoire (le changement deviendrait une absurdité) . Ce qui est en jeux ou enjeu ici ce n’est pas le foulard mais l’interprétation et l’appropriation des symboles de la république. Si au départ il y a volonté de confiscation, monopole et rapport de domination nous ne sommes plus dans un débat républicain et bien entendu la République est en danger par ceux qui refusent de dialoguer. Il n’ y a de dialogue que s’il y a présence de tous dans le respect des différences sans violences et sans préjugés pour trouver un compromis, un nouveau consensus sans passer par la lutte et les émeutes ou les compromis de rapports de force et de domination qui ont prévalu dans les régimes totalitaires, anti démocratiques et les monarchies absolutistes. Il n’ y a aucun débat sur le foulard ou sur l’islam. Le débat se situe au niveau de quelle école pour quel avenir pour que l’exclusion actuelle ne soit pas aggravée par l’exclusion par l’argent et la technologie dans un monde uni polaire. Quelles sont les valeurs républicaines est comment les vivre en étant athées, bouddhistes, juifs, musulmans, chrétiens, sans entrer dans une secte, dans un monde qui aspire à plus de spiritualité et plus d’humanité mais moins de socialité gavée de sexe, de drogues, de guerres, de marchandises et de films diabolisant et débilisant. Et c’est là où la symbolique ou le débat sur les symboles doit intervenir : La République est elle un symbole qui exprime des valeurs, un mot qui exprime du mensonge, une institution bureaucratique qui produit de l’exclusion et de la discorde, une société qui produit une polysémie comme elle produit une toile colorée non pas comme un acte gratuit et improvisé mais comme un projet impliquant tout le monde. Le débat n’est pas d’exclure le musulman mais de trouver le cadre, les moyens pour qu’il s’implique davantage pour le bien de la France et pour son épanouissement personnel. Ce sont les craintes des personnes que nous prenons en charge dans les programmes de soutien scolaire et de remise à niveau que nous exprimons ici avec nos mots mais avec leur douleur.

Le musulman de France est il le futur ambassadeur de la France qui veut renouer avec ses traditions gaulliennes pour devenir un acteur majeur dans l’équilibre mondial et la coexistence pacifique tout en exportant ses valeurs qui lui permettent d’élargir sa profondeur stratégique par la conquête de l’amitié des peuples musulmans privés de citoyenneté ou bien va t’elle en faire ses ennemis qui vont s’allier contre elle avec tout ceux qui souffrent de la stupidité de la super puissance.

L’équation est simple car le symbole par définition est ce qui réunit dans un déplacement de l’un vers l’autre pour se reconnaître et revivre ensemble après une longue séparation. Le sens étymologique du mot grec sumbolon, qui signifie jonction, réunification, union, définit un objet partagé en deux, la possession de chacune des deux parties par deux individus différents leur permettant de se rejoindre et de se reconnaître. Les grecs avaient l’habitude de faire de longs voyages et de longues guerres qui provoquent de longues séparations au cours desquels le temps a fait son oeuvre de transformation des lieux et des physionomies. C’est plus qu’un mot de passe ou une carte d’identité c’est un signe d’identification, de reconnaissance lorsqu’on est condamné à vivre dans le changement et la séparation. Tout dispositif de reconnaissance dans lequel il y rupture puis déplacement et enfin union est un symbole même si les personnes ne se reconnaissent plus par le nom, la physionomie et les coutumes. Il y a un passé à reconquérir ensemble, un avenir à reconstruire ensemble pour échanger les souvenirs, ne plus être seuls, redonner à chacun son droit perdu. Dans l’histoire de Pénélope attendant Ulysse c’est l’arc qui a été le symbole qui a départagé les prétendants à sa main et qui a permis l’union amoureuse du couple qui s’est perdu de vue trop longtemps. Soient ce sont les humains qui se déplacent pour réunir l’objet coupé en deux soient comme pour Ulysse c’est la dynamique et la maîtrise de la fonctionnalité de l’objet qui met en place un dispositif symbolique qu’on appelle le symbole. Une clé et un coffre séparés puis réunis sont le symbole de la compréhension de notre problème en France. Il ne s’agit pas d’objets fétiches comme des drapeaux, des foulards, des bérets basques qui créent du symbole il faut des dispositifs qui créent de la symbolique rendant les objets et les signes des symboles. Ces dispositifs sont mus et actionnés par des humains en quête de rencontre, en quête de projet, en quête de souvenir. Une République sans citoyens deviendrait une chose, un fétiche. Elle n’est république que parce qu’elle est publique dans le sens ou elle est une dynamique sociale de repérage, d’appropriation d’un sens partagé, de partage de projet de temps ou d’espace, de quête d’un vouloir vivre ensemble. Il n’y a de couleurs a voir que s’il a des regardants sensibles à la couleur et aux jeux d’ombres et de lumières. Il n’ y a de symboles que s’il y a des compétences symboliques c’est à dire des hommes et des femmes mus par une quête de vie, de sens, d’idéal, de dynamique social. Le symbole montre, réunit et enjoint non pas par la valeur fétiche des objets mais par la compétence symbolique de l’humain qui manie du symbole et non manipuler du symbole pour interpréter le monde et vouloir le changer pour vivre dans une dimension non pas réduite à l’icone mais ouverte à l’universel, à l’imagination créatrice de symboles, aux projets porteurs de civilisation. Le symbole avant de réunir et bien avant de se démultiplier pour appartenir à plusieurs qui ont l’engagement plus moral par l’humanisme humain que formel par les lois des institutions va d’abord montrer l’objet qui anticipe sur la rupture, la séparation et la réunification et montrer aussi la transaction essentiellement humaine dans l’émotion que les hommes partagent dans le regard échangé dans la désignation du symbole virtuel. Dans cet esprit de débat sur le foulard comme symbole ou signe ostentatoire nous avons vu la République bafouer ses valeurs, ses règles, son histoire en créant de faux symboles qui montrent ce qui n’est pas et ne doit pas être ; qui ne rendent pas sensible ce qui doit l’être en focalisant non pas l’attention mais juste un verbiage républicain sur un sujet et un objet qui n’est ni symbolique ni une revendication de créer du symbole. La fonction du symbole est de révéler par des formes concrètes des valeurs abstraites ou oubliés pour montrer ce qu’on a en commun et pour partager une partie de sa vérité pour avoir une vérité plus grande et plus mobile pour transcender le temps, l’espace et les différences véhiculées par l’histoire. Nous avons vu pour le moment un scénario mal écrit et mal interprété de présenter le foulard comme diversion politique, bouc émissaire de l’échec du sionisme qui fait face à des femmes voilées qui n’abdiquent pas et l’enlisement des américains en Afghanistan partis en guerre pour libérer la femme voilée et en Irak pour se débarrasser d’un dictateur mais en réalité pour continuer leur oeuvre civilisatrice d’extermination des autres. La République et les citoyens français doivent refuser l’analogie aussi bête que méchante de présenter le voile comme une symbolique de l’islam conquérant, oppresseur des femmes. Si la femme voilée devient un modèle d’exclusion ou un modèle d’analogie au terrorisme la République est en dérive totalitariste par la faute de ceux et celles qui ne savent manier les symboles que comme stratégie de diversion, de xénophobie, d’alliances politiciennes ou géostratégiques sur le dos des français.

Cette bataille sur le symbole du foulard a dévoiler l’art de manipuler les symboles et l’incompétence de manier les symboles comme l’indélicatesse des gens raffinés et civilisés dans leur façon brutale et éhontée de frotter à la toile émeri des sensibilités relevant du sacré ou du profane mais combien exacerbées par les malentendus, les injustices, les échecs, l’indifférence. Cette bataille sur le symbole du foulard va dévoiler la symbolique de la bataille qui se joue à l’insu du peuple français et qui consiste à lui présenter un bouc émissaire pour le détourner de ses préoccupations essentielles à laquelle on ne répond plus depuis trop longtemps et surtout à le dépouiller de son histoire et de ses valeurs républicaines. Les muftis de Marseille, de Paris ou d’ailleurs comme les bons démocrates arabes et les bons musulmans, c’est-à-dire les soumis, qu’on appelle au renfort témoignent encore de la médiocrité de ceux qui veulent manipuler les symboles. Les grecs nous ont aussi légué le diabolom qui est le contraire du sumbolom. Si le symbole unit son opposé diabolique est le dispositif qui désunit, qui détruit les symboles. On l’appelle communément le diable, il peut avoir des apparences angéliques, intellectualistes, humanitaires et mêmes humanistes. Tout ce qui est touché par le Diable est perverti, souillé. L’acharnement contre le voile est du harcèlement moral il ne peut être l’oeuvre de républicains intègres mais celui d’apprentis sorciers, de diablotins qui vont semer la zizanie et la haine dans une conjoncture internationale qui doit épargner notre pays s’il reprend ses esprits et agit avec intelligence, responsabilité et respect des sensibilités religieuses.

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Les symboles de la République doivent être partagées par tous et la République au nom de ses symboles doit donner à chaque citoyen la liberté d’avoir ses symboles personnelles tant qu’ils ne portent pas atteintes aux valeurs de la République qui sont l’égalité, la fraternité et la liberté. La république a beaucoup de valeurs à faire partager comme l’exercice de ses devoirs, l’exigence de ses droits, la justice, la dignité humaine, l’universalité, la pluralité sans exclusive… La compétence symbolique de l’homme qui produit et manie du social rend le symbole anthropologique mais aussi social du fait de la nature de l’homme et que prône la République : Il faut que le citoyen puisse reconnaître le symbole républicain comme tel, qu’il n’y ait pas d’incompréhension, ni de confusion ni de contestation quant à son contenu et son sens. Cela suppose le dialogue social, car il s’agit de consolider ou d’adapter des valeurs sensés fédérer les groupe sociaux, les communautés, la société. Pour fédérer il y a la compétence citoyenne et symbolique qui a vocation de rassembler pour débattre et trouver le consensus c’est à dire le nouveau pacte social pour que le symbole en se métamorphosant, cétéris paribus, continue à produire du consensus, de la socialité, de la reformulation, de la rencontre.

Le symbole n’est pas seulement consensuel, il exprime l’appartenance à un temps, un espace, des valeurs. La république peut exclure un temps ce qui ont commis des délits contre l’intérêt des citoyens, des communautés, des emblèmes nationaux mais elle ne peut bannir celui qui exprime une différence ou une appartenance qui relève de la foi donc de la liberté de conscience et de pensée. La religion ce n’est pas seulement la liberté de croire mais c’est aussi la liberté de faire c’est à dire pratiquer sa religion sans contrainte sur l’esprit, la lettre et la forme de la pratique religieuse. La république est médiation sans parti pris, elle est conciliation sans discorde, elle est arbitrage sans tison de haine et d’exclusion. La fonction principale du symbole républicain c’est donner les garanties que les serviteurs de la République, les grands commis de l’état sont neutres, crédibles, objectifs, désintéressés pour créer du consensus social, de la pluralité, de l’arbitrage, de la dynamique sociale, de la protection pour les minorités. Pour Victor Hugo la liberté d’aimer est aussi importante que la liberté de penser. Aimer son corps on peut l’aimer de différentes manières, aimer la République on peut l’aimer de différentes manières, aimer la vie on peut l’aimer de différentes manières, l’important est d’aimer et non de haïr. Aimer c’est écouter, partager, magnifier l’autre. La démocratie ne peut dériver en dictature d’une classe sur une autre ni d’un parti sur un autre ni de la majorité sur la minorité. La république ne peut prendre fait et cause dans l’absolu pour les intégristes laïcs contre les croyants, elle ne peut aussi monter les croyants les uns contre le autres, tous sont citoyens français ils ont besoin d’un Etat régulateur, médiateur, conciliateur ni jacobin ni subversif contre les musulmans ou contre une autre partie de la société. La république n’est pas directrice de conscience pour dire au musulman quel est l’islam qui lui convient ou qui est l’imam qui lui convient ni quel livre lire ou quelle chaîne de télévision voir, elle administre le culte mais ne gère pas les sanctuaires. Cela n’est de sa compétence ni de ses symboles, ni du vœu des croyants. Son rôle est de veiller à ce que nul ne vienne profaner ou confisquer un cimetière, un sanctuaire, une école, un tribunal de justice, un espace démocratique. Il appartient à la République de traiter tous les sanctuaires, les fondations et toutes les association avec le même dispositif légal sans exclusive, sans exclusion, sans exception et sans privilège. Tous les hommes sont égaux et frères. De cela nous pouvons parler et apporter notre contribution à l’apaisement social, à la diffusion des valeurs républicaines, à l’émancipation de l’homme et de la femme, à la lutte contre la pauvreté, à la lutte contre la déperdition sociale et à la marginalisation de la jeunesse dans la drogue, la violence, la délinquance, la culture de l’échec. Nous pouvons vous parler du rôle du musulman connaissant sa religion, craignant Dieu et aimant les hommes, de ce qu’il doit dire et faire pour apporter de la solidarité et recevoir de la solidarité à ses frères en humanité sur le sol français pour sortir les humains du ghetto du sectarisme, de l’isolement social, du racisme, de la peur de l’autre, de la peur de soi.

L’accusation de communautarisme jetée contre la face belle et délicate et le corps chaste et pudique de nos coreligionnaires est un déni de justice et une négation de la définition même du symbole dans le cas ou nous accepterions par l’absurde de nous soumettre à la pensée unique qui veut présenter le port du foulard comme un symbole ostentatoire. La même pensée unique et ignorante qui veut présenter l’islam comme une religion de clandestins qui ne peut s’exprimer que dans le coeur d’individus sans liens pour les représenter ou les unir est une hérésie intellectuelle. Voici ce que dit Lévi-Strauss, « il est de la nature de la société qu’elle s’exprime symboliquement dans ses coutumes, et ses institutions ; au contraire, les conduites individuelles ne sont jamais symboliques par elles-mêmes : elles sont les éléments à partir desquels un système symbolique, qui ne peut être que collectif, se construit ». Voici ce que dit Ortigues « le symbole est un phénomène de communication indirecte qui n’est signifiante que par l’intermédiaire d’une structure sociale, d’une totalité à quoi l’on participe, et qui a toujours la forme générale d’un pacte, d’un serment, d’un interdit, d’une foi jurée, d’une fidélité, d’une tradition, d’un lien d’appartenance spirituelle, qui fonde les possibilités allocutives de la parole » Le musulman comme tout humain respectable dispose d’une compétence symbolique imaginative, indicielle, onirique, cosmique pour interpréter ou manier du symbole sur le plan social, politique, esthétique, historique, psychologique. Cette compétence d’interprétation, de maniement des signes c’est donner du sens mais c’est aussi négocier le sens ou les objets qui vont véhiculer le sens et les valeurs pour ne pas être comme les pharisiens de Babel qui parlaient la même langue mais ne se comprenaient pas et qui ont finit par s’auto détruire par la violence, les non dits et les malentendus. Manier du symbole c’est faire l’inventaire de toutes les virtualités (de virtus, potentiel de vie), ces futurs possibles qui vont devenir actuels une fois les actants, ces êtres ontologiques qui sont missionnés par un destinateur pour le compte d’un destinataire pour accomplir une quête à l’issue de laquelle ils seront glorifiés ou sanctionnées. La glorification est un acte symbolique ostentatoire, la sanction est un acte symbolique oblitérant qui n’interdit pas la réinitialisation de la quête pour accomplir son Destin comme le dit Jung « pour ne pas décevoir la vie devient ce que tu dois être ». Toute interprétation symbolique qui détruit l’autre ou confisque sa liberté d’être assassine le symbole donc la dimension cosmique de l’homme pour en faire un commis de l’état, un assisté de la CAF, un suspect des fonctionnaires du ministère de l’intérieur dont la mission n’est pas de manier le symbole mais de manier les armes pour défendre le citoyen contre l’ordre maffieux, le non droit et les passe droit. L’histoire de toute symbolisation est l’échange libre et égale entre les intervenants dans le processus de symbolisation, de réalisation du symbole ou de son actualisation qui se mettent d’accord sur le contenu et le prix du marché symbolique ou concret qui va les unir ou les séparer pour un temps au cours duquel est garanti le pacte scellé, la reconnaissance, la mobilité et la paix lors des retrouvailles, la signification du symbole et la représentation formelle du symbole ( une convention, une charte, un contrat social, un engagement moral). La difficulté de la fonction symbolique de la République, de la communauté n’est pas dans l’objet à prendre comme modèle ni dans le consensus à lire de la même manière le symbole ou du moins dans une certaine direction qui ne prive pas de lecture ou de sens ceux qui sont différents et qui doivent avoir le droit reconnu à la différence et à la polysémie. La difficulté est dans le cadre de formulation du symbole, du lexique de communication pour dire la même chose, de la communication sans bruits et sans manipulation. Le cadre n’est pas technicien ou législatif ; il est humain, sociologique, philosophique, spirituel, culturel, citoyen car il s’agit davantage de produire du sens et de communiquer pour trouver du sens nouveau à partager que d’imposer du non sens, des voies sans issues par des lois qui ne règle rien car l’humain et en particulier le croyant n’est pas un véhicule qu’on canalise par un code de la route et qu’on fait valider par un ingénieur des mines. Le symbole relève davantage du mariage des couleurs que de la définition des sens interdits, des voies sans issues, des impasses, des sens obligatoires et des autres silences iconique. C’est ce qui explique pour Henri Lefebvre la disparition du symbole dans les formes de civilisation contemporaines où s’exerce le pouvoir. Plus le pouvoir est absolu plus le sens est confisqué par ceux qui ont du pouvoir, de la technicité mais pas d’imaginaire, pas d’humanité.

La république manipulée par les apprentis diaboliques va produire non des symboles mais seulement de la peur, de la haine, de la nostalgie et un temps conjugué au passé, elle ne saura plus construire des projets à visage humains. La seule chose qu’elle saura faire est de devenir Saturne ou Chromos dévorant ses enfants comme dans les mythologies grecques et romaines. Les mythologies sont peut-être au sens girardien des réminiscences de l’histoire trop complexe et trop inhibée pour être tenus pour fausses mais il est une certitude elle ne se raconte qu’au future une fois le suicide collectif consommé ou l’histoire confisquée et manipulée pour effacer les acteurs, les causes et les effets. En général toute mystification qui devient procédurière est l’annonce de la fin du système en place.

La France doit se préparer à vivre la post modernité dans le continuum gréco romain non plus celui de Prométhée et de la boite de Pandore mais celui de Hermès, le messager des Dieux, le protecteur des voyageurs, des commerçants et des artistes. Hermès est le symbole de l’échange, de la convivialité, de la non territorialité car la mobilité des hommes et des idées ne peut être vécue dans les espaces clos, bornés par les lois et les murs de la honte. L’age d’or des bâtisseurs de murailles, de forteresses, de technologies, de puissance, de domination s’achève dans l’annonce de celui des bâtisseurs des rhizomes de communautés communicantes qui se meuvent comme les flux et les reflux de la mer, une symphonie d’alternance, de fusion. Le monde nouveau en émergence n’est certainement pas celui de l’esprit de géométrie mais bien celui de l’esprit de finesse qui ne veut se voir contenir les subtilités de l’autre dans des règles archaïques pensées par les géomètres de la politique, de la société qui ne savent que borner et interdire. L’esprit de finesse va montrer que l’histoire est en train de transformer le monde, contre ceux qui veulent le contenir dans leurs privilèges et leurs préjugés, en opérant mutadis mutandis le passage de l’ère judéo chrétienne à l’ère christiano islamo laïc en France même s’il est plus difficile de casser un préjugé que de casser un atome (Einstein). L’hésitation, l’improvisation, le manque de courage et de lucidité et le manque d’initiative historique des laïcs comme des musulmans ne vont pas changer le cours de l’histoire car elle s’écrit d’une manière non ostentatoire dans les consciences des hommes et des couches sociales qui sont portés vers le changement non par un déterminisme social ou historique mais bien par un déterminisme symbolique celui de l’ascension du particularisme local au cosmogonique, du matériel au spirituel, de ce qui sépare à ce qui rassemble, de la séparation à la rencontre, de l’immobilisme du statut quo au changement vers l’universel, de la forme au sens, de la loi à l’amour, de l’individu et la nation à l’humanité, de l’homme à la Transcendance. Ce voyage est celui de la quête de l’homme pour retrouver son adamité, s’approprier son passé, s’impliquer dans son avenir et accomplir sa légende individuelle et collective la paix dans le cœur et dans la cité s’il en paix avec Dieu (Saint Augustin) il sera alors un temps conjugué dans la mémoire, l’attention et l’attente dans tous les espaces publiques en nous, pour nous et par nous tous.

Les musulmans sont invités au Jihad, compris effort méritoire de compréhension, d’adaptation, de vertu et de travail positif, pour créer la concorde entre être musulmans et être européens. Ils doivent ouvrir un débat serein et répondre à la question qui leur est posée comme un choix rédhibitoire s’ils peuvent vivre intégralement musulman et non intégriste musulman dans une société occidentale laïque refondée depuis la Renaissance sur la négation de Dieu et du fait religieux. Les faux débats sans symboliques militent pour des réponses négatives ou tronquées car on veut placer le musulman malmené par les médias dans le choix de l’âne de Buridan. Les musulmans sont acculés à dire non aux réponses aux arguments de la réalité sociale et politique. Un premier argument tient à leur vécu qui démontre qu’ils ne sont pas reconnus, malgré le discours d’intégration ou de discrimination positive qui se met en place, en tant que français comment le seraient -ils alors en tant que musulmans ? Le second tient au fait que l’Etat républicain historiquement « jacobin » est structurellement une tutelle qui impose « un moule identitaire, un profil citoyen » plus qu’un arbitrage ou une médiation sociale, culturelle, économique et politique qui architecture des espaces de socialité inter communautaires et construit par le dialogue et le consensus un pacte social dynamique comme un dénominateur commun sans cesse remodelé de valeurs communes partagées, de perspectives d’avenir convergentes, de participation de tous dans la vie de la cité ou dans la vie universelle. Les non musulmans vont plus loin dans l’extrême difficulté de pouvoir vivre ensemble en annonçant un choc de cultures violent qui va détruire la république et la cohésion sociale déjà fragile ? L’histoire, les préjugés, l’absence de dialogue, la fracture sociale et culturelle de plus en plus grande entre communautés conjugués à la fois au passé colonialiste pas encore suffisamment digéré pour être réapproprié sans passion, le lobbying sioniste qui fait l’amalgame entre terrorisme et Islam dominent l’ espace médiatique qui lui-même façonne l’espace public en répondant à quelques timides interrogations ou a quelques frileux rapprochements par des clichés qui incitent davantage à la répulsion qu’à la compréhension.

Les musulmans de France doivent prendre conscience qu’ils représentent sur le plan spirituelle la majorité religieuse et la seconde religion officielle de France. Cela leur donne plus de devoirs que de droits car ils sont dans l’obligation dans ce pays de faire du Jihad bien compris et bien contextualisé une préoccupation majeure pour que le vécu de leur foi dans la citoyenneté ne soit pas l’occasion de dériver vers un fanatisme, un rigorisme littéraliste ou une bigoterie condamné par l’Islam. Leur Jihad est aussi une préoccupation pour que l’exercice de la citoyenneté dans un pays séculairement laïc ne soit pas une déviation de l’esprit de leur religion par faiblesse, complexe, complaisance ou par esprit de compromis et une soumission hérétique à une appellation « islam français ». L’islam est une religion monothéiste il est un et indivisible comme Dieu qui l’a décrété.

La rencontre de l’islam avec l’occident ne saurait se résoudre dans l’équation simpliste l’abjuration culturelle et religieuse ou dans une communautarisation en ghetto qu’on veut pousser à un comportement hostile aux autres confessions et réfractaire à l’ordre républicain. Le grand Jihad consiste justement à dépasser ces visions manichéennes et sortir des visions réductrices qui ne cherchent que l’exclusion ou les divergences pour trouver les liens de fraternité adamique et de bon voisinage recommandés par le Prophète (saws). Le voisinage aujourd’hui à l’échelle du village planétaire ne s’arrête pas à l’étage de l’immeuble de la cité mais va jusqu’aux bouts du monde rapprochés par la technique et la volonté des hommes. On nous refuse en terre de tradition chrétienne par peur de notre rôle missionnaire qui est pourtant simple, continuateur de l’esprit d’amour de Jésus : semer la miséricorde et la paix et non dominer ou contraindre :

Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. 21 – 107

La mission de l’islam ne consiste pas à convertir les gens mais à transmettre et expliquer la révélation coranique dans la liberté. On explique bien le Capital de Karl Marx dans les universités du monde capitaliste :

Eh bien, rappelle ! Tu n’es qu’un rappeleur, et tu n’es pas un dominateur sur eux. 88- 21 :22

Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est- ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? Il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission d’Allah. 10 – 99 : 102

Le musulman ne va pas céder pour autant sur les problèmes essentiels qui touchent à sa foi, à ses croyances et à ses valeurs comme il ne va pas céder aux pressions qui occultent son devoir de participer à la gestion de la cité des hommes :

Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens baqara 143

Il se peut que le musulman soit agressé dans sa sensibilité et dans sa foi par des ignorants iniques cela ne justifie en aucun cas son recours impertinent, inopportun et incontrôlé à la violence :

Il a le recours d’endurer avec patience, Il a le recours de s’isoler temporairement pour exprimer son désaccord, il a l’obligation de refuser de se soumettre à ceux qui veulent détruire sa foi ou la corrompre

Fais preuve de patience (en restant) avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier. Et dis : “La vérité émane de votre Seigneur”. Quiconque le veut, qu’il croie, quiconque le veut qu’il mécroie”.

Il a l’obligation de fortifier sa foi et sa vie républicaine par l’instruction et en jouant un rôle social et politique plus fort pour faire entendre sa voix et celle des opprimés, des faibles, des justes, des femmes, des sans droits pour que la république ne soit ni bafouée ni confisquée. Il a la prière et la vertu pour vaincre la peur, l’angoisse, la solitude, l’indifférence, l’inaction pour reconquérir sa place dans la société et jouer à coté des autres le rôle qui est le sien : faire le bien, témoigner en toute justice et proclamer le Thawhid en restant humble et ouvert à l’universel :

Et n’échangez pas Mes révélations contre un vil prix. Et c’est Moi que vous devez craindre. Et ne mêlez pas le faux à la vérité. Ne cachez pas sciemment la vérité. Et accomplissez la Salat, et acquittez la Zakat, et inclinez-vous avec ceux qui s’inclinent. Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous- mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Etes-vous donc dépourvus de raison ? Et cherchez secours dans l’endurance et la Salat : certes, la Salat est une lourde obligation, sauf pour les humbles

Armés de leur foi, de la vertu et de l’endurance les musulmans qui croient au destin, qui aiment la France mais qui refuse tout fatalisme peuvent trouver les voies, les formes et les actions multiples et appropriées au regard de la situation sociale, culturelle et politique en France pour faire entendre leurs voies et passer des alliances d’intérêts de foi, de conviction et d’amour de la République.

Il faut sortir des débats stériles et s’engager uniquement dans ceux qui posent la problématique de l’émancipation de la femme des conditions indignes dans laquelle on veut la faire vivre et des symboles mercatiques dont on veut qu’elle soit la représentante. Le combat pour l’émancipation c’est de refuser d’enfermer les cités dans l’assistanat social et les stages bidon pour aller vers des solutions inédites, courageuses. Si les représentants de la communauté musulmane n’ont pas la capacité d’entrer dans ces débats qu’ils aient le courage de faire comme toutes les minorités : mobiliser l’esprit de conservation pour impliquer les plus compétents, les plus entreprenants, les plus conscients à se mobiliser pour que les musulmans de France puissent, en dehors du débat duel entre laïcisme et islamisme, produire son élite et son argent ; participer à la production et à la répartition de la richesse nationale en conformité avec ses principes religieux. La Zakat ne doit plus être morcelée et vidée de son contenu social et spirituel. Il faut se libérer du processus aliénant de la consommation effrénée et du crédit qui sont des pratiques du Riba. Le Riba comme système de pratiques usuraires et de produits de la financiarisation de l’économique est illicite. Le prophète Mohamed (saws) en comparant le Riba à cent fois l’inceste avec la mère a proximité de la Kaaba la fermé la porte à toute spéculation visant à duper le musulman quant au bien fondé du crédit et des intérêts. Ce hadith va plus loin en désignant le consommateur, le praticien et le théoricien de la riba comme des monstres. La question qui mérite d’être posée : Toutes ces horreurs et toutes ces guerres atroces et impitoyables auxquelles nous assistons sur toute la surface du globe ne sont-elles pas l’œuvre de monstres qui se débattent comme des aiguilles déboussolées dans des champs de perversion morale, économique, sociale, culturelle et politique. Ne sont ils pas semblables à ces jouets maléfiques qui s’évadent de le boite de Pandore ou à ces donneurs de leçons de démocratie, de droits de l’homme, de paix et de justice manipulés par le diabolom qui, au contraire du symbole, divise et met en conflit :

Ceux qui pratiquent l’intérêt usuraire ne se tiennent que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. baqara 276

Il faut protéger et promouvoir la famille de la désintégration : La famille est sacrée, les liens de parenté sont sacrés. Les enfants ne doivent pas être livrés à la rue. Les filles ne doivent pas être considérées comme des infra être, elles sont le creuset de l’humanité et elles doivent mériter toute l’attention quant à leur éducation, leur instruction et leur responsabilisation individuelle et sociale. L’amour incomparable du prophète (saws) pour sa fille Fatima et pour ses épouses Khadija et Aïcha n’est-il pas un modèle parfait de considération de l’homme pour la femme. Marie la Vierge n’est elle pas la grande Dame de l’histoire. La sœur et la mère de Moise ne sont elle pas un modèle d’espoir comme Eve l’a été pour Adam ?

Le statut du musulman dans la quête de la science ou dans la divulgation du savoir est celui du combattant, s’il meurt dans sa mission il est chahid, martyr dans la cause de Dieu. Mohamed a donné au savant sincère et moujtahid un statut supérieur à celui de martyr en disant « l’encre du savant est plus sacrée que le sang du martyr » ou encore « les savants sont les héritiers des prophètes ». La science ici devient une responsabilité religieuse grave, elle ne peut s’exercer que si les conditions d’acquisition et de diffusion du savoir sont réunies. Ces conditions sont la liberté et la responsabilité. Le musulman est tenu donc de lutter pour la sauvegarde, l’élargissement et la garantie des libertés individuelles et collectives. Cette lutte exige une militance sociale et politique pour les libertés non seulement en France et en Europe mais aussi dans l’ensemble des pays et en particulier des pays musulmans qui souffrent de la tyrannie et de l’injustice. Ce Jihad est effectivement akbar Jihad car il est possible de le mener en France et refuser de le mener est une hérésie, une trahison, une démission que refuse l’islam qui met la liberté comme condition sine qua none à la Daâwa, la mission de témoigner sur l’islam et sur et la liberté de culte et de conscience. La meilleur Daâwa est celle qui consiste à devenir exemplaire sur le plan de la piété, de la vertu, du savoir et de l’action sociale, culturelle politique et économique au service de l’humain. Il nous faut insister sur le terme humain car le musulman est un fragment de l’humain et à ce titre il est au service général de l’homme et non au service particulier du musulman. L’islam refuse le sectarisme, le racisme et le repli sur soi.

Les musulmans militent dans la cause de Dieu pour éviter la perversion et la perdition dans un monde matérialiste, permissif et égoïste dans le même esprit et avec la même détermination pour éviter la confiscation des droits, des libertés, des fruits de la croissance, du savoir, du bien être et de la culture. Les hommes sont nés libres pour jouir des attributs d’hommes libres et de citoyens égaux en droits mais ils naissent aussi missionés pour accomplir leurs responsabilités et à ce titre ils sont tenus à des devoirs envers la cité des hommes quelque soit la confession, la race, la nationalité, le pouvoir et la situation sociale des hommes.

Dans ces moments difficiles générés par l’imposition par la force d’un nouvel ordre mondial inique et néocolonialiste le plus grand Jihad reste la lutte contre le désespoir et la démission. Nos imams doivent offrir des perspectives d’avenir, des témoignages historiques de la force de l’Islam dans la résistance contre la dépersonnalisation et l’injustice. Les prêches incendiaires, la mystification des anciens, l’anathème contre les juifs ou les athées comme le silence complice ou coupable devant les atteintes aux droits de l’homme et aux symboles de l’islam ne sont pas la meilleure façon d’aider les jeunes musulmans à assumer leurs responsabilités de citoyens croyants : Le cri des minbars ne peut être ni un exercice de rhétorique bigot ni un simple cri pour occuper l’espace sonore et encore moins la reproduction d’un système qui confisque la parole des musulmans dans la cité, dans le foyer, dans le travail, dans la mosquée. Le cri des minbars ne peut être un juste cri de révolte perdu dans les milliers de cris de souffrance, de privation, de déni de droit. L’appel du minbar n’a de sens que s’il est appel à l’espoir comme l’appel à la prière est un appel au Falah (réussite). Il faut qu’il se transforme en projets de transformation de l’homme pour relancer la dynamique sociale et spirituelle de la hijra du Prophète de la Mecque vers Médine dans un nouvel ; espace et un nouvel esprit celui de la rupture de l’ordre des ghettos sans droits et sans perspective à celui de la cité citoyenne animée par un projet fédérateur partagé par tous pour le bien de tous. La mosquée et en particulier le minbar du Prophète sont un lieu de ressourcement spirituel mais aussi un lieu et un moment d’initiation à la pédagogie de la libération de l’oppression et de la transformation de soi pour modifier positivement son environnement par l’incitation au savoir et au savoir-faire, à l’initiative économique, sociale et politique dans la vie active de la cité et dans le respect des lois et règlements.

Les musulmans de France doivent exprimer leur envie de vivre sans affliction et sans chagrin, sans démission et sans exclusion, en situation de force morale, spirituelle, politique et sociale s’ils reviennent au Thawhid c’est-à-dire au monothéisme pur et sincère vécu cette fois ci dans la République.

Le retour au Thawhid comme principe d’unicité absolue de Dieu l’Omniscient, l’Omnipotent, l’Omniprésent dans la cité des hommes repose essentiellement sur le rapport du musulman au musulman dans le cadre de la fraternité islamique et le rapport du musulman à l’humain dans le cadre de la fraternité adamique. Ce double rapport sacré de fraternité n’a de sens que s’il s’inscrit dans la mise en œuvre des grands principes islamiques : la justice et l’équité, le pardon et l’amour, la solidarité et la justice sociale, la responsabilité individuelle et collective, la prééminence du bien sur le mal, l’adhésion à la vérité et à la sagesse sans culte de la personnalité, sans fétichisme des idées, de l’argent ou du pouvoir. Les musulmans doivent se mobiliser dans la recherche de la lumière pour s’éclairer et éclairer autrui dans l’efficacité, l’humilité et la disponibilité.

La foi comme le Jihad en islam n’est pas un discours ou un sentiment mais une praxis sociale : « Ce qui sort de la bouche comme explosion du cœur et que confirme les actes ».

Avec nos frères chrétiens, nous pouvons sur le thème de l’amour et du pardon trouver un dénominateur commun pour faire de la cité des hommes un havre de paix, nous pouvons construire cette cité sur l’ énoncé augustinien par exemple qui consiste à faire la symbiose entre la paix avec Dieu (la paix de la conscience), la paix avec soi ( la paix du cœur et la sérénité de l’âme) la paix dans la cité des hommes (la paix avec autrui par la reconnaissance et la solidarité). Nous pouvons trouver mille et un trait d’unions pour nous réunir et laisser nos divergences religieuses, idéologiques, partisanes de côté pour refonder le pacte social, le pacte républicain dans lequel nous avons une place honorable pour jouer notre rôle historique de communauté du bien.

Musulmans nous ne pouvons que souscrire à toute action laïque de bien, de cohésion sociale et de fraternité adamique car notre Chariâa comme notre Jihad n’ont pour ultime finalité que plaire à Dieu et servir l’humain créature honorée de Dieu.

L’islam est subversif comme l’esprit du républicain laïc qui se révolte contre l’injustice, l’oppression comme l’a été Moïse contre la tyrannie de Pharaon, de ses armées, de ses prêtres, de son système culturel aliénant et de son socle socio économique exploiteur et spoliateur. Il l’est toujours par essence contre toute forme de tyrannie nationale ou mondiale. Profitant de notre statut d’européens nous pouvons déjà concilier puis conjuguer la vocation universelle libératrice de l’Islam et celle plus restreinte du siècle des Lumières et de la commune de Paris en faisant abstraction du clivage laïc religieux pour aller vers le dénominateur commun : la libération de l’homme et le progrès dans une définition bien comprise de la Liberté. Il ne s’agit pas de gommer nos différences ni d’occulter nos mémoires historiques ou nos attentes de l’avenir que nous ne pouvons voir uniforme. Il s’agit de trouver le plus grand dénominateur commun qui rend nos différences acceptables car le pacte qui nous unit est non plus celui du combat identitaire de l’un contre l’autre mais de la volonté de reconnaissance des uns et des autres. La reconnaissance est la réappropriation de la nouvelle naissance de chacun différent mais ensemble dans le temps et l’espace partagé. Nous ne voulons pas revivre le combat identitaire contre l’autre car les stigmates du fait colonial qui nous a liés dans un ordre d’exclusion, d’aliénation du fait d’un système dégradant pour le colonisateur comme pour le colonisé. La colonisation des esprits, des cœurs, des consciences est plus que le viol des territoires à coup de canons et de forteresses qui jugulent l’autre réduisant son espace de vie et sa liberté jusqu’à son éradication ou sa révolte destructrice. Nous devons veiller de part et d’autres dépasser ce qui nous sépare, ce qui nous différencie pour empêcher le racisme de se développer et éviter l’émergence des chocs de culture. Au niveau social les chocs culturels peuvent produire de la civilisation s’ils sont vécus ensemble comme une grossesse puis un accouchement mais peuvent produire des ruines s’ils sont vécues comme des cooups de béliers des uns contre les autres. La plus grande forteresse finit par céder aux coups du bélier s’il y a volonté de frapper méthodiquement et sans pause les symboles qui empêchent l’histoire d’avancer.

Oui, dans un cadre serein et constructif, nous pouvons, en partenariat avec les autres communautés religieuses ou idéologiques, conjuguer les symboliques de la libération dans notre pluralité culturelle, confessionnelle mais dans notre unité citoyenne :

– Empêcher l’Europe de dériver vers une nouvelle forme d’impérialisme dans le nouveau partage du monde dicté par le nouvel ordre économique.

– Contribuer à faire porter haut, fort et loin la voix des opprimés et celles des défenseurs de la paix et des libertés dans le monde.

– Construire des passerelles avec toutes les civilisations pour la prospérité de tous les peuples et la grandeur de l’humain.

Nos convictions nous invitent à nous allier à toutes les bonnes volontés pour le triomphe de la vérité, du droit, de la justice et de la paix dans le monde contre toute forme de monopole économique et d’hégémonie militaire ou politique. Le prophète de l’islam a décrit le monopole comme la pire des injustices commises contre l’humain comme il a décrit la sagesse comme le don le plus précieux et là où elle se trouve le musulman est tenu à se l’approprier et en faire usage pour le bien de tous.

Refuser d’accompagner ou de se joindre à une manifestation qui crie à l’injustice sous prétexte que le mouvement initiateur est laïc ou athée est une incurie politique et une démission religieuse pour ne pas dire une forme de sectarisme réfuté par l’esprit du message coranique et de la Sunna du prophète. Le musulman ne peut se faire allié d’un non musulman pour humilier ou vaincre un musulman est une chose mais se taire devant l’injustice est une autre chose. Je prends la responsabilité devant Dieu de dire dans la transparence que je me sens plus proche du citoyen européen qui manifeste son refus contre le bellicisme américain que le bigot du moyen orient qui exige la soumission absolue au détenteur de l’autorité, interdit le la Choura ( démocratie islamique) et demande d’accueillir les envahisseurs en libérateurs et protecteurs.

Le message coranique est clair : le pouvoir ne doit pas être détenu par les nantis et les opulents qui affichent leur luxe et leur luxure avec ostentation car l’ostentation des uns est oblitérante pour les autres comme le jeu d’ombres et de lumières. Quelle que soit la religion affichée, l’idéologie exprimée le système politique déclaré tout signe ostentatoire de richesse est une offense pour ceux qui travaillent ou qui souffrent par manque de travail, c’est une incitation aux rêves impossibles que ne peuvent s’offrir les non nantis qui va tourner au cauchemar de la drogue, de la violence, de la prison. Tout signe ostentatoire de richesse comme celui de Coré est condamnable car il est incitation à l’illusion, il est la semence de la turpitude morale, de l’entropie sociale et de la corruption économique. Ce n’est pas un symbole mais une division pour l’humanité car il produit de l’exclusion, de l’humiliation contre l’homme et son intelligence. Quelque soit la forme apparente de la lutte, lutte des classes, lutte politique, guerre pour le pétrole, guerre coloniale ou désinformation médiatique c’est toujours la lutte entre deux imaginaires : celui des forces du bien et celui des forces démoniaques. Le musulman a choisi son combat celui de combattre le diable pour défendre le symbole, celui de la vérité, de la justice, de la liberté, de l’espoir et de la foi.

Ce rôle émancipateur de l’islam n’est pas en contradiction avec l’engagement citoyen, il ne peut être exercé que si et seulement si il y a un pacte républicain de conjuguer les efforts de tous pour faire sortir les jeunes musulmans du ghetto communautariste qui les étouffent pour assumer leurs responsabilités de citoyens, exercer leurs droits et devoirs civiques, participer à la vie politique et sociale non plus confinés dans la cité de la banlieue mais dans la grande cité des hommes.

Musulmans nous ne pouvons par foi et par obligations religieuses afficher un double langage, être hypocrites envers les hommes et se montrer déloyal envers Dieu. Si notre Jihad consiste dans la société occidentale, entre autres, à trouver un modus vivendi entre la laïcité séculaire et la Chariâa islamique nous ne pouvons accepter de subordonner la loi de Dieu immuable et parfaite à celle des hommes relative et imparfaite. Le choix est sans équivoque : Accepter d’être traité d’intégriste, de fondamentaliste, de terroriste est préférable que d’être un renégat à l’Islam, un hérétique. Le pacte conclu entre les hommes est plus sacré pour le musulman quand il est conclu sous le regard de Dieu. Que les non musulmans aient l’intelligence de voir la sacralité du pacte que nous voulons et pouvons construire avec tous pour le bien de la France. Ceux qui veulent mettre le musulman dans le rôle du Cid et de Chimène se trompent d’époque, de tragédie et d’enjeux stratégiques. Le pacte des hommes ou le pacte de Dieu ne peut être présentés comme monnaie d’échange ou comme un choix ostentatoire contre un refus oblitérant ou l’inverse. Nous cherchons le juste milieu comme nous le commande nos principes et notre morale.

Prendre conscience de sa valeur symbolique en tant qu’argile valorisée par Dieu et dont la valorisation l’a promu en créature humaine honorée par Dieu c’est prendre conscience de l’importance du symbole de l’unicité de Dieu unifiant le monde qui du croyant d’inscrire sa prière dans une vision globale du monde et donner à cette prière une tonalité et une coloration exclusivement monothéiste : Le Thawhid. La conscience de l’unité du monde et de l’unité du genre humain mène à la perfection mais elle n’est pas encore la perfection. L’unicité de Dieu unique créateur, unique divinité non seulement mène à la perfection mais elle est la perfection : au moment où l’on réalise le Thawhid on réalise l’unité de soi, du monde, on atteint donc de ce fait la perfection. Il y a de très grandes joies à aller de l’éclatement de soi à l’unité. De la conception de l’homme sur sa propre valeur dépend le regard de l’homme sur le monde et son interprétation des concepts et de son évaluation des choses. Ce qui a fait dire à un savant musulman la valeur de l’homme est la mesure de toute chose, si l’homme est négligé et méprisé le monde matériel a plus de valeur et de considération que l’homme et à l’inverse si l’homme est honoré toutes les choses n’ont de valeur que l’usage et l’échange sans devenir des fétiches ou des objets aliénants la liberté et la grandeur de l’homme. L’homme cet être ontologique c’est à dire cette créature humaine qui a aussi bien des attributs spécifiques ( dire, croire, savoir, vouloir, devoir, pouvoir, faire, aimer) par rapport aux autres espèces de la création que des compétences distinctives à la fois symboliques (désirer, chercher le sens, rechercher les liens de causalité, étudier les signes, pratiquer des cultes et accomplir des rites), oniriques ( rêver, imaginer) et cosmiques (archétypes, fitra…) qui témoignent de son adamité. Ces compétences peuvent être regroupées en quatre qualités : Des qualités de dire ou ne pas dire c’est à dire le verbe, des qualités d’être ou ne pas être c’est-à-dire l’état, des qualités de faire ou ne pas faire c’est-à-dire l’action,, des qualités de croire ou ne pas croire c’est-à-dire la foi et les croyances. L’homme n’est pas une somme ou une soustraction de ces attributs mais une combinaison d’attributs qui agissent mutuellement les uns sur les autres du fait du potentiel intrinsèque (inné) et du milieu (acquis). Du fait de la finitude et des limites de l’hommes ces attributs ne peuvent être suffisants pour donner tout le sens à l’intention, à l’action, à la liberté, à la responsabilité et à la finalité du potentiel adamique que chaque être possède virtuellement et c’est là où intervient le commandement divin ” Fais ceci et ne fais pas cela”, ” crois en ceci et ne crois pas en cela”, “soit comme ceci et ne soit pas cela”. Ces commandements qui n’aliènent ni la liberté de l’homme ni son libre arbitre ni la portée de sa responsabilité sont pourtant la manifestation de la qualité de bonté divine. Notre égalité relève de quelle chose de plus sacrée : nous sommes tous des créatures honorées par Dieu et chargées d’une mission sur terre : adorer Dieu et faire régner l’ordre, l’amour et la justice, se préparer à passer dans l’autre monde en enfer ou dans le paradis. Nos différences vont se dévoiler à l’épreuve pour exprimer la grandeur du potentiel positif ou négatif de la conjugaison de nos verbes d’état, de communication, d’action, d’affect, d’intellect, de percept, de comportement éthique et esthétique au présent, au passé et à l’avenir mais aussi dans le moi individuel, le nous communautaire et le nous universel et bien entendu sur tous les registres spirituels et existentiels et sur tous les plans économiques, sociaux, politiques, culturels, intellectuels.

L’éducation saine du musulman ne consiste pas à lui remplir la tête de faits et de discours apologétique mais à lui donner les moyens de construire une pensée autonome qui puisse évaluer les avantages et les risques, mettre en place des stratégies, faire le bon choix de la manière non seulement la plus pertinente, la plus opportune, la plus efficace et la plus cohérente mais aussi la plus vertueuse qui donne à la grandeur de l’humain la place de choix. La notion de justice est une conscience, un sentiment avant d’être une institution, un diplôme ou une fonction. Seule l’éducation saine permet de distinguer déjà dans la primo enfance le juste de l’injuste, l’équitable de l’inéquitable, l’impartial du partial, la global du fragmenté, le sens de la forme. Tout est dans le regard sur soi et sur le monde. Les comportements ne construisent pas ce regard mais ils résultent de ce regard. Les comportements sont l’expression de l’intériorisation des valeurs morales, des idées de noblesse et de grandeur. Les valeurs morales sont faites pour se réaliser dans l’action. Elles ne sont pas des discours théoriques, une apologie du passé, une rente intellectuelle ou religieuse. Le musulman ne doit jamais oublier qu’il s’appelle mouslime, le soumis à Dieu et le partisan de la paix. L’homme comme le spermatos qui lui a donné la vie doit devenir mouslim et accepter sereinement et loyalement le pacte de paix et d’amour d’un Dieu qui s’appelle et appelle en toute circonstance à la paix et à l’amour (As Salam, Al Wadoud). La paix comme l’amour ne sont pas n’importe quelle paix ou n’importe quel amour. Ce n’est pas la paix de la soumission à l’homme (chirk) ou l’amour du sexe et la satisfaction de tous les désirs (Ithm) , mais celle de la soumission à Dieu et la recherche de son amour. L’homme désacralisé par sa rupture avec le ciel ne peut nous imposer sa paix : La paix que Babylone a offert à Abraham, celle que Pharaon a offert à Moïse, celle que Ponce Pilate a offert à Jésus, celle qu’Israël offre aux palestiniens et l’Amérique au reste du monde. L’homme avilit et qui avilit autrui ne peut imposer sa conception matérialiste et brutale de la paix ni de l’amour, il ne peut ni inspirer la paix ni l’amour, il ne peut mériter la paix ni l’amour. La paix avec le diable doit être rébellion et l’amour devant la haine de la pitié. Il ne peut y avoir ni paix ni amour s’il y a l’injustice dans les rapports humains. Tous les rapports humains qu’ils soient physiques, affectifs ou sociaux, sont en relation consubstantielle, avec la justice (el ’adl ), et l’équité ( el quist), l’équilibre (el mizan), la connaissance ( al ilm) et la modestie (al thawadou’). La justice comme fondement et exercice du droit pour arbitrer entre les hommes dans les relations privées familiales ou publiques commerciales, administratives ou internationales est le socle qui rend une civilisation en expansion ou en déclin selon la manière dont est rendue la justice. La justice comme justice sociale dans la répartition du revenu national, l’égalité des chances à l’accession à la propriété, à l’éducation, au progrès social et à l’emploi est le socle qui rend une civilisation en expansion ou en déclin selon la manière dont sont traités les plus faibles, les plus démunis. La prospérité d’une nation est subordonnée à la justice et non à la puissance. La chute de Rome n’est pas vue par les notables de Rome mais prédit par ceux qui souffrent de la violence de Rome. L’home libre, Jugurtha l’amazigh, enchaîné et traîné dans une cage en criant à la face du monde que Rome est à vendre a exprimé la Fitra de l’homme, la religion originelle que Dieu a déposé en chaque cœur humain et qui fait sa grandeur et sa gloire ou sa déchéance et sa misère plus que celle de Rome. La chute de Rome n’est pas dans la baisse de son potentiel militaire mais dans l’injustice de sa colonisation. La décadence de la civilisation musulmane est dans la division du Khalifat en royaumes et principautés conduits par des rois et princes iniques. Il ne peut y avoir ni justice, ni paix, ni amour sans égalité de chance entre les êtres et sans reconnaissance de leurs différences.

Le musulman doit mettre fin à sa régression et chercher à avancer vers l’avenir avec fierté car il n’a pas à se poser la question d’identité d’abord parce qu’il n’est ni un bâtard de l’histoire et encore moins un résidu de la civilisation occidentale qui reste jeune et fragile malgré ses apparences de puissance terrifiante. L’islam est la religion de la fitra, celle d’Adam et d’Eve, d’Abraham et de Hajer, de Moïse et la fille de Cho’a¨b de Madiane, de Jésus et sa mère Marie et enfin de Mohamed et ses épouses les mères des croyants Khadidja, Aïcha et les autres. Nous n’avons donc pas de problème d’identité mais nous avons d’autres problèmes :

– la reconnaissance : nous devons nous battre par l’argumentation, la conviction et le bon comportement pour être reconnus en tant que musulmans dans notre globalité non comme des fragments de bouts d’humains. Le musulman est par principe un pacifique mais aussi un guerrier qui n’a pas peur de donner sa vie pour Dieu et sa communauté si les circonstances l’exigent. L’islam n’est pas une discussion de salon pour intellectuels en mal d’audience c’est un creuset de foi, d’amour ; de solidarité et de Djihad. Notre mission est de libérer les autres de l’oppression physique et morale, nous devons proclamer haut et fort sans équivoque notre clémence et notre volonté de cohabiter avec tous les humains dans un esprit de solidarité, de respect mutuel et de reconnaissance d’autrui

– Le second problème est dans nos relations avec la société. Cette société qu’elle nous accepte ou nous refuse par racisme ou par anti islamisme ne nous donne aucune justification pour accepter de vivre victimaire en complexé et en ghetto social et culturel. Nous ne sommes pas des minorités ethniques mais une majorité musulmane comme Abraham était une nation, ici ou ailleurs, eu égard à notre vitalité spirituelle, cultuelle et démographique. Il est de notre devoir de participer à la prospérité de la nation dans laquelle nous vivons et de nous confronter dans le domaine de la culture, du social, du politique et des idées aux autres pour le bien de tous et dans le respect mutuel bien compris par tous . Faisant une mauvaise lecture du Coran certains ont l’impression que la responsabilité du musulman est égoïste vis à vis de soi même et non des autres, tourné uniquement vers l’au-delà oubliant que cette vie est le chemin de passage. Il nous faut sans complaisance dénoncer toutes formes de sectarisme ou d’injustice contraires à l’esprit, à la lettre et aux traditions du musulman.

– Le troisième problème est d’ordre interne : chaque musulman connaît plus ou moins parfaitement les aspects cultuels de sa religion, la signification de la foi mais il a perdu conscience de sa vocation : Adorer Dieu selon le monothéisme absolu, le thawhid. La vocation appelle l’exercice d’une mission et là les musulmans sont perdus, sans projet. Ils ont une responsabilité morale, sociale, politique et écologique envers Dieu et l’humanité. La responsabilité n’a de sens que si elle s’inscrit dans l’éthique : le bien faire (el ’âamal essaleh`). Pour le musulman, la responsabilité s’inscrit dans un pacte qui dépasse le maintenant et le ici, elle est encadrée par la responsabilité dans au delà : le jugement dernier (el hisseb). Une telle conception de la responsabilité n’est pas subordonnée à l’octroi d’un droit, d’un salaire préalable, d’un privilège ou d’une notoriété : c’est un devoir anonyme qui transcende tous les intérêts. Comme chacun est responsable de ces actes au-delà, chacun ne peut être que totalement libre en deçà. Il n’ y a pas de responsabilités sans civilité et bon comportement. La responsabilité n’a de sens que si elle s’inscrit dans un projet impliquant autrui. Autrui n’a de sens que s’il et respecté, honoré, écouté et aimé. Si l’on élève une personne en l’habituant à la vertu et à la justice, à l’amour du bien et au désir de le faire, si on l’initie à aimer ce qui est beau et à détester ce qui est ignoble, si bien que cela lui devienne une nature produisant aisément et sans affectation des actes louables, on appelle cela le bon caractère et les actes qu’il réalise tels que pudeur, indulgence, douceur, patience, endurance, générosité, bravoure, justice, charité, et d’autres vertus et perfections semblables, sont méritoires. La responsabilité de la famille, de l’école et de la mosquée est de diffuser de l’amour, de faire éclore le sens des responsabilités et de développer la noblesse de cœur et les bons caractères.

La responsabilité c’est d’anticiper les problèmes et leur trouver une solution honorable pour tous. Le solh ( le pacte ou la trêve) prime sur le harb ( la violence verbale, comportementale, politique ou sociale). L’islam n’a jamais laissé un problème réel ou virtuel sans lui apporter une réponse ou le cadre de la réponse. Dans le débat sur la symbolique nous invitons les musulmans et les non musulmans à trouver un terrain d’entente pour agir ensemble pour le bien de tous comme nous y invite le langage symbolique du Coran et de la tradition comme celui du hadith suivant connu par la parabole du navire :

« Les gens qui respectent les interdits divins et ceux qui les transgressent sont comparables aux passagers d’un navire. Certains d’entre eux logent sur le pont et d’autres dans la soute. Ces derniers, lorsqu’ils veulent puiser de l’eau sont contraints de monter sur le pont et de croiser ceux qui y logent. Ils se disent (au bout d’un certain temps) : ” Si nous faisions un trou dans la soute nous éviterons de déranger les passagers à l’étage.” Si les passagers qui sont à l’étage au dessus les laissent exécuter leur projet, ils périront tous ensembles. Mais s’ils les en empêchent, ils auront tous la vie sauve ».

Être ou ne pas être libre, responsable, sincère, vertueux, juste, aimant, confiant, loyal est un choix. Ce choix, le musulman ne peut l’exercer en faisant sombrer le navire sur lequel il est embarqué qui se trouve par le hasard de la quête symbolique celui de Paris avec comme devis « battu par les flots mais ne sombre jamais ». Nous pouvons conjuguer nos symboliques si la France met fin à sa politique assimilationniste qui refuse la voix de l’autre n’écoutant que la voix de ses élites. La politique d’assimilation comme la politique d’intégration sont des échecs tragiques arrêtons de cultiver les échecs et de produire des tragédies inutiles. La République peut donner les garanties pour que le musulman s’exprime comme le veut sa religion pour le bien de l’humanité si elle cherche à conjuguer l’humanisme à l’universel, dans l’action, dans l’être et dans l’Etat. Mais on a espéré un moment que les élites musulmanes changent de discours pour se hisser au niveau de leurs responsabilités universelles et historiques et prendre l’initiative de dire où nous allons, sans concessions sur nos valeurs, à chercher à créer un dénominateur commun et à l’élargir avec toutes les forces politiques et tous les courants idéologiques pour parler du bien de l’humanité, du bien de la communauté, des dangers qui menacent nos pays et nos ressources. Ce changement de discours conjugué à un changement dans les comportements ne peut naître que du travail d’interrogation de la conscience qui va inciter l’individu à passer de la récitation du Coran à la pratique du Coran, de la formalité de la Prière à l’acquittement de la Prière pour inviter non seulement ou obligatoirement à l’islam mais à l’intérêt universel, à la liberté, au développement social, au pacte de cohésion sociale, au multipartisme, à la gouvernance démocratique avec la connaissance la sagesse et la lumière car l’islam aspire à l’universel par sa vocation. Nous les musulmans nous devons prendre conscience de l’urgence de changer nos mentalités. Cela ne veut pas dire changer l’Islam mais changer notre faiblesse et notre exclusion du monde en force et en participation selon nos valeurs et dans le cadre de la recherche d’un dénominateur commun avec les autres qu’il nous appartient de trouver sans demander l’autorisation aux bigots religieux et aux censeurs laïcs. Toute la création de Dieu, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de l’intérieur à l’extérieur, du visible à l’invisible, est une dynamique. Cette dynamique sur le plan social, historique technologique, scientifique s’accélère exponentiellement et elle doit être considéré comme une Sunna de Dieu. Nous avons trois attitudes. Nier cette dynamique ou sa vitesse et rester immobile mais la loi de Dieu est limpide, l’immobilisme conduit à l’effacement puis à la disparition. Reconnaître cette dynamique et la subir soit en réaction soit en soumission à l’ordre nouveau qui est en train de s’instaurer et décider de vivre en rentier, en mercenaires ou en concierges : Notre religion mérite mieux que cela. Enfin ouvrir les yeux et accepter cette dynamique en devenant un acteur dans la dynamique. Nous voulons jouer notre rôle dans l’histoire de l’humanité non comme une aiguille dans un champ mais comme un champ magnétique avec ses lignes de forces, sa direction et ses lois. Redécouvrons les lois qui gouvernent notre champ et celui des autres pour trouver l’harmonie ou la compétition par le jeu d’attraction et de répulsion selon les perspectives et l’orientation dans le temps et l’espace social, scientifique, culturel, philosophique et spirituel. La question qui se pose à nous n’est pas de réagir ou de ne pas réagir, nous le faisons déjà et très très mal, mais d’être ou de ne pas être dans un monde complètement ouvert mais qui ne donne pas de place aux faibles et encore moins à ceux qui acceptent de s’exclure d’eux mêmes. Cela nous amène à la question d’importance capitale : les musulmans doivent se réveiller et se réorganiser pour participer à l’émergence d’une nouvelle société civile autonome des sphères dirigeantes , des élites faillitaires et de leurs réseaux rentiers traditionnels afin de participer à l’échelon local, régional et national à d’autres alternatives plus crédibles et plus efficaces que celles qui nous sont proposées et qui conduisent au suicide local comme le font au Maghreb et au Moyen orient les dictatures musulmanes et au suicide planétaire auquel nous conduisent le sionisme et l’hyper puissance hégémonique américaine. La République aspire aussi à l’universel et au changement conjuguons ensembles nos aspirations pour le bien de tous. L’aspiration mal comprise ou non partagée est une décadence car elle voile les réalités et les libertés.

La décadence morale, l’illusion de puissance ou de savoir et l’intégrisme voilent la conscience. La conscience voilée ne peut conduire à la vérité qui est un dévoilement de l’âme qui peut éclairer la conscience et le monde des hommes. Marx a montré que c’est le renversement des regards sur la problématique qui fait transformer la philosophie de l’être en philosophie de l’action pour transformer le monde au lieu de l’interpréter. Entre Marx et les philosophes il y a une rotation de 180°. Avec Hegel qui place l’amour comme moteur de l’histoire, la liberté comme cœur du dispositif du contrat social et du droit et la nécessité de changer le monde comme impératif spirituel il y un changement de paradigme dans le regard mais le problème de fond est le même : Quel est la place de l’homme dans le monde, quel rôle doit il jouer et avec quel degré de liberté ? Aujourd’hui les élites sont invités à faire la même rotation dans le discours sur la liberté : Nous devons passer du discours de la liberté de conscience à celui de la conscience de la liberté. Nous ne devons plus poser la question dans le cadre du passé consommé mais dans celui de l’avenir en construction celui de la post modernité qui pose le problème de la liberté avec plus de force que jamais et celui du renouveau de la spiritualité comme celui de la fédération des hommes sur des idées nouvelles qui ne font plus place aux concepts totalisants ni aux cadres totalitaires. Notre proposition pour donner le droit au musulman de jouer son rôle et sortir du ghetto de la pensée unique qui le contraint à se battre pour la liberté de conscience au lieu de se battre pour la liberté et pour la promotion de la conscience libérée, libre, libératrice et libertaire est aussi limpide que les vers du poète de génie al Mountanabi qui est épris de liberté plus que de poésie :

La vie est limpide
pour l’ignorant, comme pour celui
dont la conscience ne s’éveille à rien,
ni aux événements du passé,
ni à ceux que laisse surgir
l’avenir proche ou lointain.
Elle est limpide pour celui qui se leurre
devant des vérités certaines,
et la met en vente
en cherchant l’impossible :
pour n’en faire surgir
que le torrent des convoitises…

La nécessité de se libérer des illusions et de définir la finalité des actes et des intentions de cette libération est une problématique tant républicaine que musulmane. Se libérer de quoi, pourquoi, au nom de quoi ? Pour se partager un territoire et quelques jouissances éphémères ou se libérer pour partager des valeurs, un destin commun, un vouloir vivre ensemble, pour une mission à exercer dans la commune, dans la communauté des hommes dans le sens étymologique de chose commune à partager ensemble, de vision commune vers laquelle regarder ensemble et partir ensemble en concertation, en solidarité en fraternité. L’homme ne doit plus rester un loup pour l’homme ni un anonyme dépersonnalisé sans identité, sans communauté, sans valeurs, sans rêves, sans poésie. L’homme est devenu un ignoré, une inconnue car on a voulu nier la part de mystère qui est en lui, son âme, sa foi, sa fitra. Cette part de mystère pourtant c’est elle qui le guide et lui commande d’aller vers la fraternité adamique, de refuser l’exploitation de l’homme par l’homme et de le libérer de toute aliénation économique, culturelle et idéologique :

Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre connaissiez. 49.13

Oublier cette part de mystère et ce désir d’unité originelle c’est oublier le déclin qui s’annonce et qui a été senti par un grand voyageur comme Malraux qui a averti comme un visionnaire :

« Le destin de notre civilisation c’est la lutte entre deux imaginaires : d’une part celui des machines à rêver, avec leur incalculable puissance ; et d’autre part, ce qui peut exister en face de lui et qui n’est pas autre que l’héritage de la noblesse du monde… Nous sommes dans une civilisation qui devient vulnérable dans ses rêves, car ce qui est le plus puissant sur le rêve des hommes, ce sont les anciens domaines sinistres qu’on appelait « démoniaques, le domaine du sexe et le domaine du sang, et dans ces domaines, les dieux sont morts mais les diables sont vivants. » « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas »

L’islam est un tout on ne peut croire et mettre en application une partie de son enseignement et ignorer ou nier une autre partie, l’humanité est plurielle on ne peut la réduire à telle nation, à telle valeur ou à telle symbole, la République est partage, responsabilité on ne peut la confiner dans la loi, un symbole décontextualisé des changements sociaux et historiques ou juste la voir dans l’exclusion des uns par les autres. Se forcer à voire le monde sous le seul angle conflictuel et se résoudre à vivre en permanence dans la dualité par calcul politicien ou par mesquinerie sociale est une tragédie. Y adhérer par ignorance est excusable mais y participer avec intelligence et brio est l’expression d’une pathologie sociale schizophrénique ou d’une volonté mortifère qu’il appartient à ceux qui manient les symboles avec esprit de finesse de soigner en présentant les musulmans tels qu’il sont et tels qu’ils devraient être pour être en conformité avec l’islam révélé à Mohamed et à la République construite par la France dont le maillon de base est la commune. L’esprit de géométrie ne peut parler ni de l’humain ni des couleurs qui habitent ses rêves il ne peut parler que de lois pour borner les esprits, mutiler les âmes, coloniser les espaces et les soumettre à sa domination de censeur, de comptable ou d’arpenteur.

Le débat de fond n’est ni sur l’islam ni sur le foulard mais sur la commune le symbole le plus fort de la république car c’est le territoire ou le citoyen vit en proximité démocratique ou non démocratique la résolution de ses problèmes au quotidien et ce sont les communes qui sont le lieu d’opposition « quartiers » et « résidences ». Sur l’espace et les enjeux de la commune la République a le devoir de remplacer le terme communautarisme par expression communautaire et de faire accepter à tous le sens de communauté comme dérivé de celui de la communication sociale pour organiser les relations sociales. Quels sont les canaux de la communication que chaque communauté à travers ses élites doit construire et quels sont ceux que la République doit mettre à son service pour que la république ne connaisse pas la haine et la violence vécues par les pharisiens qui ne pouvaient plus communiquer car ils ne parlaient plus le même langage ? La République qui aime ces derniers jours manipuler les symboles doit manier les signes linguistiques et revenir au sens étymologique de la communauté qui est formé des étymons latins « cum » qui veut dire ensemble, « munis » qui veut dire engagement et « unis » qui veut dire unité. Alors elle peut interpeller tous les français y compris les musulmans sur le fond commun qu’ils partagent sur le plan historique , économique et culturel et sur la partie commune a construire ensemble pour tous les éléments sur lesquels il y aurait consensus qui prime sur les désaccords et les singularités rendant ainsi le temps et l’espace vivables et conviviaux. Le débat ne doit plus se situer dans le cadre de la modernité agonisante mais dans celui de la post modernité émergente. Dans cette option Van Vliet définit la notion de communauté dans la société post industrielle comme un ensemble contenant les éléments suivants : interaction sociale, système partagé de valeurs et un système partagé de symboles sur les quatre terrains : le social, l’économique, le politique et le culturel. Nous pouvons ensemble, croyants et non croyants pour la paix dans ce monde ci bas trouver mille et une raisons, mille et une voies pour construire sur le plan des principes partagés et de l’intérêt commun le consensus social donc de la communauté sociale au niveau local, national, régional ou universel mais il reste le plus difficile pour nous et pour les autres dans l’état actuel de nos mentalités réciproques :

– Les musulmans doivent jouer leur rôle imparti par le Coran sans la crainte d’être blâmés par quiconque, ce rôle doit cependant être bien compris et appuyé par le savoir et l’action sociale, politique, économique et culturel. Nous sommes tenus tous ensemble de relever les défis de l’existence profane à la lumière du sacré indiscutable. Le sacré est certes indiscutable mais n’empêche pas la question de la relecture et de la compréhension de certains éléments en fonction du background intellectuel de l’humain, de la société, de la science. Il ne peut être question de réecriture du Coran ou de la Sunna mais de relecture du monde. Le profane, tout ce qui n’est pas réglementé par le sacré, est discutable le but étant de rendre le monde vivable et maîtrisable pour l’homme héritier de la terre en sa qualité de Khalifat d’Allah et non en sa qualité d’allié de Satan. A quoi il nous sert de nous réunir si les défis qui nous harcèlent ne sont pas abordés pour nous inciter à la réflexion, à la concertation, à l’envoi de message aux élites et aux gouvernants pour leur dire hisser vous au niveau que nous attendons de vous… Le renouveau de la foi comme celui de la République ne concerne ni le sens de l’existence ni celui du monde mais la forme du monde et la nature des relations des hommes au monde ainsi que la contingence des liens de causalité et d’effets dans le monde du connaissable ou de l’exploration des aspirations et des ambitions légitimes. Qui fait l’effort sincère et avisé s’il a atteint le but visé il est méritoire sinon il n’ a pas démérité.

– Les non musulmans doivent sortir de leur confinement et de leurs préjugés et accepter l’interaction sociale et culturelle avec les musulmans ils y trouveront de l’intérêt. Il n’est pas interdit d’espérer l’émergence d’une post Andalousie avec son rayonnement culturel, son socius et son trait d’union entre l’orient et l’occident, l’Islam et le reste du monde pour le bien de l’humanité.

– La République doit descendre au niveau des banlieues pour faire partager des symboles et non pas faire des descentes de polices sur les banlieues. Mais Il est plus simple d’occulter les problèmes et de se voiler la vue devant la médiocrité de la pensée unique et dans l’action improvisée que de faire l’inventaire des difficultés et des forces agissantes à mobiliser pour trouver les solutions à la marginalité dans le monde pour remettre en marche des vivants et des résolus. La provocation par le scandale du foulard a l’avantage de casser la loi du silence et de l’immobilisme qui rend l’être individuel ou social ou politique prisonnier de la peur du scandale et de la peur d’offusquer les bonnes consciences, les bigots et l’ordre établi par lâcheté et par démission. Prétendre faire régner la justice sociale pour le peuple et par le peuple dans un discours gauchisant ou pour plaire à Dieu dans un discours islamisant sans donner la conscience du devoir à ce peuple et sans donner les moyens à ce peuple d’exercer sa souveraineté c’est se duper et duper le peuple. Les jeunes des banlieues comme tout le peuple de France ne peut exercer sa souveraineté que s’il a la compétence de manipuler les symboles et pour cela il doit disposer de suffisamment de liberté et d’autonomie d’action pour transformer son environnement et le rendre conforme à ses aspirations identitaires et à ses intérêts qui découlent des exigences du temps et de l’espace qui entourent son sol et son être. Cela passe nécessairement par la réappropriation de sa volonté d’être et de faire qui passe par la rupture avec le subir. Comment former et impliquer les jeunes à sortir de l’assistanat social qui les humilie et les libérer des pratiques capitalistes en libérant leur potentiel imaginatif et créatif pour en faire des artisans, des entrepreneurs, des agents de l’économie non spéculative et non exploiteuse de l’homme par exemple en les impliquant dans la vie associative, l’économie solidaire, l’organisation coopérative, le commerce équitable ? Tel est l’enjeux véritable des jeunes et non le débat de concierge sur qui porte ou ne porte pas le foulard.

Il s’agit, au lieu de nous infiltrer dans des impasses idéologiques sectaires, de trouver ensemble la méthode, la volonté, les hommes et femmes pour annoncer, conduire et accompagner l’acquisition de la culture démocratique authentique qui n’est pas un discours, un vote mais un sentiment démocratique et une conscience citoyenne c’est-à-dire le refus de la soumission à l’injustice sous toutes ses formes et le refus de se comporter en tyran dans n’importe quelle situation et en n’importe quel lieu privé ou public. La culture démocratique n’est pas une démocratie bureaucratique d’appareil mais la pratique démocratique dans les comportements sociaux dans le sens où les choix politiques expriment la volonté des citoyens et dans le sens ou ces choix sont mis en oeuvre par les citoyens dans une dynamique participative permanente de gestion politique, sociale et politique de la commune puis de la nation sans confiscation ou manipulation par les élites lors d’élection sans l’esprit impérial de Rome qui offre du pain et du cirque à la plèbe invité pour la circonstance. C’est pourquoi, tous, hommes et femmes, croyants et athées, agnostiques et laïcs, nous devons réagir à la « guerre des foulards » qui fait couler beaucoup d’encre et qui fait parfois perdre la raison de certain(e)s d’entre nous pour revenir au débat démocratique occulté et refuser que la démocratie ne continue à être un alibi pour un système d’alternance anti démocratique par décision des élites et des rentiers. Un tel système est pire que la monarchie car il se cache derrière la République pour exercer un pouvoir et s’accaparer des privilèges qui relèvent réellement d’un système « polyarchique » au sommet au lieu d’un ordre libertaire, consensuel, participatif et représentatif par le bas et qui est le véritable idéal « démocratique ». Les citoyens sont exclus des choix stratégiques, budgétaires, et monétaires une fois le cirque électoral terminé et les élues « désignés ». On prend d’autres ou les mêmes dans le même camp ou dans le camp alternatif et on continue de s’insérer dans le monothéisme du marché contre les intérêts des français et des peuples. Alors au lieu de débattre du foulard et de la barbe il faut débattre de la maîtrise démocratique des biens sociaux, du développement durable, du nucléaire, des retraites, de la santé, de l’éducation, de l’information et de la culture. La maîtrise démocratique passe par une information pluraliste dans un pacte républicain entre les média qui ont le devoir d’informer et le citoyen qui a le droit d’être informé ce qui suppose un contrôle démocratique des médias par les gens d’en bas.

Nous pouvons passer de la symbolique du débat de la République sur le foulard à la symbolique de la participation de la femme musulmane dans le débat citoyen pour la restauration des symboles de la République. La grandeur de l’Homme qui sait faire « sortir du désespoir le plus profond l’espoir le plus indicible » serait alors la grandeur de la République. La France n’est ni Rome, ni l’Amérique de W. Bush.

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APPEL À LA GRANDE MARCHE NATIONALE À PARIS LE SAMEDI 7 FEVRIER 2004 A 13H

Réponse de Youssef Seddik à l’article d’Abdelillah Benarafa