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La société générale interdit l’accès d’une de ses banques aux femmes Musulmanes

Le samedi 6 mars 2004 à 11H00, alors que je venais déposer un chèque, je me suis vue refusé l’accès à une agence de la Société Générale (SG Paris Maraîchers, n° de la rue des Pyrénées, 75020 Paris).

Après plusieurs coups de sonnettes restés vains, je me suis résolue à regarder à travers la vitre de la porte afin de comprendre la raison de cette attente.

Alors que j’étais à l’extérieur de l’établissement bancaire en question, une employée m’a, de l’intérieur, fait signe d’ôter mon foulard ce que j’ai légitimement refusé. Elle m’a, alors, fait comprendre, par gestes, qu’elle ne m’autorisait pas à pénétrer dans l’agence.

Je suis restée devant la porte et j’ai continué à sonner pour demander l’entrée.qui m’a de nouveau été refusée ! Au bout de quelques minutes de ce manège ubuesque, une cliente s’est présentée à l’entrée, ce qui m’a, alors, permis d’accéder, derrière elle, à l’intérieur de la banque.

J’ai dû affronter d’abord la réaction très agressive de l’employé et les regards, non moins agressifs, des clients déjà présents qui, sans avoir été invités à donner leur avis, m’ont informé qu’il y avait une “fiche” et qu’il fallait que je la lise…

Je vous transmets le contenu de ladite fiche : “Pour votre sécurité, l’accès à cette agence est contrôlé. Nous vous prions de bien vouloir ôter foulard, casquette, casque, ainsi que tout autre couvre-chef ou lunettes de soleil. Merci de votre compréhension.”Un employé de la banque m’a dit qu’il s’agissait là d’une circulaire de la direction.

Certes les établissements bancaires doivent assurer avec efficacité leur activité, la sécurité de leurs employés et de leurs clients. Je le comprends.

Toutefois, en l’espèce, il était plus qu’évident que je ne présentais aucun danger pour la sécurité puisque mon visage était découvert de façon à être reconnaissable et que mon foulard n’avait jamais dérangé personne jusqu’alors ! Il s’agit tout de même d’une banque dont je suis cliente depuis 13 ans !

Invoquer la sécurité n’est-il qu’un prétexte pour camoufler une attitude raciste et discriminatoire ?

Je vous signale, pour information, qu’une telle affiche ne figure pas dans l’agence qui tient mon compte et que je n’avais jamais été au préalable informé d’une telle “mesure”.

On a donné, dans les débats que vous connaissez, beaucoup de sens différents au “foulard”…mais, à ma connaissance, c’est bien la première fois qu’on affirme, comme le fait cette agence, qu’il pourrait servir à perpétrer des attaques de banques !

Cette “note” affichée par l’agence met le foulard (signe religieux) au même niveau qu’une casquette, un casque ou même des lunettes de soleil ! Est-ce légal ?

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Notons enfin, que seul le foulard est cité (en première position, d’ailleurs !) sur cette “note”, alors qu’aucun autre « signe religieux » ne semble concerné. (Pourtant, si l’on pousse cette logique absurde, il est clair que se déguiser en rabbin, en prêtre orthodoxe ou en moine bouddhiste est bien plus approprié si l’on veut se grimer afin de commettre une attaque à main armée !!).

Après avoir réussi tant bien que mal à déposer mon chèque, et subi plusieurs remarques désobligeantes, je me suis présentée, avec ma sœur au commissariat du XXe arrondissement, rue des Orteaux, afin de dénoncer cet incident et de porter plainte.

En effet, depuis quelques mois, les agressions verbales à l’encontre de femmes, jeunes et moins jeunes, qui portent le foulard se sont multipliées. Aujourd’hui, des entreprises, des mairies, des médecins exigent indûment des citoyennes de confession musulmanes qu’elles ôtent leur foulard en arguant de différents arguments, souvent illégaux.

Ces agissements, s’ils ne sont pas sanctionnés, ne feront qu’accentuer les amalgames, le rejet et les discriminations dont sont victimes les citoyen(ne)s de confession musulmane. Maintes fois, dans la rue, dans les transports en commun, des gens m’interpellent pour m’insulter de “sale voilée”. Même si je ne peux pas passer ma vie à poursuivre les auteurs de ces insultes, le fait de m’être vue refusé l’accès à un établissement grave pour que je vous interpelle.

La personne à l’accueil du commissariat, nous a demandé d’attendre, le temps qu’elle aille voir son supérieur hiérarchique. Après une absence de 15 minutes, elle est revenue accompagnée d’une personne qui nous a dit, dans la salle d’attente, donc devant tout le monde, qu’il n’y a pas objet pour porter plainte puisque j’avais pu déposer mon chèque !

Ma stupéfaction fut telle que je suis sorti sans même dire un mot.

Une fois de plus, je me sentais humilié et désespérée. La police qui doit protéger les citoyen(ne)s français(e), égaux devant la loi, me refuse le droit de porter plainte et même d’entendre ma version des faits !!

En sortant, ma sœur m’a conseillé de faire un recours, raison pour laquelle elle est retournée au commissariat afin de demander le nom de la personne qui nous avait parlé. Refusant de lui donner son nom, on lui a seulement mentionné qu’il s’agissait du chef de permanence (en date du 6 mars).

Cette note de la banque ajoutée à l’attitude des services de Police m’ont, vous le comprendrez, profondément choquées. Je doute fort de la légalité de la “note” affichée dans cette agence bancaire, au regard, notamment, de la législation qui sanctionne les insultes à la race ou à la religion d’un individu, mais aussi au regard des principes qui régissent la liberté d’aller et venir, la liberté religieuse individuelle.

En tout état de cause je vous rappelle que l’accès à la banque m’a été refusé et qu’il a fallu que je profite de l’arrivée d’une cliente pour me glisser à l’intérieur de l’établissement.

Vous êtes le représentant de la société française : c’est la raison pour laquelle je me tourne vers vous afin que vous examiniez différemment des services de Police ma requête et que vous m’autorisiez à déposer une plainte dont vous comprendrez qu’elle a surtout valeur de symbole.

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