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La présentatrice voilée de Channel 4, fustigée par un journaliste pour avoir couvert la tragédie de Nice, s’émeut de son non-lieu

En 2012, à 26 ans à peine, Fatima Manji était le nouveau visage rafraîchissant de la diversité sur Channel four News. Elle profitait alors du vent audacieux du changement qui soufflait sur la chaîne de service public britannique pour faire son apparition à l’antenne sous son hijab, tout en balayant sur son passage les préjugés anti-musulmans les plus tenaces et ravageurs.

Quatre ans plus tard, après avoir fait les heures enrichissantes de l’info généraliste en démontrant que le talent et la télégénie peuvent irradier sous le voile, la jeune femme, qui a gagné ses galons de présentatrice attitrée de la chaîne, est en proie à la consternation à l’annonce du non-lieu qui, le 19 octobre, a exonéré Kelvin Mackenzie, l’ancien rédacteur en chef du Sun, de ses propos abjects et irresponsables tenus à son encontre.

C’était le 18 juillet dernier, soit quatre jours après l’horreur absolue de l’attentat qui ensanglanta la promenade des Anglais, à Nice, Kelvin Mackenzie trempait sa plume dans l’encre noire de la haine, primaire et revancharde, pour fustiger la « stupidité éditoriale de Channel 4 » et diffamer sa journaliste qui, à ses yeux, avait l’indécence de couvrir la tragédie niçoise en étant voilée. Sa vive indignation culmina dans la stigmatisation odieuse, lorsqu’il s’autorisa à la livrer à la vindicte en la suspectant de « sympathie avec un homme ayant perpétré un attentat terroriste meurtrier ».

Réconfortée par les nombreuses marques de soutien de la part de ses collègues, Fatima Manji espérait beaucoup de l’arbitrage rendu par l’IPSO ((Independent Press Standards Organisation), l’instance chargée de l’autorégulation de la presse britannique. Mais ses espoirs ont été anéantis en une fraction de seconde à l’énoncé de son verdict extrêmement clément envers l’un de ses censeurs les plus implacables et malveillants qui soient.

Absout de toute faute pour avoir le "droit d’exprimer librement son opinion", aussi dénuée de fondement et dévastatrice soit-elle, Kelvin Mackenzie doit se réjouir de cette véritable prime à l’impunité qui lui a été décernée, l’encourageant à récidiver, voire même à se livrer à une chasse aux sorcières anti-musulmans au nom de la sacro-sainte liberté d’expression, ce paravent derrière lequel l’islamophobie se défoule sans garde-fous, comme s’en émeut sa principale et première victime.

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Affligée, Fatima Manji tire aujourd’hui la sonnette d’alarme, dénonçant vigoureusement dans un article publié dans le Guardian « un discours incitant à la haine et à l’intolérance religieuse contre sa personne », tout en reprochant vertement à IPSO d’avoir enfreint les règles d’or de la surveillance en matière de discrimination. Plus de 1 700 plaintes ont inondé la messagerie de l’organisme censé être indépendant et impartial, mais en vain.

Craignant désormais pour sa sécurité après avoir été littéralement lynchée sur les réseaux sociaux, la présentatrice voilée de Channel 4 n’a pas de mots assez forts pour exprimer son anxiété grandissante. Condamnant fermement, aux micros qui se tendent vers elle, « la suspicion terrible qu’a fait peser sur elle Kelvin Mackenzie », elle rappelle également de manière vibrante que « l’immense majorité de ses coreligionnaires a été épouvantée et a blâmé ce terrorisme aveugle qui contrevient gravement aux fondements mêmes de l’islam ».

Un terrorisme impitoyable qui, sous les roues d’un camion lancé à vive allure, a fauché de nombreuses vies musulmanes à Nice dont Fatima Charrihi, cette mère de famille arrachée cruellement aux siens, à qui Fatima Manji a souhaité rendre hommage avec émotion, parce qu’elles avaient en commun le même prénom et le même voile.

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