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La plus grande synagogue du Liban renaît de ses cendres

La synagogue Magen Abraham, au cœur de Beyrouth, est en pleine rénovation. Les ouvriers s’affairent à redonner à ce lieu de culte, vieux de plus de 80 ans, sa splendeur d’antan, alors que la communauté juive du Liban a fondu comme peau de chagrin – passant de 22,000 personnes avant 1958 à moins de 300 à la fin de la guerre qui a déchiré le pays entre 1975 et 1990.

Il est important de souligner qu’aucun parti politique, notamment le puissant parti chiite du Hezbollah, n’a opposé de veto à la reconstruction de la synagogue.

Pourquoi ce regain d’intérêt soudain pour ce symbole du judaïsme, alors que les termes « juif » et « Israélien » sont couramment employés de manière interchangeable au Liban et que le pays est encore techniquement en guerre contre Israël. Qui finance la reconstruction de l’édifice et quelle est la situation de la communauté juive au Liban ?

La plupart des juifs libanais ont quitté le pays craignant des représailles de la part de leurs concitoyens musulmans et chrétiens, surtout après l’invasion israélienne de 1982, bien que la religion juive soit reconnue comme l’une des 18 confessions au Liban.

La restauration de la synagogue redonne ainsi espoir aux juifs du Liban. Certains n’hésitent pas à évoquer le retour des immigrés juifs et leur représentation même au sein du Parlement. « Ce n’est qu’un début, mais les autorités libanaises s’intéressent de nouveau à notre communauté », lance David, qui préfère ne pas divulguer son nom de famille, professeur de français dans une école privée de la capitale. Ce quadragénaire a vu la plupart de sa famille se réfugier en Europe pour fuir les « exactions » durant la guerre.

« La fin de la guerre ne nous a pas redonné nos droits, il est urgent que les Libanais comprennent qu’un juif n’est pas nécessairement Israélien », souligne David. Ils sont nombreux à penser comme lui au Liban.

« La restauration de la synagogue est certes un pas important pour la communauté juive du Liban, mais nous sommes loin de l’époque où tous les Libanais, toutes communautés confondues, vivaient en harmonie », souligne l’analyste politique Ziad Khoury. « Cette restauration s’inscrit plutôt dans le cadre du projet de reconstruction du centre-ville de Beyrouth », dit-il. Pour lui, « le Liban veut se donner une image de pays pluriculturel où cohabitent toutes les communautés dans la paix et c’est principalement pour cette raison que la synagogue a été restaurée ».

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C’est le Conseil communal juif, avec un appel aux dons, qui se charge de la plus grande partie du financement des travaux de restauration de la synagogue qui vont coûter pas moins d’un million de dollars. Certains juifs libanais expatriés y contribuent aussi.

Les autres synagogues du pays, comme celles de Saïda (sud) ou d’Aley (sud-est de Beyrouth), où existe le plus ancien temple (1870), devraient également être réhabilitées, mais après la fin des travaux de la synagogue de Beyrouth.

La synagogue est d’une beauté captivante. Des arcades frappées de l’étoile de David aux inscriptions en hébreu, enfouies depuis 30 ans, tout doit être dépoussiéré et minutieusement retravaillé, alors que tout a été pillé pendant la guerre : les bancs, les vitres, les dalles, les colonnes et même l’imposant autel en marbre qui trônait au centre de l’édifice. Des slogans politiques dessinés sur les arcades et à l’entrée par des miliciens lors de la guerre civile témoignent de l’époque où le temple a été pris sous le feu des violents combats au centre de la capitale.

« Le Liban est plus qu’une patrie, il est un message pour l’Humanité » a dit le Pape Jean Paul II dans son discours du 10 février 2000 à la délégation de l’église maronite en visite à Rome. Cette reconstruction s’inscrirait, peut-être, dans ce cadre et tracerait le début du chemin pour que les droits fondamentaux de toutes les communautés libanaises soient pleinement assurés.

En partenariat avec le CGNews

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