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La notion de charia dans les écoles françaises

 Quelques centaines de versets coraniques et hadiths concernent la charia. Ces versets et traditions prophétiques sont très peu nombreux comparés aux plusieurs milliers d’articles de lois en vigueur dans les pays musulmans. Déjà au VIIIe siècle, l’imam Malik, l’un des fondateurs des quatre écoles juridiques musulmanes, affirmait que les versets coraniques et les hadiths concernant la charia ne présentait seulement que le dixième des règles du fiqh (la législation islamique ), et que les neuf dixième ont comme fondement la raison. Ces versets et hadiths définissent des notions précises comme l’héritage, les prières, les aumônes légales, ou encore les interdictions alimentaires qui peuvent êtres levées dans certaines conditions, où un musulman se trouverait dans l’obligation de consommer certains de ces aliments, ce qu’on appelle la ’’rukhsa’’ ( concession ).

D’autres versets et hadiths établissent des notions générales comme par exemple le verset qui précise que « Dieu ordonne la justice, la bienfaisance et interdit l’action immorale ou illicite » . Certains versets peuvent présenter des actions avec des règles précises tout en donnant une marge d’interprétation au juge selon le contexte : « traitez vos pères et mères avec générosité, ne tuez point vos enfants à cause de l’indigence , (…) soyez éloignés aussi bien des dehors que de l’intérieur des turpitudes , ne tuez point les hommes , car Dieu vous l’a défendu , excepté si la justice l’exige (…) ne touchez point au bien des orphelins (…) pesez au poids juste (…) quand vous prononcez un jugement , prononcez – le avec justice » (sourate 6 verset 151-152) . On remarque que la générosité envers les parents dépend de la situation financière des enfants, et que la protection de la vie de l’enfant est bien précisée . Donc les versets et hadiths présentent des règles générales ou strictes qui sont des principes qui correspondent notamment aux principes du droit international « la justice , prononcez – la avec justice ».

La plupart des théologiens musulmans, spécialistes en droit, énumèrent les autres sources de la charia en ayant recours à plusieurs principes tels que :

1- Al ijmâ : le consensus des savants .

2- – Alqiyâs : le raisonnement par analogie : chercher un cas dans la loi islamique qui sera voisin du cas nouveau et qui auront tous les deux la même illa (cause ). Dans ce cas on peut appliquer l’ancienne règle pour le cas nouveau .

3 – Al istihsân : la meilleure option.

4 -Al urf : coutumes ayant force de loi .

5 – Al ray : l’avis personnel du théologien .

Enfin les fondateurs des écoles juridiques et savants musulmans adoptent des règles générales telles que : Aucun préjudice ne peut être infligé ou rendu en islam . Ou encore l’injonction du bien et l’interdiction du mal . La règle ancienne : idrau al hududa bi ash shubuhat ( le doute bénéficie à l’accusé) . Ces règles générales vont dans le même sens que le droit international et correspondent parfaitement à l’esprit de l’islam .

Les manuels scolaire d’Histoire de cinquième limitent les sources de la charia au Coran et aux hadiths en négligeant les autres principes qui forment plus de 90% de la loi islamique . Il convient de revoir ces principes dans les éditions suivantes de 1997 :

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– Bordas (page.26 ) écrit « Les hadiths et le Coran sont la source de la loi islamique » et ajoute « la loi islamique : ensemble des règles fondées sur le Coran et les hadiths » .

– Magnard (page. 24 ) signale que le Coran « est à la fois un message religieux, un code juridique et un traité de morale ».

– Hachette (page24) affirme que « Le Coran et la tradition n’expriment pas seulement des croyances ou des obligations . Ils règlent tous les aspects de la vie des musulmans organisés en communauté » .

– Nathan (page.39) précise que la vie quotidienne des arabes « est marquée par la loi du Coran » .

La négligence des autres principes dans ces manuels donne au lecteur l’impression d’une loi archaïque datant du VIIe siècle . Mais cette loi islamique particulièrement dynamique, s’est enrichie à travers des siècles de coutumes ayant force de loi dans les différentes sociétés islamiques d’Asie ,d’Afrique et d’Europe . La charia s’est aussi enrichie du raisonnement des savants musulmans et du droit non islamique : par exemple le droit égyptien fondé sur la loi islamique est marqué par le droit français .

Mais l’image de l’islam véhiculée dans les manuels scolaires est encore teintée de préjugés. Pourtant selon les instructions qui accompagnent le programme d’Histoire, les objectifs de l’enseignement de l’Histoire s’inscrivent dans « les finalités intellectuelles, civiques, patrimoniales et culturelles ( … ) Les élèves ont été entraînés à lire et donc à donner sens à des documents , des cartes et des images ». Quant au manuel scolaire, il est considéré comme repère essentiel et fil conducteur « Ainsi les élèves pourront-ils acquérir une pratique autonome du manuel ». Le programme précise les grandes lignes du chapitre qui

concerne : Le monde musulman « L’essentiel est de présenter Mahomet , le Coran et la diffusion de l’islam et de sa civilisation . On insistera davantage sur cette dernière et son rayonnement , abordés à partir de l’exemple d’ une ville, que sur les constructions politiques qui résultent de l’expansion . Documents : extraits du Coran ; une mosquée . » B O no 1 du 13 février 1997 ,HS pp 41-43 .

Les différentes éditions des manuels scolaires présentent, « Mahomet dans les ailes de l’ange Gabriel », des versets coraniques tronqués, « des califes comme chefs suprêmes en islam » , (chef religieux et politique), « le djihad pour étendre l’islam » , « la polygamie autorisée par le Coran » , la charia comme une loi archaïque . L’étude précédente de ces sujets a mis en évidence des anomalies, des glissements de sens, ainsi qu’une mauvaise traduction des versets coraniques, bref un manque évident de connaissance de la culture islamique. L’absence de spécialistes de l’islam dans l’élaboration des programmes scolaires contribuent à donner certaines informations erronées relatives à cette religion. Ces informations ne correspondent pas aux objectifs de l’Education Nationale. le Ministère se doit de veiller de manière plus rigoureuse à l’élaboration des manuels scolaires .

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