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La “mauvaise adresse”, source de discriminations à l’embauche

Véritable gageure des temps modernes, l’emploi est une denrée rare cernée par les discriminations, ces petits facteurs de l’arbitraire qui empoisonnent le quotidien et éliminent d’office.

Patronymes, prénoms, origines culturelles et sociales, autant de motifs d’injustices qui condamnent avant même d’avoir pu faire ses preuves, et que dire d’habiter au mauvais endroit, ou jugé comme tel dans l’inconscient collectif ? Un rapport édifiant remis mardi dernier à Éric Besson par le bureau d’études Deloitte (sollicité par le conseil d’analyse stratégique) met en relief l’association choc des critères discriminatoires à l’embauche, parmi lesquels l’adresse se taille la part du lion.

Blacklistées, des villes entières sont ainsi marquées au fer rouge des recruteurs, qui les évitent comme la peste, ainsi que leurs publics présupposés en difficulté. Des testings ont démontré qu’un candidat portant un nom à la consonance bien française, mais vivant en cité, n’échappera pas au veto des censeurs de l’emploi, se voyant lui aussi soigneusement écarté des entretiens d’embauche pour un poste de comptable.

Si l’évolution des mentalités est un préalable indispensable afin de dépasser des préjugés aux conséquences sociales délétères, le cabinet Deloitte propose d’emprunter le chemin bien balisé de la législation pour y parvenir. Il s’agirait alors d’introduire dans la loi un nouveau motif de discrimination, en l’occurrence le lieu de résidence, une solution à laquelle la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) réfléchit sérieusement, après que deux villes pauvres de la banlieue parisienne, la Courneuve et Grigny l’aient sollicitée, estimant que leurs habitants subissaient collectivement une discrimination.

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Alors que le collège de la Halde estime que la discrimination socio-économique de territoires est difficilement judiciarisable, et que l’interdiction de la prise en compte de l’adresse dans les actes de la vie pénaliserait le commerce et toutes les politiques de rattrapage conduites par l’état, ZEP, ZUS… qui reposent justement sur un zonage, les juristes optent plutôt pour l’ajout d’une nouvelle discrimination dans le code du travail, en plus de l’origine réelle ou supposée, de la religion, de l’apparence. Il serait interdit de discriminer quelqu’un pour son adresse. La victime devrait alors faire la preuve d’avoir été recalée à cause de son lieu de résidence. Un autre combat, pas gagné d’avance…

Pendant que la crise fait rage, que la mine de l’emploi se raréfie, et que les juristes phosphorent, une autre initiative se profile. Le ministère des Finances étudie en effet la possibilité d’inclure un volet diversité dans le code des marchés publics pour favoriser les entreprises les plus investies. Une nouvelle source de motivation pour les entrepreneurs, la commande publique représentant près de 68 milliards d’euros, qui ne pourraient plus se cacher derrière leur petit doigt pour user et abuser de la discrimination à l’embauche.

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