L’État israélien utilise de manière systémique l’emprisonnement arbitraire et la maltraitance des prisonniers politiques palestiniens.
La détention administrative, une détention sans procès, sans inculpation, sans communication de pièce à l’avocat du prisonnier est renouvelable indéfiniment par période de 3 à 6 mois. Elle est très régulièrement utilisée par Israël et elle touche toute la population : hommes, femmes et même les enfants, alors que son usage systémique est contraire au droit international.
Au 10 août, on comptait 670 prisonniers en détention administrative. Les prisonniers et prisonnières palestiniens en détention administrative disposent d’un seul recours pour tenter d’obtenir leur libération : la grève de la faim.
Khalil Awawdeh
Khalil Awawdeh, âgé de 40 ans et père de 4 enfants, placé en détention depuis le 27 décembre, mène une grève de la faim depuis plus de 170 jours. Il ne pèse plus que 40 kilos. Il avait suspendu sa grève il y a deux mois, pendant 2 semaines, et l’avait reprise, la promesse de libération n’ayant pas été suivie d’effets.
Khalil est en danger de mort imminente. L’Union européenne a publié un communiqué ce dimanche, demandant sa libération immédiate.
Ahmad Manasra
Les enfants ne sont pas épargnés. Les mauvais traitements, voire les traitements inhumains qu’on leur inflige, lors de leur interrogatoire et durant leur détention, sont de plus en plus nombreux.
Agé de 13 ans lors de son arrestation en octobre 2015, après une attaque au couteau à l’encontre de deux Israéliens à Pisgat Zeev, une colonie israélienne illégale, située à Jérusalem-Est occupée, il a subi des mauvais traitements continus. Ahmad a été déclaré coupable de tentative de meurtre et condamné à neuf ans et cinq mois de prison, malgré son jeune âge et bien que le tribunal ait estimé qu’il n’avait pas pris part à l’attaque au couteau.
Ayant purgé les 2 tiers de sa peine, il pouvait obtenir sa libération anticipée, selon la loi israélienne. Celle-ci lui a été refusée, en vertu d’une loi promulguée après sa première détention, parce qu’il a été condamné pour des “actes terroristes”.
Mi-juillet, dans un communiqué de presse du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, des experts des droits de l’homme de l’ONU ont demandé au gouvernement d’Israël de libérer immédiatement Ahmad en raison de ses graves problèmes de santé mentale.
Malgré cette déclaration et des demandes réitérées auprès de plusieurs tribunaux, l’isolement d’Ahmad été confirmé jusqu’au mois de novembre. Cet isolement prolongé s’apparente à de la torture. Une pétition, lancée pour exiger sa libération, a recueilli plus de 438 000 signatures.
Chaque détention administrative, chaque atteinte au droit non dénoncée, non sanctionnée donne un permis d’aller toujours plus loin à l’État israélien dans ses attaques contre la société palestinienne.
Les déclarations ne suffisent pas. Nos gouvernants doivent prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à l’impunité d’Israël.
Le Bureau national de l’AFPS,
le 30 août 2022
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