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La laïcité expliquée au Sénat !

Le vote de la proposition de loi discriminatoire, présentée le 7 décembre au Sénat, sur le principe de laïcité dans les crèches, les centres de loisirs, jusqu’au domicile des assistantes maternelles a été ajourné au 17 janvier prochain. Le temps joue donc en notre faveur pour poursuivre et accentuer notre action afin de protéger non seulement les citoyennes françaises de confession musulmane de toute sorte de discrimination mais aussi, plus largement, la philosophie de la laïcité de toute forme d’instrumentalisation.

Il apparaît, de notre point de vue, fondamental de clarifier les termes du débat même si l’entreprise peut paraître prétentieuse, voire scabreuse. Seulement, le parti radical de gauche s’est arrogé le droit de bafouer les principes de la laïcité, alors nous nous accordons le privilège de leur planter une piqure de rappel sur l’esprit de 1905 à la lumière du cours donné par Jean Baubérot (1) à Nicolas Sarkozy ! La droite comme la Gauche partage au demeurant de la même hypocrisie ! La laïcité est presque à l’agonie. Les prétendus défenseurs de la laïcité sont sur le point de dépouiller la loi de 1905 de son âme. L’heure est donc à l’indignation et surtout à l’engagement !

A peine passé à gauche, le sénat propose une loi discriminatoire, en total contradiction avec l’esprit de la laïcité, stigmatisant la femme musulmane. On s’en souviendra derrière les rideaux des bureaux de vote. N’y a-t-il pas de défis plus sérieux que la France doit relever ? Ou alors est-ce une manœuvre démagogique visant à masquer les véritables problèmes sociaux et sociétaux sous ce petit bout de tissu islamique ?

Ne nous trompons donc pas de combat, car ce qui mérite aujourd’hui d’être dévoilé, c’est bien l’hypocrisie et les arcanes de la politique. L’avenir de la France est en danger. Il ne nous sied pas de laisser ces sacripants s’en prendre aux femmes pour asseoir leur pouvoir quand il ne s’agit pas de satisfaire leur pulsion sexuelle. En effet, certains d’entre ces canidés désirent gouverner un pays comme la France alors qu’ils ne sont même pas capables de gérer leur slip ! (passez-moi l’expression).

La France de Voltaire semble avoir perdu ses lumières. Cet acharnement sur ce morceau de tissu révèle une inquiétante pathologie politique. Pourtant, le conseil d’Etat après 1905 avait refusé d’interdire les processions religieuses dans la rue et la circulation des curés en soutane. Plus encore, des députés curés ont siégé en soutane à l’assemblée jusqu’en 1967. Etrange paradoxe. L’obscurité du moyen-âge semble refaire surface sous les jougs d’une nouvelle idéologie extrémiste érigeant la laïcité en dogme ! Charge donc aux citoyens attachés aux principes de la laïcité de préserver ces rayons de soleil transportant l’éclat de liberté, d’égalité et de justice depuis le siècle des encyclopédistes.

La laïcité, cela étant dit, ne signifie aucunement l’absence de religion et n’a donc aucun rapport avec l’athéisme. Bien au contraire, elle garantit la liberté du culte et de conscience. Il s’agit là d’un principe élémentaire de la loi de 1905. La séparation de l’Eglise et de l’Etat visait principalement à distinguer le Juste du Bien, comme l’entendait Rawls. L’Etat s’occupe essentiellement du cadre législatif et de la justice et chaque personne est libre de définir et de traduire sa propre conception du bien et du mal. Ainsi, la neutralité de l’Etat, sous ce voile d’ignorance, pour reprendre l’expression de Rawls, permet à chaque religion de pratiquer son culte librement et d’exprimer sa foi en toute sérénité. Dans la Paix.

Seulement, certains esprits dogmatiques, qui à travers une grille de lecture biaisée, font dire à la laïcité ce qu’elle ne dit pas, voire le contraire de ce qu’elle entend. L’instrumentalisation de la loi de 1905, alimentée par une haine viscérale à l’encontre de l’Islam, est devenue le cheval de bataille d’une majorité de politiciens assoiffés de pouvoir. En effet, cet impérialisme laïcard a pour dessein de répandre l’espace publique autant que possible, jusqu’aux domiciles des citoyens (2), afin de réduire au maximum la sphère privée, et ainsi, asphyxier la religion musulmane en particuliers !

En d’autres termes, cette loi discriminatoire est une sorte d’exutoire visant à chasser l’Islam de l’Hexagone. Piteuse ruse politique, en somme. Il n’en sera point, cependant. L’avenir en témoignera. Car la France de demain ne se fera pas sans la contribution de l’Islam et des musulmans. Quant à la question du privé et du publique, il serait intéressant de décanter aux sénateurs leur terminologie. Il ne faut pas entendre par espace publique, la rue, et par sphère privée, le domicile. Ce sont, à notre sens, des acceptions erronées.

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Le publique c’est le cadre institutionnel, là où effectivement la religion n’a pas son mot à dire. Le privé c’est l’espace intime de la liberté de conscience et de culte. Autant l’intrusion de l’Etat dans la gestion du culte religieux, à l’instar du CFCM, est une espèce de dérogation contestable à la loi de 1905, autant la loi proposée par le sénat est une trahison de l’esprit de la laïcité.

Les débats sur la laïcité ne datent effectivement pas d’aujourd’hui. Depuis la loi falloux (1850), contestée par Hugo, et révisée en 1994, jusqu’à la loi du 15 mars 2004, en passant par la loi Debré (1959) et Savary (1984), la France s’est scindée essentiellement en deux parties : d’un côté, ceux qui se réclamaient de la Révolution et de l’autre, ceux qui se disaient du Catholicisme.

Puis, d’abord en filigrane avant d’être mis en relief, apparurent ce courant extrémiste dans lequel baigne désormais une grande majorité de politiciens interprétant la laïcité de telle sorte à réduire à néant le domaine privé et par conséquent ne laisser plus aucune place à l’Islam en particuliers. C’est le voile couvrant l’hypocrisie de ces ténors autoproclamés de la laïcité qui en réalité porte véritablement atteinte à la loi de 1905.

Attachons-nous à protéger le foulard de la laïcité pour la mettre à l’abri du regard de ceux qui lorgnent le pouvoir !

Notes :

(1) Jean Baubérot, la laïcité expliquée à M.Sarkozy, Albin Michel

(2) La surenchère islamophobe va jusqu’à vouloir appliquer cette discrimination aux assistantes maternelles. Elle prétend donc appliquer la chasse à la visibilité des femmes musulmanes même lorsqu’elles sont chez elles sous couvert de laïcité ! (communiqué du collectif contre l’islamophobie)

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