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Haoues Seniguer: “La Grande Mosquée de Paris entre stratégie politique et islam consulaire conservateur”

La Grande Mosquée de Paris a annoncé, lundi soir, son retrait du projet du « Conseil national des imams ». Son recteur, Chems-Eddine Hafiz, a  justifié ce retrait en mettant en cause notamment la  «composante islamiste au sein du CFCM, notamment celle liée à des régimes étrangers hostiles à la France». Mais la Grande Mosquée de Paris prône-t-elle réellement un islam éclairé ?

Dans un entretien accordé à Oumma, le chercheur Haoues Seniguer, qui est un des meilleurs spécialistes de l’Islam de France et de l’islamisme, affirme que “La Grande Mosquée de Paris, par ses orientations religieuses, n’est pas foncièrement différente de ce que peuvent enseigner les théologiens ou imams néo-frères musulmans.” Il voit également dans le retrait de cette institution du projet du CNI « un coup » politique et médiatique, commandé par une tentation clientéliste, autrement dit la volonté d’être adoubé par la présidence et le gouvernement français, en répondant et en anticipant la demande gouvernementale d’un islam républicano-compatible.»

Haoues Seniguer est Maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon et chercheur au laboratoire Triangle, UMR 5206, CNRS, Lyon. Auteur de L’islamisme décrypté, Paris, L’Harmattan, IReMMO, 2020.

Le 2 octobre, le président de la République Emmanuel Macron, lors de son discours contre les «séparatismes», a demandé au CFCM d’élaborer « une charte des valeurs républicaines » et un « Conseil national des imams », chargé de « labelliser » les futurs imams. Vous affirmez que cette demande est un coup sévère porté à la laïcité ? Pour quelles raisons exactement ? 

Nous sommes en présence d’une démarche éminemment gallicane. Cependant, elle n’ose paraître ce qu’elle est, car, précisément, au moment même où celles et ceux qui disent la laïcité menacée par l’extrémisme religieux, l’approuvent, implicitement ou explicitement. Or, les faits sont têtus. En principe, l’Etat n’a pas à imposer une feuille de route dogmatique ou organisationnelle à quelconque religion que ce soit, mais à rappeler le devoir strict de respect de la loi et du principe laïque, qui s’applique à tous, tel que consacré par la loi de 1905. Quand Emmanuel Macron appelle de ses vœux « un islam des Lumières », on peut estimer cela louable du point de vue personnel. Toutefois, force est d’admettre que ce type de déclaration est en totale contravention avec le devoir de réserve auquel est astreint en la matière le chef d’Etat d’une république laïque. L’islam ne doit pas être une exception de quelque façon que ce soit. Pour paraphraser mon ami et maître l’islamologue Chérif Ferjani, il faut en « finir avec l’exception islamique » : si l’on veut faire de l’islam une religion comme les autres, il faut commencer par le traiter comme les autres ! Surtout que l’écrasante majorité des musulmans, confessants ou non, ne réclament d’aucune manière un aménagement ou un réaménagement de la laïcité dont ils souhaitent a contrario l’application intégrale et égalitaire.
La crainte que je vois monter chez les musulman-e-s, en particulier chez celles et ceux qui administrent le culte ou fréquentent les lieux de prière, est triple: d’une part, le sentiment, outre d’être constamment sur le gril, de devoir prouver, encore et toujours, leur loyalisme ou loyauté à l’égard de la République et du respect de ses lois ; d’autre part, il y a la crainte de voir s’imposer, par le haut, une espèce d’ingérence, de « police » de la pensée républicaine, en invoquant et en convoquant à hue et à dia des « valeurs », lesquelles, par définition, relèvent de choix et d’orientations foncièrement subjectifs, personnels, en ce qu’ils touchent à l’intime, c’est-à-dire aux représentations du monde, sans que celles-ci soient d’ailleurs forcément conflictuelles avec d’autres doctrines, englobantes ou non, religieuses ou profanes. J’irai même plus loin : un individu peut être convaincu de la supériorité de la Loi de Dieu sur la Loi des hommes, tout en se conformant strictement, au plan juridique, à celle-ci. Ce n’est pas qu’un pur juridisme.
A mon sens, si l’on ne distingue pas suffisamment et intelligemment droit et morale, le risque d’arbitraire est grand et le coût social risque d’être élevé, en s’ingérant de la sorte dans l’intimité des gens. Le philosophe Jean-Marc Ferry, qu’on ne peut censément soupçonner de complicité avec l’intégrisme, en a très bien explicité le sens il y a plusieurs années :

« Du point de vue de la conviction religieuse, la loi morale prévaut en un sens absolu sur la loi civile, tandis que, du point de vue de la raison juridique, la loi civile n’est pas ébranlée par l’invocation de la loi morale, du moment qu’elle est conforme aux principes du Droit ». (Face à la tension, entre droits de l’homme et religion, quelle éthique universelle ? | Cairn.info)

Il est indispensable de bien séparer l’empire de la légalité d’avec l’empire de la moralité, non qu’ils ne pourraient, ne devraient jamais se recouper, mais parce qu’une telle séparation rend les libertés compossibles, le progrès moral souhaitable, désirable certes, mais non contraint. Les visions du monde se discutent, se contestent, s’affrontent, mais par la culture, la contradiction ferme mais civilisée, l’instruction, et certainement pas par des injonctions à penser de telle ou telle façon.

De plus, c’est un faux débat qui, plus négatif que positif, entretient l’idée que les musulmans pratiquants, visibles, conservateurs en général et les imams en particulier, auraient besoin d’être éduqués, plus que d’autres, au républicanisme car, a priori, celui-ci leur ferait défaut… Et cela ne passe pas, par-delà le cercle des conservateurs ou rigoristes musulmans ! Quand on demande au CFCM de concevoir une charte des valeurs républicaines taillée sur mesure, c’est que, volens nolens, une logique de suspicion prédomine dans la relation des gouvernants aux ministres du culte musulman.

L’Etat ne veut pas passer pour trop intrusif, ce qui est pourtant le cas, et préfère, ainsi, la « suggérer » avec insistance. Résultat : beaucoup de musulmans perçoivent cela aussi bien comme un geste de défiance que de l’ingérence insupportable. Certains n’hésitent pas, en sus, à parler d’attitude néocoloniale.

La Grande Mosquée de Paris a annoncé, hier, son retrait du projet du  « Conseil national des imams ». Le recteur Chems-Eddine Hafiz a justifié ce retrait en mettant en cause notamment la « composante islamiste au sein du CFCM, particulièrement liée à des régimes étrangers hostiles à la France ». Est-ce véritablement la cause réelle de ce retrait ? 

Il y a en réalité plusieurs problèmes situés en amont de la décision. Il faut, ce disant, les mettre en évidence sous la forme de questions rhétoriques ou oratoires : qui est à l’initiative principale du Conseil national des imams ? Qui est-il censé représenter ? Pour ce faire, les musulmans ou les imams de la base ont-ils été dûment consultés, comme dans tout processus démocratique digne de ce nom ?

Par-delà les tendances conservatrices ou fréristes, ce sont surtout et avant tout les mosquées locales, les acteurs locaux, réclamant ou revendiquant un islam des territoires en harmonie avec leur environnement culturel immédiat, qui ont complètement été « écartés », voire, pis, snobés par ce qu’il faut bien appeler un centralisme parisien, qui affecte et touche jusque et y compris des élites et notables musulmans !

Pour attester de cette incompréhension, je renvoie les lecteurs aux récents communiqués du Conseil des mosquées du Rhône et du Conseil théologique des imams du Rhône qui déplorent avec vigueur, avec d’autres, le déficit de consultation et de concertation plus larges des acteurs musulmans locaux, en d’autres mots, ceux qui font vivre un islam du quotidien, territorialement enraciné.

Plus fondamentalement, je crois que l’Etat et ses services confondent représentation et représentativité ; la représentation de musulmans est toujours possible, et à certains égards utile ; la représentativité, elle, est une chimère car le champ religieux islamique de France est profondément dérégulé et conflictuel. Le CFCM se veut une représentation de lieux de culte, mais ne saurait prétendre représenter tous les lieux de culte, et encore moins unifier les doctrines et visions religieuses des imams et des individus.

Quant au terme « islamisme », il sent le soufre. Néanmoins, peu de gens sont capables de le définir en toute rigueur, afin de ne pas mettre sur un même plan conservatisme religieux, visible, ostensible, voire ostentatoire, activisme politique mené au nom d’un islam intégral, et djihadisme, lequel est un activisme meurtrier conduit au nom d’une conception intransigeante et violente du corpus islamique.

Or, nombre de celles et ceux qui utilisent le mot dans l’espace public de la parole, sans précaution aucune, cherchent in fine à discréditer des adversaires, tout en prétendant défendre les musulmans contre les islamistes, comme si ceux-là ne combattaient pas déjà en leur sein ceux qui essaient de faire pression sur eux pour les contraindre à adopter tel ou tel comportement religieux. C’est infantilisant et méprisant.

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Je ne nie pas la part de pression sociale exercée par certains individus et groupes, mais il faut bien distinguer, me semble-t-il, le prosélytisme, l’intimidation qui relèvent de la violence morale et symbolique de la violence physique. Il est bien sûr possible, au plan culturel et philosophique, d’être contre les islamistes ou néo-Frères musulmans, à la condition d’être capables de dire aussi, dans le même temps, que nombre d’entre eux sont parfaitement légalistes et qu’ils ne violent pas, en général, la loi. Musulmans de France (ex-Union des organisations islamiques de France), que j’ai eu l’occasion de critiquer à plusieurs reprises, est une organisation néo-islamiste parfaitement légaliste, en ce sens que ses leaders rappellent en permanence leur attachement à la laïcité. Ils n’ont même pas manifesté, en tant que structure, contre la loi de 2004 interdisant les signes religieux à l’école et dans les établissements publics. Tactique ou non, sincère ou non, cet attachement, qui est la preuve de la force d’entraînement de la laïcité, les engage forcément, et les oblige effectivement à répondre, en cas de manquement avéré au principe, en parole ou en acte. Que nous le déplorions ou non, c’est une association qui compte dans le paysage islamique français.

Il me paraît donc en l’occurrence difficile de se lancer dans des anathèmes, sinon en produisant des arguments opposables solides, en étant de surcroît soi-même irréprochable. La présence de ces courants en France, que ce soit le néo-salafisme (majoritairement quiétiste) et le frérisme (majoritairement légitimiste), n’est au demeurant pas nouvelle. On a l’impression que Chems-Eddine Hafiz le découvre. Pourtant, n’est-ce pas lui et la GMP qui, en 2013, firent le jeu des néo-salafistes littéralistes en optant, au même titre que l’Arabie saoudite entre autres, pour la vision oculaire quant à la détermination du premier jour du Ramadan ? A l’époque, ils allèrent contre l’option astronomique, scientifiquement éclairée, officiellement adoptée par le CFCM, alors présidé par Mohamed Moussaoui, et même l’Union des organisations islamiques de France, aux fins de mettre un terme aux sempiternelles querelles parmi les musulmans.

Aussi vois-je le retrait de la GMP comme « un coup » politique et médiatique, commandé par une tentation clientéliste, autrement dit la volonté d’être adoubé par la présidence et le gouvernement français, en répondant et en anticipant la demande gouvernementale d’un islam républicano-compatible. Le but : s’imposer comme l’interlocutrice privilégiée de l’Exécutif, en dépit de la grande faiblesse de son ancrage au niveau de la base sociale musulmane. Mais ce n’est pas la seule raison que je crois déceler, nous y reviendrons par la suite.

La Grande Mosquée de Paris est souvent représentée dans les médias comme prônant un islam moderne. Comment qualifieriez-vous l’islam de cette institution religieuse? 

Il faut bien distinguer les déclarations enthousiasmées et enthousiasmantes – dont je ne doute pas qu’elles puissent être par ailleurs sincères – des leaders de la GMP, à l’instar de Dalil Boubakeur hier et de Chems-Eddine Hafiz aujourd’hui, en faveur d’un islam moderne, des orientations très conservatrices de ceux qui animent le culte et les enseignements religieux en son sein, à l’Institut Ghazâlî par exemple. Le rite malékite, très conservateur, y semble prééminent, de même que les savoirs théologiques qui y sont enseignés, conformes au « paradigme hégémonique » très bien analysé par le sociologue français Omero Marongiu-Perria.

Je précise que « le droit » malékite prévoit notamment que la femme doit hériter moitié moins que l’homme… De ce point de vue, la GMP, par ses orientations religieuses, n’est pas foncièrement différente de ce que peuvent enseigner les théologiens ou imams néo-frères musulmans.

Pour accréditer davantage ce que j’avance, dois-je rappeler aussi, en guise d’illustration supplémentaire, que, en janvier 2014, un collectif baptisé Les Femmes dans la mosquée s’est réuni dans l’enceinte de la GMP pour y défendre le droit des femmes de prier dans la grande salle, tandis qu’une décision du recteur de l’époque les obligeait à se recueillir au sous-sol à l’abri du regard des hommes ! Les explications gênées et alambiquées de Dalil Boubakeur n’y ont rien changé, puisque le 27 décembre 2013, l’imam de la grande mosquée, en chaire, aurait affirmé lors d’un sermon que les femmes, étant une tentation, devaient, par pudeur, se retirer et se soustraire du regard des hommes.

Interrogé par la télévision algérienne, le 17 décembre 2020, Mohamed Antar Daoud, l’ambassadeur d’Algérie en France, a déclaré: « La Grande  Mosquée de Paris est d’abord algérienne et  ne sera jamais autre chose et c’est ça le plus  important ».  Un article paru dans Libération, le 9 décembre,   a démontré l’appétit du  « Maroc  pour  les mosquées françaises ». On sait qu’il y a un conflit entre l’Algérie et le Maroc sur le Sahara Occidental. Le CFCM peut-il être pris en otage par les tensions géopolitiques entre ces deux pays? 

C’est certain. D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle : tout le monde sait, à commencer par les services de l’Etat, que le CFCM est depuis les origines miné par des querelles intestines aussi chroniques que chronophages. Elles ont partie liée avec des tensions nationalitaires. Chaque pays, l’Algérie, le Maroc, et depuis quelque temps la Turquie, cherche à jouer et à faire jouer sa propre partition. On est loin, très loin, de l’intérêt des musulmans de France en général et des musulmans confessants en particulier. L’ Algérie et le Maroc cherchent essentiellement à s’assurer du loyalisme de leurs ressortissants et binationaux. Peu leur importe le contenu des discours religieux : il peut être très conservateur, à la condition de ne pas critiquer les régimes de Rabat et d’Alger.

En outre, on ne peut passer à côté d’une contradiction flagrante entre le discours public de Chems-Eddine Hafiz en faveur d’un islam de France, éclairé et indépendant, et sa très grande proximité avec Alger : primo, à ma connaissance, il n’a pas démenti le propos de l’ambassadeur algérien que vous rapportez ; deuxio, il a activement soutenu le 5ème mandat de l’ex-président candidat Abdelaziz Bouteflika, malgré l’opposition démocratique vive dans le pays et à l’étranger ; tertio, le Front de libération nationale, parti présidentiel par excellence, a toujours abrité en son sein des frères nationalistes (les barbe-FLN), et certains frères musulmans algériens ont même participé à des gouvernements sous la présidence Bouteflika ! Il ne s’agit pas de dénier à quiconque la possibilité d’être à la fois d’ici et de là-bas, d’être binational, mais de mettre en exergue ces ambivalences ou ambiguïtés qui laissent les musulmans incrédules.

Enfin, vous avez raison de le suggérer : il n’est pas du tout exclu que l’Algérie, piquée au vif, compte tenu de nouvelles tensions autour du Sahara occidental – après la reconnaissance par Washington de la souveraineté du royaume chérifien sur le territoire – ait voulu réagir en demandant au recteur de la mosquée de Paris de se retirer du CFCM, présidé par « le marocain » Mohamed Moussaoui. C’est une espèce de conflit régional entre deux pays par CFCM interposé.

Les influences d’Etats étrangers au sein du CFCM, notamment le Maroc, l’Algérie et la Turquie, ne sont plus à démontrer. Cet Islam consulaire n’est-il pas le principal obstacle à l’édification d’un Islam de France doté d’institutions réellement représentatives et indépendantes ?

L’islam de France est miné de l’intérieur par des forces et tendances contradictoires, de nature politico-religieuse : l’islam dit consulaire n’en est juste que l’un des éléments constitutifs. Mais l’écrasante majorité des musulmans de notre pays, honnêtement, est plutôt indifférente à toutes ces manœuvres, sinon en exprimant une forme de dépit lorsqu’ils y sont confrontés. L’individualisme domine, et cet individualisme, évidemment, ne veut pas obligatoirement dire libéralisme théologique, car celui-là peut se marier à un hyper-conservatisme religieux.

Propos recueillis par la rédaction Oumma

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  1. Quelques pistes de réflexion pour une renaissance de l’islam.

    Le président Macron a invité ces jours-ci Le CFCM à accélérer l’intégration de l’islam au sein de la république. Mais est-ce que des formules simples et toutes faites suffiront-elles à provoquer un miracle ? L’Islam de France se cherche, c’est un fait mais bénir le drapeau de la nation devant une camera ou signer une charte qui reconnaît les valeurs de la république risque de ne pas suffire.

    Alors qui a t’il à faire pour que l’islam et la nation se réconcilie ?
    Je pense qu’il n’y a pas une, mais plutôt un ensemble de solutions et d’acteurs.

    Le fondamentalisme et le terrorisme profitent d’un vide laissé par l’absence d’un courant de pensé suffisamment fort et équilibré, qui soit capable de séduire et de combler les attentes d’une majorité de musulmans dans le monde.

    L’histoire peut nous aider dans cette réflexion :

    Les mosquées et universités à travers le monde par exemple, celles ci-doivent aujourd’hui redévelopper une effervescence intellectuelle, religieuse et culturelle afin de produire un rayonnement autour d’elles et avoir une influence positive sur les fidèles et les publics qui la fréquentent, et cela, au-delà des cultures et des religions… Cela a été le cas dans le passé pour Al azhar en Égypte, Samarcande, Bagdad ou Al andalous… Les grandes mosquées de nos jours sont souvent critiquées pour leur coût élevé et leur exubérance, mais je pense au contraire que celle-ci peuvent devenir de véritable institution si elles sont à la hauteur des défis du XXIe siècle.
    Les instances et instituons religieuses également, comme le CFCM, la fondation de France ou musulman de France (UOIF), celles-ci sont mal perçu par une majorité de musulmans en France et en Europe, mais je pense qu’il est de notre intérêt d’essayer de les soutenir en reconnaissant leur rôle et leur existence, car celles-ci peuvent avoir un rôle important et déterminant en incarnant plus de dynamisme, d’unité et de présence, de transparence à travers la société, cela afin de se substituer à l’islam consulaire. C’est ce qui manque à la oumma de France.

    Je pense aussi qu’il faut réfléchir à « une maison de la sagesse » du XXIe siècle, ou ce que je nomme dans un de mes livres « la maison des parents », un lieu pour former les parents de tout horizon ayant des enfants. La religion ne doit plus être le seul fondement de l’éducation, car on peut et on doit également se construire avec d’autres idées, avec d’autres connaissances, et d’autres modes de vies. Ce lieu sensibilisera aussi les parents aux valeurs de notre pays, à la diversité, à la tolérance religieuse, il alertera les parents sur les accidents domestiques, communiquera des notions de santé, des gestes de secours également ainsi que d’autres compétences. Mais le plus important sera d’encourager une construction identitaire, il s’agira d ‘encourager les parents et les enfants à se réapproprier leur environnement social, culturel et historique actuel, ainsi que celle de leur origine.

    Une autre solution est de créer des conseils d’imams qui incarneront différentes tendances, ainsi que d’avoir un institut européen pour former des imams, on peut également s’inspirer du Judaïsme : nommer un grand Imam de France, à qui il reviendra l’immense tâche de fédérer des fidèles autour d’eux.

    Les autorités et les gouvernements ont aussi un rôle important, celui de réguler et de développer les sociétés ainsi que leurs secteurs d’activités. Concrètement, il s’agira d’encourager le développement de tous les services et les besoins des peuples encore absent, en contrepartie il faudra limiter ou interdire les activités qui polluent, gaspillent de l’énergie ou provoquent de la concurrence inutile. Ce développement durable à un rôle important de prévention et de structuration des individus.

    Comme nous le voyons, tout le monde à donc une responsabilité et un rôle à jouer pour préserver l’avenir de nos enfants ainsi que de nos sociétés. C’est d’ailleurs la raison de l’échec des printemps arabes, les citoyens ont pensé que chasser les dirigeants serait suffisant, mais c’était une erreur, car une révolution exige de préparer un projet en amont qui incarne les aspirations du peuple, mais également de former de nouvelles élites.

    Il reste ici une dernière piste à évoquer pour préserver l’islam : c’est d’encourager les fidèles, femmes ou hommes anonyme ou reconnu, à multiplier les initiatives, à développer des idées nouvelles qui se nourrissent de la réalité que l’on vit aujourd’hui tout en respectant les fondements de l’islam. C’est pour cela que l’une des conditions est de prendre du recul sur ce que nous recommandent les savant musulmans et certains imams, qui pour moi, nous empêchent de réfléchir et d’avancer sereinement, et de plus, méconnaissent la réalité que nous vivons. C’est pour cela qu’il ne faut pas briser la motivation que peuvent exprimer certain(e)s qui nous paraissent excentriques, comme par exemple certaines femmes musulmanes qui veulent devenir imam, cette énergie et ces vocations diverses sont précieuses, c’est tout cela qui contribuera au changement dont nous avons besoin .

    https://renouveaudelislam.over-blog.com/

  2. La France officielle cherche midi à quatorze heure.
    Il y a une seule chose que cette France officielle n’a pas encore fait :

    Un tribunal d’inspection, de l’utilisation de l’eau dans les toilettes contrôle de la circoncision.
    La patrie n’est pas une constante dans l’islam. Les musulmans, du monde, n’ont pas tous la même patrie.

  3. Article intéressant, mais l’auteur tombe lui-même dans les travers qu’il dénonce, notamment en instrumentalisant la question des femmes pour se positionner dans les conflits entre la mosquée de Paris et les autres instances de l’islam de France, qui ne sont pas plus “féministes” à ma connaissance. Par ailleurs, que signifie “musulmans confessants”?? Enfin, le pluralisme de l’islam de France ne devrait pas être vu que sous un angle exclusivement négatif (voir les travaux de Valentino Cattelan sur le pluralisme du droit musulman). Il est vrai que, dans le cadre du système politique français, il empêche une représentation unifiée des musulmans, mais n’est-ce pas précisément ce que la classe politique de ce pays veut éviter à tous prix?

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