Selon
Euromonitor International, leader mondial des études de marchés stratégiques, les consommateurs musulmans constitueront plus d'un quart de la population mondiale d'ici 2030. Le
ralentissement économique qui frappe actuellement la Chine ne l'empêche pas d' investir dans d'autres secteurs, comme le marché halal, dont l’industrie pèse 500 milliards de dollars dans la balance du commerce mondial. Un marché gigantesque coinvoité par la Chine qui a fait de ses relations commerciales avec le monde musulman une de ses priorités économiques.
Dans la province chinoise de Gansu, plusieurs entreprises ont signé des accords commerciaux avec la Turquie et le Kazakhstan ( un marché de 91 millions de personnes pour ces deux pays) afin d'exporter des produits alimentaires halal manufacturés. Outre ces accords, la Chine multiplie depuis une année l'organisation de séminaires et conférences sur le halal qui ont notamment débouché sur une certification halal commune avec la Malaisie, pays majoritairement musulman.
La Chine a également fondé à Wuzhong (la Silicon Valley du halal), ville de la région autonome du Ningxia, un pôle industriel de pointe spécialisé dans la fabrication de produit halal qui a attiré plus de 250 entreprises. Le groupe alimentaire Shineway Group a déjà investi plus 320 millions $ dans une unité de production de viande halal.
Pour la marque Shineway Group , la fabrication de produits halal est une priorité
Mais le label halal ne concerne pas uniquement la viande.
Yili Group, entreprise chinoise d' agroalimentaire qui pèse 8 milliards de dollars a mis sur le marché un lait halal bio, qui connaît un véritable succès, avec des ventes estimées à 422 millions de dollars.
Le groupe agroalimentaire Yili Group
Pour la société
HCS Consultants, spécialisée dans le halal, dont le siège est basé à Singapour, la Chine, forte de
ses relations historiques avec le monde musulman et seconde puissance économique mondiale, possède largement les moyens de conquérir une grande partie du marché halal international. Toutefois, la Chine devra éviter que se reproduise à l'intérieur de ses frontières
des scandales du faux halal qui ont terni son image auprès de certains pays islamiques. En 2013, les musulmans ont été trompés par de la fausse viande de bœuf halal. La police de Xi’an, la capitale du Shaanxi, a ainsi saisi dans une usine locale plus de 20 000 kilos de porc traités artificiellement pour ressembler à du bœuf plus vrai que nature, à l’aide de produits chimiques tels que la cire de paraffine et des sels industriels, et estampillés du précieux label halal.
Mais cet intérêt de la Chine pour le marché halal contraste avec sa politique de
répression à l'encontre de sa minorité musulmane. En mars 2015 par exemple, un Ouïghour avait été condamné à six ans de prison pour port de la barbe et sa femme à deux ans pour port du voile
. "C’est une affaire qui ne se produirait pas ailleurs dans le monde", s’est aussitôt insurgé Dilxat Raxit, le porte-parole du Congrès mondial ouïghour, dans un communiqué en date du 30 mars, cité par l'Agence France Presse (AFP).
"C’est inacceptable et totalement absurde. Ces verdicts démontrent l’hostilité farouche de la Chine et sa crise de gouvernance qui s’enferre dans la persécution politique des Ouïghours", pouvait-on lire sous sa plume affligée, ajoutant:
"L'objectif de la Chine est d'utiliser tous les moyens judiciaires pour forcer les Ouïghours à accepter les traditions du peuple chinois et à renoncer à leur mode de vie."
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