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Jésus, l’étranger ! (droit de réponse à l’article “étude scientifique sur la crucifixion”)

Silhouette of Jesus Christ crucifixion on cross on Good Friday Easter

Plutôt que de se lancer dans l’exposé de démonstrations scientifiques pompeuses à propos du Saint-Suaire, j’ai préféré réagir par cet article sur Jésus qui pourrait ouvrir des portes de dialogue entre nos deux communautés, et nous inciter à élever un regard mutuel respectueux, si ce n’est amoureux sur nos différences respectives.

En effet, Jésus étant le trait d’union entre nos trois spiritualités juives, chrétiennes, et musulmanes il est trop dommage qu’il soit encore une fois l’objet de querelles qui ne peuvent qu’être des germes d’exclusion, de violence et de meurtre ! L’humanité en est bien assez meurtrie déjà !

A mes frères en Allah le Très Miséricordieux,

Mais qui est donc Jésus ?

Nos fondements communs : 

Le canon des livres sacrés du peuple d’Israël est composé de 5 livres de la Torah, 21 livres prophétiques, 13 livres historiques. Ce canon fut définitivement établi aux environs de – 260 avant notre ère.

C’est ce que le peuple juif appelle aujourd’hui de Tanakh, et que le peuple chrétien appelle l’Ancien, ou le Premier Testament. A l’époque de Jésus, le peuple d’Israël était sous la domination du vaste empire romain, et dans l’attente du Messie. Il était en effet annoncé dans les livres sacrés qu’un roi libérateur devait naître de la souche du roi David. Ce roi, serait le Messie !

Qu’est-ce-que le Messie ? C’est l’être humain attendu qui permettra la restauration de l’humanité dans son unicité originelle, voulue par l’Eternel, libérée des conséquences du péché adamique facteur d’exclusion, de viol, de violence, de haine et de meurtre ! Le Messie attendu remplirait ainsi pleinement la vocation adamique qui est prophétique, royale, et sacerdotale. Ainsi était-il annoncé dans la spiritualité du peuple d’Israël, 1000 ans avant Jésus !

Jésus est-il le Messie ?

Le peuple d’Israël s’est divisé à ce sujet. Jésus était radicalement différent de l’idée que la structure religieuse et politique d’Israël pouvait se faire du Messie. Elle s’attendait à un homme fort qui libérerait le pays, et instaurerait la paix en chassant l’ennemi romain. Or cet homme, Jésus, était un homme de paix, d’amour et de liberté qui regardait le coeur des hommes et des femmes, les aimait et leur montrait le chemin du repentir au nom de l’Eternel notre Dieu, afin que, tout être humain, soit faiseur de paix vers l’édification d’une humanité réconciliée.

Il ne regardait pas à l’aspect extérieur de l’appartenance tribale, religieuse, professionnelle, intellectuelle, raciale, sociale, etc …

Jésus n’a rien écrit. Il a témoigné de sa vie, jusqu’à la donner entièrement et librement sans jamais renier ses convictions personnelles d’amour et de liberté dans sa relation au Père en lui !

Ses disciples étaient des juifs, qui tout en pratiquant les rites du judaïsme, se réunissaient et s’organisaient en communauté, pour partager ensemble leur foi en Jésus Messie !

C’est de ces premières communautés que nous devons les livres du Nouveau Testament : 5 livres historiques : les 4 évangiles, les actes des apôtres, les 21 épîtres, et le livre prophétique : l’Apocalypse.

L’Apocalypse révèle le témoignage de la vie spirituelle d’un disciple de Jésus Messie dans un style littérale symbolique.

Ces livres nous révèlent les tensions qui existaient entre les différents courants politiques et religieux du peuple d’Israël, et la persécution des premiers disciples de Jésus ! Toutes ces tensions se sont soldées par la dispersion du peuple d’Israël dans tout l’Empire romain en l’an 70 !

Ainsi les premiers chrétiens sont les juifs qui ont reconnu Jésus comme le Messie. Le judaïsme rabbinique s’est défini dans le rejet de cette hypothèse. Ce rejet s’est accentué du fait de tensions et des violences inter communautaires qui se sont développés pendant 2000 ans. Mais ces crispations “populaires” n’ont pas empêché une certaine perméabilité spirituelle entre nos deux communautés qui se sont enrichies mutuellement.

Les peuples juifs et chrétiens vivent cependant tous dans l’attente messianique. La spécificité des chrétiens est qu’il s’agit d’un retour glorieux de Jésus Messie.

Aujourd’hui le dialogue inter religieux entre juifs et chrétiens, les relations fraternelles et de solides amitiés entre nos deux communautés ouvrent un vaste champ de découverte mutuelle.

Nombreux sont les chrétiens qui redécouvrent la profondeur de la spiritualité du peuple d’Israël auquel appartenaient les premiers disciples de Jésus, et de nombreux juifs redécouvrent Jésus comme l’un des leurs : un fameux rabbin, un grand prophète, et certains s’interrogent aussi sur son messianisme.

Le prophète Mohammad et Jésus.

L’Inspiration prophétique s’inscrit dans l’histoire humaine, et dans le cadre d’une Alliance entre l’Eternel, Allah et son peuple. Ainsi l’inspiration de Mohammad s’inscrit-elle dans la continuité de l’Alliance adamique, puis avec les patriarches sémites, puis avec Moïse et le peuple d’Israël. C’est dans le contexte religieux, et de transmission spirituelle du peuple d’Israël et du peuple chrétien, transmission orale et écrite que le prophète Mohammad fut inspiré et a enseigné. Il n’a rien écrit lui-même. Les écrits sont des témoignages reçus oralement du prophète et transmises par des écrivains. Ainsi de la même façon que pour Jésus, pour Mohammad les écritures sur lesquelles nous pouvons nous référer aujourd’hui sont des témoignages communautaires entendus, des enseignements communautaires reçus.

Nous retrouvons ainsi dans le Nouveau Testament toute la tradition du peuple d’Israël qu’avait apprise Jésus, et nous retrouvons dans le Coran toute la tradition du peuple d’Israël et du peuple chrétien qu’avait apprise dans son contexte historique Mohammad, le prophète.

La question de Jésus ?

Les disciples de Jésus, parle du fils unique de Dieu.

C’est un sujet de discorde ! Peut-être faudrait-il déjà se poser la question de ce qui est à entendre dans cette notion de fils de Dieu !

Ce n’est pas une notion nouvelle, elle est déjà dans l’Ancien Testament :

Psaumes 29:1 Fils de Dieu, rendez à l’Eternel, Rendez à l’Eternel gloire et honneur !

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Adam lui-même est appelé fils de Dieu dans la généalogie de Jésus.

Jésus lui-même est accusé de blasphème par les prêtres à ce sujet, il répondra :

Jean 10 :34 n’est il pas écrit dans votre Torah : J’ai dit : Vous êtes des dieux ?

Dans le sermon sur la montagne qui résume toute la spiritualité de Jésus Messie, il dira :

“Heureux les faiseurs de paix, ils seront appelés fils de Dieu”

La notion hébraïque de fils : “Ben” ajoute à la notion d’être tout simplement créature d’un créateur, d’être aussi en relation d’unicité de parole créative avec Dieu qui nous entend, qui nous parle, que nous pouvons entendre et à qui nous pouvons parler. C’est ce que nous révèle Abraham, puis Moïse, puis les prophètes, Jésus et Mohammad !

Jésus portera cette notion filiale à l’excellence puisqu’il ne nommera plus Dieu, l’Innommable, d’un autre nom que “Père”, le définissant ainsi dans sa relation personnelle en Lui !

Il est dit unique, car il est le Messie ! C’est à dire l’être unique qui viendra rétablir la paix entre les hommes, et ainsi rétablir l’Adam (l’humanité) dans sa vocation filiale à Dieu initialement prévue ! Là sur cette notion d’unicité du Messie nous sommes d’accord, je crois !

Jésus a t’il été persécuté, est-il mort sur la croix ?

Les disciples de Mohammad qui nous ont transmis son enseignement nous montrent, qu’il vénérait Jésus, au-delà d’être prophète, qu’il le vénérait comme le Messie. Pour les chrétiens Jésus est le ressuscité, celui qui a vaincu la mort, et il est le Messie, qui enseigne aujourd’hui personnellement et secrètement dans le coeur de tout homme, par l’Esprit de Dieu, vers la réalisation de cette humanité messianique.

Cette réalisation messianique passe par le respect de la dignité de la personne humaine, et donc l’amour de l’étranger.

42 fois dans la Torah, il est rappelé d’aimer l’étranger !

L’évangile dira : “celui qui dit j’aime Dieu, et qui n’aime l’étranger est un menteur”

Le Coran commence par évoquer le principe de la toute puissance Miséricordieuse d’Allah ! Tout le Coran ne peut se comprendre que sous la lumière de cette Miséricorde infinie qui en est la clé de voûte !

Aussi, Jésus est fait l’étranger, par excellence, afin de nous conduire dans cette contemplation au rétablissement de la paix messianique, et son retour glorieux.

Ce qui importe n’est pas tant qu’il ait été rejeté, fouetté, emprisonné, insulté, cloué sur une croix, et qu’il en soit mort. Car en effet, combien d’êtres humains aujourd’hui encore sont bafoués dans leur dignité transcendante de personne humaine jusqu’au meurtre ?

Ne sommes-nous pas encore marqués par le péché adamique, dans l’exclusion, la haine, le viol, la violence et le meurtre ?

Ce qui importe est que Jésus soit ressuscité, et qu’il nous insuffle ce désir de reconnaissance de l’unicité de tout être humain, de l’amour de l’étranger, et que nous aimions comme il nous le commande :

“TU aimeras le Seigneur TON Dieu, de tout TON coeur, de tout TON Esprit, de tout TON âme, de toute TA force, et TON prochain (l’étranger que tu rencontres) comme TOI-même !”

C’est cette montée au Ciel, et cette action messianique qu’à retenue et que nous révèle le prophète Mohammad.

Juifs, chrétiens, musulmans ???

Alors qu’importe que nous soyons étranges les uns pour les autres, cette étrangeté qui tient à nos différences personnelles et communautaires, qui tient finalement à la dignité transcendante de toute personne humaine, n’est-elle pas la source de cet amour de l’étranger auquel nous invite notre Dieu par la voix de nos prophètes ?

Comment Jésus pourrait-il être vu de la même façon par tous les hommes, puisqu’il est l’étranger par l’excellence, notre Messie !

Si pour nous-mêmes les croyants, ces commandements miséricordieux, cet appel premier à l’amour de l’étranger demeure, lettre morte, publicité mensongère comment voulez-vous que nous soyons lumière de Paix parmi les nations ?

Shalom, Pax, Salam

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