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Jérusalem est à tout le monde, mais « surtout aux Israéliens »

C’est ce qui frappe tout visiteur découvrant la vieille ville de Jérusalem pour la première fois : la véritable histoire des religions monothéistes (juive, chrétienne, musulmane) tient dans un mouchoir de poche. C’est ce mouchoir de poche, d’à peine un kilomètre carré, que le chercheur Sébastien Boussois nous décrit, dans « Palestinisraël, voyage en pays inconnu », un ouvrage, plein de sensibilité, mêlant textes et photos en noir et blanc (*).

Imaginez un café sans salle. C’est le Sultan Café, dans le quartier chrétien de Jérusalem, à cent mètres du Saint Sépulcre. En fait, ce café n’est qu’un réduit de 3 ou 4 m2, où Nadal, le patron, entasse la nuit tables, tabourets, tapis, jeux d’échecs, pipes à eau, télévision. Et qu’il ressort chaque matin dans la rue. Car tout se joue à l’extérieur. « Tout tenait dedans (…) comme dans une lampe de génie. À la frotter, c’est tout le Moyen-Orient qui se déplie de ce réduit comme un tapis arabe usé mais magique pour noyer les sens de tout un chacun », raconte Sébastien Boussois, chercheur associé à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes.

Autrefois dans le monde arabe, on regardait les films égyptiens, aujourd’hui, ce sont les séries syriennes qui cartonnent. Le soir, dans le Sultan Café, « Nadal déambule alors dans une danse interrompue, jonglant de chicha en chicha pour réactiver le feu de certains conduits, endormis devant la télé, et faisant, café arabe sur café arabe ». Tandis que la quarantaine de clients, tous des hommes, rient en commun, se taisent en commun, en regardant la série télévisée syrienne.

Une bière palestinienne… d’exportation

« Palestinisraël » passe de situations cocasses en situations plus graves quand on découvre que la dernière tendance des parents palestiniens en matière de cadeau pour Noël à leurs enfants, c’est de leur offrir une arme en plastique ! Autre anecdote significative, la Taybeh, la bière la plus chère que l’on puisse consommer à Jérusalem, est fabriquée… à Taybeh, en Palestine. La raison de son prix excessif ? C’est une bière… d’exportation, venant de l’autre côté du mur, à quelques kilomètres à peine.

« La Taybeh permettrait presque de tout comprendre à la situation israélo-palestinienne », note Sébastien Boussois, qui ajoute « Mais ce serait oublier le vin israélien, dont de très grands crus sont issus de grains de raisin poussant sur les hauteurs du Golan. Une autre question géopolitique encore ». Et de conclure que c’est à croire que sans les terres arabes, « les Israéliens ne pourraient produire de l’alcool. Voilà un comble ! ».

Des gens condamnés à vivre ensemble

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Le plus important – et qui justifie le titre de ce livre – montre que ce pays est indivisible et que tous ces gens sont condamnés à vivre ensemble. Comme le déclare la quatrième de couverture : « Ce qui est encore un défi comme celui de faire d’Israël d’un côté et de la Palestine de l’autre, un ensemble humain et homogène : un nouveau pays que l’on pourrait appeler “Palestinisraël“ en quelque sorte ».

Toutefois, Sébastien Boussois n’est pas naïf, quand il décrit le quartier musulman de la vieille ville de Jérusalem, il ne manque pas de souligner qu’il y a « beaucoup de maisons juives, barricadées, grillagées, cernées de caméras, entourées de membres de la sécurité de la vieille ville, armés de pistolets ». Le chercheur rappelle que la vieille ville aurait du être internationale.

L’air encore respirable de Tel-Aviv

« Zone internationale telle que décidé par la résolution 181 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la vieille ville avec les “Lieux Saints“ a été annexée par Israël ». Ce qui fait dire à l’auteur : « Si la vieille ville est à tout le monde, elle est surtout aux Israéliens ».

Je ne partage pas complètement le portrait que Sébastien Boussois dresse de Tel-Aviv, la capitale d’Israël. Je suis d’accord avec lui sur la description de ce front de mer hideux « digne de la Costa del Sol espagnole », en revanche, il est important de souligner que dans cette grande ville moderne on y respire une ouverture d’esprit que, malheureusement, l’on ne trouve plus guère ailleurs en Israël.

(*) Sébastien Boussois, « Palestinisraël, voyage en pays inconnu », Editions du Cygne, 25 €

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