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Jean-Marie Le Pen préfère les vaches aux Arabes

Dernier rappel. Alors qu’il s’apprête à quitter bientôt la présidence du Front national, Jean-Marie Le Pen a commis une dernière saillie verbale à caractère raciste. Retour sur ce dérapage contrôlé et le silence assourdissant de la classe politico-médiatique qui s’en est suivi.

La scène se passe à Manosque durant la campagne des élections régionales. Entouré de journalistes et de photographes, le président du Front national se laisse aller à la confidence :

« J’ai acheté une maison de campagne pour permettre à mes enfants qui habitaient le 15ème de voir des vaches au lieu de voir des Arabes ».

Malgré l’embarras manifeste de la journaliste présente, face à lui, pour recueillir alors ses déclarations, Jean-Marie Le Pen surenchérit après un éclat de rire  : « Oh, vous savez, moi, ça me gêne pas. J’ai pas peur de la poursuite. Je suis poursuivi-enfin, poursuivi… Je fais l’objet d’une enquête, à la suite d’une plainte de SOS Racisme, parce que j’ai dit que 90% des faits divers étaient le fait d’immigrés ou de descendants d’immigrés ». Avant d’ajouter  : « C’est pas permis de dire ça. Si j’étais UMP, on dirait que c’est un dérapage… Moi, je ne dérape plus depuis longtemps ! » Et de conclure dans l’hilarité  : « Moi, je suis hors-piste depuis longtemps… Je suis en neige fraîche ! ».

Ces images sont extraites d’un documentaire, intitulé « Le Pen, le dernier combat », diffusé pour la première fois sur Public Sénat le 19 avril et rediffusé en boucle cet été. Réalisé par Thomas Raguet, le reportage s’attache à suivre, pas à pas et durant deux mois, le tour de piste du leader frontiste dans ce qui pourrait être sa dernière campagne électorale. Ce film est une commande de Gilles Leclerc, président de la chaîne parlementaire Public Sénat et ancien journaliste politique de France Télévisions. Paradoxalement, c’est le même homme qui avait initialement censuré -ou plutôt « trappé » selon le jargon audiovisuel- cette fameuse séquence, filmée l’an dernier par ses équipes, qui révéla d’autres « injures raciales » comparables, tenues par Brice Hortefeux à l’encontre des Français d’origine maghrébine.

A la bonne franquette

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Cette fois-ci, la chaîne n’a pas jugé bon de supprimer le passage (visible à partir de 5’25 dans le documentaire) au cours duquel Jean-Marie Le Pen affiche son mépris, le sourire aux lèvres, envers une catégorie particulière de la population, discriminée en raison de ses origines.

Entre un ministre de l’Intérieur, de plus en plus incontournable comme l’est devenu Brice Hortefeux, et le dinosaure politique de 82 ans qu’est Jean-Marie Le Pen, mieux vaut sans doute plaire au premier en occultant ses maladresses et compromettre le second en exposant les siennes.

L‘autoproclamé « tribun de la plèbe » conclut de la sorte un demi-siècle d’un racisme patent, exprimé depuis la guerre d’Algérie jusqu’à sa dernière campagne électorale. Au-delà de sa nouvelle plaisanterie douteuse, et susceptible de poursuites judiciaires, c’est probablement l’indifférence générale ayant suivi les rediffusions -depuis quatre mois- de cette séquence qui devrait susciter l’interrogation.

Apathie hexagonale

Lorsque Dieudonné affirme, dans un entretien accordé sur Internet au mouvement communautaire Sirât Alizza et en réponse aux clichés propagés par Eric Zemmour sur les Noirs et les Arabes, que « les gros escrocs de la planète sont tous des Juifs », bon nombre de médias ont rapidement fait état de ses déclarations, au travers de divers articles ou de tribunes condamnant de tels propos, édifiants par leur bêtise. Mais lorsque Jean-Marie Le Pen, parrain d’un enfant de Dieudonné et figure importante de la vie politique française, déclare sur une chaîne de la TNT que la vision d’une vache lui est préférable à celle d’un Arabe, c’est le calme plat. Aucun éditorialiste de la presse quotidienne ne s’indigne. Pas l’ombre d’une protestation n’est émise par un parti ou une association de lutte contre le racisme. Depuis la diffusion de la séquence, voilà seize semaines, Oumma est le premier média à signaler l’injure raciale proférée par le leader d’extrême droite.

Anesthésie des consciences et accoutumance à la haine. Faut-il y voir un signe des temps, caractéristique de l‘ère Sarkozy ? Ou bien la consécration d’un phénomène plus ancien ? Dans les années 80, les Cassandre mettaient en garde les citoyens contre l’imminente « lepénisation des esprits ». Aujourd’hui, qu’en est-il ? Burqamania, arabophobie décomplexée, crispations psychorigides sur l’identité nationale, croisades anti-halal et déchéance de la nationalité pour les délinquants -suivez mon regard- « d’origine étrangère ». En 2010, tout porte à croire que nous y sommes arrivés.

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