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Iran : le soutien du président égyptien à la révolte syrienne censuré par des traducteurs

Quand la traduction prend des libertés avec le texte, cela donne un contresens majeur, qui dissimule mal la censure à l’œuvre, aux répercussions détonantes sur la scène politique mondiale, mais aussi sur l’incontournable blogopshère.

Le gotha politique iranien qui assistait au sommet des non-alignés à Téhéran était tout ouïe devant Mohamed Morsi, le nouveau président égyptien, lequel était loin d’imaginer que son allocution subirait, à son insu, un remaniement de taille, dénaturant son soutien appuyé à la révolte en Syrie, inaudible en Iran, en "soutien à l’opposition au Bahreïn".

"Ni vu ni connu, j’tembrouille", une phrase a été substituée à une autre, plus politiquement correcte, par des traducteurs chargés en direct, sur deux chaînes de la télévision nationale, de retranscrire en persan le discours de Mohamed Morsi. Ces derniers n’ont pas tourné sept fois leur langue dans leur bouche avant de s’affranchir de la règle d’or de leur métier : rester fidèles à l’original…

"La révolution en Egypte était un pilier du printemps arabe, elle a commencé quelques jours après la Tunisie, a été suivie par la Libye et le Yémen et aujourd'hui la révolution en Syrie [vise] le régime oppressif [de ce pays]" a déclaré Mohamed Morsi, qui n’a pas craint de heurter une assistance suspendue à ses lèvres en exhortant l’opposition syrienne à serrer les rangs.

Le site conservateur Baztab, qui se targue d’avoir vu juste au sujet de la position très ferme de l’Egypte à l’égard de Bachar Al-Assad, justifie cette censure caractérisée et à laquelle les organisateurs du sommet s’étaient préparés : "la technologie de traduction" a été utilisée pour que "les bonnes prises de position de la part de Morsi soient relayées pour l'opinion publique""Le traducteur a remplacé le mot 'Syrie' par 'Bahreïn', alors que Morsi n'avait pas du tout abordé la question du Bahreïn", indique le site.

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Alors que les propos altérés que l’on prête à Mohamed Morsi, dont son fallacieux soutien à Damas, se sont propagés dans nombre de sites et agences d’information iraniens, l’agence officielle ISNA est l’une des rares à avoir pris ses distances avec une manipulation grossière, relayant fidèlement l’appui du président égyptien à la rébellion syrienne, mais en s’autorisant toutefois à l’amputer de sa critique sur la nature oppressive du régime de Bachar Al-Assad.

Une poignée de sites conservateurs ont, eux aussi, choisi le camp de la vérité, mais pour mieux fustiger la position du Caire, qualifiant les paroles de Mohamed Morsi de "prématurées", "insensées", ou encore "bizarres".

Ce discours "mal-traduit" ou "mal-compris" a affolé les réseaux sociaux, et notamment des traducteurs qui ont été scandalisés par ce détournement flagrant du sens des mots, contraire à la plus élémentaire déontologie : "Nous sommes aussi traducteurs et nous comprenons ce qu'il raconte. Vous croyez faire une traduction de bonne qualité ? J'ai la tête qui tourne…", disait l'un des journalistes présents au sommet sur sa page Facebook, comme le relate les « Nouvelles d’Iran » sur le site du Monde.

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