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Intolérance : un législateur veut criminaliser l’athéisme en Egypte

Droit dans ses bottes, le député égyptien Amr Hamroush persiste et signe, insensible à la colère sourde qui gronde parmi les militants égyptiens des droits de l’homme qui s’inquiètent de son projet de loi jugé anticonstitutionnel, car sonnant le glas de la liberté de conscience : il veut légiférer à tout prix contre l’athéisme pour mieux le criminaliser.

Désireux d’imprimer sa marque sur une loi qui a déjà reçu l’aval de Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse sunnite, dont il est tout à la fois le grand inspirateur et le rédacteur pointilleux, le parlementaire qui est à la tête du comité religieux du Parlement égyptien est convaincu qu’elle passera comme une lettre à la poste.

Sur la chaîne de télévision DMC, Amr Hamroush a cloué au pilori ceux de ses concitoyens pour qui Dieu ne représente rien dans leur vie, martelant : « Les athées doivent être criminalisés parce qu’ils n’ont pas de doctrine et insultent les religions abrahamiques ».

A la question de la présentatrice lui demandant comment il pouvait se targuer de préserver la liberté de croyance à travers une proposition de loi aussi répressive envers une certaine catégorie de la population, ce dernier a répliqué : « J’ai rédigé un document explicatif traitant de cette question en accord avec les lois et la Constitution du pays ».

Abondant pleinement dans son sens, Mohamed Zaki, chef du Conseil Suprême d’Al-Azhar, a déclaré : «  Il est nécessaire de promulguer des lois qui dissuadent les gens de violer les instincts naturels de l’homme et de punir ceux qui ont été séduits par l’athéisme. La force de dissuasion doit être sévère pour empêcher la propagation de cette pensée empoisonnée parmi les musulmans, notamment les plus jeunes d’entre eux».

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Face à ce projet de loi restrictif qui grignote un peu plus une liberté d’expression passablement mise à mal au pays des pharaons, les militants égyptiens des droits de l’homme s’accrochent à l’espoir qu’il se heurtera aux grands principes gravés dans le marbre de la Constitution.

« Toute cette idée va à l’encontre de la Constitution de notre pays. L’Egypte garantit la liberté de croyance », clame l’activiste Rami sur un ton ferme, mais dont certains tremolos trahissent son angoisse face à l’avenir.

« Le fait que Hamroush ait reçu le soutien de l’institution islamique égyptienne la plus importante et la plus puissante est un sombre présage, car ils ont accordé à sa loi le sceau d’approbation religieuse », s’est-il désolé, avant de se reprendre pour s’en remettre, confiant, aux textes fondateurs de la République arabe d’Egypte : « Notre Constitution stipule clairement que chaque citoyen égyptien est libre de choisir ses propres croyances et que, par conséquent, toute cette proposition serait inacceptable ».

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9 commentaires

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  1. La croyance en Dieu -ou en Allah – est établie dès la petite enfance par une imprégnation culturelle, confortée par de nombreuses pratiques. C’est une question de persuasion intérieure. Lorsque cette croyance n’existe plus, une menace de mort ne la rétablira pas.

  2. C’est lui sur la photo ce Amr Hamroush ?
    Si oui alors il a tout faux ! imberbe, costume cravate, siégeant dans le luxe… rien à voir avec l’intensité de la foi qu’il proclame et exige des autres. Regardez la différence de forme et de fond avec le Cheikh Habib Ali El Jafri dans un autre article actuel d’oumma.
    A foutre dehors ces tyrans hypocrites qui pourrissent le pays et emmerdent le peuple

  3. Les athées n’ont pas à être jugés ici-bas. Le coran ne dit-il pas “que celui qui veut qu’il croit et que celui qui veut qu’il mécroit” 18/29. Les mécréants seront jugés par Allah et il leur a promis les pires châtiments s’il ne reviennent pas de leur mécréance.

    Les juger ici-bas, c’est leur appliquer une double peine sans leur donner la moindre chance : quelle intolérance! De surcroît, c’est se mettre à la place d’Allah : ce n’est ni plus ni moins que de l’associationnisme. Ce que Lui-même ne pardonne pas.

  4. Ce député ne sait visiblement pas ce qu’est en réalité l’athéisme qui n’est que désir de recherche sans a priori, ce qui, pour un religieux authentique, devait être considéré comme une voie légitime devant mener vers Dieu, si ce religieux croit réellement en Dieu. Ce député est là pour donner une légitimité “islamique” à un pouvoir despotique et illégitime aux yeux de beaucoup d’Egyptiens et Al Azhar, comme à son habitude, est là pour dénicher dans les textes religieux les interprétations qui conviennent au pouvoir du moment. De toute façon, cette loi ne fera que renforcer l’hypocrisie et la mécréance. L’hypocrisie, car celui qui ne croit pas dans les dogmes obligatoires camouflera ses pensées profondes mais ne les perdra pas et les transmettra indirectement, mécréance car forcer les gens à croire les amène à penser que les non croyants sont plus courageux que ceux qui croient hypocritement pour ne pas avoir de problème avec le pouvoir. Imagine-t-on une telle loi à l’époque où l’Egypte était à la pointe de la lutte pour le non alignement et la décolonisation ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

  5. Salam aleikoum,

    Le problème des musulmans, c’est qu’ils sont trop directs dans leur façon d’aborder les choses. Plutôt que de légiférer en disant “on interdit l’athéisme”, il faudrait que les gouvernements musulmans fassent de petites lois liberticides pour que les citoyens de ces pays n’aient plus l’envie d’être athée un peu comme ils le font si bien dans les pays occidentaux. On voit en France la concentration des débats sur différents sujets concernant l’islam et la législation sur ces sujets pour que les musulmans soient très mal à l’aise et obligés de se justifier, de se taire ou de renier une partie de leur religion.
    Mais nous musulmans n’avons pas la finesse de l’hypocrisie occidentale ce qui fait que certains d’entre nous profitent pour critiquer les décisions prises par les dirigeants d’un pays souverain alors même que dans leur propre pays leurs libertés sont tous les jours foulées au pied.

  6. Le problème pour l’Islam a toujours été la réalité à deux visages , et non pas le libre culte.
    Depuis 14 siècles et jusqu’à maintenant , tous les ennemis redoutables de l’Islam avaient une réalité à deux visages.
    Dans la religion, la loi du grand nombre n’à aucun sens.
    Le prophète pais soit sur lui était seul, actuellement on parle du prophète psl et de la nation du prophète.

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