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Interview Tariq Abdul-Wahad : « Les musulmans doivent témoigner de la grandeur du message coranique ! »

Absent des parquets NBA en raison d’une blessure, Tariq Abdul-Wahad poursuit sereinement sa rééducation en attendant son retour à la compétition qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Le joueur de l’équipe de Denver n’est pas du genre à ronger son frein, « La patience est l’art d’espérer » affirmait l’écrivain français Vauvenargues. Tariq met à profit cette période de transition en multipliant les initiatives. La star des Denver Nuggets évoque pour Oumma.com, ses projets, ses espérances, et tire les enseignements des événements du 11 septembre.

Comment vas-tu Tariq depuis ta blessure du 22 novembre 2001 au cours de la rencontre contre les Lakers de Los Angeles ?

Je poursuis ma rééducation qui se déroule dans de bonnes conditions : Al Hamdoulillah ! Une rééducation ponctuée notamment par des séances de musculation. Concernant donc ma blessure au genou, on a procédé à une arthroscopie

As-tu fixé une date pour ton retour à la compétition ?.

Non, je demeure patient. Je ne veux rien précipiter. La saison de basket est encore longue !

Comment vis-tu psychologiquement cet arrêt momentané de la compétition ?

 

Je suis dans d’excellentes dispositions morale. En fait je n’ai jamais été affecté au niveau mental. Je vis cette situation comme une épreuve imposée par Dieu. Souvenons-nous de ce verset coranique « Nous n’imposons quelque chose à une âme, que selon sa capacité à l’accomplir ». Je peux largement surmonter cette épreuve. Je suis actuellement éprouvé dans ma santé. Mais crois-moi, il est des situations pires que la mienne. Je ne me plains pas, loin de là. Al Hamdoulillah !

Qu ‘en est-il de tes relations avec la fédération française de Basket ?

Les choses en ce qui me concerne sont d’une grande limpidité. Il y a eu des conflits de par le passé. J’ ai exposé les causes de ce conflit à plusieurs reprises. D’autres joueurs de l’équipe de France ont également évoqué ces causes à travers les médias. Ceci dit, je demeure à la disposition de l’équipe de France selon mes disponibilités bien sûr. Je suis tout à fait disposé à représenter mon pays dans les compétitions internationales.

En l’absence justement de compétitions, comment occupes-tu ton temps libre en attendant ton retour en championnat NBA ?

 

J’ai deux heures d’entraînement quotidien. En dehors de ces entraînements, je partage mon temps entre ma famille et la lecture. Je gère également ma fondation. Ainsi que tu peux le constater, j’ai des journées longues. Je n’ai guère le temps de m’ennuyer !

Quel est l’ objet de ta fondation ?

La fondation que j’ai fondée avec Ira Silvermann (qui est par ailleurs mon manager au niveau de mes relations publiques aux Etats-Unis) comporte deux volets. Le premier volet est à caractère sportif. Des bourses sont offertes à des étudiants français qui souhaitent tenter l’aventure aux Etats-Unis. Des camps d’été sont ainsi organisés. A l’issue d’une sélection où l’on teste à la fois la motivation, le niveau scolaire, et la sociabilité de chaque participant ; les candidats retenus se voient offrir une bourse qui leur permet d’ intégrer un Junior College afin de poursuivre leurs études. Le rêve de tous ces jeunes est bien sûr un jour de disputer le fameux championnat de basket américain (NBA).

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Et le second volet de ta fondation ?

Le second volet est culturel. Le but est d’organiser des visites au sein des plus prestigieux musées américains. Nous avons ainsi visité les musées américains de Sacramento (En Californie), de Denver (Colorado), sans omettre le célèbre musée de New York : Metropolitan Art Museum. La dernière visite au sein d’un musée a été effectuée à Dallas. La découverte de l’art, permet à tous ces jeunes de combler des lacunes sur le plan historique. Il est fondamental pour les jeunes d’avoir des repères à travers notamment une connaissance du passé.

L’ art est en fait pour toi une véritable passion ?

Tout à fait. Je poursuis d’ailleurs depuis des années des études en Histoire de l’Art. Ces études me replongent à travers les plus belles périodes de l’histoire. De la Civilisation Asiatique, Musulmane en passant par la renaissance Italienne, l’Empire Romain, la République Hellène et sa mythologie. J’aspire à me spécialiser dans l’art islamique. Je compte également étudier : l’art baroque et l’art Egyptien. Mon ambition, est de passer un Doctorat avec pour sujet de thèse : « La corrélation entre l’art de l’Ouest Africain et celui des Saramaca Guyanais ». Je caresse beaucoup de projets, dans divers domaines, dont un actuellement qui vient tout juste de se concrétiser.

Quel est ce projet ?

Je viens de signer avec l’ équipementier Mohamed Dia. Ce dernier a lancé, il y a quelques années, une ligne de vêtements (de la marque DIA) qui est particulièrement appréciée des jeunes. Mohamed Dia ne cesse chaque jour de prendre une nouvelle dimension. Il vient par exemple de signer une licence avec la NBA, pour la commercialisation d’une ligne de vêtements surnommée :NBA BY DIA.

Tu ne vas donc pas renouveler ton contrat avec Nike ?

Exactement. J’avais ce privilège de pouvoir choisir la marque de mon équipementier sportif. Mon choix s’est porté sur le projet de Mohammed Dia qui m’a séduit, car il est porteur de valeurs. Il y a une forte dimension éthique dans ce projet qui comporte le lancement d’une ligne de chaussures de sport dont le nom est TD9 (TARIQ BY Dia). Le chiffre 9 est le numéro que je porte sur mon maillot en championnat NBA. Le lancement de cette ligne de basket est prévu à partir de l’été 2002 Inchallah. Les journalistes du magazine Capital se sont déplacés jusqu’aux Etats-Unis pour réaliser un reportage sur ce projet. Toute la communication autour de ce produit sera basée sur six principes qui sont : «  Le respect, l’éducation, l’humilité, la fierté, la générosité, la solidarité ». Ce projet ne peut être réduit uniquement à sa dimension économique. Car, il est fondamental pour moi de contribuer à la promotion de certaines valeurs qui me sont chères, à travers les projets dans lesquels je décide de m’investir. C’est pourquoi, le projet de Mohammed Dia correspond à ce que j’ai toujours recherché. Il est conforme aux principes qui m’animent en tant que musulman.

En tant que musulman justement installé aux Etats-Unis, comment as-tu vécu les événements du 11 septembre 2001 ?

Ces événement furent un véritable choc ! Rien bien sûr dans l’Islam ne justifie de tels actes ! Les savants les plus imminents ont condamné sans ambiguïté ces attentats. Mais au-delà de la condamnation de cet acte terroriste, les musulmans doivent accepter sereinement de répondre à certaines interrogations légitimes que se posent les non-musulmans au sujet de l’Islam. Aux Etats-Unis, le Coran a battu des records de ventes suite à ces attentats. Un verset coranique précise que « L’Homme ne se lasse pas d’appeler le bien et si le mal l’effleure, le voilà désespéré et découragé ». Les musulmans doivent prendre leurs responsabilités et faire face. Nous ne devons en aucun cas nous recroqueviller sur nous-mêmes. Tout repli frileux serait néfaste. Au contraire ! C’est à nous de clarifier les préceptes de notre religion. Nous devons témoigner de la grandeur du message coranique qui est avant tout un message de paix et d’amour. Il ne suffit pas cependant de le dire pour s’en convaincre ! Nous devons plus que jamais débattre et dialoguer entre musulmans, mais aussi avec les non-musulmans. Nous devons procéder à notre autocritique. Chaque musulman doit consentir des efforts pour apprendre et maîtriser les grands principes de l’Islam, afin de transmettre aux jeunes musulmans et non-musulmans, l’authenticité de la parole coranique qui est avant tout une parole humaniste libératrice et universelle. Le Coran ne cesse de faire appel à la raison et à l’intelligence de l’homme.

Toi–même, as-tu été sollicité par les médias américains ?

Oui, j’ai répondu en toute sérénité. Je ne me suis pas seulement contenté de dénoncer certains amalgames entre l’Islam et la violence. J’ai multiplié les conférences dans les campus universitaires auprès des jeunes musulmans et des non-musulmans afin de les éclairer davantage sur la connaissance de notre religion. J’ai remarqué d’ailleurs à l’occasion de ces conférences, un vif intérêt de la part des non-musulmans pour l’Islam. Il y avait de toute évidence une volonté réelle de mieux comprendre et connaître cette religion. Nous devons tous relever ce défi !

Propos recueillis par Saïd Branine

Vous pouvez retrouvez Tariq Abdul-Wahad dimanche 27 janvier 2002 dans l’émission Capital sur M6 à 20h50.

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