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Interview du réalisateur de la série documentaire consacrée au Prophète Muhammad et diffusée sur Arte

 

Pour la première fois en prime-time, une chaîne de télévision de premier plan diffusera une série documentaire consacrée au prophète Muhammad(sas). Cette série est sans conteste l’événement télévisuel de ce début d’année. Nous avons rencontré Youssef Seddik qui est le principal réalisateur de cette série diffusée sur Arte. Il relate pour Oumma.com les conditions de réalisation de ce documentaire passionnant !

 

Quelles sont les raisons qui ont incité Arte à programmer une série documentaire sur le prophète Muhammad (sas) en prime time ?

 

Arte voulait combler dans un premier temps un déséquilibre après la diffusion, il y a plusieurs années, d’un documentaire consacré à Jésus intitulé Corpus Christi sur cette même chaîne. Mais Arte tenait surtout à faire connaître davantage auprès du grand public la personnalité exceptionnelle de Muhammad. Ce prophète vénéré par plus d’un milliard de musulmans !

La chaîne franco-allemande s’est donc lancée dans la production de cette série. J’ai été sollicité avec une société de production pour la réalisation de ce projet. J’ai travaillé également en étroite collaboration avec deux autres réalisateurs : T. Celal et Chema Sarmiento. Parmi les trois réalisateurs, j’étais le seul à être versé dans l’étude de la Sunna. Je connaissais bien sûr beaucoup d’éléments de la biographie du Prophète. Cette série sera donc diffusée : mardi 29, mercredi 30 et jeudi 31 janvier à 20h45 sur Arte.

 

Comment s’est déroulé justement le tournage de cette série ?

 

Cette série a nécessité trois années de tournage et de préparation. Le monde musulman est extrêmement vaste. Nous avons préféré avant tout réaliser cette série en visitant les pays arabes où ont résidé des compagnons du Prophète. Puis, nous avons entrepris de tourner dans les pays qui parlaient la langue du Prophète. Au total, nous nous sommes rendus en Arabie Saoudite, Syrie, Irak, Egypte, Jordanie, Liban, Yémen, Tunisie…

 

La chaîne Arte a-t-elle imposé des conditions à la production de cette série ?

 

Non, aucune. Nous avions carte blanche. Nous avons bénéficié d’une totale liberté de travail !

 

Sous quel angle donc avez-vous décidé d’aborder ce documentaire à l’objectif particulièrement ambitieux ?

 

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Nous avons décliné cette série sur 3 thématiques. Pour aborder la Sîra, (biographie du prophète), nous tenions à une pluralité de l’expression. C’est pourquoi cohabitent au sein de cette même série, l’opinion populaire, l’opinion de l’Islam officiel (rasmi)des notables religieux, et institutions religieuses. Enfin l’opinion des intellectuels et universitaires à l’échelle internationale, qu’ils soient musulmans ou pas d’ailleurs.

Les populations musulmanes se sont exprimées dans leurs « dialectes » respectifs, à l’image des yéménites, des égyptiens, des tunisiens. On a pu constater (ce qui n’est pas une surprise) la très grande familiarité qu’entretiennent ces différentes populations avec le Prophète. Elles évoquaient le Prophète comme s’il était toujours présent à leurs côtés, en utilisant souvent le vocable : ‘’habibi’’. L’islam officiel (rasmi) s’est attaché à évaluer l’impact du prophète au niveau des concepts de Din et Dunya , en évoquant la Sunna comme source de lois.

Quant aux universitaires, ils ont restitué la personnalité du prophète dans sa dimension historique et spirituelle.

 

Le débat autour de la Sunna a donc été abordé ?

 

Oui. Il y a eu d’ailleurs de grandes controverses entre ceux qui affirment, tels les représentants d’Al- Azhar, que le débat sur les hadiths est clos. Que l’ensemble de la Sunna est situé sous une lumière « révélée », en continuation et en explication du Coran lui-même. Alors qu’un autre courant invite à une étude plus scientifique des sources en s’appuyant sur les outils modernes de critique de ces mêmes sources. Ce courant pose la question de la validité de certains hadiths. Mais attention, le but de cette série n’est pas d’organiser le débat autour de la Sunna. Certes le débat est ouvert, des problématiques se posent, mais la priorité de cette série demeure avant tout le personnage du prophète lui-même. Ce documentaire ne suscite pas le doute, ni ne touche à la foi du croyant !

 

Les événements du 11 septembre 2001 n’ont-ils pas influencé la programmation de cette série ?

 

Cette série était en effet prévue pour être programmée en 2003. Les événements du 11 septembre ont seulement avancé la date de programmation. La notion de djihad a été traitée dans cette série avec sérénité comme un thème du Coran parmi tant d’autres.

Nous n’avons rien changé au fond qui était de relater la biographie du Prophète de sa naissance jusqu’à sa mort. Le documentaire se termine avec la recension définitive du Coran (Mus’haf)décidé par le Calife Othman.

 

Vous semblez être très satisfait du ‘’résultat’’ de la réalisation de cette série ?

 

Les discours d’autosatisfaction ne sont pas réellement ma spécialité. Nous avons tenté de maintenir un équilibre dans l’appréciation du personnage Muhammad entre la « scientificité de l’homme de science » et la foi du musulman.

En tant que réalisateur, j’étais dans une disposition psychologique totalement positive à l’encontre du Prophète Muhammad qui me fascine à plus d’un titre. Certes, j’aurais pu également avoir cette même disposition positive à l’encontre d’un personnage comme Shakespeare ou Alexandre Le Grand. Mais cette bonne disposition à l’égard de Muhammad était pour moi un préalable indispensable à la réalisation de cette série. Je pense que le croyant le plus fervent sera satisfait de ce documentaire. Je le souhaite en tout cas du fond du cœur !

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