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Inde : un professeur de sanskrit subit les foudres d’étudiants hindous… parce qu’il est musulman

« Un musulman ne peut pas nous apprendre notre religion ». Animée d’une haine implacable envers les musulmans qu’elle persécute sans relâche, et avec d’autant plus de cruauté que la communauté internationale ferme les yeux sur sa politique répressive, l’Inde ultra-nationaliste de Narendra Modi libère les pires pulsions jusque sur les bancs d’une prestigieuse université.

Tout à sa joie d’avoir été recruté par la très renommée université de Banaras, située à Varanasi, Firoz Khan, 29 ans, un jeune professeur musulman de littérature sanskrite, était fondé à croire que l’intelligence triompherait du fanatisme hindou dans ce haut-lieu du savoir.

Mais c’était sans compter la fureur inextinguible qui s’est emparée d’une trentaine d’étudiants, tous membres du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), à l’annonce de son arrivée. L’enthousiasme que ne pouvait contenir le malheureux Firoz Khan, à l’approche de sa prise de fonction, a été rapidement refroidi dès qu’il a franchi le seuil de l’université et aperçu un comité d’accueil fulminant de rage.

« Un musulman ne peut pas nous apprendre notre religion », tempêtaient ces fervents partisans du BJP, pendant que leur chef de file, Chakrapani Ojha, hurlait : « la nomination du professeur Khan viole les lois de l’université ». Terrifié, Firoz Khan a été obligé de battre en retraite devant eux, alors qu’ils se mettaient en travers de son passage et devenaient de plus en plus incontrôlables.

« Depuis mon enfance, jusqu’à la fin de mes études, je n’avais jamais fait l’objet de discrimination à cause de ma religion. C’est tellement décourageant et effrayant. Un groupe d’étudiants ne veut pas que je leur enseigne le sanscrit parce que je ne suis pas hindou », a confié Firoz Khan, profondément abattu, quelques jours après le violent ostracisme dont il a été victime.

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Pleinement conscient que la renaissance de la langue sanskrite, étroitement liée à l’hindouisme et aux textes religieux hindous, fut l’un des axes forts du programme qui a propulsé au sommet du pouvoir le leader de l’extrémisme hindou, Narendra Modi, il lui paraissait toutefois inconcevable d’être ainsi refoulé comme un intrus indésirable.

Visiblement accablé, Firoz Khan pourrait cependant reprendre espoir à la vue des marques de soutien que lui ont témoignées plusieurs éminents professeurs de l’université de Banaras, ainsi que d’étudiants, parmi lesquels Rashmi Singh a fait part de sa plus vive indignation : « cette hostilité à son égard est stupide et arbitraire. L’Inde est un pays démocratique et laïque, la sélection d’un professeur ne peut être basée sur la religion ou sur la caste ».

Faisant bloc derrière leur jeune professeur musulman, les responsables de l’université se sont, quant à eux, félicités d’avoir « sélectionné à l’unanimité le meilleur candidat pour le poste », tandis que Aftab Ahmad Afaqi, le chef du département de langue urdu ( la langue officielle du Pakistan), déclarait d’un ton péremptoire : « Le département d’urdu compte également des professeurs hindous. La religion et la langue sont deux choses totalement différentes ».

Si la controverse paroxystique semble avoir fait long feu, les redoutables fauteurs de troubles des amphithéâtres n’ont pas pour autant dit leur dernier mot : ils sont déterminés à boycotter les cours de Firoz Khan.

 

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2 commentaires

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  1. comportement normal dans un Monde qui ne tourne définitivement pas rond ou les identités sont exarcébées au détriment de la concorde civile, de la fraternité et de la raison
    Je pense que si un professeur Juif, Athée, Hindou… venait donné des cours de théologie ou de philosophie musulmane dans un pays musulman on aurait grosso modo la même réaction.

    Je ne sais pas comment on en sort, je ne sais pas si on a déjà fait autrement mais c’est pas très encourageant pour l’espèce humaine.
    Que Dieu ouvre nos coeurs.

  2. Au Collège de France, prestigieuse institution aux cours de très haut niveau, un professeur non-musulman donne des cours sur l’histoire du Coran, et j’ai vu plusieurs musulmans religieux le suivre : ils sont moins bêtes ! Ça n’empêche qu’il y a aussi des musulmans qui eux aussi ne veulent écouter, sottement, que des musulmans. Idem pour les autres groupes humains, même en-dehors des religions : beaucoup de gens refusent de partager la pensée avec des gens qui ne sont pas de leur sérail. Ils préfèrent rester entre eux, ça les rassure sans doute.

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