On pourrait dire d’elle qu’elle est la première femme qui murmure à l’oreille de son éléphant, tant la complicité qu’elle a su développer avec le majestueux pachyderme, sacré en Inde, est extraordinaire. Elle en fascine d’ailleurs plus d’un dans l’Etat du Kerala.
Le lien fort, indestructible, qui unit Shabna Sulaiman, 27 ans, à Manisheri Rajendran, son robuste éléphant adulte doté d’impressionnantes défenses, l’a élevée au rang de Mahout, perpétuant ainsi une longue lignée familiale de maîtres, guides et soigneurs d’éléphants.
Choyé par la première femme musulmane du Kerala à avoir été gratifiée de ce titre prestigieux, le très gourmand Manisheri Rajendra se régale des pastèques et de la canne à sucre que sa bienveillante protectrice lui donne à volonté. Une protectrice, constamment à ses petits soins, qui a l’art de se faire obéir tout en douceur.
Shabna Sulaiman répugne à l’idée de menacer son éléphant d’un bâton. Elle préfère de loin lui montrer la carotte, même si grâce à la merveilleuse alchimie qui existe entre eux deux, il lui suffit de quelques mots clés prononcés affectueusement, accompagnés de gestes tendres, pour obtenir sans difficulté qu’il s’assoie, se lève ou parcoure des kilomètres, le dos chargé de matériaux à transporter.
« Ce n’est pas avec des bâtons ou des coups, mais avec amour que j’ai conquis son esprit », se flatte la première femme musulmane entrée dans la légende des Mahout en Inde, en posant un regard attendri sur son fidèle compagnon, ce colosse de la nature si attachant.
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