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Incendie « destructeur » de Charlie Hebdo : un témoignage contredit la version du journal

Un « attentat » mené par des « impérialistes » : c’est ainsi que Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, avait qualifié l’incendie qui s’est produit, fin 2011, dans leurs bureaux parisiens. Seule a été retrouvée une bouteille de vin, préparée pour le cocktail molotov et lancée par deux fuyards cagoulés. Dans l’unanimité, la classe politico-médiatique a immédiatement dénoncé cet acte non revendiqué sans oublier de l’imputer, dans la foulée, à des pyromanes islamistes. Problème : dix mois plus tard, l’enquête policière n’a toujours rien révélé.

 

A travers une campagne de donations, l’équipe de Charlie Hebdo, temporairement logée dans les bureaux de Libération, a pu ensuite recueillir, en l’espace de deux mois, 30000 euros et obtenir en janvier un nouveau siège, loué pour un an et négocié gracieusement sans engagement.

Charlie au bûcher, brûlure au 1er degré

Au lendemain de l’incendie, un chroniqueur vedette du journal, le médecin urgentiste Patrick Pelloux, se lamentait auprès des journalistes : « Tout est détruit ». Un dessinateur, Riss, précisait qu’il n’y avait « plus d’ordinateur utilisable ». Le directeur de publication, Stéphane Charbonnier alias Charb, indiquait que « le système électrique avait fondu ». Au micro de LCI, il insista : « Une bonne partie du journal est détruite, tout ce qui nous sert à (le) faire est inopérant aujourd’hui ». Un jour après, invité sur France5 , Charb a surenchéri : "Le local est en partie brûlé, les vapeurs chaudes ont tout cramé(…) Le journal est handicapé pour toujours car les ordinateurs ont fondu".

Vraiment ? Deux mois plus tard, un site d’information spécialisée, 01net.entreprises, a publié l’interview de Jean-François Beuze. Celui-ci est le président de Sifaris, la société de services informatiques en charge de Charlie Hebdo. Revenant sur son dépannage après l’incendie, cet expert indépendant a révélé, presque incidemment, un fait méconnu et constaté moins de 12 heures après le jet de cocktail molotov :

«Une fois les lieux accessibles, j’ai pu constater que l’armoire informatique, placée de façon à être protégée en cas de feu ou d’inondation, n’avait pas brûlé, que les archives papier étaient intactes, et que les postes de travail ne devaient souffrir que d’un peu de suie à l’intérieur».

Il a précisé, en outre, l’absence de toute dégradation majeure sur l’armoire informatique :

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«Cette armoire est autonome électriquement. Grâce aux sondes de température, j’ai pu constater, au moment de son redémarrage, qu’il n’y avait eu aucune montée de chaleur au niveau des composants». 

Pourquoi, dès lors, l’équipe de Charlie a-t-elle évoqué, non seulement au lendemain de l’incendie mais également les jours suivants, que les dégâts ont été si importants qu’ils «handicapaient pour toujours » le journal ? A en croire les propos du président de Sifaris, interrogé sur son diagnostic, il n’en est rien.

Provoc Bizness

Peut-être alors fallait-il prendre Georges Wolinski au sérieux : membre historique du Charlie Hebdo ancienne formule, le dessinateur a été interrogé par Libération quelques heures après l’incendie. « Nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile (…) Notre provocation s’est retournée contre nous » a-t-il déclaré avant d’ajouter :« Mais je vais être cynique : ça nous fait de la pub ». C’est également lui qui faisait remarquer à Paris-Match sa pratique des années 70, particulièrement éclairante aujourd’hui vis-à-vis de la politique éditoriale en cours chez Charlie : «On faisait même des dessins qui seraient considérés par certains comme antisémites. Mais comme je suis juif, c’est moi qui faisais les dessins sur les “youpins”».

L’islamophobie, meilleur marronnier que la franc-maçonnerie

L’incendie mystérieux et la dramatisation de la destruction qui s’en est suivie ont-ils servi la cause commerciale de Charlie Hebdo ? Fin 2010, le bilan comptable du journal était désastreux. Grâce à la couverture médiatique internationale et aux ventes fructueuses des deux hebdomadaires spéciaux -en moins d’un an- brocardant le prophète de l’islam, nul doute que la bande à Charlie, sous prétexte de liberté d’expression, bénéficiera d’un nouveau sursis financier. 

De quoi redonner de l’espoir à Charb, investi de longue date dans sa croisade anticléricale à géométrie variable. A l’âge de vingt-cinq ans, il contemplait encore avec des yeux d’enfant la maquette ressuscitée du journal satirique. C’était en 1992 et il était aux côtés de Philippe Val. Plus précisément : à ses pieds.

https://www.youtube.com/watch?v=SXBl3tq-FRk

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