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Honneur à la résistance palestinienne !

L'offensive terrestre de l'armée israélienne contre Gaza a constitué un tournant dans la guerre d'agression qui a commencé il y a deux semaines par des bombardements aériens particulièrement barbares. Le gouvernement israélien qui s'est donné pour but de détruire tout ou partie de l'arsenal des roquettes de la résistance palestinienne et des tunnels par lesquels transitent combattants et armements du côté palestinien savait qu'il ne pouvait accomplir une telle mission en se contentant d'une offensive aérienne. Pour cela, il fallait se résoudre à une offensive terrestre qui risquait d'être coûteuse pour l'armée israélienne.

C'est ce que le gouvernement israélien est en train de vérifier à ses dépens. En quelques jours, l'armée israélienne aurait perdu 31 officiers et soldats et enregistré plusieurs dizaines de blessés et encore il ne s'agit là que des chiffres officiels autorisés par la censure militaire qu'il faudrait sans doute réviser à la hausse. L'état-major de l'armée israélienne est sous le choc et ne s'attendait pas à une telle résistance coriace de la part des combattants palestiniens qui recourent à la tactique de guérilla dans leur affrontement avec un adversaire suréquipé et qui avance sous la couverture de son aviation, de son artillerie de campagne et de ses chars.

Le massacre perpétré dans la nuit de samedi à dimanche dernier à Chajaya à l'est de Gaza qui a fait plus de 70 morts dont une vingtaine d'enfants n'était pas une bavure mais une réaction haineuse et préméditée de vengeance de la part de l'état-major israélien dans la mesure où c'est dans ce quartier que l'armée israélienne a enregistré ses plus grosses pertes (13 morts sans parler des blessés dont le commandant de la brigade Golani, le colonel d'origine druze Ghassan Alian) quelques heures plus tôt.

Le massacre de Chajaya n'est ni le premier ni le dernier dans la longue histoire criminelle de l'armée d'occupation coloniale israélienne. Face aux difficultés rencontrées sur le terrain par l'armée israélienne, il faut malheureusement s'attendre à ce qu'elle intensifie en même temps ses raids aériens et terrestres contre les concentrations civiles supposées abriter les postes de commandement et les caches d'armes de la résistance.

Le gouvernement israélien sera d'autant plus amené à intensifier ses frappes aériennes et terrestres meurtrières qu'il sait qu'il doit anéantir le maximum de potentialités de la résistance palestinienne en un temps record dans la mesure où il sera obligé de conclure un cessez-le-feu non seulement sous la pression de ses alliés américains et de l'opinion publique internationale mais aussi sous la pression de son propre état-major qui sait qu'il ne peut pas supporter plus longtemps une guerre aussi coûteuse et aussi démoralisatrice. La peur et la nervosité commencent à s'emparer des soldats israéliens comme en témoigne le nombre croissant de tirs amis et de désertions au sein de cette armée dont certains membres recourent désormais selon les échos de la presse israélienne à des auto-blessures légères pour être hospitalisés et éviter ainsi d'être envoyés au front.

Ce n'est ni un hasard ni un quelconque sentiment d'humanité qui a poussé John Kerry à se précipiter au Caire pour chercher à négocier un cessez-le-feu. Auparavant, le secrétaire général de l'Onu est allé à Doha pour rencontrer les dirigeants palestiniens et essayer de les convaincre d'accepter les conditions d'un cessez-le-feu favorables à l'agresseur israélien. Ces deux personnalités n'ont pas bougé le petit doigt durant les dix premiers jours du conflit tant que l'aviation israélienne bombardait impunément la population civile de Gaza. Aujourd'hui, ils se précipitent pour imposer un cessez-le-feu. Il ne faut pas être un grand clerc pour deviner que si ces deux personnalités ont décidé de prendre l'avion c'est parce qu'elles ont été chaleureusement encouragées par l'enfant gâté israélien qui donne des coups mais qui ne veut pas en recevoir.

Comment permettre à l'agresseur israélien de sortir du bourbier dans lequel il s'est engagé avec le maximum de dividendes militaires, politiques et diplomatiques, tel est le principal enjeu des manœuvres sournoises que le secrétaire général de l'Onu, le chef de la diplomatie américaine et le secrétaire général d'une Ligue arabe sous la botte de l'axe égypto-saoudien sont en train de faire passer pour continuer la sale besogne commencée par le gouvernement Netanyahu.

D'un côté, on ferme les yeux sur l'intensification de l'agression israélienne quitte à regretter hypocritement les pertes de vies civiles innocentes qui l'accompagnent nécessairement, de l'autre, on fait pression sur le Hamas pour qu'il accepte sans discuter l'initiative égyptienne rédigée essentiellement par Tony Blair et des experts israéliens, une initiative qui prétend rechercher un cessez-le-feu mais qui en fait poursuit le même objectif que l'agression israélienne par d'autres moyens puisqu'elle vise essentiellement à faire taire les armes de la résistance contre un allègement des conditions du blocus qui frappe Gaza depuis 2006.

Sans négliger tout acquis humanitaire pouvant alléger les difficultés et les souffrances quotidiennes du peuple palestinien à Gaza, la résistance ne saurait accepter les conditions que cherchent à lui imposer tous les rapaces réunis au Caire sans compromettre l'avenir du peuple palestinien. Si le gouvernement israélien insiste tant aujourd'hui sur le désarmement de la résistance palestinienne à Gaza, c'est qu'il sait pertinemment qu'en l'absence de pressions diplomatiques régionales et internationales sérieuses, cette résistance reste le seul frein à son dessein colonial et annexionniste, surtout que l'Autorité palestinienne corrompue et capitularde de Mahmoud Abbas ne constitue plus depuis longtemps un problème aux yeux des Israéliens et de leurs sponsors internationaux.

Clausewitz disait que la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. Si la guerre d'agression israélienne n'est que la continuation par d'autres moyens de la politique coloniale d'Israël qui condamne la population de Gaza à mourir à petit feu depuis le blocus décrété en 2006, la solution diplomatique que les Américains cherchent à imposer au Caire, avec l'aide de leurs valets égyptiens, saoudiens et émiratis, n'est que la continuation de la guerre israélienne par d'autres moyens.

En résistant  à ces pressions diplomatiques grossières dont le but in
avoué est de permettre à l'agresseur israélien de réaliser sur le terrain politique ce qu'il n'a pu arracher sur le terrain militaire, le Hamas risque bien-sûr de donner du grain à moudre à ses adversaires. La propagande de guerre israélienne honteusement relayée par les médias mainstream sans aucun esprit critique cherche à faire endosser à la résistance palestinienne la responsabilité de la continuation de la guerre.

La réalité est pourtant bien loin de cette construction mensongère. D'abord, le gouvernement israélien n'a pas besoin de prétexte pour faire la guerre dans la mesure même où sa nature colonialiste et expansionniste le condamne à la guerre perpétuelle. Ensuite, le gouvernement israélien sait bien que le cessez-le-feu éventuel que les différents protagonistes régionaux pourraient imposer au Hamas ne l'empêchera pas de continuer à huis clos sa sale besogne comme le montre ce témoignage d'un officier israélien, cité par Le Monde du 22 juillet « Nous devons allerau bout de notre mission et détruireautant de tunnels que nous pouvons. On a besoin de temps pour finirle travail, c'est une priorité. On peut fairece travail même si un cessez-le-feu est déclaré »

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Pourquoi le Hamas devrait-il accepter les conditions d'un cessez-le-feu que les officiers israéliens reconnaissent par avance qu'ils ne vont pas respecter ? Pourtant, même le célèbre chroniqueur du Haaretz, Gideon Levy, dont hostilité politique à l'égard du Hamas ne fait aucun doute, a reconnu que les conditions posées par la résistance palestinienne, au premier rang desquelles figure la levée du blocus, en contrepartie d'une trêve de dix ans, étaient en tout cas plus acceptables pour Israël que la continuation d'un conflit épuisant.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement israélien semble préférer les risques d'un bourbier de plus en plus évident à Gaza plutôt que de permettre à la résistance palestinienne de sortir moralement et politiquement victorieuse de ce bras de fer surtout que les informations en provenance de la Cisjordanie occupée montrent des signes d'isolement de l'Autorité de Mahmoud Abbas et une montée fulgurante de la popularité de la résistance palestinienne comme en témoignent les scènes de joie à l'annonce de la capture d'un soldat israélien, évènement qui vient de redonner un espoir aux milliers de familles de prisonniers palestiniens.

Quand même la libération de prisonniers politiques détenus souvent dans l'illégalité complète devient tributaire des hauts faits d'armes de la résistance, quand la diplomatie des puissances complices de l'occupant s'avère incapable d'arrêter la multiplication des colonies, du pillage des terres, de l'eau et bientôt du gaz naturel, sans parler des brimades quotidiennes et des autres atteintes au droit international et humanitaire, le peuple palestinien a-t-il vraiment un autre choix que celui de soutenir la résistance ?

Cela est d'autant plus évident que cette résistance n'est pas aussi condamnée au désespoir que le prétendent les voix défaitistes. Au contraire, cette résistance est aujourd'hui  avant tout forte du soutien indéfectible du peuple palestinien dont on ne saluera jamais assez le courage et l'endurance face aux tentatives incessantes de punition collective dont il est l'objet. Au demeurant, ce n'est pas la politique européenne de chantage hypocrite qui agite systématiquement l'épouvantail du "danger islamiste" du Hamas mais bien la vigilance populaire qui constitue la seule véritable base matérielle d'une évolution démocratique et sociale à long terme d'un mouvement qui, quoiqu'on dise, reste un mouvement de libération nationale même si sa coloration idéologique dominante ne satisfait pas visiblement les directeurs de conscience de la nouvelle Inquisition internationale dont on sait où ils cherchent désormais leur caution intellectuelle.

N'en déplaise aux capitales européennes qui obéissent servilement au diktat des lobbies  qui montrent désormais plus de loyauté à l'égard d'Israël que pour leur propre pays, la résistance palestinienne peut se tourner vers d'autres cieux et tirer profit intelligemment des timides ouvertures diplomatiques en provenance de la Turquie et du Qatar pour espérer arracher au moins quelques-unes des conditions politiques qu'elle met légitimement en avant pour accepter une trêve durable. 

Plus qu'un choix politique, la résistance est aujourd'hui le seul garant pour la survie du peuple palestinien. C'est pourquoi l'élan de solidarité formidable avec le peuple palestinien au sein de l'opinion publique européenne,  provoqué récemment par la barbarie israélienne à Gaza, mérite d'être politiquement prolongé et approfondi pour dépasser le simple cadre humanitaire et donner lieu à un mouvement de soutien politique clair et franc à la résistance palestinienne, loin du chantage idéologique de ceux qui feignent de soutenir le peuple palestinien tout en continuant à lui dénier le droit universel à la résistance contre l'oppression.

 

 

 

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