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Hommage à Fouad Boughanem: respect, reconnaissance et gratitude

Cet homme affable et à l’engagement inébranlable pour une Algérie qui commence à ressembler, depuis le 22 février, au rêve qu’il s’en faisait, sans mener tapage dans un milieu où les convictions sont parfois des logiques d’exclusion, cet homme que je n’ai pas suffisamment connu – quatre ou cinq rencontres en tête-à-tête – est, avec feu Kamel Belkacem, décédé vingt ans avant lui, celui à qui je suis le plus redevable pour la publication de mes écrits de presse. Autant dire la vie, car sans mes écrits elle n’a aucun sens. 
Ma production intellectuelle tout au long d’un demi-siècle ne serait pas parvenue à mes lecteurs, si ces deux hommes en particulier n’avaient pas existé : Kamel Belkacem de 1970 à 1981 à « El-Moudjahid » et de 1984 à 1986 à « Algérie-Actualité », et Fouad Boughanem de 2011 à 2017 au « Soir d’Algérie ».
Les deux hommes ont en commun aussi d’avoir publié mes écrits sur des révolutions : la révolution iranienne que j’ai vécue à Téhéran entre février et mars 1979 par Kamel dans « El-Moudjahid », et les révolutions arabes entre 2011 et 2013 par Fouad dans « Le soir ». En termes quantitatifs, il surpasse de beaucoup tous ceux qui m’ont publié : 158 articles dont la majorité sur deux pages et ventilés comme suit : 25 sur les révolutions arabes, 61 contre le quatrième mandat, 28 sur la réforme de l’islam, 37 sur la pensée de Malek Bennabi, 5 sur l’élection présidentielle française de 2017 et quelques autres, à classer dans « divers ».
Le premier à avoir été publié dans son journal portait le titre de « Le réveil tant attendu des peuples arabes » (23 mars 2011), et le dernier « Un printemps arabe à la française » (18 juin 2017). Et lui est mort à l’orée du quatrième mois de la première révolution citoyenne survenue dans l’histoire de l’Algérie. La révolution du 1er novembre 1954 a redonné aux Algériens leur terre. Il est attendu de la seconde qu’elle leur donne le pouvoir : le pouvoir de choisir librement leurs représentants et dirigeants et de les révoquer quand ils dévient.
J’aurais tant aimé qu’il eut publié les quatre séquences de mon « Appel aux Algériens et Algériennes pour une révolution citoyenne pacifique » rendue publique entre septembre 2017 et janvier 2018 sur d’autres supports car lui ne pouvait plus. La maladie l’avait agrippé et les pressions de la « Issaba » sur son journal étaient devenues insupportables.
Son personnage, tel qu’il m’est apparu quand je l’ai rencontré en aparté pour la première fois en 2011, est celui d’un homme sérieux, mesuré, le verbe rare mais la maîtrise sûre. Il avait fait de son journal un espace de débats d’idées et ouvert ses pages à des polémiques mémorables. Sa bonhomie, son intégrité, sa tolérance, son acceptation des idées des autres y aidaient naturellement, et à un moment il n’y avait plus que lui sur la place pour accueillir la confrontation féconde.
Repose en paix brave homme, j’ai vu et lu depuis hier avec satisfaction que je ne serai pas seul à te témoigner reconnaissance et gratitude pour tes qualités humaines et intellectuelles. Tu n’as pas été « un hôte obscur sur la terre ténébreuse » (Goethe), tu as laissé une lumière qui te survivra longtemps. Pour ne parler que de ce que tu as fait pour moi, chaque visiteur qui consulte ma page Facebook et tombe sur un article de ton temps et de ton journal sait que c’est grâce à toi.  Merci pour ce lecteur et pour moi !

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