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Hégire et Exode : quelles articulations ?

Les étapes-clés de l’Hégire

Environ 2000 ans après l’Exode, un descendant d’Ismaël (paix sur lui) reçoit les premiers versets du Coran que lui dicte l’ange Djibril (paix sur lui). Cet événement marque le début de sa prédication. Il s’appelle Muhammad (saws) surnommé « al amîn »[1] et le Coran dit qu’il a été annoncé dans la Thora et l’Evangile.[2]

Le Coran rapporte l’annonce de la venue d’Ahmad[3] par la bouche de Jésus (paix sur lui).[4] Après une étape de prédication de proximité et cachée, les premiers à adhérer à son message subissent la répression des notables mecquois et un boycott socio-économique. Le messager de Dieu autorise un groupe de ses compagnons à émigrer en Abyssinie[5], environ 5 ans après le début de l’appel islamique. Après une tentative infructueuse à Taïf[6], le messager de Dieu (saws) accomplit le voyage nocturne[7]. Puis à deux reprises, il rencontre des délégations venant de Yathrib[8] durant les temps de pèlerinage à la 12e et 13e année de l’appel islamique.

Ces hommes et femmes de Yathrib adhèrent à l’islam et acceptent le pacte d’allégeance qu’il leur propose. Ensuite, le messager dépêche le jeune Mus ‘ab ibn ‘umayr comme son représentant et prédicateur-enseignant à Yathrib tout en laissant le loisir à chaque individu musulman d’organiser son départ vers cette vielle. Le messager quant à lui reste dans l’attente d’un ordre divin lui enjoignant de quitter la Mecque. Cet ordre vient après que les notables de la Mecque ont tenu une réunion pour en finir avec l’appel islamique. Les trois options retenues lors de cette assemblée des notables sont rapportées par le Coran :

« (Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour t’emprisonner ou t’assassiner ou t’exiler. Ils complotèrent. Ils complotèrent mais Allah a déjoué leur complot et Allah est le meilleur en stratagèmes » (Coran 8 : 30) 

L’ange Djibril donne l’information au messager de Dieu qui sait alors que c’est en même temps un signal fort pour son départ car c’est directement à sa vie que veulent s’en prendre dorénavant les Mecquois. Il informe son neveu Ali et grand ami Abu Bakr, le premier pour qu’il dorme dans son lit et le second pour qu’il mette en branle le plan de départ qu’il avait concocté. Dans une première étape de l’Hégire qui se passe en 622 du calendrier grégorien le messager de Dieu et son compagnon Abu Bakr se cachent dans une grotte pas loin de la Mecque dans une direction opposée à celle de Yathrib.

Abu Bakr se soucie beaucoup de la sécurité du messager de Dieu, alors qu’ils sont dans une grotte infestée de dangereuses bestioles. C’est ainsi que les premiers mecquois, partis à leur poursuite, se rapprochent tellement de la grotte qu’Abu s’écrie : « O envoyé de Dieu, s’ils se baissent, ils nous verrons ! » A quoi le messager de Dieu répond : « O Abu Bakr, que penses-tu de deux (compagnons) qui en ont pour troisième Dieu ? » cet épisode est rapporté par le Coran :

        « Ils étaient alors dans la grotte et, lui, disait à son compagnon : ‘Ne t’afflige point car Dieu est avec Nous’ » (Coran 9 : 40)  

Après environ deux semaines, le messager de Dieu et Abu Bakr arrivent à Yathrib non sans avoir esquivé nombre de tentatives des chasseurs de prime partis à leur recherche et échappé à d’autres dangers. Dans ce cadre, l’émérite Suraqa qui les retrouve voit les pattes de son cheval s’enfoncer toujours plus dans le sol à chacune de ses tentatives de s’approcher de trop près du messager de Dieu (saws). Ils sont accueillis par une foule en liesse et tout le monde se dit honoré d’être l’hôte du messager de Dieu.

Articulations entre Exode et Hégire

Par sa réponse « je suis plus digne de Moïse que vous », le messager de Dieu (saws) entend dire aux juifs que c’est lui qui assure la continuité de ce même message reçu par son frère et qui n’est autre que l’islam. En d’autres termes, il leur reproche de rester attachés à Moïse (paix sur lui) beaucoup plus pour des raisons de filiation tout en le trahissant quelque part vu qu’ils refusent de croire en lui comme le sceau des prophètes (paix sur eux) annoncés aussi bien dans la Thora que dans l’Evangile. L’Exode a quelque chose à voir avec l’Hégire en ce que dans les deux évènements, le fil conducteur réside dans le plan divin consistant à accorder son soutien à Ses messagers afin que s’établisse l’islam qui est la seule religion de tout temps qu’Il a agréée pour l’humanité.

Dieu fait triompher Moïse (paix sur lui) et ses compagnons, comme Il le fait pour Muhammad (saws) et les siens, afin qu’ils témoignent de l’islam pour toute l’humanité. Les fils d’Israël ont été délivrés du joug du Pharaon de l’époque de Moïse (paix sur lui) seulement afin qu’il soit Témoins de l’islam en ce temps dans un lieu que Dieu aura choisi en toute souveraineté et sagesse. En ce temps, seul le peuple d’Israël était dépositaire de l’Alliance du patriarche Abraham (paix sur lui). Ce peuple de l’Alliance, c’est le terme de la Bible, est pour le Coran, aussi le peuple de l’islam :

         « Ce fut là ce que recommanda Abraham à ses fils ainsi que Jacob : ‘Ô mes fils ! C’est Dieu qui a choisi pour vous cette religion. Ne mourez donc point que vous ne soyez soumis[9].’ » (Coran 2 : 132)  

Donc, le peuple d’Israël a été libéré parce qu’il devait, en retour, incarner l’islam et pas du tout pour des raisons nationalistes ou raciales comme veut le faire croire le judaïsme rabbinique, à travers la fausse conception des juifs « peuple élu ».

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Comme Dieu a été à côté du peuple de l’islam qu’ont été Moïse, Aaron et leurs compagnons, Il fera de même pour Muhammad et ses compagnons qui, à leur époque, l’ont (le peuple d’islam) représenté. C’est en cela qu’on comprend les expressions résolues et décisives de ces deux prophètes (paix sur eux), face à une contrainte humainement insurmontable sur le chemin de l’Exode, pour le premier, et de l’Hégire, pour le second : « Dieu est avec moi », « Dieu est avec nous ».

 

 

 

[1] Souvent traduit par « le digne de confiance » un qualificatif qu’il avait reçu de sa communauté avant d’être dépositaire du Coran.

[2] « Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent mentionné chez eux dans la Thora et l’Évangile. Il leur ordonne le bien, leur défend le mal, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et les libère de la charge et des carcans qui pesaient sur eux. Ceux qui croient en lui, l’honorent, lui portent secours et suivent la lumière descendue avec lui, ceux-là sont les bienheureux » (Coran 7 : 157)

[3] Un autre nom du prophète Muhammad (saws) qui veut dire le « plus digne d’éloges »

[4] « Et quand Jésus fils de Marie dit : «Ô Enfants d’Israël, je suis vraiment le Messager d’Allah [envoyé] à vous, pour confirmer ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d’un Messager à venir après moi, dont le nom sera «Aḥmad». Puis quand celui-ci vint à eux avec des preuves évidentes, ils dirent : «C’est là une magie manifeste». (Coran 61 : 6)

[5] Ancien nom du territoire qui correspond actuellement approximativement à l’Ethiopie.

[6] Contrée située à environ 65 km à l’est de la Mecque. Le prophète y est mal accueilli, il quitte le cœur meurtri cette localité et c’est en route qu’un groupe de Jinns l’ayant entendu réciter le Coran devient musulman et informe leurs congénères de la descente d’un Livre après celui de Moïse (paix sur lui)

[7] De Mecque à Jérusalem et de cette ville au ciel.

[8] Ancien nom de la ville de Médine.

[9] C’est le terme « muslimûn » qui est utilisé dans ce verset. Le Coran l’attribue à tous les prophètes (paix sur eux) et ceux et celles qui ont adhéré à leurs messages. Il pose problème à certains qui le comprennent au sens de musulmans donc liés au prophète Muhammad (saws) alors qu’il s’agit plutôt du sens étymologique à savoir les soumis à Dieu.

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