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Halte à la répression contre le peuple égyptien !

Des millions de manifestants sont descendus sur la place Rabia Al Adaouia au Caire et dans plusieurs autres localités égyptiennes dans le cadre du « vendredi du refus » du coup d’Etat militaire à l’appel de l’ « Alliance nationale pour la défense de la légalité » constituée à l’initiative des Frères Musulmans. Les manifestants pacifistes exigeaient la libération et le retour du président élu Mohammed Morsi et scandaient leur attachement à la légalité constitutionnelle piétinée par l’armée. 

Ce faisant, ces manifestants montraient à la face du monde que ceux qui se sont cachés derrière la « légitimité » de la rue pour justifier la destitution du président Morsi étaient des imposteurs puisque s’il faut s’en tenir à la « rue », il faut au moins avoir l’honnêteté de prendre aussi en considération ces millions de citoyens égyptiens attachés à leur président élu. Si le commandement de l’armée voulait vraiment sauver la paix civile en Egypte menacée par la grave cassure politique de la société égyptienne en deux, il aurait pesé de tout son poids pour convaincre les deux parties d’un nécessaire retour aux urnes.

Or, ce commandement militaire a tout fait pour saboter l’initiative du président Morsi qui appelait à des élections législatives dans les six mois, élections qui auraient pu permettre à l’opposition d’arriver démocratiquement au pouvoir et de proposer une modification de la Constitution si elle était vraiment si sûre de son assise populaire. Mais ceux qui ont pris sur eux la lourde responsabilité d’intervenir militairement contre l’ordre constitutionnel ne pouvaient avoir agi de la sorte que parce qu’au fond ils n’étaient pas si sûrs de leur légitimité démocratique.

C’est pourquoi la junte militaire a pris des mesures répressives et antidémocratiques dès les premières minutes qui ont suivi l’annonce du coup d’Etat à la télévision : arrêt des chaînes de télévision pro-islamistes, vague d’arrestations dans les rangs des cadres des Frères Musulmans, encerclement des manifestants pro-Morsi par les véhicules blindés de l’armée et intimidation des manifestants.

Il n’est pas étonnant dès lors que les manifestations pro-Morsi de vendredi et samedi soient l’objet d’intimidations et de répression des forces de l’ordre. Bien que les dirigeants des Frères Musulmans aient appelé leurs partisans à manifester pacifiquement, il fallait s’attendre à des provocations émanant des « baltajia », ces miliciens soudoyés par les anciens partisans du régime de Moubarak en vue de commettre des actes violents que les services de sécurité vont hâtivement attribuer aux islamistes pour mieux justifier la répression qui va s’abattre sur eux. C’est un scénario connu dans les tous les processus contre-révolutionnaires.

La chasse aux médias qui a déjà commencé en Egypte vise à créer un contexte favorable à la répression. Les appareils répressifs affectionnent tout particulièrement les massacres à huis-clos. C’est pourquoi, il est du devoir de tous les hommes libres en France et en Europe de se mobiliser en vue de dénoncer cette répression en diffusant les images qui en témoignent. C’est le minimum attendu dans le cadre de la campagne internationale de solidarité avec le peuple égyptien contre la répression et la nouvelle dictature militaire maquillée en « révolution populaire ». C’est pourquoi il est de notre devoir de reproduire ces vidéos en signe de solidarité avec un peuple victime d’injustice et qui se bat pour être rétabli dans son droit.

En dénonçant la répression et la dictature, il ne s’agit pour nous de soutenir en particulier le programme des Frères Musulmans ou la politique du président Morsi. Si les Frères Musulmans au pouvoir avaient fait la même chose- suspension de la constitution, dissolution des institutions élues, interdiction des médias non conformes, arrestation des opposants, répression des manifestants- nous aurions dénoncé avec la même fermeté cette répression. Si les Frères Musulmans venaient à faire la même chose demain au cas où ils arriveraient une nouvelle fois au pouvoir, nous les dénoncerons sans hésitation.

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Mais aujourd’hui, les Frères Musulmans sont victimes d’une grave injustice. Un président issu de leur rang a été élu démocratiquement dans le cadre d’une élection libre. Un Conseil consultatif élu démocratiquement vient d’être dissous. Une Constitution approuvée par 64% des électeurs vient d’être suspendue. Des militants politiques qui n’ont commis aucun délit sont jetés en prison. Des manifestants pacifiques sont la cible de tirs émanant de la police, de la garde républicaine et de nervis à la solde des milliardaires corrompus comme Sawiris et Cie.

Dénoncer aujourd’hui la répression qui s’abat sur les partisans d’un président légitime et appeler au retour de l’ordre constitutionnel en Egypte est un devoir civique et démocratique élémentaire quelle que soit par ailleurs notre position à l’égard du programme des Frères Musulmans. Si le coup d’Etat militaire réussit en Egypte, ce serait la porte ouverte au désespoir, au radicalisme et à la violence dans le monde arabe. Si le coup d’Etat militaire échoue en Egypte, ce serait enfin un signal fort à l’adresse de tous ceux qui croient que la force pourra toujours l’emporter sur le Droit.

En Europe, les citoyens libres doivent mettre la pression sur
leurs institutions et leurs élus. L’Union africaine vient de suspendre l’Egypte jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel. Il n’est pas normal que l’Europe qui se gargarise d’être la patrie de la démocratie et des Droits de l’Homme soit à ce point timorée. Le silence devant ce qui se passe aujourd’hui en Egypte est signe de complicité inavouée. Il n’est pas suffisant de dénoncer la violence en général ni d’appeler en général à la retenue tous les protagonistes comme le font les puissances occidentales. Il est aberrant de renvoyer dos à dos la mobilisation de masse pacifique de millions de personnes et la violence d’un régime qui sort ses chars et ses avions de guerre pour intimider son peuple. Il est malhonnête de mettre sur le même pied d’égalité les actes de violence isolés qu’on attribue hâtivement à des islamistes radicaux et les tirs à balle réelle émanant de corps constitués d’un Etat censé protéger la liberté et l’intégrité de tous ses citoyens.

Quel est le message que l’Europe voudrait envoyer aux 15 millions de ressortissants musulmans qu’elle abrite et aux peuples musulmans en général quand elle se rend ainsi complice d’un coup d’Etat militaire que ses médias cherchent à excuser sous prétexte qu’il serait un sursaut « laïque » contre un hypothétique « péril islamiste » ?

Face à l’hypocrisie de l’Europe officielle, il appartient aux citoyens libres de faire entendre leur voix et de pousser les institutions européennes à exiger l’arrêt immédiat de la répression qui s’abat sur le peuple égyptien et à geler toute coopération avec la junte militaire égyptienne jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel !

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