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Gérard Depardieu, un ex-musulman devenu fan d’Israël

Depuis l’annonce de son exil fiscal en Belgique, l’acteur Gérard Depardieu a suscité quantité de réactions passionnelles de la part de la classe politique et du monde culturel. Ici ou là, on évoque une carrière professionnelle devenue moribonde, l’appât du gain de plus en plus manifeste chez ce comédien-viticulteur proche de Nicolas Sarkozy ou ses accointances avec les dictatures d’opérette des Balkans.

Deux aspects biographiques, méconnus du grand public et des éditorialistes, sont rarement abordés pour illustrer le parcours sinueux de l’homme.

En 1967, Gérard Depardieu, jeune homme âgé de 18 ans et demi, s’était converti à l’islam. Il le raconte lui-même en détail au journaliste Laurent Neumann dans un entretien paru en 2004 sous le titre « Vivant ! ». Extraits :

« Je crois aux hommes. Je crois à la vie, et notamment à celle qui a précédé Dieu. Et, bien sûr, je crois en Dieu. Enfin… Je dis que je crois. En fait, je crois que je crois. […] En tout cas, je ne suis pas athée. […] Je vais même te faire un aveu: quand je suis arrivé à Paris, en 1965, j’ai été musulman pendant près de deux ans. […]Je fréquentais la mosquée de Paris, rue Geoffroy-Saint-Hilaire. Je faisais mes prières cinq fois par jour, mes ablutions quotidiennes au hammam, je lisais le Coran… En fait, je crois que cette idée s’est imposée à moi après un concert d’Oum Kalsoum, «l’astre de l’Orient». […]

Quand je suis sorti de [son] concert à Issy-les-Moulineaux, j’étais transporté, bouleversé, ému aux larmes… J’avais dû éprouver ce que les Arabes appellent le tarab, le paroxysme de l’émotion et de l’amour. Il n'y a pas besoin de culture ou d'éducation religieuse pour ressentir ça, Il suffit de se laisser toucher par la grâce… A cette époque, la mosquée, c'était un peu mon lycée à moi. […]
Ma vie n’est pas un modèle de vertu. Mais j’ai toujours été dans une forme de recherche personnelle. Il faut bien que Dieu existe, qu’il y ait quelque chose à nous supérieur ! Quelque chose ou quelqu’un pour exorciser toutes les peurs que l’on porte en soi. […] Toute ma vie a été ainsi scandée par cette quête spirituelle et par la découverte de l’autre ».

Plusieurs éléments peuvent prêter à caution dans son témoignage : par exemple, si Gérard Depardieu croit se souvenir avoir été attiré par l’islam en raison d’un concert d’Oum Kalsoum, sa mémoire serait approximative. Celle qui est considérée comme la diva du monde arabe n’a donné qu’un seul concert en France : c’était en novembre 1967 et dans la salle parisienne de l’Olympia.

https://www.youtube.com/watch?v=pL2PMN_qN0Q

https://www.youtube.com/watch?v=DkNYH1BVmPI

A moins d’avoir confondu avec une autre cantatrice découverte dans la ville limitrophe d’Issy-les-Moulineaux, le jeune homme se serait donc converti à la veille de ses 19 ans, fêtés le 27 décembre 1967. Deux ans plus tard, juste après son renoncement à l’islam, l’apprenti-comédien épousera Elisabeth Guignot, fille de polytechnicien et partenaire de théâtre. L’ancien loubard de Châteauroux démarrait ainsi une nouvelle vie au cœur même de la bourgeoisie parisienne.

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Vin cacher

Les années 2000 seront l’occasion d’un rapprochement progressif avec la culture israélienne. En 2005, à l’occasion d’une invitation à un festival local, Gérard Depardieu exprimait encore une certaine neutralité politique : «En France, beaucoup de choses se disent à propos d’Israël et du conflit israélo-palestinien. Je ne vous juge pas ». Dans cette interview accordée au média israélien Ynet, l’acteur révéla incidemment avoir interrompu sa production de vin cacher en raison d’un problème de « communication » entre rabbins français à ce sujet. Depardieu entretient toujours plusieurs vignobles à travers le monde, notamment au Maroc et en Algérie.

Deux ans plus tard, l’œnologue est retourné sur place en compagnie de l’actrice Fanny Ardant. Dans un film intitulé « Hello Goodbye » et réalisé par Graham Guit, le tandem forme un couple de Français juifs désireux de faire leur « alya »-un terme hébreu désignant l’acte d’immigration en Israël.

https://www.youtube.com/watch?v=QxGFQ-N2xDk

A propos du centre d’intégration des étrangers, l’acteur a fait connaître au Jerusalem Post son enthousiasme : « C'est un endroit extraordinaire. Je suis heureux de voir les nouveaux immigrants d'Ethiopie [qui représentent la majorité des résidents du centre], ils sont la partie la plus importante du film ».

Quelques semaines après la fin du tournage, Gérard Depardieu semble être tombé sous le charme de Tel Aviv, une ville devenue  « chère à son cœur ». Lors de l’enregistrement d’une émission animée par Mélissa Theuriau et diffusée sur Paris Première en janvier 2008, l’acteur s’improvise guide dans la capitale israélienne. Selon la téléspectatrice Chantal Sutton, animatrice du blog justinteresting.com et férue de cinéma israélien, il y a célébré l’art de vivre
 local : 

« Gérard Depardieu arrive merveilleusement à faire ressentir au téléspectateur cette façon de vivre et ce bonheur propres à Tel Aviv. […] Et pour une fois, toutes ces vérités ne sont pas racontées par des Juifs. On ne pourra pas taxer Gérard Depardieu de parti-pris lorsqu’il explique que les médias français reflètent une image faussée d’Israël ».

En cas de problème avec la Belgique, le viticulteur pourra toujours tenter de  tirer profit d’un exil fiscal en s’expatriant  à Tel Aviv : pour ceux qui veulent se passer de l’impôt sur la fortune et bénéficier d’un climat méditerranéen, c’est aussi la terre promise.

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