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Gérard Depardieu, un « citoyen du monde » par intérêt

Son ivresse s’est souvent donnée tristement en spectacle sous les projecteurs du monde entier et sous les quolibets qui, à travers lui, raillaient une certaine image de la France, Gérard Depardieu, le poids lourd du cinéma français, est un comédien aux multiples facettes qui se laisse facilement griser par sa proximité avec des dictateurs et par l’argent sale qui est à la clé, et de cette exaltation-là, assurément la plus choquante, il ne semble pas prêt de dessaouler…

Le « Gégé national » est un ambassadeur imposant du septième art et, parfois même très encombrant, précédé par sa filmographie et rattrapé par ses incartades, qui se plaît à se définir joliment comme un « citoyen du monde ». Une bien belle formule qui a l’art d’embellir la réalité, mais quoi de plus normal pour un acteur habitué à porter des masques !

Depardieu, le requin des affaires cousu d’or, est un drôle de démocrate qui sillonne le monde en se laissant porter là où il pourra faire fructifier son pactole, derrière les citadelles somptueuses et impénétrables de la tyrannie et de la corruption. L’acteur de la démesure a endossé là son plus mauvais rôle : jouer, publiquement et avec un plaisir non feint, les amis des autocrates mégalomanes et cupides qui ont en commun de régner sans partage.

Comme on préférait l’entendre déclamer la célèbre tirade du nez de Cyrano de Bergerac plutôt que ses envolées lyriques à la gloire de ses partenaires et associés, les despotes, redoutables pilleurs en col blanc des richesses nationales !

Depardieu et Abdelaziz Bouteflika

Depardieu main dans la main avec Bouteflika, prenant la pose avec Castro, donnant l’accolade à Poutine, poussant la chansonnette avec Gulnan Karimova, la fille du président de l’Ouzbékistan, Islam Karimov, soutenant le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, Depardieu nouant des liens étroits avec Cuba, dans les années 1990, dans le cadre d’un projet pétrolier impliquant le roi du poulet de l’époque, Gérard Bourgoin, Depardieu se sentant l’âme d’un gentleman vigneron à Tlemcen, en 2008, sur les conseils du peu recommandable Abdelmoumen Khelifa, le milliardaire qui fit fortune grâce aux caciques du pouvoir algérien avant de connaître la décadence, ou encore Depardieu, guest star en 2012 de la cérémonie célébrant le 36ème anniversaire de Ramzan Kadyrov. Le casting est trié sur le volet, mais la galerie de personnages fait froid dans le dos, de même que les pactes juteux qui scellent de telles amitiés coupables.

    

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Depardieu et Fidel Castro, aux côtés de Gérard Bourgoin, en 1990

Depardieu en compagnie de Ramzan Kadyrov

Après avoir obtenu la nationalité russe avec perte et fracas en France, et à grand renfort d’embrassades surmédiatisées avec Vladimir Poutine, Gérard Depardieu, qui revendique le « droit aux excès » dans les colonnes du JDD, est pris d’une boulimie de nationalités étrangères, le passeport algérien étant actuellement l’objet de toutes ses convoitises. Nul doute que cela ne sera qu’une simple formalité, tant son amitié indéfectible avec les généraux algériens et le président Bouteflika, même éloigné du pouvoir par la maladie, plaidera en sa faveur. Peut-être parviendra-t-il enfin à acquérir des vignobles qui avaient aiguisé ses appétits en 2008, mais en l'occurrence l’euphorie enivrante avait été de courte durée…

Depardieu, citoyen du monde par intérêt et sans état d’âme, Depardieu exilé fiscal par intérêt qui a récemment joué la grande scène du contribuable en colère, drapé dans sa fausse émotion de citoyen français contraint d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, sans oublier Depardieu fervent partisan de Sarkozy par intérêt et sans idéologie, ne vouant un culte qu’au Dieu business et à l’oligarque de l’Elysée, alors candidat à sa réélection, qui l’a sorti d’un bien mauvais pas : « Quand j’ai eu récemment des problèmes avec l’une de mes affaires à l’étranger, il (Sarkozy) s’est mis en quatre et m’a réglé le problème de suite. Tout ce qu’il me demandera, je le ferai », s’exclamait en 2012 le comédien dithyrambique à l’égard de l’admirable hyperprésident du « mouton dans la baignoire », du débat sur l’identité nationale, de l’explosion du chômage et du bouclier fiscal…

A la ville, l’interprète d’Obélix, le gaulois irréductible, cède la place à un homme public qui ne craint pas de scandaliser dans les chaumières en affichant ses liaisons dangereuses. Et pourquoi dissimulerait-il ses sympathies inavouables, qui auraient sonné le glas de la carrière de n’importe quel autre acteur, puisque son nom est toujours tout en haut de l’affiche ? Pourtant que reste-t-il du monstre sacré franco-russe du cinéma, si ce n’est le complice, monstrueusement vénal et provocant, de la tyrannie sans frontières.

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