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Frères d’Orient….

Les deux attentats perpétrés à un mois d’intervalle dans des églises chrétiennes en Irak et en Égypte contribuent, au delà du drame que vivent les victimes, à accroître en France et ailleurs une peur grandissante de l’islam, consciemment ou inconsciemment assimilée à ces actes de terrorisme. Dans ce cadre, les artisans du dialogue entre chrétiens et musulmans qui cherchent à mettre en valeur le meilleur des deux religions pour inviter à s’enrichir ensemble dans une découverte réciproque de nos cultures et de nos religions sont parfois considérés comme des naïfs et peu écoutés.

 Pourtant, il semble que ce dialogue entre chrétiens et musulmans est plus que jamais nécessaire. Il n’y a pas d’avenir possible dans l’érection de murs infranchissables de peur et de haine, ni dans le déni d’une présence musulmane effective.

Nous ne parviendrons pas à construire une société multiculturelle, vécue de facto comme telle, dans un nombre croissant de pays, sans relever les manches et nous mettre au travail pour construire, ensemble, la société dans laquelle nous voulons vivre aujourd’hui et demain.

Les personnes déjà engagées dans le dialogue entre les religions ont un rôle essentiel. Elles témoignent d’abord que les religions ne sont pas en elles-mêmes porteuses de conflit. Elles témoignent de l’importance d’être engagées dans nos sociétés auprès de tous les autres, croyants ou non. Elles attestent que Dieu est bien trop grand pour qu’on puisse en son nom prétendre tuer ou même manquer de respect à n’importe quelle personne.

 Alors que certains musulmans sont régulièrement la cible d’attentats en Irak, que des chrétiens font l’objet de nombreuses discriminations dans plusieurs pays, nous pensons que les pays où les uns et les autres ont la chance de vivre dans l’égalité, doivent être les premiers à ne pas céder à la peur et à donner l’exemple d’une vie heureuse et pacifique où chrétiens, musulmans et membres d’autres religions se mobilisent pour bâtir ensemble une société plus fraternelle. 

Pour cette raison, l’engagement du GRIC pour le dialogue islamo-chrétien nous semble plus que jamais nécessaire. En partageant nos réflexions, nous souhaitons donner à tous ceux qui s’y intéressent des éléments pour approfondir ce dialogue et s’ouvrir à la richesse que Dieu veut nous faire découvrir dans la rencontre de l’autre.

Nous tenons à exprimer notre profonde inquiétude quant à la situation des Chrétiens d’Orient et leurs droits de pratiquer librement et en toute sécurité leur religion, et appelons toutes les personnes éprises de paix et de justice à unir leurs forces pour éteindre les feux de l’inimitié et de l’intolérance. Nous pensons que le terrorisme, d’où qu’il émane, constitue un crime selon toutes les normes légales, morales et humanitaires.

Tout en exprimant notre solidarité avec le peuple égyptien face à cette tragédie qui a touché sa composante copte, nous appelons musulmans et chrétiens d’ici et d’ailleurs à résister par leur unité et leur fraternité aux promoteurs de la haine et de la violence pour que cessent ces persécutions des communautés religieuses du Moyen-Orient et ces actes criminels qui visent des lieux de cultes, lieux de paix et de sérénité. Tout en dénonçant les amalgames et autres instrumentalisations religieuses ou politiques, nous affirmons notre refus catégorique de toute tentative qu’elle qu’en soit la source pour attribuer le terrorisme à une religion, ethnie ou culture.

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Nous croyons, en outre, fermement à la nécessité d’œuvrer pour consolider les valeurs de tolérance et de cohabitation entre les religions et les civilisations. C’est dans cette optique qu’il nous parait urgent de s’atteler à la consécration de la paix et de la fraternité, véritables enjeux planétaires.

En ces temps où les défis portés à la foi au Dieu unique sont nombreux et divers, musulmans et chrétiens ont donc à répondre en commun à ces défis internes et externes. Nous avons à distinguer sans cesse les enjeux politiques sociaux et culturels qui se cachent souvent derrière le motif religieux et à discerner, dans les actes de violence ce qui est réellement recherché par ceux qui les commettent. Nous avons à nous retrouver ensemble, entre croyants, pour aborder ces défis du monde contemporain, faire profiter nos communautés religieuses respectives des questions que ces défis leur posent et les rendre capables d’y apporter des réponses adaptées, afin que la lumière et l’espérance dont elles sont porteuses puissent être reconnues et reçues par ceux qui cherchent la vérité et la justice.

Convaincus que l’islam, comme le christianisme et d’autres religions, est porteur d’un message de paix, nous rejetons l’instrumentalisation ainsi que les raccourcis intellectuels et médiatiques qui promeuvent la suspicion et les approches stigmatisantes.

Epris de paix et convaincus du caractère sacré de la vie et de la dignité humaines, nous réaffirmons avec force que le meilleur remède pour éviter les chocs confessionnels et les écueils sectaires et pour mettre un terme à la logique mortifère du clash civilisationnel, consiste à persévérer sur le chemin du dialogue et de la l’entre-connaissance. Dans ce climat anxiogène, la vigilance s’impose plus que jamais et la construction d’un vivre-ensemble, fut-il fragilisé, devient encore plus impérieux dans ces moments douloureux.

Henri de La Hougue, Prêtre de la Compagnie de Saint-Sulpice, docteur en théologie et maître de conférences à l’Institut de Science et de Théologie des Religions (ISTR) de l’Institut Catholique de Paris. Titulaire d’une licence canonique de l’Institut Pontifical d’Islamologie et d’Etudes Arabes (PISAI). Co-président du GRIC. Il enseigne également la théologie au Séminaire de Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux.

Kamel Meziti est historien et secrétaire général du Groupe de Recherches Islamo-Chrétien

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