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Français comme Christian Estrosi ou voyou, il faut choisir

Dilemme. Lundi, le ministre chargé de l’Industrie, Christian Estrosi, a apporté son soutien au projet relatif à la déchéance de la nationalité, ajoutant qu’entre « Français et voyou, il faut choisir ». Portrait en creux d’un ami intime et loyal de Nicolas Sarkozy.

« Bien évidemment, quand on est Français de première génération et que ça fait 30 ans, 40 ans, 50 ans, qu’on a exercé des responsabilités sociales, familiales, dans notre pays, on n’est pas concerné. Mais quelqu’un qui, il y a trois ans, quatre ans, s’est organisé, a voulu, a essayé de démontrer par tous les moyens qu’il avait le droit d’accéder à la nationalité française, nous disons à celui-là : accepter nos lois ou les violer, il faut choisir » : bienvenue au royaume de la droite décomplexée. Ce lundi 9 août, au micro d’Europe 1, Christian Estrosi enfonce le clou. Suite aux propositions incendiaires du président de la République, formulées à l’encontre des délinquants d’origine étrangère, le ministre chargé de l’Industrie assure le service après-vente à qui n’aurait pas saisi le message gouvernemental : « Français ou voyou, il faut choisir », ajoute-t-il pour résumer le nouveau dogme de l‘Elysée.

« J’approuve », lui a rétorqué le vice-président du Front national, Bruno Gollnisch, visiblement ravi de découvrir la lepénisation des esprits remise au goût du jour. Et peu importe si la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme s’inquiète du climat délétère, soulignant que « l’élargissement des cas dans lesquels une personne serait déchue de sa nationalité introduit une distinction entre les citoyens, ce qui est contraire au principe d’égalité ». La voix de quelques humanistes, soucieux de préserver l‘esprit républicain, est aussitôt recouverte par la fanfare militaire des légions sarkozystes.

La déchéance de la Nation par Nicolas Sarkozy

Dans l’air du temps, la recette gouvernementale, faite d’opprobre et de stigmatisation des étrangers, s‘avère fructueuse : selon un sondage controversé, 8 Français sur 10 se déclarent ainsi favorables à la déchéance de la nationalité. En sollicitant, avec succès, les plus vils instincts qui sommeillent en chacun d‘entre nous, les dirigeants ont, d’ores et déjà, repoussé les limites du champ démocratique : rien n’empêchera demain la majorité parlementaire de tenter de remettre en cause, outre le droit à la nationalité, d’autres acquis tel, par exemple, l’abolition de la peine de mort. A sa mesure, Christian Estrosi continue d’appliquer la stratégie déployée en tant qu’élu local de la région niçoise : « La campagne qu’a menée Nicolas Sarkozy (en 2007), c’est déjà celle que je menais en 1992 pour dire aux électeurs tentés par Le Pen dans les Alpes-Maritimes : nous avons des valeurs partagées sur la sécurité, l’identité et le travail, ne vous tournez pas vers les extrêmes ! ». Capter à son compte un électorat « égaré » tout en le confortant dans ses erreurs d’appréciation : l’UMP persiste à vouloir copier le FN. Quitte à galvaniser le vote populiste et xénophobe aux prochaines élections.

Hell’s Angels

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Loyal, le ministre chargé de l’Industrie s’inspire de la méthode de son mentor, Nicolas Sarkozy. Les deux hommes se sont rapprochés durant la traversée du désert par les balladuriens, au lendemain de la victoire de Jacques Chirac. Du même âge, le tandem partage également un dédain similaire pour les gens de lettres et autres intellectuels universitaires. Longtemps surnommé le « motodidacte », Christian Estrosi, davantage connu pour ses exploits de jeunesse en deux-roues que pour son art oratoire, cultive des passions singulières, comme la défense dithyrambique d’Israël ou le mépris outrancier du journalisme d’investigation. Impulsif et souvent maladroit, l’homme peut se vanter de faire régulièrement l’objet d’un article du Canard Enchaîné en raison de ses multiples frasques, bévues et irrégularités en tout genre.

Cela n’empêche pas le fringant ministre de conserver son sourire hollywoodien en toute circonstance : ainsi, en période de ramadan, l’élu local sait faire preuve d’une certaine concorde républicaine, comme le suggèrent ces images, extraites d’un « reportage municipal » datant de septembre 2009. Monsieur le maire est y aperçu en train de se joindre à une sympathique famille musulmane afin de célébrer la rupture du jeûne. Christian Estrosi se voit, en outre, chaleureusement accueilli par la représentant local du Conseil régional du culte musulman. Hospitalité de rigueur, avec, sans doute, une pointe de bienveillance obséquieuse à l‘endroit de l‘invité. Qu’à cela ne tienne : aucun des convives n’aura l’outrecuidance de demander au maire de Nice pourquoi il s‘oppose tant, a contrario de son homologue strasbourgeois, à l’édification d’un minaret pour le projet d’une grande mosquée locale. A l’instar de la droite gaulliste et d’une certaine gauche laïciste, Christian Estrosi doit sans doute estimer que l’islam est tout à fait le bienvenu en France. Pourvu qu’il soit humble, incolore et discret.

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