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La figure de Jésus (paix sur lui) à la lumière du Coran et des hadiths

A l’occasion de la célébration de la Nativité du Christ ou communément la naissance de Jésus (paix sur lui), nous proposons de re-découvrir les postures juive, chrétienne et musulmane quant à la « nature » au statut et au rôle de Jésus dans l’histoire du Salut. Le but est de surtout mettre en lumière les visages de Jésus (paix sur lui) dans le Coran et les hadiths, tout en rappelant brièvement ce que nous en dit le judaïsme rabbinique et le christianisme.

Le judaïsme face à Jésus (paix sur lui)

A ce sujet, grosso modo, le judaïsme rabbinique enseigne ceci :

La naissance miraculeuse de Jésus (paix sur lui) d’une jeune femme vierge est rejetée et considérée comme un non-événement dans l’histoire du Salut ;

Le dogme du judaïsme rabbinique considère que Dieu est unique, transcendant et séparé de sa création et par conséquent rejette toute filiation divine d’un être humain ou non ;

Jésus ne peut être le Messie attendu car n’ayant pas de père biologique, il ne peut relever de la généalogie de David ;

Le Messie dont parle la Bible hébraïque (l’Ancien testament) est un descendant de David par une naissance ordinaire d’un père issu de ce dernier et d’une mère israélite ;

Le Messie fils de David viendra à la fin des temps redonner toute sa souveraineté politique et sa grandeur spirituelle à Israël et reconstruira le Temple (3e reconstruction) ;

Cela se fera après qu’Israël ait subi de grandes épreuves de la part de peuples ennemis, (Gog et Magog) ;

Le Messie fils de David rassemblera tous les fils d’Israël de partout dans le monde ;

Il adviendra un temps de paix et d’abondance dans le monde entier et la connaissance de Dieu à travers l’étude de la Thora révélée à Moïse (paix sur lui) sera le plaisir indépassable, une sorte de nirvana spirituelle.

Enseignements chrétiens sur Jésus (paix sur lui)

D’un point de vue chrétien avec la nuance protestante sur la question, voici ce qui est dit :

Avec la venue du fils de Dieu, Jésus (paix sur lui), c’est un nouveau testament (une nouvelle alliance) qui entre en vigueur et c’est l’église qui est désormais le peuple de Dieu ;

Jésus est le fils de Dieu pas dans un sens allégorique mais de même nature que le Père (Dieu) selon le dogme du christianisme majoritaire ;

Jésus (paix sur lui) qui est le vrai Messie qu’Israël n’a pas reconnu ou a refusé d’accepter sera de retour à la fin des temps ;

C’est par son sang versé lors de la crucifixion que Jésus (paix sur lui) assume la rédemption de toute personne juive ou non qui croit en son statut de fils de Dieu envoyé par son Père (Dieu) pour racheter les péchés de l’humanité ;

Jésus (paix sur lui) triomphera de l’Antéchrist et fera régner la paix éternelle dans une terre transformée en une nouvelle création après avoir jugé les hommes au nom de son père (Dieu).

Les visages de Jésus à la lumière du Coran et des hadiths

Intéressons-nous maintenant à la figure de Jésus dans les références scripturaires de l’islam, incluant les questions liées à sa nature, son identité, son statut et son rôle dans l’histoire du Salut. Jésus est mentionné dans le Coran, sous la désignation de « al masîh » (le Messie), de « Îsâ ibn maryam » (Jésus, fils de Marie), de « Îsâ » (Jésus) et des pronoms personnels féminin « ibnahâ » (son fils – celui de Marie) et masculin « ummuhû » (sa mère – celle de Jésus). Il sera question aussi de mentionner ce que le Coran rejette relativement à l’identité et au statut de Jésus :

Jésus est une créature de Dieu (Coran 3 : 47 / 3 : 59 / 5 : 17) ;

Jésus et sa mère sont les seuls à ne pas avoir subi le « toucher » de Satan (Coran 3 : 36) ;

Jésus et sa mère consomment de la nourriture pour vivre (Coran 5 : 75) ;

Jésus est le fils de Marie qui l’a engendré en étant vierge et sans qu’aucun homme ne l’ait touchée (Coran 3 : 42-47 / 16-36)

Jésus est le résultat de l’action d’une Parole (kalimah) spéciale venant de Dieu et est animé par un esprit (Rûh) venant de Lui (Coran 3 : 45 / 4 : 171 / 66 : 12) ;

Jésus est un enfant pur (zakiy), (Coran 19 : 19) ;

Jésus vient au monde avec les noms et qualificatifs de « Îsabna maryam » (Jésus fils de Marie), « ‘Îsâ » (Jésus), « al masîh » (le Messie), « wajîh » (illustre ici-bas comme dans l’au-delà), « minal muqarrabîn » (parmi les rapprochés de Dieu), « sâlihîn » (vertueux), (Coran 3 : 45-47/3 : 55 /5 : 111-112) ;

Jésus vient au monde ayant reçu de Dieu la connaissance de l’Ecriture révélée (al kitâb), la sagesse (hikmah – capacité à l’enseigner de façon juste et infaillible), la « Tawrât » (Thora originelle) révélée à Moïse (paix sur lui), et « al injîl » (l’Evangile originelle) (Coran 3 : 48 / 5 : 46-110 / 19-30 / 5 : 26-27 / 61 : 6) ;   

Jésus est Le vrai Messie (Coran 3 : 45/ 4 : 157, 171-172 / 5 :17, 72, 75 / 9 : 31) ;  

Jésus se dit serviteur de Dieu (‘abdullah) et Le reconnait comme son Maitre et Seigneur (Rabb), (Coran 3 : 51 / 4 : 172 / 5 : 114, 117 / 43 : 59, 63-64 / 19 : 30-31, 36) ;

Jésus est prophète (Nabiy) et messager (rasûl), (Coran 2 : 136, 253 / 3 : 52-53, 84 / 4 : 157, 163, 171 / 5 : 75, 110 / 6 : 85 / 19 : 30 / 33 : 7 / 42 : 13) ;

Jésus est messager de Dieu (rasûl) aux fils d’Israël (Coran 3 : 48-49 / 61 : 6) ;  

Jésus a montré ses bayyinât (preuves, miracles) aux fils d’Israël et accompli des miracles (parler au berceau, redonner vie à des morts, donner vie par son souffle à un oiseau façonné de sa main à partir d’argile, guérir l’aveugle-né et le lépreux, dire ce que les gens ont mangé et conservé dans leurs maisons, le tout de par la permission de Dieu, (Coran 2 : 87, 253 / 3 : 49 / 5 : 110, 112-114 / 19 : 30-33 / 61 : 6 ) ;

Jésus reçoit une assistance spéciale de Dieu à travers l’Esprit Saint (Ar-rûhul qudus – l’ange Jibrîl, Gabriel selon les commentateurs du Coran), (Coran 2 : 87, 253 / 5 : 110) ;  

Jésus est lui-même un signe (âyah) de Dieu qui a apporté un signe de Dieu, (Coran 3 : 49-50 / 19 : 21 / 21 : 91 / 23 : 50 / 43 : 61) ;    

Jésus est une émanation de la miséricorde (rahmah) de Dieu, (Coran 19 : 21) ;

Jésus est l’interprète de la « Tawrât », celui qui apporte des allégements à la loi et qui est arbitre des divergences d’interprétation au sein des fils d’Israël, (Coran 3 : 50 / 43 : 63-64) ;   

Jésus est accompagné du sceau de la bénédiction de Dieu et de la paix où qu’il soit, et il est dépositaire de la grâce de Dieu qui se manifeste dans la bonté envers sa mère, aussi il est assuré de ne jamais être arrogant ni malheureux (Coran, 19 : 31-33) ;

Jésus est un exemple pour l’humanité, les fils d’Israël et le peuple du prophète Muhammad (saws), (Coran 3 : 59 / 43 : 57-59) ;   

Jésus n’a été ni tué ni crucifié et a été élevé au ciel, (Coran 3 : 55 / 4 : 155-158) ;

Jésus n’est pas Dieu : énoncés tirés du Coran

La mère de Marie invoque Dieu pour que sa fille et sa descendance (de Marie) soit protégée par Dieu du toucher de Satan étant entendu que Dieu n’a pas besoin d’être protégé ;

Les anges qui annoncent à Marie l’enfantement d’un fils évoque la liberté et la toute Puissance de Dieu à créer ce qu’Il veut ;

De même qu’ils (les anges) en parlent à travers des termes propres à des humains : Messie, Jésus fils de Marie, illustre ici-bas et dans l’au-delà, parmi les proches de Dieu et les vertueux, enfant, garçon pur ;

Marie utilise des termes qui s’appliquent à un être humain : comment pourrais-je avoir un enfant !

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Jésus et sa mère sont qualifiés de signe (âyah), étant entendu que Dieu n’est pas un signe, il est plutôt le signifié, ce à quoi renvoie au-delà de lui-même le signe ;

Jésus est qualifié d’effet de la Miséricorde de Dieu (Rahmah) ;

Jésus est un corps biologique qui satisfait des besoins dont sa vie et celle de sa mère dépendent alors que même les anges ne mangent pas ;

Jésus s’applique des fonctions et qualificatifs humains quand il parle au berceau ;

Jésus est soumis aux obligations cultuelles de Salât et de Zakât ;

Jésus se dit serviteur du Dieu d’Israël et exhorte les fils d’Israël à L’adorer, en leur disant que c’est cela le droit chemin ;

Jésus demande le soutien des apôtres (al hawâriyyûn) dans sa mission et ces derniers lui répondent être prêts pour servir Dieu ;

Jésus est assisté de l’esprit saint alors que Dieu se suffit à lui-même ;

Jésus accomplit des miracles avec la permission de Dieu ;

Jésus est élevé au ciel par Dieu et pas de son propre chef ni par sa propre capacité ;

Jésus parle de sa naissance de sa mort et de sa résurrection ;

Jésus se dit innocent de sa divinisation après son élévation au ciel, et dit ne pas connaitre le « nafs » de Dieu alors que Lui connait le sien ;

Dieu interroge Jésus le jour dernier ce qui veut dire qu’il n’est pas Dieu (à qui personne ne peut demander des comptes) ;

Dieu a acté l’engagement des prophètes y compris celui de Jésus ;

Le messie ne trouve pas indigne d’être un serviteur de Dieu ;

Dieu demande à Jésus de se rappeler Ses bienfaits ;

Jésus n’est qu’un messager ;

Jésus est comme Adam ;

Dieu menace d’anéantir Jésus et sa mère ;

Jésus est protégé par Dieu des fils d’Israël qui lui sont hostiles ;

Jésus apporte des preuves de son statut de prophète et messager à travers des miracles par la permission de Dieu (bi-iznillah) ;

Jésus reçoit la révélation comme tous les prophètes, il n’en est pas la source ;

Dieu enseigne à Jésus le Livre, la « Tawrât » (Thora originelle), « al injîl » (Evangile originelle) et « al hikmah » (la sagesse) ;

Jésus exhorte les fils d’Israël à adorer Dieu et à le craindre et non lui ;

Les apôtres appellent Jésus : fils de Marie, messager (rasûl), lui demandent d’invoquer Dieu pour manger d’une table qui vient du ciel, et se disent auxiliaires de Dieu (ansârullah) ;

Jésus invoque Dieu pour qu’Il fasse advenir la Table réclamée par les apôtres et il parle de la Table comme un signe pour lui et les autres ;

Qualités et prérogatives exclusives et distinctives de Jésus dans le Coran

Jésus est le seul dans le Coran à être protégé du « toucher de Satan » à la naissance de par une invocation acceptée de sa grand-mère, mère Marie ;

Ce sont les anges qui donnent le nom et les qualificatifs de Jésus à Marie, sa future mère. Le nom « al masîh (Le Messie) n’est donné dans le Coran qu’à Jésus. Dans la même veine, l’expression « Fils de marie » constitue une nouveauté vu que dans la tradition juive, c’est le modèle « Fils ou Fille d’un tel (nom du Père) » qui est en vigueur et jamais « Fils ou Fille d’une telle (nom de la Mère). D’ailleurs, sa mère est appelée dans le Coran « Marie fille d’Amram » Il y a là une entorse à la tradition de dénomination patrilinéaire qui ne saurait être dénuée de signification. Les explications y afférentes seront données ailleurs ;

Jésus parle à sa mère en travail (en train d’accoucher), c’est l’opinion de la plupart des commentateurs du Coran (d’autres pensent que c’est l’ange Gabriel qui a parlé), alors qu’il était encore dans son giron ;

Jésus a parlé au berceau pour décliner des prophéties et dire de lui-mêm des rôles et fonctions qui vont toutes se réaliser ;

Les termes de « Kalimatullah » (Parole de Dieu), » kalimatun minallah » (Parole venant de Dieu), « Rûhun minallah » (esprit venant de Dieu), « rûhullah » (esprit de Dieu) ne sont appliqués qu’à la personne de Jésus et à personne d’autre dans le Coran. Etant entendu que cela ne peut pas être compris comme une participation de Jésus à la « personne » de Dieu. En effet, nous avons mentionné plus haut les références coraniques sur ceci que Jésus est une créature et que Dieu est le créateur qui transcende sa création et est séparé d’elle. Pour ce qui est de la réfutation coranique de la Trinité, voir (Coran 4 : 171 / 5 : 73, 116) ;

Jésus est le seul à employer l’expression « je crée » (akhluqu) et « je redonne vie » (uhyî) lorsqu’il accomplit les bayyinât (preuves, miracles) par la permission de Dieu ;

Jésus est le seul dans le Coran à être un enfant sans père issu d’une mère vierge ;

C’est seulement à propos de la personne de Jésus que le Coran parle d’une assistance de l’Esprit Saint « arrûhul qudus » ;

C’est seulement de Jésus et de sa mère Marie que le Coran dit qu’ils forment UN Signe (âyah) et que les miracles qu’il (Jésus) accomplit révèlent UN Signe. Reste à bien les décrypter ;

C’est Jésus qui annonce la venue après lui d’un prophète du nom de Ahmad (le plus loué) ;

Jésus est lui-même un signe de la fin des temps, voir sourate 43, verset 61 ;

Tous les gens du Livre reconnaîtront sa vraie nature et son vrai statut avant sa mort lors de sa seconde venue selon une interprétation connue du verset 159 de la sourate 4 ;

Pour ce qui est des hadiths, nous retiendrons trois enseignements clés, tous liés à l’eschatologie :

1 – Du ciel, Jésus descendra à la fin des temps perché sur les ailes d’anges ;

2 – Jésus éliminera le faux Messie (masîhu-dajjâl) dans les alentours de Jérusalem (à Lud) ;

3 – Jésus sera un gouvernant (hâkim) juste dans une époque de paix (entre les humains et entre les humains et les bêtes), et d’abondance hors du commun (un riche aura du mal à trouver un nécessiteux à qui donner la zakât).

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Un commentaire

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  1. Les fis d’ Israël , de l’époque de Aissa (Jesus) psl et même de l’époque de Mohamed psl , connaissent le prophète plus que leur enfants , je dirai même qu’ils peuvent douter de leur enfants s’ils sont de leur chaires, mais ils ne doutent pas du prophète , et pourtant.

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