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Faux terroriste, mais vraie victime, Ali Belhadad a été débouté de sa plainte contre TF1

L’essence même de la déontologie journalistique n’impose-t-elle à tout reporter digne de ce nom de vérifier la véracité de ses sources, d’autant plus quand elles ont été puisées dans les eaux troubles du pouvoir Sarkozyste, avant de briser la vie d’un innocent sous les sunlights de la grand-messe d’un JT de 20 heures ?

Guère pointilleux en la matière, et c’est un euphémisme, le Tribunal correctionnel de Paris a fait preuve, vendredi, d’un étonnant laxisme envers cette règle d’or de l’éthique, déboutant de sa plainte contre TF1 Ali Belhadad, un Algérien de 47 ans, qui avait été violemment jeté en pâture sur le petit écran, le 2 avril 2012, sous les traits d’un terroriste patibulaire.

Le coupable idéal des attentats de Marrakech en 1994, c’était lui, ce citoyen sans histoires qui vivait en France depuis 20 ans, selon le prisme biaisé d’un reportage qui fit les heures sensationnalistes de la chaîne de Martin Bouygues, le parrain de Louis, le plus jeune fils de Sarkozy, en amplifiant, sans s’assurer de son authenticité, l’information émanant directement du ministère de l’Intérieur et du « cardinal » Guéant.

Claude Guéant dont les saillies verbales infâmes résonnent encore à nos mémoires, lorsqu'il qualifiait de « croisade » la « guerre humanitaire » en Libye prônée par BHL, le chef de guerre de la Sarkozie et petit télégraphiste de Netanyahou, et assénait que « toutes les civilisations ne se valent pas », entre autres dérapages très contrôlés…

Bouté hors de France en « urgence absolue » sur ordre de Guéant, lequel se répandait alors en affirmant que « la hausse du nombre de musulmans posait problème » en bon petit soldat de la stratégie de la bouc émissarisation (Hortefeux estimait, lui, qu’il y avait trop d’Auvergnats…), Ali Belhadad, éloigné de son épouse française et de ses deux filles, a vécu deux années de cauchemar dont il a fait le récit au cours de l'audience, la voix étranglée par l’émotion.

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Faute d’argent, sa famille n'a jamais pu traverser la méditerranée pour lui rendre visite, et ce n’est qu’à l’issue de longs mois d’attente, une fois l’annulation de son arrêté d’expulsion entérinée en février 2014, qu’il a pu regagner la France et se jeter dans les bras des siens.

Lavés de toutes leurs fautes, la chaîne TF1, la production et le journaliste du JT de 20 heures se sont vu accorder le bénéfice de la bonne foi par un Tribunal des plus cléments, prêt à absoudre ceux qui ont fait basculer l’existence d’un homme dans le drame, et à rejeter la plainte légitime de la victime qui espérait que justice lui serait rendue.

Si M. Belhadad a "pu être choqué par la présentation faite de lui", le tribunal a estimé que "compte tenu de la nature même" et de "la source de cette information, à savoir le ministère de l'Intérieur", et du cadre de la diffusion, le journal de 20 heures, "le journaliste n'était pas tenu de faire une enquête complète et de vérifier le contenu des informations ainsi diffusées, bien qu'il affirme avoir effectué des vérifications concordantes", ainsi en a décidé, sans sourciller, le Tribunal correctionnel de Paris.

Reste à savoir si le fusible sera l'ex-directeur de cabinet de l'ex-ministre Guéant, qui avait endossé la responsabilité du communiqué officiel accusant Ali Belhadad, celui-ci devant comparaître devant la justice, le 20 mars 2015, pour diffamation.

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