in

Etats-Unis : une jeune femme voilée traitée de “terroriste” filme son explication avec son agresseur

Publié par Shifa Abuzaid sur samedi 31 décembre 2016

Lorsque la Texane de confession musulmane, Shifa Abuzaid, 21 ans, a annoncé à ses parents sa décision de porter le hijab en mai dernier, après avoir longuement mûri la question, ce n’est pas l’étonnement qu’elle a lu sur leur visage mais l’inquiétude qui en avait crispé les traits, en ces temps tourmentés où la bête immonde de l’islamophobie rôde partout, même à Houston, et peut surgir à chaque coin de rue.

C’est précisément au moment où les parents de la jeune femme pensaient que leurs craintes étaient exagérées, voire infondées, que la dure réalité du racisme anti-musulmans a frappé, leur donnant tristement raison en ce samedi 31 décembre qui ne présageait rien de bon pour l’avenir, à quelques heures de la célébration de la nouvelle année…

La journée de leur fille avait pourtant bien commencé, sans nuages à l’horizon, et s’était poursuivie agréablement, entourée de ses plus jeunes frères et sœurs, ainsi que de cousins, autour d’un déjeuner en famille, très animé, dans un restaurant situé en plein cœur de Sugar Land Town, une localité au sud-ouest de Houston.

Mais les choses se gâtèrent en sortant, quand la joyeuse petite bande, emmenée par l’aînée Shifa Abuzaid, la seule à être voilée, eut le malheur de croiser le chemin d’un couple de cinquantenaires dont le mari s’écria à sa vue : « Terroriste ! »

Publicité
Publicité
Publicité

A ces mots outrageants, les sourires disparurent et les rires se turent, laissant percevoir l’immense choc ressenti par la jeune femme et les siens, tandis que son petit frère, âgé de 15 ans, défiait l’homme du regard, avant d’être violemment bousculé par ce dernier.

Le pire dans l’histoire, comme le confiera plus tard Shifa Abuzaid qui vit désormais dans la peur que son islamité visible ne se retourne contre elle, c’est qu’elle arborait son plus gracieux sourire en voyant le couple approcher, s’apprêtant même à les saluer en les laissant passer. Mais son amabilité, pleine de civisme, fut refroidie par la terrible insulte qui jaillit de la bouche de son interlocuteur fulminant.

L’émoi des premiers instants passé, elle puisa en elle des ressources insoupçonnées, se mettant à suivre son agresseur jusqu’à l’intérieur du magasin où il était entré avec sa femme, afin de lui demander poliment les raisons de son hostilité à son égard.

Filmée par son cousin, la scène de cette franche explication qui a tourné au dialogue de sourds – où l’on entend l’un des proches de Shifa Abuzaid s’emporter «  Vous ne pouvez pas traiter une personne de terroriste parce qu’elle porte un foulard sur la tête ! », et son interlocuteur lui répondre, narquois, «  Vous polémiquez » –  a fait le buzz sur les réseaux sociaux, nombreux étant les internautes qui ont reproché vertement à la police locale d’avoir refusé de recueillir sa plainte et d’ouvrir une enquête.

Condamnée avec vigueur par le maire de Houston, Joe Zimmerman, qui a qualifié cette agression verbale d’ « inacceptable », la confrontation de Shifa Abuzaid et de ses proches avec la détestation de l’altérité a fait monter au créneau l’influent Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR), par la voix de Mustafa Carroll, son directeur général au Texas. « Houston n’échappe pas au racisme anti-musulmans, et cette agression intolérable nous prouve qu’il y a encore beaucoup trop de gens qui haïssent les musulmans ici », a-t-il déploré, en tirant la sonnette d’alarme.

Alors que 2016 s’est achevée brutalement, en lui laissant des bleus à l’âme, les premiers jours de 2017 ont fait renaître une petite lueur d’espoir chez Shifa Abuzaid. Le chef de la police locale l’a en effet appelée pour lui fixer une entrevue et s’est montré particulièrement rassurant : « Si le crime de haine est avéré, nous diligenterons une enquête », lui a-t-il promis.

Publicité
Publicité
Publicité

Laisser un commentaire

Chargement…

0

L’hécatombe de la guerre de Syrie, six ans après son déclenchement

Débat sur le port du voile : Valls vs Attika Trabelsi