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En quoi l’Islamisme est un faux

L’Islamisme est très peu critiqué par les Musulmans. Les critiques proviennent souvent de gens peu renseignés sur la religion musulmane. On en trouve des bonnes et des moins bonnes, mais le caractère général et quelquefois idéologique des analyses entachent les conclusions.

Une érudition dans le domaine religieux associée à une bonne connaissance de la langue et de l’histoire arabe, mais surtout une implication personnelle sont autant de clés chez les Musulmans pour entreprendre leur critique de l’Islamisme. Et pourtant, celle-là tarde à venir.

On a l’impression que les Musulmans que nous sommes, craignons de fâcher un courant qui paye de sa chair la résistance aux occupations et aux dictatures. C’est peut-être une forme de reconnaissance, mais ce n’est guère servir la vérité. Celle de l’histoire, du moins. Posons donc la question qui fâche. La question du fondamentalisme islamique.

L’Islamisme en général part du postulat de l’applicabilité immédiate et totale de la charia, pour aboutir à un modèle de société. La charia en tant que théorie serait disponible dans le Coran et les hadîth du prophète. Historiquement, elle aura fondé le système politique de Médine.

La charia fixa, en effet, des règles de citoyenneté (droits et devoirs des non musulmans) et de participation politique (les réunions du prophète et son “gouvernement” se font à la mosquée et sont ouvertes à tous, non musulmans compris).

Les critiques les plus précises et objectives de l’Islamisme s’en sont prises au modèle. C’est-à-dire aux applications possibles de la charia (la lapidation, la mutilation, l’interdiction de l’adoption…) Mais elles omettent de souligner que ce modèle repose sur une base discutable : le caractère exécutoire de la charia. L’Islamisme est affirmatif : la charia est réalisable ici et maintenant. Et cette affirmation est lourde de conséquences. Car, si la charia est réalisable d’évidence, il faudrait que les croyants s’y soumettent ipso facto.

Et c’est là précisément là où le bât blesse. Car, conférer à la charia un caractère immédiatement exécutoire, c’est donner un sens fini au Coran. Un sens entièrement circonscrit, précis et achevé.

Dès lors que le sens est donné à tous les musulmans, quelle raison y aurait-il à ne pas le mettre en pratique ; à ne pas réaliser la parole de Dieu, raison d’être même de la religion ?

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Là nous sommes confrontés à un postulat paradoxal. Parce que si l’entendement moyen est en mesure d’extraire le vrai sens coranique, on devrait proclamer la raison comme suffisante à accéder par ses propres moyens à la vérité révélée.

Non seulement la raison n’aurait plus besoin d’un prophète pour la mettre sur le droit chemin, mais surtout elle donnerait au texte sacré ses propres dimensions finies, donc humaines. Le Coran serait ainsi une parole émise et reçue dans les limites de ces dimensions. Ce serait en quelque sorte une parole humaine. Une parole que la raison aurait elle-même donné en posant les mêmes questions que le Coran ! Ce “rationalisme” inconscient des islamistes pourrait recouper la théorie dite du Coran écrit. Recoupement tout simplement cocasse.

L’islamisme humanise la révélation par réduction du sens, le rationalisme en l’inventant. Donner son “humanité” au message est un moyen chez les islamistes de préserver sa nécessité, sa réalisation complète.

Pour paradoxal que cela puisse paraître, faire du Coran une oeuvre aussi “raisonnable” est le moyen le plus sûr aux islamistes pour concrétiser « toute » la volonté divine. Voilà comment la tentative de maîtriser “entièrement” le Coran aboutit à un attentat à la divinité du message. À un déni même de sa transcendance et par conséquent de sa légitimité.

C’est ce qui arrive lorsqu’une raison historique refuse le secours de l’infini.

Le caractère exécutoire du Coran sert curieusement à dénier la divinité du message, et non pas à l’affirmer. Le sens infini du Coran est la seule preuve de sa divinité.

Le dogme de la sacralité du Coran en est une conséquence. Nullement une prémisse. On y croit d’abord parce qu’il nous est quelque part insondable. L’Islam ne peut être une religion finie, circonstanciée. Ce serait un non sens. C’est un non-sens. Pauvres nous autres qui croyons l’islam infini…

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