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En Egypte, le voile intégral devient une tenue de combat

Kill Bill, version niqab. Mardi, au Caire, une photographe de l’agence Associated Press a capturé une image saisissante durant les affrontements entre partisans et adversaires du régime.

Le cliché photographique représente une femme, dissimulée sous un voile intégral et portant dans les mains plusieurs pierres. De toute évidence, l’allure déterminée de cette citoyenne égyptienne et le chaos visible en arrière-plan suggèrent son implication active dans les manifestations, aux côtés des opposants au président Moubarak.

Heureuse coïncidence : pour son énième dossier-marronnier consacré au redoutable « péril vert », l’hebdomadaire Le Point affiche dans les kiosques et sur son site, dès aujourd’hui, une de ces couvertures alarmistes dont il a le secret.

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Devant tant de dévouement journalistique, Oumma recommande vivement à l’intrépide équipe de Franz-Olivier Giesbert de remplacer, au moins sur la page d’accueil web, la photo initiale de l’Egyptienne inoffensive arborant un foulard multicolore avec celle -plus adéquate avec leur ligne éditoriale- de l’inquiétante fille au niqab, armée de pierres. Et pour inciter les commentateurs patentés de la presse écrite et audiovisuelle – dont la plupart sont alignés sur la posture anxiogène du Point– à découvrir d’autres manières de voir, Oumma souhaiterait porter à leur connaissance un éclairage audacieux d’Emmanuel Todd sur ce sujet si propice aux fantasmes et aux affabulations.

Mardi soir, le sociologue, invité de l’émission Ce soir ou jamais, a tenu à démystifier la diabolisation récurrente des partis religieux dans le monde musulman. Insistant sur leur capacité sous-estimée à favoriser le processus de démocratisation, Emmanuel Todd a encouragé ses interlocuteurs à « ne pas se crisper » sur le thème de l’islam politique. Un propos rare, à contre-courant du procès d’intention systématique, dans la classe dirigeante et les médias hexagonaux, dès lors qu’il est question de ceux -progressistes ou conservateurs- qui tentent, au sein des pays arabes, de conjuguer conscience politique et spiritualité. Dans son accoutrement singulier, la femme en noir, intégralement voilée et visiblement adepte de la guérilla urbaine, illustre simplement une voie, parmi tant d’autres, de résistance à la tyrannie.

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