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Elisez votre Personnalité préférée de l’année 2015

Le rideau vient de tomber sur 2015, sur ses tragédies incommensurables et tumultes dévastateurs, ici et ailleurs, pour mieux mettre en pleine lumière les dix personnalités qui, à nos yeux, l’ont marqué de leur empreinte éclairée, éthique, talentueuse, courageuse, opiniâtre, résolument au-dessus de la mêlée et à contre-courant de la doxa dominante, dans un Hexagone et un monde en proie à bien des tourments.

Comme chaque début année et pour sa quatrième édition consécutive, notre grand classement « Elisez votre Personnalité préférée » vous invite à passer en 2016 en donnant un coup de projecteur sur dix profils d’hommes et de femmes, sélectionnés par nos soins, sur leur parcours, contributions, réalisations et prises de position respectifs, qui rassurent sur le fait qu’il y aura toujours des signes pour celles et ceux qui sont doués d’intelligence face à un horizon ténébreux, où s’amoncellent continuellement les noirs nuages de la haine, de l’ignorance et du racisme sous toutes ses formes.

C’est à vous, chers Oummanautes, de faire le bon choix en cliquant sans tarder sur le nom du ou de la candidat(e) qui, selon vous, s’est particulièrement illustré(e) au cours des douze mois écoulés. Rendez-vous le lundi 25 janvier pour découvrir la personnalité consacrée par vos votes électroniques, ainsi que le trio de tête. 

Latifa Ibn Ziaten (voter)

Mère courage du défunt Imad, l’un des soldats assassinés par Mohammed Merah en 2012, Latifa Ibn Ziaten force l’admiration de tous pour avoir surmonté son deuil cruel en militant sans relâche pour la tolérance et la concorde nationale dans une France où l’islamophobie est en recrudescence. Cette maman inconsolable qui puise en elle la force de sillonner l’Hexagone dans l’intérêt général, prônant les principes républicains auprès des plus jeunes, notamment issus de l’immigration post-coloniale, tout en leur insufflant la fierté d’appartenance à cette même République, a été récompensée par le prix de la fondation Chirac le 19 novembre dernier. Emouvant aux larmes Roselyne Bachelot, l’ancienne ministre reconvertie en chroniqueuse de télévision, l’exemplaire Latifa Ibn Ziaten s’est toutefois attirée les foudres de Mohammed Sifaoui pour être un peu trop couverte d’éloges à son goût, alors même qu’elle arbore le voile honni de la France des Lumières. Invitée à s’exprimer à l’Assemblée nationale le 8 décembre, cette femme d’exception, dont le fils s’était engagé dans l’armée française en signe de sa loyauté au drapeau, a été conspuée à cause de son couvre-chef. Ce terrible affront qui fait injure aux valeurs républicaines a suscité une avalanche de réactions outrées sur Twitter, nombreux étant celles et ceux qui ont salué les efforts de cette jeteuse de ponts au-dessus des torrents d’outrances.

 

Kamel Mouellef (voter)

Qui mieux que Kamel Mouellef, ce cadre commercial et arrière-petit-fils d’un tirailleur algérien mort au front en 1918, pouvait exhumer des oubliettes de la grande Histoire les héros maudits de la seconde guerre mondiale, ces « Indigènes de la Résistance » morts pour la France en combattant la barbarie nazie, dans l’indifférence générale et l’ignorance savamment entretenue ? Se sentant l’âme d’un auteur de BD à caractère historique, désireux de mettre fin à une cruelle injustice, et d’un conférencier entré en résistance contre une dangereuse amnésie collective, soucieux de valoriser ce pan entier de l’histoire auprès de la jeune génération, le président de l’association « Déni de mémoire » a signé en avril une nouvelle BD « Les Résistants Oubliés » s’inscrivant dans la continuité de « Turcos », son premier album en hommage au sacrifice de son arrière-grand-père. Inlassable chercheur de stèles dédiées aux soldats issus des anciennes colonies françaises, mais aussi de photos et d’archives, Kamel Mouellef s’emploie avec ardeur à raviver la flamme vacillante de la mémoire dans l’intérêt de tous.

 

Aymeric Caron (voter)

Journaliste qui a le courage de ses opinions dans un microcosme médiatique où cette qualité est considérée comme un vilain défaut, Aymeric Caron, l’empêcheur de penser en rond face à une certaine intelligentsia omniprésente et présentée comme omnisciente, a fait les belles heures agitées de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, jusqu’en juin 2015. Croisant volontiers le fer avec des personnalités réputées intouchables, au risque d’être la cible de menaces suffisamment inquiétantes pour être protégé par la police, comme ce fut le cas à la suite de sa joute houleuse concernant Gaza avec BHL, le « botuliste » de la philosophie et petit télégraphiste d’Israël qui fait et défait les carrières, Aymeric Caron peut se targuer d’avoir été coupé au montage pour avoir bousculé le réalisateur très partisan Alexandre Arcady, lors de la promotion de son film dédié au défunt Ilan Halimi. Marqué au fer rouge de l’antisémitisme, le chroniqueur intègre, bien que se disant « meurtri » par une telle accusation, n’a pas craint de démystifier en direct le mensonge
éhonté de Caroline Fourest
qui affirmait, avec un aplomb phénoménal, avoir « gagné son procès en appel dans l’affaire Rabia » (voir le portrait ci-dessous consacré à Me Hosni Maati). En 2014, fidèle à sa ligne de conduite, il publiait « Incorrect », une diatribe virulente contre la pensée et la place dans les médias de Robert Ménard, Alain Finkielkraut, Eric Zemmour et Elisabeth Lévy.

 

Esther Benbassa (voter)

Vent debout contre toutes les discriminations, c’est sous la coupole du Palais du Luxembourg que clame sa différence avec constance, depuis 2011, la brillante intellectuelle élue sénatrice du Val-de-Marne, Esther Benbassa, sous les couleurs d’Europe Ecologie Les Verts. L’hémicycle résonne encore de son opposition pleine de panache à la loi d’exclusion contre les « nounous voilées », sa voix dissonante s’élevant au-dessus de l’union sacrée gauche-droite pour condamner le dévoiement de la loi de 1905 et une « intrusion de l’Etat dans la sphère privée » inadmissible. Directrice d’études des sciences religieuses au sein de l’Ecole pratique des hautes études, cette infatigable militante de la paix, des droits de l’homme et du vivre-ensemble, qui plaide pour un réaménagement de la loi du 15 mars 2004 contre le voile dans le temple scolaire, a fait de la lutte contre le racisme l’un de ses principaux champs d’étude et l’un des grands combats de sa vie.

 

L’Union des Démocrates Musulmans Français (voter)

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C’est en 2012 que le petit parti qui monte contre vents et marées, l’Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF), a émergé dans le paysage politique hexagonal, bouleversé par la dérive droitière, miné par un chômage endémique et rattrapé par de vieux démons, sous l’impulsion de Nagib Azergui, son fondateur et actuel secrétaire national armé de courage. Sur la route tortueuse menant vers les isoloirs, l’UDMF, ses ambassadeurs et ses militants n’ont jamais baissé les bras devant le black-out ou la diabolisation politico-médiatique, n’ont jamais renoncé en dépit de moyens financiers restreints, convaincus de la légitimité de leur présence dans une France gangrenée par l’instrumentalisation de l’islamophobie et de la division. Le premier grand test électoral des régionales, en décembre dernier, leur a donné raison, Nizarr Bourchada, la tête de liste du mouvement en Île-de-France, et ses co-listiers réussissant une percée remarquable sous la bannière fédératrice : « Faire ensemble une Île-de-France qui nous rassemble ». Un défi relevé chasse l’autre, et déjà l’UDFM, plus que jamais déterminée à "Agir pour ne plus subir", se prépare activement pour les législatives de 2017.

 

Dominique de Villepin (voter)           

Le Gaullisme chevillé au corps, chantre de la solution diplomatique, notamment en Syrie, et de l’indépendance de la France face à l’alignement inconditionnel des va-t-en-guerre qui nous dirigent sur l’Axe Atlantique, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin se fait certes rare sur le devant de la scène publique, mais il parle d’or à chacune de ses interventions tranchées, étayées et d’une hauteur de vue qui fait cruellement défaut à la patrie des droits de l’Homme, dont il déplore grandement le « rapetissement ». N’ayant pas de mots assez forts pour fustiger une « Amérique qui a multiplié les erreurs », tout en réprouvant  la « militarisation des esprits » qui règne en Occident, l’orateur plein d’éloquence qui, en 2003, a fait vibrer l’enceinte onusienne en exprimant le refus irrévocable de la France d’envahir l’Irak, est récemment sorti de sa réserve pour s’alarmer des dérives sécuritaires d’un Etat d’urgence susceptible de durer au-delà des limites légales et du raisonnable. Attaché à l’Etat de droit qui est « notre force », Dominique de Villepin, ce farouche opposant au Front National, a exhorté à ce que la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » ne devienne pas « Sécurité, Autorité, Identité ».

 

Hosni Maati (voter)

Son éloquence naturelle en a ébloui plus d’un lors des concours de plaidoiries universitaires, Hosni Maati, l’avocat engagé dans la lutte contre les discriminations, l’islamophobie et la négrophobie, n’appartient pas pour autant à la catégorie de ceux qui usent et abusent des effets de manche quand il défend avec rigueur, passion et conviction les victimes du racisme sous toutes ses formes. Ce ténor du barreau, qui a d’abord enseigné le droit international et des affaires à l’université, avant d’endosser sa toge d’avocat pour plaider la cause des sans-papiers, n’a cessé dès lors, en pourfendeur des injustices criantes, d’élargir sa clientèle aux sans voix, sans visage et sans-grades. En 2011, il se fait remarquer dans l’un des premiers procès des martyrs de la révolution tunisienne, au tribunal militaire de Sfax, auprès de la famille du défunt Slim Hadhri, tué par la police l
e jour du départ de Ben Ali. Enchaînant les plaidoiries brillantes, Me Hosni Maati est entré dans les annales judicaires en faisant
condamner pour diffamation la très procédurière Caroline Fourest qui n’est pas à une contre-vérité près, mais déteste qu’on lui renvoie le reflet de sa malhonnêteté intellectuelle… Une victoire éclatante qui a couronné sa défense remarquable de la jeune Rabia, agressée sauvagement à Argenteuil en 2013, et sur laquelle la "serial-menteuse" préférée des médias avait fait planer la suspicion sur les ondes de France Culture.

 

Pascal Boniface (voter)

C’est un bien redoutable privilège que d’être éternellement dans le collimateur des « Intellectuels faussaires », ces maîtres incontestés de la manipulation des esprits, mais c’est celui qui échoit au géopolitologue de renom qui en a dénoncé courageusement l’imposture et  le prisme idéologique : Pascal Boniface, le fondateur et directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Rares sont les experts de son niveau et de sa trempe qui ont osé épingler ce cercle de clercs terriblement influents et si peu vertueux, de BHL « le seigneur et maître des faussaires », à Caroline Fourest la « serial-menteuse », en passant entre autres par Mohammed Sifaoui « le pourfendeur utile de l’islamisme », tout en se distinguant par l’objectivité de leurs analyses sur le « conflit israélo-palestinien ». Une objectivité qui a valu à Pascal Boniface des rancoeurs tenaces et des campagnes de calomnie odieuses, notamment de la part de Frédéric Haziza, le journaliste et propagandiste pro-israélien de la chaîne parlementaire, ainsi que de Radio J. Criant à tue-tête à l’antisémitisme, celui-ci a, en février dernier, poussé l’abjection jusqu’à lui imputer une « certaine responsabilité dans l’attaque meurtrière du supermarché casher » du 9 janvier 2015. Pascal Boniface, l’intellectuel à abattre mais toujours debout, a aussitôt riposté en portant plainte pour diffamation contre JSSNews.

 

Dr. Samah Jabr (voter)

Elle a plusieurs cordes à son arc, maîtrise parfaitement la langue de Molière et s’investit sans compter auprès des siens en grande souffrance, Samah Jabr, la psychiatre, psychothérapeute, professeur d’université et écrivaine palestinienne, est une femme en blouse blanche remarquable qui s’attelle depuis des années à la lourde tâche de diagnostiquer, soigner et révéler au grand jour les « traumatismes cachés de la vie sous occupation », à la tête du Centre médico-psychiatrique de Ramallah, en Cisjordanie, qu’elle dirige comme un vrai sacerdoce. « La tyrannie sans répit imposée par l’occupation israélienne a un effet dévastateur sur l’état psychologique de la communauté palestinienne. L’un des plus graves effets est l’intériorisation de l’oppression et l’affaiblissement de l’idée même d’être Palestinien », dénonce sans répit cette spécialiste de renommée internationale qui fait autorité dans son domaine au sein des universités palestiniennes, mais aussi au sein de l’Université George Washington où ses conférences font salle comble et ses articles sont très lus. Extensible à loisir, son champ d’activités inclut également la formation des professionnels palestiniens, israéliens et internationaux de la santé mentale, ainsi que l’intervention en prison auprès des détenus palestiniens dont elle recueille les témoignages de ceux qui ont été torturés, dans le cadre de l’association israélienne PCATI « le Comité public contre la torture en Israël ». 

 

Thomas Guénolé (voter)

Il est l’incarnation de la « nouvelle génération des intellectuels de gauche » pour Libération, tandis que La Voix du Nord le définit comme un « anti-Finkielkraut revendiqué », Thomas Guénolé, titulaire d’un doctorat en sciences politiques, n’est pas de ceux qui fuient devant l’adversité, mais au contraire ferraille volontiers contre les éditocrates du parisianisme et autres polémistes de salon qui écument les plateaux de télévision. Toujours prêt à apporter la contradiction étayée à une caste de nantis, qui loue les vertus du débat contradictoire aussi longtemps qu’elles ne remettent pas en cause la tyrannie de leur pensée, cet enseignant, chroniqueur et consultant politique indépendant, qui a notamment conseillé Jean-Louis Borloo en 2011, a été congédié illico presto de RMC en novembre dernier pour avoir osé pointer, au micro de sa chronique matinale « Guénolé, du concret », les dysfonctionnements de la sécurité intérieure lors des attentats sanglants du 13 novembre. Dans son ouvrage « Les jeunes des banlieues mangent-ils des enfants ? » paru en septembre 2015 et préfacé par Emmanuel Todd, Thomas Guénolé
déconstruit avec brio tous les stéréotypes ravageurs, soutenant que les délinquants et criminels représentent moins de 2% des vrais jeunes de banlieue, tout en développant le concept de « balianophobie », ce savant mélange de peur et de haine envers un jeune de banlieue fantasmé. Pour ce chercheur qui se fait un devoir de ne pas aller dans le sens du vent, les vrais jeunes des banlieues sont les « 98% » qui ne font jamais la Une sensationnaliste des médias.

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