Blasphématoires et scabreuses, les caricatures du prophète nu, réalisées par deux blogueurs tunisiens sur Facebook, ont été sanctionnées par une peine de prison particulièrement lourde, qui constitue un précédent en Tunisie, où le contenu du premier réseau social mondial n’avait jusqu’ici jamais alerté l’opinion.
Se croyant libres d’affirmer leur athéisme sur la plateforme planétaire de la liberté d’expression, les deux jeunes hommes, originaires de Mahdia, au sud de Tunis, ont appris à leurs dépens que certains coups de crayons ne peuvent pas tout oser, au risque de finir derrière les barreaux.
Tombant comme un couperet fin mars, le verdict de justice a été sans pitié. Condamnés à sept ans de prison, l’un par contumace, l’autre ayant été incarcéré, la nouvelle de leur emprisonnement, révélée par des sites tunisiens et des blogueurs, a été confirmée jeudi 5 avril par le ministère de la Justice.
"Ils ont été condamnés, l'un par contumace, à sept ans de prison pour atteinte à la morale, diffamation et trouble à l'ordre public", a déclaré le porte-parole du ministère Chokri Nefti. Ce dernier a précisé que les deux hommes avaient posté "des dessins représentant le prophète nu" et "diffamé des personnalités tunisiennes".
Outrée, la militante des droits de l'Homme Bochra Bel Haj Hmida, qui a interpellé directement la présidence de la République sur ce cas précis, a critiqué une « peine beaucoup trop lourde » auprès de l’AFP. Une grande première dans l’histoire récente de la Tunisie en voie de démocratisation, même si force est de constater que les poursuites judiciaires pour "atteinte à la morale" ou aux "valeurs du sacré" ne sont plus l’exception qui confirme la règle, depuis que la révolution est passée par là.
Deux affaires en cours illustrent ces nouveaux procès intentés au nom de la moralité : celui du directeur de la télévision privée Nessma, poursuivi pour avoir diffusé un film jugé blasphématoire, doit reprendre le 19 avril, et celui de l 'agence tunisienne de l'internet, sommée de censurer l'accès à des sites pornos, doit être rejugée prochainement. Sans oublier le directeur du quotidien Ettounsia, condamné à 1.000 dinars d'amende, après la publication en une d'une photo de nu, qui a fait appel.
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