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Détermination du Mois de Ramadân. Enseignements du Coran (1 sur 2)

“En vérité, votre Communauté est une et Je suis votre Seigneur ; Adorez-Moi ! Or, ils se disputent les uns les autres le commandement. Cependant que tous, vers Nous, retournent.”S21.V92-93.

Comme un cycle, chaque année le printemps du croyant s’annonce. Tant attendu, mélange de crainte et d’espoir, Ramadân, le seigneur des cœurs, se fait désirer.

Et nul doute n’étreint le croyant qui, sereinement, se prépare à affronter son âme.

Mais, comme chaque année, litanie de notre décadence, le même problème surgit, bémol non souhaité en la symphonie de nos espérances : Quand débutera ce mois béni ? Qui décide ? Comment ? Comment savoir qui dit vrai ? Que devoir faire ? Mouton de Panurge ou dindon de la farce ?

Quitte à être « politiquement incorrect » je courrais le risque d’être « islamiquement » correct et n’ajouterais donc pas un couplet à la ritournelle à succès qui chaque année avant Ramadân caracole en tête du box-office : « Si tous les musulmans du monde faisaient l’iftâr ensemble… » Ce concert de bonnes intentions est certes louable, cependant, il est du devoir des musulmans, non pas de rêver leur religion, mais bien d’essayer de comprendre les objectifs de Dieu à l’égard de sa créature. La question se doit donc d’être traitée par l’étude du Coran et de la Sunna et non en fonction de l’atmosphère ambiante.

Avant toute chose nous rappellerons que les quatre grandes Ecoles juridiques s’accordent sur un point primordial : « La détermination du mois de Ramadân repose sur l’observation visuelle du premier croissant dès lors que le mois de sha‘bân a atteint 29 jours. »

L’essentiel en cette définition est « l’observation visuelle du croissant, « al hilâl », principe fondé a priori sur les textes coraniques et hadistiques. Notre recherche en ces deux articles reposera par conséquent sur l’étude des dites sources ainsi que sur l’analyse des argument de ceux qui, à présent, militent pour, d’une part, le « jeûne universel » et, d’autre part, pour la suprématie du calcul astronomique théorique, eux aussi prétendant s’en référer au Coran et à la Sunna.

– Sur Oumma l’an passé, et cette année à nouveau, Nidhal Guessoum a parfaitement abordé le sujet sous son aspect scientifique en nous présentant des cartes de visibilité du croissant, ou « hilâl »,1 La problématique est simple : il est possible d’un point de vue astronomique de déterminer la non possibilité pour telle ou telle zone d’observer le croissant. Conséquemment, prétendre avoir vu le croissant avant même que cela ne soit théoriquement possible relève de la supercherie et de la manipulation, au minimum d’une incompétence certaine.

La possibilité d’observation du « hilâl » dépend par la suite des conditions où se trouve l’observateur mais, là aussi, certains pays qui devraient voir ce croissant le déclarent invisible. Les mêmes soupçons que précédemment peuvent être retenus.

Mr Guessoum soulignait que la possibilité d’accord entre les divers pays dits musulmans dépendait des avis des ulémas quant à la possibilité d’un jeûne « universel » et quant à la validation de Ramadân par le calcul sans observation de visu. Etant entendu qu’il n’ y a aucun consensus sur ces points, bien au contraire, les démonstrations des scientifiques, dès lors qu’ils se trouvent en déléguer aux doctes, ou pire encore aux politiques, ne résolvent donc en rien la situation. Telle est la limite de cet exercice.

– Fort justement, Khalîd Chraïbi, toujours sur Oumma, aborde en conséquence la difficulté « juridique ». Il signale tout d’abord avec précision les fantaisies dont « nos » « dirigeants » nous gratifient2 régulièrement. L’avancée scientifique quant à la non possibilité d’observation du Hilal fonctionnant alors comme un couperet qui, s’il n’était pas purement réduit à la dialectique, ferait tomber bien des têtes ! En toute lucidité, il s’affronte ensuite à la jurisprudence et postule à la suite de certains ulémas qu’il est tout a fait possible et même souhaitable que les pays musulmans débutent leur jeûne ensemble en s’accordant au calcul astronomique. Reculer pour mieux sauter, mais dans le vide…, car l’on ne peut guère imaginer que ces pays, pour la plupart en état de déliquescence avancée, puissent s’accorder en un élan d’islamique communion. Mais, qui plus est, un postulat, d’aussi bonne intention soit-il, n’est en rien une démonstration et nous allons en discuter. Telle est la limite de cet exercice.

– Malgré leurs louables efforts, nos deux collègues n’effaceront donc pas une double réalité, celle du Droit musulman et celle de la politique, ici3 comme ailleurs. Nous n’aurons donc pas prétention de réaliser l’exploit de l’impossible, et encore moins de dicter à chacun ce qu’il doit faire. Mais, essayerons-nous tout du moins d’éclaircir certaines contrevérités qui nous sont régulièrement assénées au point de faire illusion. Notre seul objectif est que chacun puisse connaître le fond du débat qui, en réalité, est fort simple et n’est en rien scientifique, l’Islam étant la religion de tous les musulmans et non pas celle d’une caste savante, Dieu nous a proposé des principes clairs et aisément compréhensibles. Ainsi donc, parce que l’Islam est une religion de textes, nous présenterons le point de vue du Coran et de la Sunna qui, en cette affaire, semblent de moins en moins objectivement et réellement pris en compte.

Mais, auparavant, la chimère, ici technologique et politique, semblant avoir pris le pas sur les principes simples et intangibles de l’Islam, nous pouvons envisager la validité rhétorique du jeûne universel

Du jeûne universel.

1- Du point de vue conceptuel ; que tous les musulmans du monde jeûnent en même temps. Lorsqu’une idée au lieu d’être simple est un simplisme, l’on nomme cela un slogan. L’argument est prôné en tête par l’Arabie Saoudite et son clergé dévoué à la cause de la domination du wahhabisme sur le monde. Dépositaires de notre Kaaba, ils se voudraient maîtres de Ramadân ; et que toute la Oumma, comme un seul homme, se range sous leur bannière ; légitimation d’une usurpation. Cette mondialisation panislamique fut reprise et répercutée par la majorité des partis islamiques, puis des états, qui, jusqu’au fond de nos campagnes firent mugir la sirène de l’union et des lendemains triomphants. Convergence d’intérêts donc ; chacun s’invite à la table de l’autre. Telle est la réalité politique du concept d’unification dans le jeûne qui, plus gravement, n’est qu’une adultération de l’unification par le jeûne !

2- D’un point de vue rationnel ; à moins de penser que la terre est plate, l’idée d’un jeune commun est parfaitement saugrenue. Si la terre est ronde chacun sait qu’il fait jour ici, et nuit là-bas. En d’autres termes, certains font l’iftâr pendant que d’autres le sahûr !

3- D’un point de vue technique ; l’on affirme, domination du quantitatif sur le qualitatif, que le Prophète, et Dieu en tant que Législateur j’imagine aussi, ne disposaient pas des moyens de communication nécessaires pour uniformiser le jeûne. Il est donc possible depuis l’avènement technologique de réaliser ce que le Prophète et Dieu auraient sûrement souhaité. Ce serait donc par défaut que Dieu et Son Prophète auraient statué sur les modalités de détermination de Ramadân ! L’observation de la lune, cette muse de poètes et de bergers, ce calendrier des pauvres, est ainsi définitivement ringardisée. L’on affirme alors que ce « progrès » est sous-entendu et sous-tendu par le Hadîth, nous y reviendrons en l’article à suivre.

4- D’un point de vue pratique ; à titre de démonstration l’on répète à l’envi que du temps du Prophète il n’était pas possible d’unifier le jeûne et que la question par conséquent reste ouverte. Aux générations P.C, je rappellerais qu’un pigeon voyageur peut parcourir 100 kilomètres en une heure et qu’un réseau de messagerie ainsi constitué permettait de transporter une information sur plus de mille kilomètres en une nuit. Distance bien supérieure à l’influence réelle des divers états califaux qui, quoique maîtres en l’art colombophile, ne songèrent pas pour autant à faire jeûner leurs sujets à l’heure de Bagdad. Le pigeon, la lune, que voilà les musulmans relégués au moyen âge ! Un adepte tendance branché sur le Net peut, lui, savoir aussi rapidement que le Djinn de Salomon ce qui se passe ailleurs et, miracle numérique, il assiste alors à la multiplication des croissants !4 C’est que l’homme, lui, n’évolue pas, et que, jusqu’à la fin des temps, il cherchera la division pour le pouvoir. A l’heure du réseau, la détermination de Ramadân est un enjeu politico-religieux et non point la recherche, visage tourné au ciel, de l’annonce du Mois de Miséricorde.

5- Du point de vue politique ; sommes-nous naïfs au point de croire que la Oumma pulvérisée par l’Histoire doive commencer sa reconstruction par l’unification de Ramadân. Qui a donc intérêt à nous faire croire cela ? Un tel symbole n’illustre que la volonté de manipulation de la part de ceux qui l’agitent sous nos yeux émerveillés. Il procède par anagogie : ce que les croyants sincères peuvent réaliser en Ramadân est ainsi inconsciemment l’image d’une Oumma mythique retrouvée. Mais la réalité est autre, pas de communauté qui ne soit plus déchirée que la nôtre, pas de pays frères qui ne se détestent autant, pas d’amis qui ne se trahissent plus, pas « d’alliés » de Dieu qui ne pactisent autant avec le « Diable ».

Ce qui reste du monde musulman est dépecé, pillé, épuisé, ensanglanté, déshonoré par des Pharaons qui ne doivent leurs places qu’aux puissances occidentales. Ce serait trop d’honneur que de leur confier le droit de décider en notre religion, qu’ils la combattent ou la prônent elle n’est pour eux que prétexte à leurs exactions ! Ceux-là mêmes qui ont contribué, et contribuent toujours, à détruire la Oumma pour dominer les musulmans cherchent à nous tromper, nous bercer d’illusions, et n’ont d’autre intention que d’instrumentaliser notre religion pour mieux asseoir leur pouvoir. A quel tyran donnerait vous votre aval !

Cette chorba universelle est saupoudrée de somnifères, une anesthésie collective ; mais du temps du Prophète SBSL c’est pendant Ramadân que furent menées les plus grandes batailles ! Nous verrons que, fort justement, le Coran et la Sunna s’opposent à cette mainmise sur la religion.

Ceci étant, nous examinerons en cette première partie le propos coranique. Puis en le deuxième article à paraître demain nous porterons attention au Hadîth et, tout particulièrement, à un hadîth sahîh devenu le point central du discours actuel.

ENSEIGNEMENT DU CORAN

Sous l’avalanche scientifique et la connectitude ambiante, le Coran semble bien être le grand oublié. Le discours, pavés de vraie-fausses bonnes intentions, s’articule sur la prédominance d’une certaine modernité face à l’archaïsme, reléguant ceux qui scruteraient les cieux à l’âge de pierre. Hormis qu’il est peut-être plus affligeant d’être en extase devant un écran que face à la magique beauté du croissant de lune de Ramadân, il conviendrait de prendre note de ce que le Coran nous enseigne. Coran qui, pour l’instant, est tout de même encore d’actualité…

La tache est ici aisée puisque l’ensemble des citations coraniques provient d’un même chapitre, S2.V183-189, le seul qui soit consacré au Ramadân. Nous lisons :

Ô croyants, Il vous a été prescrit le Jeûne…” S2.V183.

En des jours comptés…” S2.V184.

“ Mois de Ramadân… que celui qui est malade ou en voyage compte alors d’autres jours…” S2.V185.

“ …Donc, qui d’entre vous a « témoigné » du mois, alors qu’il le jeûne…” S2.V185.

Ils t’interrogent sur les nouvelles lunes ; réponds : « Elles sont les repères temporels pour les hommes…” S2.V189

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– L’on constatera que l’ordre de Dieu est d’emblé au collectif : “ Ô croyants, Il vous a été prescrit le Jeûne…”

A ces jeûneurs il est ensuite dit : “ En des jours comptés [m‘adûdât] le verbe « ‘adda » est précis, il signifie sans ambiguïté « compter de visu », « dénombrer », c’est-à-dire par numération concrète. Plus encore, « compter en petit nombre », exactement comme l’on dit en français « en des jours comptés », c’est-à-dire un temps précis et délimité, ici le mois de Ramadân dont le décompte est par conséquent visuel. Il y a donc contrainte temporelle pour ce jeûne obligatoire et il est alors logiquement spécifié que chaque jour non jeûné –cas d’exemptions- sera compensé : “ Mois de Ramadân… que celui qui est malade ou en voyage compte alors d’autres jours…”

– Puis vient un autre passage essentiel à notre problématique : “ …Donc, qui d’entre vous a « témoigné » du mois, alors qu’il le jeûne…”, notre traduction est strictement littérale, mot à mot. On notera d’emblée que si l’ordre de jeûner le mois de Ramadân est collectif, la responsabilité, elle, est individuelle : « qui d’entre vous » c’est-à-dire :« quiconque [toi] d’entre vous [les musulmans] ». Puis il est dit de cette personne qu’elle aura « témoigné » du mois. Le verbe « shahida » ici employé est extrêmement spécifique et déterminant ; « shahida » c’est « assister à un évènement, être présent, constater directement et visuellement un fait », d’où « témoigner, attester », nous trouvons là confirmation de ce qu’indiquait le verbe « ‘adda ».

Il n’est donc absolument pas question de calculer ou supputer le mois mais, bel et bien, d’en être le témoin visuel ; l’usage en ce verset du verbe « shahida » interdit ainsi toute autre approche. Le Prophète, dans les hadîths que nous étudierons au prochain volet, a parfaitement confirmé et explicité le Coran sur ce point, contrairement à ce que l’on prétend, en n’employant que le verbe « voir » et en indiquant l’objet à observer, le premier croissant de lune, al hilâl.

Le passage : “ …Donc, qui d’entre vous a « témoigné » du mois, alors qu’il le jeûne…” fait aussi du musulman le témoin en ce sens qu’est engagée sa responsabilité, il devient ainsi témoin vivant de Ramadân. Son jeûne, témoignera en faveur de son engagement sincère vis-à-vis de Dieu. Il témoigne de Dieu, et est son propre témoignage.

On pourrait objecter qu’il est dit « a témoigné du mois » et non pas « a témoigné de l’apparition du hilâl », ce qui pourrait ne concerner que sa présence durant ce mois et non pas la détermination du mois par le hilâl. Nous répondrons que la question a déjà été débattue du temps de la Révélation ce qu’indique et justifie la réponse divine : “Ils t’interrogent sur les nouvelles lunes ; réponds : « Elles sont les repères temporels pour les hommes…”,5 nous allons le constater par la suite.

La formulation de ce verset comporte une indication supplémentaire répondant au fond du problème : peut-on commencer son jeûne en même temps que tel ou tel pays situé à distance ?

On relit : “ …Donc, qui d’entre vous a « témoigné » du mois, alors qu’il le jeûne…”  ; nous l’avons dit, en dehors de “ Ô croyants, Il vous a été prescrit le Jeûne…“ le Coran ne s’adresse plus à un collectif mais à l’individu, c’est-à-dire au croyant responsable vis-à-vis de Dieu par rapport à son Ramadân  : « quiconque [toi] d’entre vous [les musulmans] a « témoigné » du mois  », et il ajoute : « alors qu’il le jeûne  », « fal-yasumhu » l’ordre est au singulier et demeure adressé à l’individu concerné. En d’autres termes, si l’observation d’un seul témoin avait été applicable à l’ensemble de la communauté, et en supposant que Dieu ait voulu nous indiquer cette possibilité technique à venir, il aurait alors été dit : “…Donc, qui d’entre vous a témoigné du mois « alors jeûnez-le » [ fal-yasûmûhu ]…”

La rigueur sémiologique de l’énoncé est donc fortement significative ; Ramadân est lié intrinsèquement à l’observation de visu du hilâl et cette observation ne peut être généralisée.

– Ensuite, dernière référence coranique, nous lisons :

“Ils t’interrogent sur les nouvelles lunes ; réponds : « Elles sont les repères temporels pour les hommes…”

Ce verset conclut le paragraphe coranique consacré au jeûne de Ramadân. Il apparaît être directement lié à une question posée du temps de la Révélation et relative à la détermination du temps par l’observation du nouveau croissant de lune, al hilâl. Cette question devait avoir aussi une portée plus générale puisque l’on note l’emploi d’un pluriel, les nouvelles lunes, al ahilla.6 La réponse est claire, l’observation du hilâl est le moyen retenu par Dieu pour que les hommes puissent aisément déterminer les temps forts de leur religion. L’emploi de « li-n-nâs », « les hommes » ne visent pas l’universalité ou le sexe 7 mais signifie que l’observation du hilâl est un moyen simple donné à tous afin qu’ils puissent gérer les dates cultuelles essentielles. Le temps dont il est ici question est naturellement dans le contexte le mois de Ramadân, mais la suite du verset précise « et aussi pour le Pèlerinage » ce qui répond parfaitement à l’indication supposée par la présence du pluriel ahilla.

Remarquons qu’il ne s’agit pas ici pour autant de l’institution divine d’un calendrier lunaire mais uniquement de préciser que les dates de Ramadân et du Pèlerinage sont liées à l’observation des nouvelles lunes. Observation que « les hommes », vous et moi, peuvent aisément gérer directement sans complexités techniques ou conceptuelles.

Nous touchons là à la philosophie de cette mesure coranique : l’Islam est une religion sans intermédiaires, sans hiérarchie institutionnelle, sans caste sacerdotale ou scientifique, sans sophistication inutile. Le lien entre la créature et son Créateur est dénué de toute forme de médiation.

Au final, l’ensemble des indications fournies par cet unique passage consacré à Ramadân est cohérent et explicite :

  1. Le début tout comme la fin de Ramadân sont marqués par l’observation à l’œil nu du premier croissant de lune du mois.
  2. L’observation locale ne peut être étendue ou généralisée.
  3. Il n’existe aucun espace « interprétatif » permettant de supposer que l’on puisse procéder autrement, c’est-à-dire par calcul astronomique.
  4. Le mois devra être jeûné en son intégralité.
  5. Toute dérogation devra être compensée.

Il y a donc une sagesse évidente dans l’empirisme supposée de la détermination du Ramadân par l’observation de la lune. L’Islam, comme toute religion révélée, est le don de la guidée divine offerte à tous les hommes. Et, dans les principes fondamentaux de l’Islam, tout est pensé pour que jamais l’homme ne puisse au nom de la religion dominer son frère. Pas de clergé, pas d’intermédiaires, pas de hiérarchie religieuse absolue ; le croyant est seul avec Dieu, il l’implore et Il lui pardonne. Il n’est soumis à aucune dépendance, son rite est simple : Tout un chacun peut par conséquent observer le soleil et connaître l’heure de prière, tout un chacun peut observer le croissant de lune, déterminer Ramadân, l’Aïd, le Pèlerinage, etc. Ce n’est point là la manifestation d’une société rudimentaire mais au contraire la manifestation de la Sagesse divine ; l’homme n’est soumis qu’à Dieu qui, en contrepartie, lui donne les moyens d’échapper à l’asservissement de l’homme par l’homme.

Quel progrès nous propose-t-on à vouloir imposer un diktat universel pour Ramadân. Qui est autorisé à décider ? Chaque année qui passe nous montre et nous démontre que l’Arabie, l’Egypte, l’Iran, la Libye et d’autres républiques autocratiques se disputent un illusoire et ridicule leadership islamique autour de notre bol de harira. Fût un temps, le match Maroc-Algérie était rejoué chaque Ramadân, et jamais le croissant n’illumina de sa douce lumière ces deux pays un même soir ! Le CFCM ne prouve-t-il pas à chaque fois son incompétence ; changeant de critères de décision aussi vite que l’on retourne sa veste, et ne nous a-t-on pas déjà proposé un Ramadân de 28 jours, du jamais vu, mais peut être est-ce là l’exception française ! 8

Mais, me direz-vous, le lobbying politico-religieux fournit malgré tout des preuves tirées de la Sunna, il y aurait donc des raisons supérieures à admettre les points de vues en passe d’être actuellement imposés. Certes, et nous allons examiner ces « preuves », mais l’énoncé coranique est extrêmement clair et précis sur cette problématique, problématique qui n’est donc absolument pas le fruit de la rencontre entre un passé sécularisé et la sacralisation de la modernité, mais relève d’une règle intangible édictée dans le Coran. Le rôle du Prophète étant d’expliciter le Coran et non point de le contredire, qu’en est-il donc réellement du propos de ces hadîths ?…


1 Vidéo en date du 28/07/2010.

2 Il a été décompté jusqu’à quatre dates différentes, par exemple pour l’Aïd al fitr. Cf. article de Kh. Chraïbi en date du 25/05/2010 ; L’astronome, le ‘alem et le calendrier.

3 Oumma avait diffusé début Ramadân, en 2009, une vidéo illustrant avec quelle outrageante désinvolture nos représentants hexagonaux décidaient des dates de Ramadân. !

4 Comme le rappelle Kh. Chraïbi, Cf. note 2.

5 On peut donc considérer que l’expression « quiconque a témoigné du mois » est une métonymie typique de la langue arabe, le terme « mois » désignant l’apparition initiale et sa fin. La période désignant son encadrement, c’est à proprement le définir une synecdoque.

6 Ahilla, pluriel de hilâl ; la réponse du Coran ajoutera « wa-l-hadj » précisant ainsi que cette détermination visuelle des mois lunaires vaut pour toutes les grandes dates du calendrier religieux de l’Islam.

7 Certaines Ecoles juridiques n’acceptent pas en la matière le témoignage de la femme !

8 Perle exceptionnelle due au tout début de ce siècle à l’hégémonie d’un seul décideur qui ayant privilégié en début de mois l’observation locale décida de s’aligner sur l’Arabie Saoudite pour déclarer la fin de Ramadân. Résultats, non attendue par l’ignorant astronome volage, décalage d’observation oblige, nous gratifia généreusement d’un Ramadân de 28 jours…peu s’en émurent…

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